Réponse à Mgr Williamson
publié dans regards sur le monde le 16 mars 2012
Mgr Williamson, pour qui j’ai la plus grande estime, même s’il est et demeure très anglais, trop anglais, dans son épiscopat, – il a le parler franc et souvent juste et vrai, tout en étant très original dans son expression et sa pensée – , vient de mettre sur son blog en date du 11 mars 2012, quelques réflexions sur les accords à venir entre Rome et la FSSPX. On sent qu’il y est toujours, dans les circonstances actuelles, très opposé. Il les a intitulées : « Un tournant ». Il veut parler du tournant de l’attitude de Mgr Lefebvre dans son rapprochement avec Rome, avec la Rome « moderniste », comme le disait Mgr Lefebvre. Son attitude, en cette affaire, a connu, pour Mgr Williamson, ainsi que pour Mgr Fellay, un moment décisif, un vrai « tournant », un moment de non retour. Ce « tournant » remonterait à 1987. C’est du moins ce que vient d’affirmer Mgr Fellay dans son homélie donnée aux USA lors des cérémonies des prises de soutane du 2 février. Je ne « chipoterai » pas sur la date de ce tournant. Pour être juste, il faudrait, à mon avis, situer ce « tournant », si du moins tournant il y a, au 15 juin 1988, date de la conférence de presse que Mgr Lefebvre donnait à Econe, M l’abbé Lorans, l’organisateur de cette conférence, étant directeur du séminaire. Et pour être plus précis encore, il faudrait situer ce « tournant » des « relations entre Rome et la Fraternité Saint Pie X » au sacre des quatre évêques de la FSSPX, Mgr de Castro Mayer, évêque émérite de Campos au Brésil, étant évêque co –onsécrateur, soit au 30 juin 1988.
Avant cette date, Mgr Lefebvre aurait été, pour Mgr Williamson ainsi que pour Mgr Fellay, favorable « à un accord pratique » avec Rome à condition toutefois que « Rome accepte la FSSPX tel qu’elle est ».
C’est très juste. Mgr Lefebvre l’exprimait en effet très clairement dans sa lettre datée du 21 novembre 1987 et remise au cardinal Gagnon à l’issue de la visite apostolique des œuvres de la Tradition qu’il accomplissait, assisté de Mgr Perl, du 11 novembre au 7 décembre 1987. Dans cette lettre, il affirmait bien, en effet: « Nous acceptons volontiers, d’être reconnus par le Pape tels que nous sommes et d’avoir un siège dans la Ville Eternelle, d’apporter notre collaboration au renouveau de l’Eglise ; nous n’avons jamais voulu rompre avec le Successeur de Pierre, ni considérer que le Saint Siège est vacant, malgré les épreuves que cela nous a values.
Nous vous soumettons un projet de réintégration et de normalisation de nos rapports avec Rome. Considérant ce que désormais vous connaissez de nous te de nos œuvres, vous ne serez pas surpris de nos exigences uniquement fondées sur le zèle pour le bien de l’Eglise et le salut des âmes pour la gloire de Dieu.
C’est seulement dans cet esprit et en tenant compte de ces considérations qu’une solution peut être valable et stable. »
Il joint alors à sa lettre « le texte des propositions d’accords » qu’il suggère. Et dans ce texte, Mgr Lefebvre répète la condition indispensable de solution « stable et valable ». Il l’appelle même condition « sine qua non » : « Sans préjuger des conclusions de la visite, mais dans l’espoir qu’elles seront positives, il nous semble indispensables avant d’aller plus avant dans les entretiens avec le Saint Siège d’exprimer une condition sine qua non, nous faisant l’écho de tous les prêtres et fidèles attachés à la Tradition. Si le Saint Siège désire sincèrement que nous devenions officiellement collaborateurs efficaces pour le renouveau de l’Eglise, sous son autorité, il est de toute nécessité que nous soyons reçus comme nous sommes, qu’on ne nous demande pas de modifier notre enseignement, ni nos moyens de sanctifications, qui sont ceux de l’Eglise de toujours ».
C’est clair !
