La Toussaint
publié dans couvent saint-paul le 31 octobre 2012
1er novembre
Fête de tous les saints
La foi en la Passion du Christ est la voie royale du Ciel
« Et je vis une grande multitude, que personne ne pouvait compter de toute nation, de toute tribu, de tout peuple, et de toute langue ; ils se tenaient devant le trône et en face de l’Agneau, vêtus de robes blanches et ils avaient des palmes dans leurs mains. Et ils criaient d’une voix forte, et disaient : le salut est à notre Dieu qui est assis sur le Trône et à l’Agneau….tous se prosternèrent devant le trône sur leurs visages et adorèrent Dieu en disant : Amen ! Bénédiction, gloire sagesse, action de grâce, honneur, puissance et force à notre Dieu, dans tous les siècles des siècles. Amen ».
Voilà, MBCF, la plus belle description du Ciel, celle que nous donne saint Jean dans son merveilleux texte de l’Apocalypse. Ce ciel est certain. Il est peuplé des anges et des élus « vêtus de robes blanches », « des palmes à la main »
Cette année, en cette fête, je voudrais développer deux idées :
-la certitude du Ciel en vous rappelant rapidement les arguments scripturaires et liturgiques et l’argument théologique. Tous arguments qui fondent notre espérance eschatologique et notre joie de travailler pour le ciel par l’acquisition des vertus.
-et comment gagner le ciel, quelle est la voie royale du Ciel. Je vous dirai que c’est la foi et la charité.
Mais tout d’abord la certitude du ciel.
La certitude du ciel ! Elle occupe toute notre liturgie qui puise abondamment son « éloquence » dans les textes scripturaires.
Ce sont, tout d’abord, les magnifiques antiennes des premières Vêpres de la fête de la Toussaint :
« Et je vis une grande troupe que personne ne pouvait compter, de toutes les nations qui étaient devant le trône », le trône de Dieu. Voilà confessée la certitude du Ciel, son existence par notre liturgie. Et la liturgie de l’Eglise est un lieu théologique où se trouve confessée notre foi..
« Et tous les anges se tenaient debout autour du trône et ils tombèrent sur leur face devant le trône, et ils adorèrent Dieu » Voilà le ciel découvert et son voile levé et du ciel révélé par l’Apocalypse de saint Jean. Voici également l’activité céleste affirmée: l’adoration de Dieu assis sur le Trône. Là, règne l’admiration de la beauté divine.
« Bénissez le Seigneur, poursuit la quatrième antienne, vous tous les élus ; célébrez des jours de réjouissances et rendez lui gloire » Voilà encore affirmé, l’existence du Ciel, sa réalité, le lieu des élus Il est même précisé que c’est un lieu de réjouissance – dies laetitiae – jours de joie, d’allégresse. Je dirais volontiers que le Ciel est un peu comme les applaudissements joyeux suite à un Concert. La beauté d’interprétation soulève la foule d’applaudissements. Il est bien dit aussi, ce qui décrit bien la réalité du Ciel : « Qu’une hymne soit chantée par tous les Saints, par les fils d’Israël, par le peuple qui l’approche ». « Qui l’approche » Mais qui donc est approché ? Mais Dieu, bien sûr ! C’est pourquoi il est dit dans l’Evangile de saint Matthieu, de la bouche même de NSJC : « Venez les bénis de mon Père prendre possession du Royaume qui vous a été préparé dès l’origine du monde » (Mt 25 34) N’est-ce pas déclaré clairement l’existence de ce Royaume, sa réalité. Il est même « contraposé », dirait le cardinal Castrillon Hoyos, à l’enfer, qui est un autre royaume : « S’adressant à ceux qui seront à sa gauche, poursuit NSJC, il (le Roi) dira : Retirez vous de moi, maudits, allez au feu éternel qui a été préparé pour le diable et ses anges….Et ceux-ci s’en iront à l’éternel supplice. Par contre les justes iront à la vie éternelle » (Mt 25 41…46). Voilà le ciel, un lieu de joie et de chant d’allégresse éternelle. C’est aussi un lieu de richesse puisque NSJC compare son Royaume, le Royaume de Dieu, a un « trésor enfoui dans un champ » (Mt 13 44 qui mérite que l’on vende tout pour l’acquérir, ou encore à des « perles précieuses » qu’un marchand recherche. « En ayant trouvé une, une perle de grand prix, il s’en alla vendre tout ce qu’il avait et l’acheta » (Mt 13 45-46)
Ainsi affirmons sans crainte de nous tromper : Le ciel, le Royaume de Dieu existe, il est notre fin, «Nostra conversatio in coelis est » dit saint Paul. « Notre patrie c’est le ciel ».
Et saint Thomas donnera l’argument théologique : par la Rédemption et son sang versé, NSJC nous a ouvert les portes du Ciel. Comment ?
