Les convertis issus de l’Islam et l’avenir religieux de l’Europe
publié dans regards sur le monde le 13 novembre 2012
Nous publions cette étude passionnante et pleine d’espérance publiée sur le site fort intéressant : « Notre Dame de Kabylie » (http://www.notredamedekabylie.net) .
Introduction
Ce document est une étude malheureusement non exhaustive qui concerne des sujets, à première vue indépendants, mais qui ont cependant une relation avec le thème défini par le titre. En fait, la matière de ces différents sujets permet de mettre en relief le thème central, celui de l’amplification inattendue des conversions de musulmans au christianisme, et celui de ses conséquences. Il en résulte l’invalidation de toute conclusion pessimiste découlant d’un examen superficiel des données relatives à la déchristianisation de l’Europe, et parallèlement à une montée en puissance de l’islam dans ce continent, objets de la première partie de ce texte.
Démographie et immigration en Europe entrainent une progression spectaculaire de l’islam. Ce fait associé à une déchristianisation inquiétante et à une christianophobie croissante, peut laisser penser qu’à vue humaine ce continent s’achemine vers une majorité musulmane, estimée par certains à un horizon d’une quarantaine d’années. Nombre de musulmans pratiquants sont convaincus de cette issue, tout en évitant de manifester trop ouvertement ce sentiment là où ils sont minoritaires, taqqya (dissimulation légale, mensonge permis s’il sert au triomphe de l’islam, LIRE) oblige. Cependant il faut noter que cette « prévision » repose sur une analyse très superficielle de la situation, car elle ne tient pas compte d’éléments qui rendent douteuse toute conclusion défaitiste. Ces éléments concernent le contact direct d’hommes et femmes musulmans avec une culture, avec des religions et des philosophies, imprégnées d’une liberté inexistante dans leur culture d’origine, ceci joint au libre accès à un vaste éventail d’informations, accès inconcevable il y a une quarantaine d’années. Les musulmans vivant en Occident se trouvent ainsi immergés dans un environnement leur offrant la possibilité d’exercer leur libre arbitre en matière religieuse et philosophique. En effet, en l’absence de toute autre information religieuse et philosophique, ce libre arbitre (au sens commun, non philosophique), i.e. cette faculté qu’a la volonté de prendre tel parti plutôt que tel autre, ne peut s’exercer quand la société dans laquelle on vit impose la religion comme une filiation, une affiliation d’obligation héréditaire, sans possibilité de choix. Dans nos pays ce choix est offert, et cette liberté peut alors s’exercer malgré la pression de l’oumma (communauté, nation des fidèles, indépendamment de leur nationalité), qui reste forte aussi en terre « infidèle », où chaque membre de la communauté se sent responsable du comportement de sa famille, de ses amis et voisins. Cette pression ne peut empêcher nombre de musulmans de prendre conscience du visage réel de l’islam, en particulier comparativement au message chrétien. Ce fait est rendu possible à travers les nombreuses publications sur ce sujet, et les médias modernes. Au niveau mondial, les moyens actuels d’information, permettent à des ex-musulmans de s’exprimer. Certains prévoient même l’effondrement de l’islam d’ici une cinquantaine d’années. C’est le cas du politologue allemand Hamed Abdel-Samad, fils d’un imam égyptien, chercheur et professeur d’université résidant en Allemagne (LIRE).
Cette prise de conscience « comparative » du visage réel de l’islam, conduit des intellectuels musulmans courageux (par exemple d’Abdennour Bidar, et Abdelwahab Meddeb) à dénoncer la sacralisation de la violence engendrée par de nombreux passages des livres canoniques de l’islam (Coran, Hadiths, Sirah). Quant à ceux, nombreux, qui quittent l’islam, la majorité d’entre eux reste discrète pour éviter une rupture brutale avec la famille, les amis, et aussi à cause des risques que les apostats courent pour leur vie. En effet, pour l’islam, l’apostasie est le sommet des crimes, car véritable trahison pour l’oumma (ici au sens de nation). Elle est condamnée par deux hadiths (paroles du Prophète). Le premier énonce la sanction : « Celui qui abandonne sa religion islamique, tuez-le. » (Sahih al-Bukhari Volume 4, Livre 52, Numéro 260). Le second prophétise une époque d’amplification de l’apostasie, et précise que tout « fidèle », se faisant juge et bourreau, aura une récompense dans l’au-delà : « J’ai entendu le prophète dire, “à la fin des temps, apparaîtront des jeunes gens aux idées folles. Ils parleront bien, mais ils sortiront de l’islam comme une flèche sort de son jeu, leur foi ne dépassera pas leur gorge. Ainsi, partout où vous les trouvez, tuez les, il y’aura une récompense pour ceux qui les tueront au jour de la résurrection. » (Sahih al-Bukhari Volume 6, livre 61, Numéro 577).
Malgré ces menaces, certains ex-musulmans témoignent ouvertement de la nouvelle orientation de leur vie. Venant de connaisseurs du milieu, un tel témoignage, joint aux arguments qui l’accompagnent, est un facteur de réflexion qui commence à ébranler les fondements de la croyance de nombre de musulmans. En dehors du choix de certains en faveur de l’athéisme, ou de l’agnosticisme, l’une des conséquences de ce contexte est l’augmentation inattendue des conversions visibles au christianisme, celles cachées pour des raisons de sécurité restant difficiles à évaluer.
Cet article a pour objet un examen de ces éléments à partir de la situation actuelle. Une première partie expose les données « brutes » de cette situation : déchristianisation contemporaine de l’Europe (§ I.1) jointe à une christianophobie croissante (§ I.2), progrès de l’islam en Europe (§ I.3). Elle pourrait paraître un peu longue, pessimiste pour l’avenir, mais est nécessaire pour mettre en exergue la partie suivante (§ II.1-7). Celle-ci invalide ce pessimisme en présentant le formidable et inattendu mouvement mondial de conversions des musulmans au christianisme (dont, étrangement, un grand nombre résultant d’une expérience mystique), fait qui inquiète fortement les autorités politiques et religieuses de pays islamiques (§ II.3). Ce phénomène est peu visible à travers les médias dominants. La dernière partie (§ III) est la conclusion consacrée à la triple mission que les convertis se donnent, mission qui les amènera très probablement à jouer un rôle important dans l’avenir religieux de l’Europe. Les lecteurs s’estimant très bien informés sur tous les éléments relatifs à la déchristianisation de l’Europe, et à la montée en puissance de l’islam dans ce continent, pourront passer directement aux parties II et III de ce texte.
De nombreux liens hypertexte permettent de justifier les affirmations et arguments de ce document. Ils donnent aussi accès à des informations qu’il est impossible de développer.
– I PREMIERE PARTIE : EXAMEN DE LA SITUATION CONTEMPORAINE DE L’EUROPE
– I.1 Déchristianisation de l’Europe
Selon une étude publiée par un institut de recherche américain, le nombre de chrétiens dans le monde (un tiers de la population mondiale, devant les musulmans) croît régulièrement, mais leur répartition géographique s’est transformée notablement. En effet, c’est un fait évident : l’Europe se déchristianise, alors que d’autres régions du monde (l’Asie du Sud-est et l’Afrique) voient les églises chrétiennes se développer. En 1948 1760 prêtres catholiques étaient ordonnés par an en France. En 1996, pour une population bien supérieure, ils n’étaient plus que 128, d’où l’appel à des prêtres africains. Seulement 4 % des baptisés disent aller à la messe tous les dimanches. En se limitant aux catholiques de souche européenne, ce chiffre serait plus bas. Dans le diocèse d’Évry-Corbeil-Essonnes (250 églises pour plus de 1,2 million d’habitants), seuls 16,2 % des 18-29 ans du département de l’Essonne se déclarent catholiques, i.e. six jeunes essonniens sur sept ne se reconnaissent pas dans le catholicisme. Il s’agit d’une étude faite en juin 2012, à la demande de l’association « Paix liturgique », par la société JLM Études, institut de sondage professionnel et indépendant.
