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Entraide et Tradition

Saint Jean Baptiste

publié dans couvent saint-paul le 10 décembre 2011


Troisième dimanche de l’Avent.

Saint Jean Baptiste

Dimanche dernier, nous avons contemplé la belle figure de « l’Agneau pascal ». Et nous vous avons dit que parmi toutes les figures de l’AT qui annonçaient le Messie, – comme celle du serpent d’airain, celle du bouc émissaire, – il y en avait une qui surpassait toutes les autres figures, c’était celle de l’ « Agneau pascal ».

Le peuple hébreu est en esclavage en Egypte, avions nous rappelé. Dieu prend pitié des souffrances que supporte son peuple par un Pharaon injuste. Il décide de l’en délivrer. Il commande à Moïse : que « chacun prenne un agneau par famille et par maison ». Cet agneau doit être « sans tache ». Vous prendrez de son sang et vous le mettrez sur « le haut des portes des maisons ». « Je passerai cette nuit-là par l’Egypte ; je frapperai dans le pays des égyptiens tous les premiers-nés depuis l’homme jusqu’aux bêtes, moi qui suis le Seigneur ». « Et le sang dont seront marquées les maisons où vous demeurerez servira de signe à votre égard. Je verrai ce sang et je passerai vos maisons et la plaie de mort ne vous touchera point lorsque je frapperai toute l’Egypte » (Ex 12)

C’est donc au sang de l’agneau immolé, disions nous, et non à leur propre mérite que les hébreux doivent vie et liberté.

