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Entraide et Tradition

Et la franc-maçonnerie dans tout ça ?

publié dans regards sur le monde le 12 septembre 2012


Et la franc-maçonnerie dans tout ça ?

Scandale au Brésil : le 20 août, un prêtre diocésain de l’Etat de Pernambouc a célébré une « messe commémorative maçonnique », en présence de nombreuses personnes revêtues de ce que la presse sur place appelle « l’uniforme maçonnique ». Triangles à profusion, tabliers bordés de rouge dans la nef… mais aussi dans le chœur où le P. Geraldo de Magela Silva était flanqué de deux maçons pour mieux marquer le « Jour du maçon ». On alla jusqu’à poser l’équerre et le compas sur l’autel pendant la célébration. Pour autant que j’aie pu en juger d’après les photos, toute l’assistance tendait la main comme le prêtre pour désigner l’hostie au moment de l’élévation – que le P. Geraldo fait de la seule main droite, histoire de faire de la main gauche le geste que l’assistance peut reproduire en chœur.

Bref, ce n’était pas une messe traditionnelle, même si les francs-maçons expliquaient vouloir conserver par son biais leurs traditions…

Certains francs-maçons présents ont poussé la provocation jusqu’à recevoir la communion, alors que l’appartenance à la franc-maçonnerie demeure condamnée par l’Eglise catholique et exclut de la communion.

Le scandale du 20 août était d’autant plus grand que le P. Geraldo a accepté de célébrer le Saint-Sacrifice « avec » les maçons dans le cadre de son église paroissiale de Nossa Sehnora da Conceição, à Belo Jardim.

L’évêque du lieu, Mgr José Luiz Ferreira Salles, n’était semble-t-il pas présent dans son diocèse au moment des faits : le tout jeune évêque de Pesqueira – il y est arrivé en février de cette année – a été interpellé, bien sûr, et s’est simplement « excusé » en répondant qu’il revenait tout juste de voyage.

Ce qu’il ne semble pas avoir compris, c’est qu’il se trouve déjà confronté à un dossier brûlant. Non parce que la solution en serait douteuse ou difficile, mais parce qu’il s’agit de montrer si oui ou non il compte imposer la discipline de l’Eglise dans son diocèse. Et par là même mettre les points sur les i dans un pays où la maçonnerie montre autant d’affection pour « l’Etre suprême », les tournois de foot qu’elle sponsorise, les grillades communautaires et les collectes de sang que pour les chromos religieux, à en juger d’après leur page d’informations sur Facebook. Il ne faut pas pour autant la confondre avec une banale organisation caritative soucieuse de ne pas froisser les croyances de la majorité pour mieux recruter…

L’affaire n’est pas totalement inédite au Brésil puisqu’en avril de cette année, c’est un évêque catholique qui s’est dérangé pour aller prononcer une conférence dans la loge Colonel Balthasar de Jales : Mgr Luiz Demétrio Valentini acceptait ainsi de célébrer le 53e anniversaire de ladite. Etait-ce donc un événement si majeur ?

Non, une « occasion » saisie pour réduire un peu la fracture entre l’Eglise, qui rejette la maçonnerie, et celle-ci, qui curieusement, sur le plan local brésilien, semble avoir besoin de montrer patte blanche, d’être en quelque sorte adoubée par le clergé. C’est du moins ce que l’on pourrait croire en analysant l’affaire un peu vite.

De fait Mgr Demétrio Valentini a-t-il profité de son passage chez les Frères pour affirmer qu’il existe aujourd’hui un contexte favorable à un « rapprochement » entre le catholicisme et la maçonnerie.

La présence d’un évêque dans une loge est naturellement moins grave que le sacrilège constitué par la messe de la semaine dernière. Mais derrière les deux actes, c’est une même intention qui se dessine : précisément celle de donner l’image d’une Eglise qui ne se comporte plus en ennemie de la franc-maçonnerie et qui est prête à se rapprocher d’elle dans un discours devaleurs communes. Dans un pays qui reste aussi marqué par le catholicisme que le Brésil, mais qui est profondément travaillé par la maçonnerie, de tels exemples « parlent » à la population, même si elle est simple. Et la maçonnerie a plus à y gagner que l’Eglise. Car l’aval public donné ainsi à cette société secrète, dont tous connaissent les options « progressistes », assure dans les faits les progrès des idées que la franc-maçonnerie défend.