Mais pour Mgr Williamson et Mgr Fellay, 1987, – pour moi, 1988 -, 1987 serait la dernière fois que Mgr Lefebvre aurait soutenu une telle position. Mgr Williamson en effet ajoute dans son commentaire de l’homélie de Mgr Fellay, du 2 février : « Cependant, Monseigneur Fellay a ajouté que la dernière fois que Monseigneur Lefebvre l’a dit, fut en 1987 ». 1987 serait donc bien, d’après eux, une date charnière, un tournant dans la pensée de Mgr Lefebvre sur ce sujet des relations avec Rome. Il y aurait donc un avant et un après 1987. Jusqu’à cette date, Mgr Lefebvre, dit Mgr Williamson, « a fait tout dans son pouvoir pour ne pas s’éloigner de l’Autorité, en s’efforçant d’obtenir pour sa Fraternité l’approbation de Rome ». Mais après cette date, « le prélude absolument nécessaire à tout contact entre Rome et la Fraternité, serait, pour Mgr Lefebvre, que les Romains professent leur foi dans les grands documents antilibéraux de la Tradition catholique, par exemple, Pascendi, Quanta Cura, etc ».
Après cette date, « jamais plus on a entendu de la bouche de Monseigneur Lefebvre, jusqu’à sa mort en 1991, qu’un accord pratique serait possible ou désirable. Ce grand Archevêque était allé aussi loin que possible pour obtenir de l’Autorité le minimum qu’exigeait la Vérité. Il a même suggéré une fois qu’en mai 1988 il était allé trop loin. Mais à partir de ce moment-là il n’a plus hésité, il ne s’est plus compromis, et il a encouragé quiconque voulait l’écouter à faire de même ».
Mais pourquoi en fut-il ainsi? Pourquoi, à cette date, Mgr Lefebvre refusa tout accord pratique, toute position « diplomatique » allant même « jusqu’à reconnaître qu’il avait été même trop loin dans ses négociations » ? « Il a même suggéré une fois qu’en mai 1988, dit Mgr Williamson, il était allé trop loin »… Pourquoi a-t-il changé de position après 1987 ? Pourquoi voulut-il avant tout un règlement doctrinal ? Pourquoi, après cette date, « ce devait être « la doctrine ou rien » , si l’on s’exprime comme Mgr Williamson ?
Voilà la question qu’il faut se poser. Elle est, de fait, essentielle.
Mgr Williamson nous donne une réponse. C’est l’intérêt de ses « réflexions ».
Si Mgr Lefebvre a changé de position, et s’il a procédé aux sacres épiscopaux, le 30 juin 1988, c’est parce que les autorités étaient infidèles à leur mandat de transmettre avec fidélité le dépôt révélé. C’est parce que le néo modernisme était, en 1988, tout puissant et omni présent dans l’Eglise. Il triompha tout particulièrement dans le Concile Vatican II et dans les réformes issues du Concile Vatican II. La réforme liturgique en est la preuve. Elle s’éloigne, disait le cardinal Ottaviani, l’ancien préfet du Saint Office, d’une façon impressionnante dans l’ensemble comme dans le détail de la doctrine catholique définie à jamais par le Concile de Trente. Elle s’approche de plus en plus de la Cène protestante…Mgr Schneider le laisse bien entendre dans sa conférence du 15 janvier à Paris 2012. Mais n’est-il pas vrai qu’elle fut « concoctée » dans un esprit œcuménique, par le Franc Maçon Bunigni ? Et ne parlons pas des traductions qui en furent faites. Oui ! La vérité catholique et la transmission de la Tradition étaient en jeu, Le sacerdoce catholique pouvait aussi être fort compromis lui aussi par cet esprit « d’aggiornamento » dans l’Eglise imposé par « la secte moderniste ». L’œcuménisme et le dialogue inter religieux étaient omni présents.
Nous étions en 1988.
Le temps a passé. En 1991, Mgr Lefèvre décède, le 25 mars 1991.
Nous sommes aujourd’hui en 2012.
« La situation, a-t-elle changé depuis, se demande Mgr Williamson ? « Rome, est-elle revenue à la profession de la Foi de toujours? »
« On pourrait le penser, dit-il, si l’on tient compte des nouvelles dispositions des autorités romaines, depuis le 14 septembre 2011 qui seraient même « disposée à accepter la Fraternité telle qu’elle est ».
Mais ce serait une erreur de penser cela.
Pour quoi ?