Les asiatiques et africains qui viennent en Europe sont frappés par la disparition des valeurs évangéliques. Cette disparition engendre violence, décadence de nos mœurs, envahissement des médias par la pornographie (camouflé en érotisme), promotion de l’homosexualité (qui devrait rester une affaire privée) par de véritables lobbys, égoïsme. Le « mariage de toujours » est tombé en défaveur. Plus de moitié des enfants naissent hors mariage. Par contre, sous forme du « mariage pour tous », il a la faveur des médias dominants, et de puissants groupes de pression. Il ne concerne plus l’union d’une femme et d’un homme. Un droit à la parentalité est exigé, sans préoccupation de l’enfant adopté (LIRE). Conjointement en France on note 200.000 avortements par an, soit 7 millions en 35 ans. Prochainement, cet acte devrait être totalement remboursé par l’assurance maladie, la grossesse devenant assimilée à une maladie grave. Des lois devant favoriser l’euthanasie sont à l’étude. Dans une société qui s’affranchit de son héritage chrétien, le catholique, intimidé, exclu de la culture, se reconnaît le plus souvent à son silence. S’il en sort, il est qualifié d’intégriste, comme un terroriste musulman. Pour être « dans le vent », une part importante des catholiques pratiquants choisit un « menu à la carte » dans ce que demande l’Église pour la conduite de la vie. Ainsi, pour beaucoup vivre en concubinage avant mariage n’est plus un désordre. On exige de l’Église plus de souplesse, plus d’ouverture au monde, i.e. d’aller toujours plus loin dans un processus de sécularisation, afin d’attirer la faveur de fidèles récalcitrants. Dans le sens de telles demandes, la pénétration d’une « apostasie silencieuse » (Jean-Paul II) a touché certains membres de l’Église, fait identifié par Paul VI en parlant d’un processus « d’auto-démolition de l’Église », et évoquant aussi « les fumées de Satan entrées dans l’Église ».
Alors que le droit naturel, sur lequel s’appuient les religions, trouve sa source dans un Dieu Créateur, il est remplacé par un droit conçu par les hommes, adaptable aux évolutions de la société et des mœurs. Ce droit évolue constamment en fonction des mœurs. Le relativisme triomphe. Il n’y a pas de vérité objective, mais des « vérités » fonctions du temps et du lieu. Dans son discours à la Curie romaine pour les vœux de Noël 2008, le Saint-Père résumait la situation dans ces termes : « il s’agit de fait de la foi dans le Créateur et de l’écoute du langage de la création, dont le mépris serait une autodestruction de l’homme et donc une destruction de l’œuvre de Dieu lui-même. Ce qui est souvent exprimé et entendu par le terme « gender », se résout en définitive dans l’auto-émancipation de l’homme par rapport à la création et au Créateur. L’homme veut se construire tout seul et décider toujours et exclusivement tout seul de ce qui le concerne. Mais de cette manière, il vit contre la vérité, il vit contre l’Esprit créateur ». Lors d’un entretien accordé au service de presse de l’archevêché de Grenade (Espagne), le père jésuite Samir Khalil Samir, directeur du Centre de documentation et recherches arabes chrétiennes (CEDRAC) et professeur à l’Université Saint Joseph de Beyrouth (Liban), s’est exprimé sur le refus de reconnaissance des racines chrétiennes dans le projet de Constitution européenne. Il soulignait que ce refus « frappe beaucoup les chrétiens d’Orient, car l’Europe a donné des milliers de missionnaires. Elle a évangélisé l’Amérique, l’Asie, l’Afrique… et aujourd’hui elle est si loin de sa foi ».
-I.2. Christianophobie
Cette évolution « culturelle » s’accompagne d’une christianophobie croissante. Ce rejet du christianisme prend différentes formes (dont la traditionnelle, celle du rationalisme) alors que les religions orientales, les sectes, l’ésotérisme, le satanisme, les superstitions, la voyance, l’astrologie sont en constante progression. Dans le silence des médias dominants, vandalisme et profanations de lieux de culte et cimetières chrétiens, articles et représentations artistiques blasphématoires, se multiplient (VOIR le site Observatoire de la christianophobie). Pour les autres religions, ces faits provoqueraient une formidable indignation-mobilisation médiatique et le déplacement d’un ministre, alors que des séries TV anticatholiques (comme « Ainsi soient-ils » sur Arte) bénéficient d’une large publicité. A Paris le « Marathon de la Bible » (4-7 octobre 2012), pendant lequel la Bible est lue, commentée, priée (comme cela s’est fait depuis plusieurs années), a été interdit, alors que les autorités ferment des rues à la circulation dans certains quartiers le vendredi, pour que les musulmans puissent y prier (LIRE).
Plus préoccupantes sont les agressions perpétrées par des adolescents de quartiers sensibles, difficilement punissable au plan de la loi. On a ainsi assisté à Carcassonne à un caillassage des fidèles pendant la messe des églises Saint Joseph (26/05/2012), et Saint-Jacques du Viguier (02/11/2010). A Avignon il y a harcèlement des chrétiens et profanation de l’église Saint Jean-Baptiste (LIRE). A Dijon la messe est interrompue à l’église Élisabeth de la Trinité (29/09/2012). A Nice, rue Rossetti, c’est une procession mariale qui est conspuée par des adultes musulmans (08/12/2010, VOIR). A Nice encore l’église Saint-Pierre-de-l’Ariane a été saccagée. La petite église aurait été désignée (probablement par des adultes) aux enfants identifiés comme vandales « en tant que maison du diable » (Figaro 29/12/2003, page 2). Le 16/09/2012, les locaux d’une église protestante à Toulouse ont été la cible d’une tentative d’incendie volontaire au moyen de cocktails Molotov.
Cette ambiance de christianophobie a atteint un niveau tel qu’un séminaire sur la discrimination des chrétiens en Europe a eu lieu le 2 octobre 2012 au Parlement européen (Bruxelles). Il était organisé par la Commission des conférences épiscopales de la communauté européenne (COMECE), les groupes du Parti populaire européen (PPE), et des Conservateurs et réformateurs européens (ECR). Ce séminaire était consacré à l’évaluation de la situation actuelle des chrétiens et à la liberté de religion en Europe. La nécessité d’efforts importants pour éliminer les mesures discriminatoires à l’encontre des chrétiens a été soulignée, avec celle de la garantie de la liberté de religion non seulement pour les minorités, mais aussi pour les chrétiens. Dans certains pays, la protection des droits des minorités sexuelles impose des limites à la critique et à la liberté d’expression. Le Saint-Siège a souligné qu’«une des questions clés est la protection des décisions de conscience à motivation religieuse ». En effet la liberté de conscience, en particulier dans les professions médicales, est menacée (cas de l’avortement), comme aux États-Unis (VOIR). Dans le cadre de la deuxième congrégation générale du synode sur la nouvelle évangélisation, le 08/10/2012, le cardinal Peter Erdö, archevêque d’Esztergom-Budapest, et primat de Hongrie, a présenté une situation préoccupante en Europe (LIRE). A ce sujet il note l’avancée constante de la déchristianisation, la responsabilité des médias dans ce processus, les attaques juridiques et les discriminations. Dans les nouveaux droits de l’homme dits « de troisième et quatrième génération », sans liens « avec la vision humaine et chrétienne du monde », ni avec « la moralité objective également exprimée dans les catégories du droit naturel », le cardinal voit une société civile en grave danger.