Ecoutez : il est écrit, dit saint Thomas en citant l’Epître aux Hébreux (He 10, 19) que : « Nous avons l’assurance d’entrer au sanctuaire » c’est-à-dire au ciel, « par le sang du Christ ». En effet « La fermeture d’une porte est un obstacle qui empêche les gens d’entrer. Or les gens étaient empêchés d’entrer dans le royaume céleste par le péché, parce que, dit Isaïe (35, 8) : « On appellera cette voie la voie sacrée, et l’impur n’y passera pas ». Le péché qui empêche d’entrer dans le royaume du ciel est de deux sortes : 1° L’un est le péché commun à toute la nature humaine : c’est le péché du premier père. Par ce péché l’entrée du royaume céleste était fermée à tout homme. Aussi lit-on dans la Genèse (3, 24) qu’après le péché du premier homme « Dieu plaça un Chérubin avec un glaive de feu tournoyant pour garder le chemin de l’arbre de vie ». – 2° L’autre est le péché spécial à chaque personne : c’est le péché que chaque homme commet par son acte personnel.
Or, par la passion du Christ non seulement nous avons été délivrés du péché commun à toute la nature humaine et quant à la faute, et quant à l’obligation de la peine, lui-même en payant le prix à notre place; mais encore nous sommes délivrés de nos péchés individuels en communiant à sa passion par la foi et la charité, et par les sacrements de la foi, le baptême. Et c’est pourquoi la passion du Christ nous a ouvert la porte du royaume céleste. C’est ce que dit l’Apôtre (He 9, 11. 12) : « Le Christ, survenu comme grand prêtre des biens à venir, entra une fois pour toutes dans le sanctuaire par son sang, nous ayant acquis une rédemption éternelle ». Et cela est dit au livre des Nombres (35, 25 s. ) : « L’homicide ….après la mort du Grand Prêtre, pourra retourner dans sa maison ».
Saint Thomas d’Aquin a bien dit, n’est-ce pas :
-que « nous avons été délivrés du péché commun à toute la nature humaine et quant à la faute, et quant à l’obligation de la peine, par la passion du Christ, « lui-même en en ayant payé le prix à notre place ». Ilest notre unique Sauveur.
-et que, deuxièmement « nous sommes délivrés de nos péchés individuels en communiant à sa passion par la foi et la charité, et par les sacrements de la foi ».
Voilà le chemin du ciel : « en communiant à sa passion par la foi et la charité et par les sacrements de la foi ».
La foi en la Passion du Christ est donc le chemin royal du ciel.
Et c’est pourquoi j’aime ce chant de Zacharie, le benedictus parce que il affirme sa foi au Sauveur à venir : Et Zacharie… prophétisa, en disant : « Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël, parce qu’il a visité et racheté son peuple et qu’il a suscité pour nous une force de salut, dans la maison de David, son serviteur, ( c’est le Messie) ainsi qu’il l’a promis par la bouche de ses saints prophètes, dès les temps anciens, — pour nous sauver de nos ennemis (le diable) … afin d’exercer sa miséricorde envers nos pères et de se souvenir de son pacte saint, du serment qu’il fit à Abraham, notre père…Quant à toi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut, car tu marcheras devant la face du Seigneur pour lui préparer les voies, afin d’apprendre à son peuple à reconnaître le salut dans la rémission de leurs péchés, par l’effet de la tendre miséricorde de notre Dieu, par laquelle nous visitera une lumière d’en haut pour éclairer ceux qui sont assis dans les ténèbres et l’ombre de la mort, pour diriger nos pas dans la voie de la paix. »
A cette lumière de la foi au Sauveur – comme chemin royal du Ciel – j’aime le chant du Magnificat de ND : « Mon âme glorifie le Seigneur, et mon esprit tressaille de joie en Dieu, mon Sauveur… Ainsi a-t-il pris soin d’Israël son serviteur, se ressouvenant de sa miséricorde, — ainsi qu’il l’avait promis à nos pères, — en faveur d’Abraham et de sa race, pour toujours ».
La foi en la Passion du Christ est le chemin royal du Ciel. Aussi j’aime entendre les affirmations de Jean le Baptiste et j’aime confesser avec lui cette affirmation capitale et royale : « Voici l’Agneau de Dieu, voici celui qui enlève le péché du monde ».
Le salut est à ce prix, en cette foi, si j’en crois Saint Thomas. C’est pourquoi j’aime « ma messe », celle de l’Eglise, celle dite de saint Pie V qui me permet de « communier » à la Passion du Christ.
MBCF, croyez cela et vous vivrez éternelle dans le Royaume éternel avec les Saints, les élus de Dieu, « revêtus de robes blanches », « des palmes en vos mains ». Et vous aurez un jour la vision de gloire en laquelle vous chanterez Sanctus Sanctus , possédant la perle précieuse à jamais, le trésor de vos âmes.