Parce qu’ « il suffit de se rappeler, dit Mgr Williamson, Assise III et la néo-béatification de Jean-Paul II de l’année dernière »
Mgr Williamson invoque donc Assise III, cette réunion interreligieuse convoquée par Benoît XVI, pour le 27 octobre 2011, pour commémorer, 25 ans plus tard, « l’esprit d’Assise », cette réunion interreligieuse qui eut lieu à Assise, en 1986, sous le pontificat de Jean-Paul II, qui scandalisa tellement Mgr Lefebvre que l’on peut dire que cet acte n’ a pas peu contribué à le déterminer à passer le « Rubicon » et à procéder aux sacres.
Assise I est le signe réel de la crise profonde qui agite l’Eglise. Cette crise est toujours d’actualité puisque Benoît XVI, le successeur de Jean Paul II, commémore encore, 25 ans après, cet événement en appelant à Assise toutes les religions..
Il faut donc, dit-il, se méfier des autorités romaines qui ne veulent qu’une chose « diluer et à la longue dissoudre la résistance jusqu’ici obstinée de la Fraternité à leur nouvelle Eglise ».
Voilà le jugement de Mgr Williamson. Je lui en laisse la responsabilité.
Je retiens seulement qu’il prend fait et cause de l’événement d’Assise III pour refuser tout accord avec Rome. Et pour rester fidèle à la position de Mgr Lefebvre, à celle qu’il juge comme ayant été un « tournant », un « non possumus ».
Mgr Williamson oublie une chose dans son raisonnement. Il oublie une date. Il oublie la date de 1986. Il se trouve en effet qu’Assise I, que reproduit, nous dit Mgr Williamson, Assise III, eut lieu le 27 octobre 1986. Or il se trouve qu’après cette date, Mgr Lefebvre s’asseyait encore à la table des négociations, à celle du cardinal Ratzinger, qu’il acceptait même après cette date, une visite canonique, celle menée par le Cardinal Gagnon, que toutes les portes des œuvres de la Tradition en France lui furent grandement ouvertes, accueilli comme un père par ses fils, qu’il acceptait que le cardinal participât au cérémonie du 8 décembre 1987 au séminaire d’Ecône, et à l’issue, lui donnant une lettre dans laquelle il disait. « Nous acceptons volontiers, d’être reconnus par le Pape, mais tels que nous sommes et d’avoir un siège dans la Ville Eternelle, d’apporter notre collaboration au renouveau de l’Eglise. Nous vous soumettons même un projet de réintégration et de normalisation de nos rapports avec Rome ».
Nous étions en 1987, Or Assise I avait eu lieu le 27 octobre 1986. un peu plus d’un an avant. Cela n’empêcha pas Mgr Lefebvre de parler d’un accord.
Ainsi, il me semble que l’argument de Mgr Williamson ne vaut pas. En tout état de cause, il ne peut justifier ce refus actuel de la FSSPX d’un accord avec Rome. Je ne dis pas qu’il faut que la FSSPX négocie un accord avec Rome. Je dis seulement que si elle ne le veut pas, elle doit nécessairement trouver un autre argument. Celui que Mgr Williamson propose est plutôt en faveur d’un accord qu’opposé à un accord puisqu’ Assise I, sous le Pontificat de Jean-Paul II, n’a pas empêché Mgr Lefebvre à chercher à négocier une « normalisation » pratique avec Rome, jusqu’à proposer un ensemble de propositions pratiques et concrètes. Ne sont-ils pas les « fils de Mgr Lefebvre » ?
Je suis personnellement pour un accord. Je crois vraiment que Mgr Lefebvre l’aurait conclu depuis longtemps. J’ai exprimé, voici plusieurs années, quelques raisons au Conseil Général de la FSSPX dont j’étais membre par la « vox populi » et que j’ai reprises dans mon livre « Plaidoyer pour l’unité ».
Je vous donne les considérations que j’écrivais sur ce sujet dans le chapitre 3 du livre, intitulé : « Pourquoi la FSSPX devrait accepter la solution de Rome ». Je n’ai rien à changer ni à regretter sinon que la FSSPX tarde et tarde beaucoup trop.
Voici le chapitre III :
« Et de fait, Mgr Fellay s’interroge sur l’attitude à adopter envers le Saint Siège. Faut-il signer un « accord » ? Faut-il rester sur la réserve et attendre encore ? Beau – coup de fidèles aujourd’hui s’inquiètent. Pour moi, il est clair que la FSSPX devrait accepter la solution romaine : une administration apostolique.