– I.3. Progrès de l’islam en Europe
– I.3.1. Démographie et incitation à la migration
Parallèlement à une hostilité croissante, allant jusqu’à l’agressivité haineuse à l’égard du christianisme, les flux migratoires essentiellement musulmans en Europe, et la pression démographique résultante, entrainent un développement rapide de l’islam. Cette situation a un lien avec le fait que démographie et migration sont vivement encouragées par les textes canoniques de cette religion.
Pour la démographie, un hadith (communication orale de Mahomet, « le Beau Modèle » – terme islamique – à imiter pour tout bon musulman) donne la conduite à tenir par les fidèles : « Un homme est venu voir le prophète et dit : «J’ai trouvé une femme belle et de haut rang, mais elle ne donne pas naissance à des enfants. Dois-je me marier avec elle ? ». Il dit : «Non». Il revint le voir mais il le lui interdit à nouveau. Il vint une troisième fois et le prophète dit : «Épouse des femmes qui sont aimantes et prolifiques, que je puisse submerger les autres peuples grâce à vous». »(Récit de Ma’qil ibn Yasar, Dawud XI 2045).
En ce qui concerne l’incitation à la migration, plusieurs versets du Coran en parlent : sourate 4, verset 100; sourate 2, verset 218; sourate 8, versets 72 à 75; sourate 9, verset 20; sourate 22, verset 58; sourate 24, verset 22. Certains commentateurs, pratiquant la taqqya, veulent leur donner le sens restreint de l’exil de Mahomet et ses fidèles à Médine, mais la plupart y voient un encouragement à la propagation de la foi. A ce sujet un document intitulé « Regards coraniques sur la migration », de l’islamologue Abdoul Aziz Kébé, est à noter. Cette publication du Département de sociologie de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (Nov. 2008) a été faite dans le cadre du « Forum International de Dakar. Migrations, politiques et droits de l’homme ». Elle traite « des causes inscrites dans le Coran et qui semblent encourager les musulmans à l’émigration ». Les motivations données dans le Coran sont exposées dans le paragraphe 1. Le paragraphe 2 traite de l’histoire et de la jurisprudence sur cette base : « L’histoire de l’islam axée autour de la migration des musulmans vers l’Abyssinie et vers Médine a entraîné par la suite les jurisconsultes à se pencher sur la question et à produire toute une doctrine y afférent. Cette doctrine apprécie la terre de manière binaire. D’une part, il y a le territoire de la croyance (Dâr al-islâm) et d’autre part, il y a le territoire de l’infidélité (Dâr al Kufr). Ce territoire de l’infidélité est un espace à prendre au besoin par la guerre -Dâr al Harb- Cette distinction a nourri pendant longtemps, et jusqu’à nos jours sans doute, l’idéologie du Jihâd conçue comme l’activité militaire destinée à conquérir le territoire de l’infidèle ». Remarquons au passage que, pour la majeure partie de l’histoire islamique, le terme qui sert à décrire les sociétés non-islamiques, est très peu dâr al Kufr, mais a été le plus souvent dar al-Harb (terre de la guerre), soulignant ainsi l’aspiration des divers pays islamiques pour conquérir de tels territoires et pour les rendre partie de dar al-Islam (maison, terre de l’islam). A partir de cette base, l’auteur présente les trois angles sous lesquels les jurisconsultes musulmans ont conçu l’émigration. Le troisième et dernier paragraphe (« Confusions contemporaines ») se termine par le vœu de la suppression des frontières, obstacles à une émigration musulmane plus large : « Pourquoi réduire les frontières pour les produits et les maintenir pour les hommes ? ».
En se basant sur une enquête de l’IFOP, et sur le critère de la pratique religieuse, le Gatestone Institute conclut que l’islam est déjà devenu la première religion en France (cf. Islam Overtaking Catholicism in France). En 2020-2030 Bruxelles devrait être à majorité musulmane. Actuellement 2 enfants sur 3 sont musulmans. Ceci a amené l’Université Libre de Bruxelles (ULB) à organiser un colloque (13/11/2010) intitulé « Une majorité musulmane à Bruxelles en 2030. Comment nous préparer à mieux ‘Vivre ensemble’ ? » (VOIR)
Ces éléments permettent de comprendre pourquoi plusieurs dirigeants politiques, ou religieux de pays musulmans annoncent régulièrement que l’islam sera bientôt la religion dominante en Europe, et plus particulièrement en France. Déjà dans un discours à l’ONU (avril 1974), H. Boumediene ancien président algérien disait : « Un jour, des millions d’hommes quitteront l’hémisphère sud pour aller dans l’hémisphère nord. Et ils n’iront pas là-bas en tant qu’amis. Parce qu’ils iront là-bas pour le conquérir. Et ils le conquerront en le peuplant avec leurs fils. C’est le ventre de nos femmes qui nous donnera la victoire ». De son côté Kadhafi affirmait à Rome: « l’Islam doit devenir la religion de l’Europe ». Une image du devoir de procréer en dar al harb, pour qu’elle devienne dar al islam (maison, terre de l’islam), est donnée par l’article (accompagné d’une photo) du quotidien Le Bien Public de Dijon relatant la remise des médailles de la Famille française en 2010, à la mairie (salle de Flore). Parmi les huit médailles d’argent (6 ou 7 enfants) ne figure qu’un seul nom d’origine non musulmane, et pour les treize médailles de bronze (4 ou 5 enfants) que trois noms. Or à Dijon le rapport population musulmane / non musulmane est de l’ordre de un à huit.
La plupart des musulmans sont convaincus de cette évolution, et voient un signe divin dans l’affaiblissement du christianisme qui l’accompagne en Europe. En dar al harb très peu le disent ouvertement, TAQQYA oblige, i.e. dissimulation légale, assimilée aussi à une ruse pour tromper l’ennemi en « terre de la guerre », quand le rapport des forces n’est pas favorable à l’islam. Alors que le Coran (sourate 40, verset 28) interdit à un croyant de tromper d’autres croyants, il lui donne le droit de mentir si le mensonge sert au triomphe de l’islam. A ce sujet, il est intéressant de noter ce qui a suivi l’exposé du docteur Tareq Suwaidan (prédicateur koweitien, frère musulman), intitulé « Le Prophète Mohamed : un modèle pour l’humanité », lors de la 26ème Rencontre des musulmans de France de l’UOIF (10-13 avril 2009). Aux côtés de l’imam de Bordeaux Tareq Oubrou (bien connu pour son engagement dans le dialogue français islamo-chrétien), le conférencier a rappelé une prophétie de Mahomet annonçant que la conquête de Rome suivrait celle de Constantinople (réalisée dans un bain de sang en 1453). Cette perspective avait été fort appréciée par l’assistance. Par la suite, s’adressant à des non musulmans, l’imam de Bordeaux avait tenté de rassurer en parlant d’un épisode qui pourrait prendre la forme d’une « simple présence pacifique », « une présence témoin » (cf. page 138 de son livre « Profession imâm », Albin Michel, 2009, entretiens avec Michael Privot et Cédric Baylocq). Or plusieurs hadiths dits Sâhîh (i.e. « authentiques », ayant la plus forte crédibilité pour les sunnites), et que l’imam de Bordeaux ne peut ignorer, concernent des propos de Mahomet sur la volonté de prendre la ville de Rome par le djihâd (Muslim livre 37, n° 6670; livre 41, n° 6927 et n° 6930; livre 42, n° 7067). Le degré d’authenticité de cette source est renforcé par le fait que les hadiths de Muslim, avec ceux de Bukhari, sont les deux seuls, parmi les cinq Sâhîh, considérés comme « excellents ». Ceci confirme le soupçon de taqqya avancé par Michael Privot et Cédric Baylocq, d’autant plus que dans Muslim livre 41, n° 6927, Mahomet prophétise un effroyable combat pour la prise de Rome. De son côté, en dar al islam, Subhi Al-Yaziji, doyen du département des études coraniques à l’université islamique de Gaza, met ouvertement son espoir dans la conquête prochaine de l’Andalousie et du Vatican (AL-AQSA TV).
