L’Église hors-la-loi
publié dans flash infos le 7 septembre 2012
L’existence même de l’Eglise, du moins son existence légale, risque d’être durement mise en cause par les mâchoires d’un piège dont elle a elle-même imprudemment contribué à l’installation juridique et morale.
Le mariage homosexuel est destiné à écraser tout ce qui s’opposerait à lui, et il pourra le faire grâce aux sept lois antiracistes qui ont été successivement promulguées par notre Ve République avec l’adhésion de nos évêques ; et grâce au principe commun à ces sept lois, qui est « la lutte contre toute espèce de discrimination », à laquelle l’adhésion ecclésiastique a été explicite, fervente et répétée.
Le schéma est simple : après la célébration du mariage homosexuel à la mairie, les heureux conjoints n’auront qu’à venir demander le mariage à l’Eglise, qui le refusera par une discrimination homophobe aussitôt dénoncée comme coupable, et condamnée à coup sûr par les tribunaux comme « raciste », au nom des sept lois républicaines dont l’énoncé et la jurisprudence assimilent toute discrimination au racisme nazi.
Opposerait-on aux homosexuels civilement mariés que pour être marié à l’église il faut être baptisé ?
Il y aura suffisamment d’homosexuels baptisés qui feront l’affaire.
On trouvera même, s’il le faut, suffisamment d’homosexuels « catholiques pratiquants », au besoin au sein de la classe politique « de droite », tout à fait disposés à aider ainsi l’Eglise à avancer dans la voie du progrès et à se débarrasser enfin de tout intégrisme.
L’opinion est très majoritairement indifférente ou hostile à ce que pense l’Eglise. La pédagogie sondagière a convaincu les Français que Yannick Noah est leur personnalité préférée, que 65 % des citoyens veulent instaurer le mariage homosexuel et que 61 % des catholiques en sont d’accord. Les grands journaux télévisés ou imprimés s’accordent à dire que « dans tous les pays occidentaux, l’évolution des mœurs et des mentalités a été spectaculaire ». Un très distingué « maître de conférence à l’Institut d’études politiques de Paris » déclare dans Le Monde, « en tant que catholique », que l’Eglise a bien le droit d’« intervenir dans le débat public », mais qu’elle « doit accepter le verdict de l’opinion publique ». Les élèves de cet Institut sont, par un tel « maître », bien informés sur la religion catholique et ils feront de bons politiciens exactement formatés.
La République laïque, on le sait, instaure et protège la « liberté des cultes » religieux. Mais cette liberté s’entend à l’intérieur et dans le cadre de la loi républicaine. Le mariage, même en tant qu’acte du culte catholique, ne peut se soustraire à l’observation de la loi.
Une Eglise qui refuse le mariage homosexuel pourra donc être déclarée rebelle aux lois de la République.
Ce ne sera que recommencer la Révolution de 1789, tant vénérée, et imiter sa Constitution civile du clergé.
JEAN MADIRAN
Article extrait du n° 7676 du Vendredi 31 août 2012