1. Tout en reconnaissant que la crise dans l’Église est essentiellement doctrinale, – Mgr Lefebvre en cherchait les raisons et les trouvaient dans le libéralisme et le
modernisme qui s’étaient tout particulièrement manifestés en son sein à l’occasion du Concile Vatican II et de « toutes les réformes » issues du Concile – de la résolution de cette crise doctrinale, Mgr Lefebvre n’en faisait pas un préalable à cette « normalisation » et à cette « réintégration ». La meilleure preuve c’est qu’il envisageait cette « normalisation » alors que nous étions en plein « débordement » moderniste avec l’affaire d’Assise en 1986. Cette réunion inter religieuse a choqué une partie de la chrétienté. Le scandale d’Assise se perpétuait encore en 1987 et Mgr Lefebvre acceptait pourtant en 1988 de s’asseoir à une table pour « négocier ». Oui ! Quoiqu’il en soit de cette crise doctrinale, Mgr Lefebvre a toujours cherché à normaliser sa situation avec les autorités de l’Église. Il était favorable à cette « normalisa – tion » et à cette « réintégration ». Il ne cessait de dire, dès 1975, que nous ne pouvions pas nous satisfaire de « notre » situation. Il voulait trouver une solution. Et il s’est toujours trouvé disposé et disponible pour envisager la solution et la concrétiser. Certes, il souhaitait que Rome retrouve sa Tradition mais il n’en faisait pas
une condition première pour envisager une « normalisation comme semble le vouloir MgrWilliamson (cf. Minute du 8 mars 2006) Le moindre « mouvement » de Rome était pour lui occasion d’espérance et de grande disponibilité. Il était romain et savait que l’on ne peut se passer de Rome, « Mère et Maîtresse de toutes les églises » de qui nous recevons tout. Il ne faudrait pas l’oublier. Dire cela n’est pas, de soi, être « rallié » ni favoriser le « ralliement ». Sur ce sujet si important, nombreux sont les prêtres et les fidèles de la FSSPX qui attendent de Mgr Fellay et MgrWilliamson qu’ils s’inspirent de la pensée de
Mgr Lefebvre.
2. Avant même la résolution doctrinale de la crise dans l’Église, Mgr Lefebvre était donc favorable à une normalisation de la situation de la FSSPX avec Rome.
Mais pas à n’importe quelle condition.
Il fallait que la « liberté » ou mieux la « certitude » nous soit donnée de pouvoir poursuivre notre apostolat « tels que nous sommes ». Il n’a cessé de demander que Rome nous prenne « tels que nous sommes », avec la possibilité de garder certainement la messe tridentine comme un « droit propre » et inhérent à notre sacerdoce et d’un usage exclusif. C’était là une résolution ferme. Qu’on se souvienne de la conclusion de son homélie lors de son jubilé sacerdotal, à la porte de Versailles en 1978. Il ne pouvait et ne voulait tergiverser sur ce
point. Ce droit à la messe dite de saint Pie V était pour lui absolu. Quant au problème du Concile Vatican II, il demandait qu’il soit reçu « à la lumière de la Tradition », ce que reconnaissait à l’époque le pape Jean-Paul II, (même s’il ne donnait pas le même sens au mot) et que l’on puisse en conséquence en discuter certaines résolutions. Ce qui est possible parce que Vatican II est un Concile pastorale a-typique. Cela lui fut accordé dans le protocole du 5 mai 1988.
3. Or la solution romaine aujourd’hui proposée par Rome à la FSSPX, une Administration Apostolique, celle-là même que Rome donna à nos amis de Campos, – ce qui suppose bien sûr la levée de l’excommunication –, satisfait à ces deux exigences : « nous prendre telles que nous sommes » dans une structure canonique qui nous assure une bonne liberté et la « certitude » de nos droits à la
messe tridentine et à la garde de la doctrine catholique avec nos sacrements, notre catéchisme, notre apostolat et notre « style ». La publication récente (7 juillet 2007) du Motu Proprio de Bernoît XVI, Summorum Pontificum, devrait conforter mes confrères dans cette exigence bien légitime.