Parfois, en Europe, certains responsables oublient imprudemment la règle de la taqqya ou peut-être, pensant que la situation est irréversible, estiment que la prudence dans le langage n’est plus de mise. C’est ainsi que Rachid Gacem, trésorier et chargé de communication dans une mosquée de Roubaix, élevé au titre de « grand électeur » (délégués supplémentaires qui élisent les sénateurs) du parti socialiste, s’est distingué. Devant la caméra de John Paul Lepers, Gacem avait affirmé que, si la France devenait un pays musulman, il faudrait appliquer la charia, dont la lapidation, parce que c’est la loi divine (LIRE et aussi voir la VIDEO). Devant une telle violation de l’obligation de taqqya en dar al harb, sous la pression de responsables musulmans, le « grand électeur »du parti socialiste, chargé de communication de la mosquée Abu Bakr, a du démissionner de ses fonctions religieuses.
– I.3.2 Visibilité de l’islam, et problèmes résultants
Au plan de la visibilité, les progrès de l’islam deviennent de plus en plus évidents dans la société. C’est ainsi que le porc a disparu dans la plupart des cantines des écoles et entreprises (pour facilité de gestion), de plus en plus remplacé par la viande hallal. Des salles de prières sont demandées dans des universités, et divers établissements publics ou non. Les rayons « hallal » ont leur espace dans les supermarchés. Pendant le ramadan les médias dominants lui réservent une place de choix, inexistante pour le carême chrétien. Des mosquées « cathédrales » sont inaugurées en présence de ministre, maire, autorités religieuses, ce qui est impensable dans le cas d’une église. Bien que la loi de 1905 interdise le financement des lieux de cultes, l’aide à la construction est apportée sous une autre forme, avec la mise à disposition du terrain par le biais d’un bail emphytéotique, et des subventions indirectes à une bibliothèque, à des activités de soutien scolaire installées dans les murs de la mosquée. Dans les lycées et collèges de « zones sensibles », l’enseignement de l’histoire se fait sur la base de manuels scolaires opérant une déconstruction systématique du récit national, et en propageant des sentiments de culpabilité de la France (colonisation, esclavage, etc.). Cet enseignement demande des enseignants hors norme pour des jeunes qui nourrissent mépris et haine envers le pays d’accueil. Le plus connu est Jean-François Chemain. Son livre « Kiffe la France » (Ed. Via Romana, 2011) brosse un tableau d’un réalisme inquiétant sur une situation à première vue irréversible, mais, en tant que « reconverti » au catholicisme, il reste plein d’espérance pour l’avenir, si l’approche de l’enseignement dans ces « zones sensibles » est totalement modifiée, en se faisant sur de nouvelles bases (LIRE).
Dans une émission « Convertis : le choix de l’islam » (France Inter 18/09/2011), ces convertis sont estimés en France à une centaine de mille, estimation imparfaite en l’absence de chiffres officiels (ce chiffre sera discuté dans le paragraphe suivant). Parmi eux on note des jeunes chrétiens des cités sensibles. Minoritaires dans ces quartiers, sans réelle formation chrétienne de base (due à l’évolution de la catéchèse depuis une cinquantaine d’années), pour ne pas être rejetés par leurs camarades musulmans, sous leur pression, aussi pour éviter moqueries, et brimades, ils choisissent de devenir leur « frère » dans la croyance. Certains d’entre eux vont même vers l’islam le plus dur, et le terrorisme. De temps en temps l’actualité illustre cette dérive.
En recevant les évêques français le 26/02/1906, Saint Pie X parlait du châtiment des nations qui s’éloignent de Dieu, et qui ainsi « s’engourdissent dans le misérable aveuglement des esprits », châtiment « qui frappe ceux qui ont péché contre le Saint Esprit », (Saint Pie X, Actes de St. Pie X, Tome 1, p. 349). Il est tentant de penser à cette déclaration en associant deux phénomènes contemporains :
– (a) la déchristianisation spectaculaire de l’Europe,
– (b) la perception de la montée en puissance de l’islam qu’ont les médias dominants, ainsi que la plupart des intellectuels, la majorité des responsables politiques et religieux.
Indépendamment, sans référence à Saint Pie X, un article de François Martin (LIRE) aborde cette perception des « élites » sur la base de deux conférences: celle du père Henri Boulad, jésuite égyptien, ancien professeur de théologie au Caire, et ancien provincial des Jésuites du Proche Orient (VOIR), et celle d’Alain Chouet, ancien Directeur du Renseignement et de la Sécurité de la DGSE (VIDEO). A propos du plan islamique de conquête idéologique, et géopolitique, évoqué dans chacune des deux conférences, François Martin note que les deux conférenciers apparaissent « extrêmement étonnés (tout comme les islamistes eux-mêmes, sans doute) de la naïveté et de la cécité des intellectuels, leaders d’opinion et populations occidentales », en d’autres termes l’étonnement devant l’engourdissement des nations dans « l’aveuglement des esprits » dont parle Pie X. Quant au châtiment (?), il est tentant de penser aux malédictions et imprécations de la loi de Moïse (Deutéronome chapitre 28) quand le peuple juif s’éloigne de la Loi divine, en particulier les versets : 22, 28, 29, 32, 33, 43, 44, 48, 49, 50-52, 62.
– II SECONDE PARTIE. CE QUE NE DISENT PAS LES MEDIAS DOMINANTS
– II.1.Relativisation des progrès de l’islam en Europe
A la lumière de la situation présentée ci-dessus, la marginalisation du christianisme, et son remplacement par l’islam en Europe, pourrait paraitre inéluctable à moyen terme. Cependant une analyse plus fine de cette évolution sociétale conduit à réviser le pessimisme d’une telle conclusion, via l’examen d’un certain nombre de points importants passés sous silence. En effet ce qui, à première vue, apparait comme une progression de l’islam en Occident, s’accompagne d’une prise de conscience de ses points faibles de la part de nombre de musulmans, et du témoignage d’ex-musulmans, dont certains, malgré les risques encourus, s’expriment de plus en plus librement sur ce sujet. Ces risques sont liés au fait que l’oumma (la communauté des croyants) bride la liberté de ses membres, chacun étant responsable de l’orthodoxie du comportement de son frère dans la croyance (particulièrement lors du ramadan). Beaucoup souffrent de cette situation, mais n’osent manifester publiquement leurs sentiments, alors que le contexte occidental aiguise leur sens critique, et les rend capables de libre arbitre en matière religieuse. Cette souffrance est illustrée par ce témoignage d’un algérien converti : « elle me rend malade cette communauté, cette Oumma qui veut faire de moi son esclave ! Ce n’est pas Allah qui fait de moi son esclave, comme elle le prétend, mais c’est elle… au nom d’Allah ! Je ne veux pas être prisonnier d’un dogme, je ne veux pas vivre dans le mensonge ! Dieu m’appelle, au contraire, à la vérité de l’Évangile qui libère ! Je n’impose ma foi à personne, pas même à ma fille, pourquoi veut-on m’imposer la foi musulmane ? » (LIRE).