Innocence de l’agneau ! Immolation de l’agneau! C’est à ces derniers titres surtout que l’agneau a mérité d’être le symbole du Christ. Lui est l’innocence même. Il est « sans tache » ! « Qui de vous me convaincra de péché ». Et il s’immola lui-même. Et son sang, comme celui de l’agneau pascal, libérera son peuple de ses péchés.
Il est, Lui, parce que le Christ, parce que l’unique Fils de Dieu fait homme dans le sein de la Vierge Marie, Il est le véritable « Agneau pascal ». C’est ce que confesse merveilleusement l’évêque de Sardes, Méliton de Sardes, dans son merveilleux poème sur la Pâque :
« Conduit comme un agneau et immolé comme une brebis, il nous a délivrés de l’idolâtrie du monde comme de la terre d’Egypte; il nous a libérés de l’esclavage du démon comme de la puissance de Pharaon; il a marqué nos âmes de son propre Esprit, et de son sang les membres de notre corps.
« C’est lui qui a plongé la mort dans la honte et qui a mis le démon dans le deuil, comme Moïse a vaincu Pharaon. C’est lui qui a frappé le péché et a condamné l’injustice à la stérilité, comme Moïse a condamné l’Egypte.
« C’est lui qui nous a fait passer de l’esclavage à la liberté, des ténèbres à la lumière, de la mort à la vie, de la tyrannie à la royauté éternelle, lui qui a fait de nous un sacerdoce nouveau, un peuple choisi, pour toujours. C’est lui qui est la Pâque de notre salut.
« C’est lui, (le Christ), l’agneau muet; c’est lui, l’agneau égorgé; c’est lui qui est né de Marie, la brebis sans tache ; c’est lui qui a été pris du troupeau, traîné à la boucherie, immolé sur le soir, mis au tombeau vers la nuit. Sur le bois, ses os n’ont pas été brisés; dans la terre, il n’a pas connu la corruption; il est ressuscité d’entre les morts et il a ressuscité l’humanité gisant au fond du tombeau ».
Voilà la belle figure de l’Agneau pascal.
Voilà son rôle, un rôle surtout de libérateur. Libérateur de la terre d’Egypte. Libérateur du péché et de l’esclavage de Satan.
Voilà ce qui sera annoncé, expliqué par saint Jean-Baptiste, le Précurseur, d’une manière merveilleuse. Il le montrera du doigt, en disant à la foule : « Voici l’Agneau de Dieu, voici, Celui qui efface le péché du monde » (Jn 1 29) et libère de l’esclavage de Satan.
C’est ce que qu’il nous faut voir aujourd’hui.
Nous avons dit que Dieu qui avait, dès la chute originel, promis un Sauveur prépara dans le temps, la venue de ce Sauveur, de ce Messie. C’est toute la raison de l’AT. Par une économie pleine de sagesse et de miséricorde, Dieu n’a dévoilé cet ineffable mystère du Messie que petit à petit. Il révéla ses traits, sa figure, son rôle, d’abord par la bouches des Patriarches, puis par celles des Prophètes, puis par la multiplicité des symboles. Quand l’humanité fut suffisamment préparée, par tout cela, et que « la plénitude des temps » fut arrivée, le Verbe de Dieu apparut lui-même pour nous instruire. C’est ce que dit explicitement saint Paul aux Hébreux : « Après avoir à plusieurs reprises et en diverses manières, parlé autrefois à nos pères par les Prophètes, Dieu dans ces derniers temps, nous a parlé par le Fils» (Hb 1-2).
Quand cette plénitude des temps est arrivée, Dieu couronna toutes ses préparations par l’envoi de saint Jean Baptiste, le dernier des prophètes, le plus grand. C’est ce que NSJC confessa lui-même devant les Juifs. « Jésus se mit à dire aux foules au sujet de Jean : « Qu’êtes-vous allés voir au désert? Un roseau agité par le vent? Qu’êtes-vous donc allé voir? Un homme vêtu d’habits somptueux? Mais ceux qui portent des habits somptueux se trouvent dans les demeures des rois. Mais qu’êtes-vous allés (voir)? Un prophète? Oui, vous dis-je, et plus qu’un prophète ». Plus grand qu’Abraham, plus grand que Moise, plus grand que David. Il est le plus grand de tous les enfants des hommes. C’est ce que dit Jésus : « En vérité, je vous le dis, parmi les fils de la femme, il ne s’en est pas levé de plus grand que Jean le Baptiste ».
Pourquoi cela ?
Parce que Dieu veut en faire le héraut par excellence, le propre précurseur de son Fils bien aimé. C’est ce que confesse son père Zacharie qui parle sous l’influence du Saint Esprit : « Et toi petit enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut ; car tu marcheras devant la face du Seigneur pour lui préparer les voies, pour donner à son peuple la connaissance du salut dans le pardon de ses péchés, par les entrailles de la miséricorde de notre Dieu, par lesquelles le Soleil levant nous a visité d’en haut, pour éclairer ceux qui sont assis dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort et pour diriger nos pas dans la voie de la paix » (Mt 1 76)
Voilà ce que Saint Jean Baptiste aura à annoncer au peuple. Voilà ce qu’il nous dit de ce Messie qui vient. Avez-vous entendu, Fidèles de Rolleboise ? Peut-il y avoir plus belle description de la mission du Messie ? Peut-il y avoir plus grande mission pour Saint Jean Baptiste ? Il doit faire connaître « le salut dans le pardon des péchés » ; Il doit faire connaître que le « pardon » est là, à nos portes. Il doit faire comprendre que c’est ce Messie dont il est le précurseur qui porte ce salut. Il doit faire comprendre que ce salut vient tout droit « des entrailles de la miséricorde de notre Dieu », « in remissionem peccatorum eorum per viscera misericordiae Dei nostri », que ce Sauveur, est comme « le Soleil levant – oriens ex alto – qui, en conséquence, éclaire « ceux qui sont assis dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort » et peut ainsi « diriger nos pas dans la voie de la paix ».
C’est donc lui, Jean Baptise qui doit témoigner que la lumière et la vérité ont enfin paru sur la terre. Ce que dira saint Jean : « Il y eut un homme, envoyé de Dieu; son nom était Jean. Celui-ci vint en témoignage, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous crussent par lui: non que celui-ci fût la lumière, mais il avait à rendre témoignage à la lumière ». « Ut testimonium perhiberet de lumine ».
Et c’est pourquoi si les prophètes antérieurs n’ont vu le Messie que de loin, lui, Baptiste, le pourra désigner du doigt. C’est pourquoi toutes les peintres représenteront Saint Jean Baptiste avec le doigt montrant « l’agneau de Dieu ». C’est le cas en particulier du saint Jean Baptiste de Léonard de Vinci qui se trouve au Louvres. Il a le doigt dirigé vers l’Agneau. C’est parfaitement théologique. Sa mission est très claire: « montrer l’Agneau de Dieu ». « Voici l’Agneau de Dieu ». Voici celui qui est l’objet de tous les désirs de la race humaine parce qu’il doit effacer les péchés du monde : « Ecce Agnus Dei ».
« Vous ne le connaissez pas encore, quoiqu’il soit au milieu de vous » Medius vestrum stetit quem vos nescitis ; « Il est plus grand que moi, car il était avant moi ; il est si grand que je ne suis pas digne de délier la courroie de sa chaussure ; si grand que j’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et se reposer sur Lui ; je l’ai vu et je rends témoignage que c’est Lui qui est le Fils de Dieu » (Jn 1 26-27, 32 et 34) Que dira-t-il encore ? « Il vient du ciel, il est au dessus de tous ; et ce qu’il a vu et entendu, il en rend témoignage ; celui que Dieu a envoyé dit les paroles de Dieu, parce que Dieu ne lui donne pas son Esprit avec mesure ; le Père aime le Fils et il a remis toutes choses entre ses mains. Celui qui croit au Fils a la vie éternelle, celui qui ne croit pas au Fils ne verra pas la Vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui » (Jn 3 31)
Ce sont les dernières paroles du Précurseur, avant qu’il ne reçoive le coup mortel. Les croyez-vous Fidèles de Rolleboise. Oui ! Alors je me réjouis et j’en rends grâce à Dieu.

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