4. C’était du reste ce que demandait Mgr Lefebvre le 21 novembre 1987, dans la lettre qu’il remettait au car di – nal Gagnon à l’issue de sa visite apostolique. MgrLefebvre n’a pu, lui-même, obtenir ces conditions de liberté et de certitude, en 1988 alors qu’il négociait avec Rome et le cardinal Ratzinger. Il ne put obtenir en effet ni la majorité dans la « commission romaine » qu’il suggérait à
Rome de créer pour présider à l’harmonieux développement de la Tradition dans l’Église ni la certitude concrète du sacre épiscopal dans la FSSPX, deux choses qui per – mettaient certainement et à elles seules l’exercice concret de cette liberté de mouvement. Mgr Lefebvre n’était pas un « doctrinaire » ni un « idéologue ». Mais il avait une pensée très concrète et pratique, juridique même. L’expérience qu’il eut en Afrique dans l’organisation des conférences épiscopales africaines qu’il créa, lui donna l’expérience des organisations pratiques qui permettent la réalisation de buts voulus et souhaités. Il savait l’importance de la pratique pour obtenir une fin particulière. Il aimait le « pragmatisme organisateur », l’art des chefs.
5. Mais depuis 1988, le temps passa. Rome s’approcha petit à petit et de plus en plus de la solution demandée par Mgr Lefebvre dans sa lettre du 21 novembre 1987. (en note – Ce qui nous permet d’écrire ici encore que la pensée de Mgr Lefebvre aura une influence réelle dans l’organisation pratique – encore à venir – de la fameuse « commission Ecclesia Dei).
Nous pouvons le constater dans la solution proposée, en 2001-2002, à Mgr Rangel, évêque sacré par MgrTissier de Mallerais dans le cadre de l’association sacerdotale saint Jean-Marie Vianney, sis au diocèse de Campos, au
Brésil. Là, dans le cadre d’une nouvelle Administration Apostolique, Rome a reconnu pour ses prêtres et membres le droit à la messe dite de sainte Pie V, un
droit propre. Ce droit propre fut même confirmé par écrit officiellement par le secrétaire de la Congrégation du Clergé. Rome, en acceptant de mettre un évêque à la tête de cette Administration avec pleine juridiction sur ses membres, une juridiction ordinaire, propre, personnelle, et cumulative avec l’ordinaire du lieu, – ce que demandait Mgr Lefebvre – assurait pleine liberté à ses sujets. Les prêtres et les membres de cette Administration Apostolique dépendent totalement et exclusivement de leur propre évêque, qui a été ordonné « dans la
Tradition et pour la Tradition », aujourd’hui Mgr Rifan. « Dépendance » dans le cadre évidemment de la société hiérarchique qu’est l’Église. Si l’on veut s’en affranchir, alors on cesse d’être catholique.
Ainsi en hésitant d’accepter les propositions romaines telles qu’elles furent proposées dans le cas de Cam pos, les responsables de la FSSPX sont-ils certains d’être vraiment fidèles à la pensée de Mgr Lefebvre ? Mais ils y
viendront. Le bon sens les y contraindra !
6. Il est évident que la crise doctrinale dans l’Église ne sera pas réglée du seul fait de la normalisation de notre situation. Mais cette normalisation nous permettra un meilleur et plus facile apostolat. Le fait que l’on nous considère comme « excommuniés et schisma tiques » même s’il n’en est rien, ne facilite pas les choses. Que craindre si notre profession de foi reste claire et que
notre structure juridique nous garantie une juste liberté ? C’est alors que notre élan missionnaire sera plus grand et que nous serons heureux d’accueillir de nouveaux fidèles. C’était la disposition foncière de Mgr Lefebvre. Il avait soif des âmes et de leur salut. Il ne craignait pas d’être le Bon Pasteur laissant ses quatre vingt dix neuf brebis pour aller chercher la « brebis égarée »…
7. La normalisation de la situation de la FSSPX dans l’Église est aussi une question de foi et d’amour de l’Église. Comment attendre plus longtemps alors que Rome nous appelle et propose une solution raisonnable qui satisfait toutes les exigences de Mgr Lefebvre ? Com – ment ne pas chercher, comme le voulait Mgr Lefebvre, toujours dans cette même lettre du 21 novembre 1987 au Cardinal Gagnon, à mettre nos forces au service de l’Église et à collaborer à l’œuvre de l’Évangélisation. Dans ces conditions, rester à l’extérieur et attendre la résolution de la crise, ne me paraît pas être une solution ni respectueuse ni filiale. »
Qui garde la pensée de Mgr Lefebvre ? Qui lui reste fidèle ?