Le nombre apparemment élevé des conversions à l’islam est aussi à relativiser en tenant compte des éléments qui suivent. Un premier point est la facilité d’entrée dans l’islam, qui se fait sans aucune préparation spirituelle. Le postulant n’a qu’à prononcer, la shahada: « Il n’y a de Dieu que Dieu, et Mohammed est son prophète » devant un imam, qui enregistre l’acte. L’impossibilité pour une musulmane d’épouser un non musulman, conduit généralement ce dernier à remplir ce qu’il considère comme une « formalité » sans importance, mais qui le rend apostat (avec la sanction prévue dans ce cas) s’il quitte la religion. Certaines mairies ont même été jusqu’à demander au marié de se convertir à l’Islam. Cette demande surprenante est lié au fait que, pour tous les mariages mixtes où l’un des époux est de nationalité française et l’autre de nationalité étrangère, il est demandé un « certificat de coutume« . Par exemple, si la fiancée est marocaine, ce document s’obtient auprès du consulat du Maroc, afin que le mariage soit reconnu à la fois par la France et le Maroc, mais pour obtenir ledit certificat, le consulat demande au marié de fournir un acte de conversion à l’Islam (LIRE). Dans l’autre sens l’islam ne demande pas à une épouse chrétienne de se convertir. Elle a même la liberté de pratiquer sa religion. Cependant, si l’époux musulman est pratiquant, les enfants étant obligatoirement musulmans, sous la pression affectueuse de la famille, par amour et pour l’harmonie du couple, l’épouse se convertit le plus souvent (cf. « Candide au pays d’Allah » publié par Qabel éditions, 2011), certaines allant jusqu’à prendre tous les signes extérieurs de leur nouvelle religion.
Dans l’article cité plus haut (§ I.2.2), à propos du père Henri Boulad, François Martin note un point intéressant sur la capacité de libre arbitre offerte aux musulmans par l’accès contemporain à un large éventail d’informations : « lorsqu’il se place sur le plan du fond de la doctrine « religieuse » sunnite médinoise, il n’y a pas de différence entre islam et islamisme. Par contre, lorsqu’il se place sur les plans de la doctrine politique et de la pratique par les musulmans eux-mêmes, là il fait la différence, puisque d’une part, tous les musulmans ne vivent pas en permanence dans la folie totalitaire, et ne se lèvent pas tous les matins en se disant « je vais conquérir le monde », et d’autre part, parce que ce ne sont pas des « Coran sur pattes », appliquant à la lettre leur doctrine, mais des femmes et des hommes construits intérieurement exactement comme nous, c’est-à-dire accessibles à la discussion et au libre arbitre comme nous le sommes (ou comme nous croyons l’être ?) nous-mêmes« .
Sans les moyens actuels d’information, ce libre arbitre a d’ailleurs été déjà exercé dans le passé par des intellectuels vivant dans des pays musulmans. Ainsi, dans la première moitié du 20éme siècle, Ali Abd al-Raziq défendait l’idée que l’islam doit être un message uniquement spirituel et moral. Il mettait en cause la notion d’état musulman via une analyse radicale, véritable appel à la laïcité, ce qui l’a conduit à finir sa vie au ban de la société. Plus tard, suivant la même voie, le soudanais Mahmoud Mohamed Taha, de formation soufie, a bien essayé en 1967 de plaider l’abandon de pans entiers du Coran, générateurs de violence sacrée. En effet, inversant la règle de la « doctrine de l’abrogation« , il considérait « abrogée » toute la partie du Coran révélée à Médine, dans la mesure où elle apporte des règlements particuliers outrepassant le message général de la période mecquoise dont les versets non violents, les premiers dans l’ordre chronologique, sont considérés comme abrogés par la théologie musulmane. Considéré comme apostat envers la parole de Dieu, il a été exécuté par pendaison. Le professeur d’études islamiques Nasr Hamid Abu Zayd’, l’un des théologiens libéraux les plus connus, a cherché à interpréter le Coran par une herméneutique humaniste. Il souffrit de persécution religieuse pour ses opinions sur le Coran. Sous la menace de mort de groupes fondamentalistes, il s’enfuit en Hollande, où il réside depuis. Farag Foda était un écrivain égyptien, défenseur des doits de l’homme, assassiné le 8 juin 1992. Avant son assassinat, Farag Foda avait été déclaré apostat et ennemi de l’islam. Un savant d’Al-Azhar, Mohammed al-Ghazali, témoignant devant le tribunal jugeant les assassins, a déclaré qu’il était juste de tuer un ennemi de l’islam : « L’assassinat de Farag Foda est en fait l’application de la sanction contre un apostat » (VOIR).
Ces musulmans « réformateurs » vivaient en terre d’islam, et ont du ainsi subir la rigueur de la loi islamique, car toute exégèse scientifique, tout débat, sont strictement interdits dans le cas du Coran, incréé, parole de Dieu dans sa matérialité, aussi pour les hadiths (recueil de paroles du Prophète), et pour la Sirah (biographie de Mahomet). En Occident bénéficiant de la liberté de parole et d’écrit, des intellectuels musulmans osent maintenant s’exprimer en faveur d’une vision multiforme de l’islam. Ils sont minoritaires, et exclus du dialogue islamo-chrétien officiellement reconnu par l’Église de France. Cependant leur témoignage, parfois médiatisé, laisse entrevoir les faiblesses de l’islam, et les difficultés que devrait rencontrer de plus en plus cette religion en dar al harb, dont en particulier celles liées à la violence sacralisée dans ses textes canoniques.
C’est le cas d’Abdennour Bidar, professeur de philosophie à Sophia Antipolis (Alpes-Maritimes) avec deux articles « Merah, un monstre issu de la maladie de l’islam » (tribune sur le site du Monde du 23/03/2012), et « La lapidation, preuve extrême de la logique de violence de l’islam » (Le Monde 30/08/2010). De même l’intellectuel musulman Abdelwahab Meddeb, auteur de « La maladie de l’islam » (Paris, Seuil, 2002, coll. « La couleur des idées« ), a mis en relief la nécessité d’un débat et d’une analyse des textes violents de l’Islam. Dans un entretien avec Chiara Penzo, (VOIR) il dit « il n’y a pas une seule et unique doctrine islamique, mais des textes qui méritent un débat et une analyse. Le monde musulman aurait besoin de se confronter à une effervescence intellectuelle« .
En Grande Bretagne, le Sheikh Dr Muhammad Al-Hussaini condamne dans les termes les plus fermes les persécutions antichrétiennes. Il va même jusqu’à dénoncer le silence de la plupart des responsables chrétiens sur ces exactions afin de ménager la susceptibilité des musulmans (CF.). Tawfik Hamid est un américain d’origine égyptienne, ancien membre du groupe islamique radical Jamma Islamiya, Senior Fellow au Potomac Institute for Policy Studies. Il ose écrire : « Je suis né de religion musulmane, mais je suis chrétien d’esprit et juif de cœur. Je suis surtout un être humain, opposé au fondamentalisme de l’islam« . Au sujet de la violence sacrée, il est très clair en disant : « J’admets que l’enseignement actuel prodigué dans nos écoles et dans nos mosquées crée la violence et la haine contre les non-Musulmans. Nous autres Musulmans nous avons besoin de changer notre perception du monde« (LIRE). Une étude intéressante sur la sacralisation de la violence est donnée dans l’article « L’islam et la sanctification de la violence » (CF.).