Or le Brésil est en pleine effervescence de la culture de mort, en pleine promotion de lois eugéniques, abortives et anti-discrimination – et sur ce chapitre-là, les textes mis en circulation ou en débat atteignent déjà des sommets dans l’ubuesque. Si l’Eglise tolère et accueille les francs-maçons, pourquoi repousser ce qu’ils apportent dans leurs bagages ?

Cette messe du mois d’août, cette conférence du printemps, on peut évidemment les considérer comme des faits divers, de minuscules non-événements qui se sont produits dans un pays lointain. Mais ils sont très parlants. Ils rappellent furieusement ce qui s’est passé en France lors des manœuvres pour faire voter d’abord la contraception, puis l’avortement légalisé. Pierre Simon, l’ancien Grand Maître de la Grande Loge, racontait dans son livre De la vie avant toute chose combien il avait été satisfait du coup qui consistait à faire venir en loge, pour y donner une conférence, celui que l’Eglise avait désigné officiellement pour « dialoguer » avec la maçonnerie, Mgr Daniel Pezeril, évêque auxiliaire de Paris.

Qu’il y en eût un pour « dialoguer » ainsi ouvertement n’exclut évidemment pas que d’autres clercs, évêques ou prêtres, aient été eux-mêmes maçons. Mais ce qui compte, c’est l’institutionnalisation. Qui permet une forme de trêve. Sous quelles pressions et quelles menaces ? Toujours est-il que Pierre Simon compte l’événement au nombre des avancées qui ont permis l’adoption de la loi Veil…

Mais il faut bien souligner que l’histoire ne s’arrête pas là, et que l’Eglise, loin de lever sa condamnation traditionnelle de la franc-maçonnerie, l’a maintenue en l’incluant dans un article plus général du code de droit canonique : « Qui s’inscrit à une association qui conspire contre l’Eglise sera puni d’une juste peine ; mais celui qui y joue un rôle actif ou qui la dirige sera puni d’interdit. » La Congrégation pour la doctrine de la Foi – alors présidée par le cardinal Ratzinger – publia rapidement une « déclaration sur la franc-maçonnerie » rappelant que le catholique ne peut faire partie de celle-ci sous peine de « péché grave » en raison de ses principes « inconciliables avec la doctrine catholique », et qu’il ne peut donc en cette situation « accéder à la sainte communion ». La déclaration, approuvée par Jean-Paul II, précisait : « Les autorités ecclésiastiques locales n’ont pas compétence pour se prononcer sur la nature des associations maçonniques par un jugement qui impliquerait une dérogation à ce qui a été affirmé ci dessus. »

Certes, en France, les déclarations de l’Eglise sur la franc-maçonnerie demeurent rares. Mais il ne faut pas oublier l’ouvrage clair, précis, et par les temps qui courent, courageux ,de Mgr Dominique Rey sur le sujet, publié en 2007 aux éditions Salvator. Ni les accusations fort claires lancées par Mgr Jean-Pierre Cattenoz lors du scandale du Piss Christ en Avignon : « Je constate que là où les francs-maçons sont nombreux, les actes antichrétiens sont également nombreux. »

Aujourd’hui la France, comme de nombreux pays du monde, est la cible de tentatives visant à bouleverser totalement l’ordre social en créant un désordre fondamentalement opposé à la loi naturelle : la légalisation du « mariage » homosexuel est un projet emblématique qui par excellence répond au mot d’ordre maçon, solve et coagula, tout détruire pour tout réduire dans une réalité nouvelle. Nul besoin de déclarations fracassantes des loges pour savoir qu’elles seront à l’œuvre pour le promouvoir.

JEANNE SMITS

Article de Présent extrait du n° 7677

du Samedi 1er septembre 2012

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