– II.2. Ex-musulmans non chrétiens. Leur action
Si la majorité des chrétiens ne connait qu’en surface le christianisme, c’est aussi le cas des musulmans, dont les connaissances de base peuvent se limiter à la shahada, la conviction d’être « la meilleure communauté, suscitée pour le bien de l’humanité » (sourate 3, verset 111), et pour lesquels l’islam est la religion de paix et de tolérance. En dar al harb (terre de la guerre, celle des infidèles) jouissant d’une liberté inexistante en terre d’islam, et d’une large information sur la culture occidentale d’origine chrétienne, la possibilité d’accès à une meilleure connaissance d’autres religions et philosophies permet à un certain nombre de ces musulmans d’approfondir leur réflexion. Elle conduit vers deux voies. La première mène au fondamentalisme, via la certitude de la décadence inéluctable de l’Occident et la proche disparition du christianisme dont la chute doit être hâtée. La seconde oriente vers l’abandon de l’islam en allant soit vers l’athéisme, l’agnosticisme, soit vers la conversion au christianisme. Le plus grand nombre des apostats ne le manifeste pas ouvertement pour maintenir les liens familiaux et sociaux car, comme dit plus haut, l’apostasie ouvertement manifestée met la personne au banc de la société musulmane et met sa vie en danger.
Cependant certains apostats proclament ouvertement leur choix et, par des articles, des conférences, mettent en garde l’Occident contre les dangers de l’islam qu’ils ont connu de l’intérieur. D’autres prophétisent même un déclin inévitable du monde musulman. C’est le cas du politologue allemand d’origine égyptienne Hamed Abdel-Samad, chercheur et professeur d’université résidant en Allemagne, fils d’un imam égyptien. Dans une interview au magazine allemand Spiegel (LIRE), il donne les raisons pour lesquelles il estime que l’islam est une menace pour la société et expose ses théories sur l’effondrement à venir du monde musulman. Hamed Abd el Samad a publié en décembre 2010 un ouvrage qu’il a intitulé « Downfall of the Islamic world » (« La chute du monde islamique« , initialement en allemand), où il diagnostique cet événement. Pour cet universitaire ceci devrait se produire au cours des trente prochaines années, sous le poids d’un islam incapable de prendre le virage de la modernité. Reste cependant une question non abordée par l’auteur : est-ce en Occident, devenant un « nid de coucou » grâce au choix politique des nations, et par aveuglement, que l’islam se maintiendra ? Ce pourrait être le cas si ce choix revenait à ne pas soutenir les forces laïques et démocratiques dans le monde musulman, et à entraver l’exégèse historico-critique de l’islam (telle qu’elle se fait pour les autres religions), voire la réprimer sous prétexte d’islamophobie, d’où l’accusation d’islamophobie savante lancée contre certains islamologues. Cette intention de répression est très claire dans la demande pressante de l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI), basée en Arabie saoudite et regroupant 57 pays musulmans, pour inscrire dans le droit international une interdiction mondiale de tout examen critique de l’islam et de la charia (LIRE). En apaisant ainsi la masse des musulmans, et en adaptant les institutions occidentales à leurs revendications religieuses, un processus salutaire serait compromis pour l’avenir de l’Occident, et pour les musulmans eux-mêmes. Ceci alors que la liberté qu’offre l’Occident a conduit à la création de nombreux sites d’ex-musulmans sur le Web, malgré les menaces dont leurs créateurs sont l’objet. Parmi eux, on peut noter celui d’Ali Sina, qui publie une « Lettre à l’humanité » (en français et en anglais), signée par un « mouvement d’ex-musulmans« , demandant aux musulmans de quitter l’islam, et « aux non musulmans d’arrêter le politiquement correct de peur de heurter la sensibilité des musulmans » (CF.).
– II.3. L’ampleur de la conversion des musulmans au christianisme : un phénomène récent
Comme noté plus haut, l’accès à des médias inexistants, ou peu utilisés auparavant, rend maintenant les musulmans capables de libre arbitre en matière religieuse. Ainsi grâce aux émissions télévisées par satellite et à internet, on estime que 90 % de la population iranienne peut avoir accès aux programmes chrétiens. Ces moyens d’information permettent aux musulmans de prendre conscience du visage réel de l’islam, de le comparer au message chrétien du Nouveau Testament, et de le méditer. D’un côté ils connaissent Allah, Dieu menaçant, qui exige une soumission inconditionnelle, aveugle, des fidèles. De l’autre côté, ils ont la possibilité de découvrir en Jésus-Christ le visage aimant de Dieu-Père, proche des hommes, un Dieu-Amour qui a fait alliance avec les hommes. Ils peuvent discerner le « sauveur du monde » dans Son Fils Jésus (cf. les 2 livres du père Jourdan « Dieu des chrétiens, Dieu des musulmans » et « La Bible face au Coran« , Ed. l’œuvre spirituelle, 2007 et 2011). Or ces notions sont totalement étrangères à l’islam. Ainsi, dès les premiers siècles les arabes chrétiens ont nommé Jésus, « Yashou » (c’est à dire « Il Sauve« ), proche de « Ieschoua » en hébreux, qui se traduit par « Dieu sauve« . Sous ces deux derniers noms, qui reflètent la nature profonde de l’être, Jésus se manifeste comme rédempteur, ayant une double nature, Vrai Dieu et Vrai Homme. Le Coran rejette farouchement cette notion, d’où l’inacceptation de « Yashou » adopté depuis toujours par les chrétiens arabes, et le choix de Îssâ, à première vue sans signification particulière. Ce changement de statut du Christ apparait dans le traité de la « Revivification des sciences religieuses » du grand théologien al-Ghazâli (XIème siècle) quand il proclame : « cent vierges forment sa rétribution au paradis en récompense de sa chasteté sur terre« . Îssâ, fils de Marie (Mariam sœur d’Aaron), est ainsi un simple prophète musulman, sans relation avec Jésus du christianisme.
L’accès des musulmans aux Écritures chrétiennes induit en eux une source de réflexions qui, dans un premier temps, remet en cause la présentation de l’islam en tant que « religion de paix et d’amour« . En effet, ce contact, qui peut aussi avoir pour origine une conversation, des liens amicaux, avec un chrétien (AUDIO), leur fait découvrir la « Loi d’Amour » du christianisme (Matthieu 22; 37-40), résumé des dix commandements de Dieu, où l’amour du prochain, même ennemi et persécuteur, est inséparable de l’Amour de Dieu. A partir de là, s’agissant de femmes et hommes construits intérieurement comme nous, ayant comme nous le sens du bien et du mal via la « loi naturelle » (conscience morale), ils peuvent identifier la profonde discordance entre la « Loi d’Amour » et le message du Coran, des hadiths, et de la Sirah, où le prochain est strictement celui qui appartient à la communauté des fidèles (l’Ouma). Plus particulièrement, c’est le cas quand le Coran demande aux croyants « l’affection à l’égard des proches » (Sourate 42 « La consultation« , verset 23), mais « l’inimitié et la haine » envers les incroyants (Sourate 60 « L’éprouvée« , verset 4). Ce qu’il résume en disant que « ceux qui sont avec lui [le Prophète] sont durs (le Coran traduit par Blachère dit même « violents« ) à l’égard des infidèles, miséricordieux entre eux » (Sourate 48 « La conquête« , verset 29). L’adjectif « miséricordieux« , associé à Allah en tête des sourates, et dans beaucoup de textes musulmans, apparait ainsi sans lien avec celui de Dieu dans le christianisme car, pour l’islam, les infidèles sont exclus de la miséricorde divine.
Dans un deuxième temps en allant plus loin, la prophétie de Jésus « après moi viendront de faux prophètes« , et ce que dit Saint Jean à propos des antichrists (Lettre 2 Jean, 18-23): « Celui-là est l’antichrist qui nie le Père et le Fils« , pour un musulman en recherche, peuvent être aussi une source d’interrogations en relation avec le statut de Mahomet, le Prophète de l’islam. De même, ils peuvent aussi découvrir que leurs coreligionnaires, et malheureusement certains chrétiens, se trompent lourdement, quand ils affirment l’identité d’Îssâ et Jésus du Nouveau Testament, et donc prétendre le « connaître » (au sens de la lettre de Jean ci-dessous). En effet, ce que dit l’apôtre Jean à ce sujet est très clair : « Et voici par quoi nous savons que nous Le connaissons : si nous gardons Ses commandements (c’est-à-dire si nous les enseignons et les mettons en pratique). Celui qui dit le connaitre et ne garde pas Ses commandements, est un menteur, et la vérité n’est point en lui. Mais celui qui garde Sa Parole, c’est en lui véritablement que l’amour de Dieu est parfait; par là nous connaissons que nous sommes en Lui. Celui qui dit demeurer en Lui doit lui aussi marcher comme Il a marché Lui-même« . (Lettre 1 Jean 2;1-4). Or, la Loi d’Amour de Jésus s’oppose à la violence sacrée révélée à Mahomet, dont la biographie guerrière est donnée dans la Sirah, et condamne la vie qu’il a menée.
En Occident un musulman peut entrer dans une église quand il le veut, et peut être ainsi touché par l’atmosphère de paix qui y règne. C’est ce que, dans un interview, Magdi Cristiano Allam, baptisé par Benoît XVI en 2008, dit : « Je me rappelle qu’à l’âge de quinze ans, il m’est arrivé d’entrer dans la chapelle de l’institut où j’étudiais, j’ai assisté à la messe et n’ai pu m’empêcher de sentir une profonde émotion. Ma jeunesse s’est caractérisée par la quête de la vérité et en même temps j’avais compris que pour atteindre la vérité il faut être libre » (VOIR). Dans ce même interview, Magdi Cristiano Allam dévoile son passé de militant musulman modéré: « J’ai vécu dans l’islam durant 56 ans. Au cours de cette période j’ai lutté pour qu’en Italie du moins, l’islam soit la religion de la justice et qu’il s’accommode des droits fondamentaux de l’être humain. J’ai lutté pour que l’islam s’accorde avec les valeurs fondamentales qui ne prêtent pas à discussion, telles que la sacralité de la vie et la liberté religieuse. J’ai réalisé que mon attachement à cette lutte et aux principes d’un islam modéré a suscité la colère des musulmans fondamentalistes. […] J’ai défendu l’idée d’un islam modéré et je vous donnerai un exemple tiré de ma propre expérience : en 2004 j’ai pris la tête d’un groupe de musulmans modérés à une rencontre avec le président de la République Italienne Carlo Azeglio Ciampi, nous étions huit. C’était la première fois en Italie qu’un président accueillait une délégation de musulmans modérés« .
S’il le désire, ce musulman peut acheter la Bible dans une librairie, alors qu’il est interdit de l’introduire dans la plupart des pays musulmans. Avec ce libre accès au Nouveau Testament, il rencontre une personne, modèle qui guide le chrétien dans la pratique de sa religion. Il se trouve face à Jésus, qui a dit « Je Suis la Voie, la Vérité et la Vie« . Historiquement sur cette base, il apprend que les premiers chrétiens ont accepté le martyre en bénissant leurs bourreaux, priant pour eux, ce qui a amené à la conversion des persécuteurs. Il comprend comment, par application de la « Loi d’Amour « , le christianisme a pu ainsi se répandre dans les premiers siècles, en absorbant peu à peu l’empire romain. Imiter Jésus est le but fixé à tout chrétien, aussi si ce musulman veut aller encore plus loin dans sa quête de vérité, il sera tenté par la lecture du beau livre du 15ème siècle « L’imitation de Jésus-Christ » (objet de tant d’éditions depuis) qui a nourri des générations de chrétiens. Comparativement, Mahomet (dont la Sirah donne la biographie guerrière), le « Beau Modèle » (terme islamique) que doivent suivre et imiter tous les bons musulmans, posera des problèmes à tout musulman en recherche spirituelle guidée par la « Loi Naturelle« . En effet, l’expansion musulmane s’est faite par la guerre, ses exactions étant dans le prolongement de l’attitude du prophète de l’islam (exécution de 600 à 900 juifs médinois des Banu Qurayzah, les femmes et les enfants étant réduits en esclavage, élimination physique des opposants dont la poétesse Asma bint Marwan, le poète Kab ibn al-Ashraf, Sufyan ibn Khalid, Abu Rafi, Abu Afak, Amir ibn Jihash, …). Magdi Cristiano Allam parle ainsi des deux modèles offerts aux fidèles des deux religions : « Il y a une grande différence entre Notre Seigneur Jésus-Christ et leur prophète Mahomet, entre celui qui a aimé les autres jusqu’à donner sa vie et celui qui a tué les autres pour propager l’islam » (VOIR).
A partir des éléments de réflexion ci-dessus, rejetant le « Beau Modèle » de l’islam au profit de Jésus, nombre de musulmans sont amenés à la conversion au christianisme, c’est-à-dire à « marcher comme Jésus a marché Lui-même » (Lettre 1 Jean 2;1-4). Ce choix, basé avant tout sur le choix d’un modèle, est un facteur essentiel de progression des conversions de musulmans au christianisme, progression qui a franchi les frontières du monde occidental. Un tel événement, inimaginable auparavant, inquiète maintenant fortement les autorités politiques et religieuses des pays musulmans.
– Interviewé par Aljazeera Network en 2007, leSheikh Ahmad Al Katani (en Lybie, president of The Companions Lighthouse for the Science of Islamic Law) dit à ce sujet: « En Afrique, chaque heure, 667 musulmans se convertissent au christianisme. Chaque jour 16.000 musulmans convertissent au christianisme. En une année, 6 millions de musulmans convertissent en christianisme. » (VIDEO).
– Sur la base d’une étude de l’ONG internationale « Open Doors » (Portes Ouvertes). Le site de Radio Vatican (VOIR) note qu’en Iran le nombre de musulmans qui se convertissent au christianisme explose. Il y a 40 ans, le nombre de chrétiens auparavant de confession musulmane était estimé à 400. Aujourd’hui, ils seraient environ 370 000, ce phénomène étant particulièrement répandu parmi les jeunes générations. Ceci dans un pays classé au cinquième rang de l’index publié par Portes Ouvertes sur les pays considérés comme les plus répressifs envers les chrétiens dans le monde. Les membres de « Open Doors » estiment que la montée du christianisme est liée au fait que les Iraniens prennent de plus en plus conscience du visage réel de l’islam à travers le comportement des dirigeants religieux du pays.
– Le président de Portes Ouvertes, Carl Moeller, estime quant à lui que le phénomène ne se limite pas seulement à l’Iran : « dans tout le Moyen Orient, affirme-t-il, l’Église « invisible » grandit. Invisible parce que le passage de l’Islam au christianisme est dangereux, pour ne pas dire impossible dans cette région. Les « Hommes et femmes en raison de la situation spirituelle dans laquelle ils vivent, se tournent vers la foi en Jésus-Christ, un choix qui peut leur fait courir des risques mortels » (LIRE).
– Selon l’organisation musulmane « The Mercy » chaque année 2 millions d’Indonésiens quitteraient l’islam pour devenir chrétien (VOIR). Ce nombre élevé préoccupe cette organisation qui a décidé de lancer une campagne de communication, avec une chaine de télévision islamique gratuite à destination de la jeunesse.
– Le père copte égyptien Zakaria Boutros est un expert dans le domaine de la connaissance de l’islam, expertise due à plus de 50 ans d’étude de cette religion. Son message « Paroles de vérité« , diffusé dans le Moyen Orient par satellite par la station Al-Hiyat, jusqu’en 2010, ébranle le monde musulman. Dans cette émission de télévision, il met au défi les musulmans d’examiner ce qu’il appelle les contradictions de la doctrine islamique, contradictions que les leaders religieux ne tiennent pas à dévoiler, et que le musulman de base ne peut comprendre. Le Père Zakaria Boutros a converti un très grand nombre de musulmans, pour une bonne part des religieux (imans, mollahs, prêcheurs et missionnaires de la Dawa’h), qui, par une démarche purement intellectuelle, ont voulu contester ses arguments (VIDEO). Il est possible que le Dr Mohamed Rahoumy, ancien doyen de l’université islamique Al Azhar, auteur du livre témoignage de sa conversion « Allah cet inconnu » (préface de Gérard Leclerc, Editions Qabel, 2012, traduit de l’arabe « Al-Ilâh al-majhoul » publié en 2002), ait suivi les émissions la station Al-Hiyat. Après la fin des émissions de cette station en 2010, le père Zakaria a ouvert sa propre chaîne TV « Alfady », qui émet depuis novembre 2011. Déclaré « ennemi public n° 1 de l’islam » (LIRE), sa tête est mise à prix.
A l’époque où les conversions au christianisme étaient exceptionnelles, il faut noter celle d’un précurseur, le franciscain marocain Jean-Mohamed Abd-El-Jalil (1904-1975). Issu d’une famille de notables musulmans de Fès, dans la revue « En terre d’Islam » il est l’auteur anonyme d’un appel « proposant aux fidèles de consacrer le vendredi à prier pour nos frères éloignés« , à l’origine d’une « Ligue de prière du vendredi pour la conversion des musulmans« . Plus tard, il rédige également une Neuvaine pour la conversion des musulmans (LIRE).
– II.4. Les deux sources de la conversion au christianisme des non chrétiens aux 19ème et 20ème siècle
Avant de parler de la conversion des musulmans au christianisme, pour mieux la situer, il est bon d’examiner les conversions de non chrétiens aux 19ème et 20ème siècle, en Europe.
La conversion est la totale adhésion à une information reçue, toujours sous l’action de l’Esprit Saint, information auparavant non réellement perçue, ou non acceptée. Généralement, elle a pour origine deux sources : soit elle est préparée via un cheminement progressif résultant d’une recherche personnelle amenant à l’approfondissement de connaissances, d’une intuition, d’une idée, soit elle intervient « brutalement », instantanément, à travers une expérience mystique qui peut prendre différentes formes. La révélation de la naissance de Jésus aux mages (des savants qui observaient et étudiaient le ciel), et aux bergers (avec l’annonce faite par les anges), illustre chacune de ces deux voies.
Le phénomène de la conversion de nombreux intellectuels français au catholicisme en France, au tournant des 19ème et 20ème siècles, concerne essentiellement la première source, celle d’un cheminement progressif résultant d’une recherche personnelle, et aboutissant au baptême. Dans ce courant on identifie en particulier Jacques et Raïssa Maritain, Foucauld, Péguy, Jammes, Jacob, Reverdy, Green, Mauriac, Rivière, Ghéon, ainsi que la philosophe et théologienne d’origine juive Édith Stein, devenue religieuse carmélite, internée au camp d’Auschwitz, où elle fut mise à mort le 09/08/1942, et canonisée par Jean-Paul II le 11/10/1998. Mort non baptisé, le grand philosophe juif Henri Bergson est un cas à part. Une longue et rigoureuse recherche intellectuelle, où en particulier il considère les mystiques catholiques comme les plus authentiques (cf. son livre « Les deux sources de la morale et de la religion« ), l’a conduit à un fort désir du baptême, auquel il renonça par solidarité avec les autres juifs, persécutés alors par le nazisme. Ce désir, baptême d’adhésion, issu d’une recherche personnelle, se manifeste clairement quand il écrit en 1937 : « Mes réflexions m’ont amené de plus en plus près du catholicisme où je vois l’achèvement complet du judaïsme. Je me serais converti si je n’avais vu se préparer depuis des années […] la formidable vague d’antisémitisme qui va déferler sur le monde. J’ai voulu rester parmi ceux qui seront demain des persécutés. Mais j’espère qu’un prêtre catholique voudra bien, si le Cardinal archevêque l’y autorise, venir dire des prières à mes obsèques« .
Cependant, phénomène bien plus rare, mais surprenant pour des intellectuels, certains ont été aussi convertis via une expérience mystique qui, à partir d’une observation issue des sens, leur a permis de vérifier l’existence du surnaturel, en relation avec l’usage de la raison. L’écrivain académicien André Frosssard est l’un d’eux. La soudaineté de sa conversion est décrite par ce passage de son livre « Dieu existe, je l’ai rencontré » (Fayard, 1969) : « Entré à 17h10 dans une chapelle du Quartier latin à la recherche d’un ami, j’en suis sorti à 17h15 en compagnie d’une amitié qui n’était pas de la terre. Entré sceptique et athée d’extrême gauche, et plus encore que sceptique et plus encore qu’athée, indifférent et occupé de bien autre chose que d’un Dieu que je ne songeais plus à nier [….], je suis sorti quelques minutes plus tard «catholique, apostolique, romain », porté, soulevé, repris et roulé par la vague d’une joie inépuisable« . Cette conversion présente beaucoup d’analogies avec celle d’Alphonse Ratisbonne, issu d’une famille de banquiers juifs de Strasbourg. Elle a été aussi soudaine le 20 janvier 1842 à la basilique San’t Andrea delle Fratte de Rome. Devenu prêtre jésuite en 1848, avec son frère Théodore il est le fondateur de la congrégation Notre-Dame de Sion. La conversion du grand rabbin de Rome, Eugenio Zolli, est un peu différente. En effet la connaissance de l’Ancien Testament, dont les prophéties d’Isaï, le préparait, fin 1917, à une apparition de Jésus (page 88 de son livre « Avant l’aube » (O.E.I.L., 2002), qui aboutit plus tard à son baptême le 13/02/1945. La conversion de l’écrivain académicien Paul Claudel, après une expérience mystique en assistant en curieux aux vêpres à Notre-Dame de Paris, le jour de Noël 1886, n’est pas de même type, car né d’une famille catholique. L’expérience mystique de la philosophe Simone Weil, juive élevée dans une famille agnostique, amie de Gustave Thibon, est encore distincte, avec une vie marquée une grande érudition, par une exceptionnelle compassion pour la souffrance dans tous les milieux humains, et par son engagement social et politique. Dans le livre « Attente de Dieu » (Fayard 1966), elle mentionne sa fascination pour les évangiles, fruit d’une longue et intense réflexion, et ses expériences de contact direct avec le Christ. L’une a eu lieu lors de la récitation d’un poème mystique (page 45), d’autres à plusieurs reprises, pendant des vendanges, en récitant le Pater en grec: « pendant cette récitation, ou à d’autres moments le Christ est présent en personne, mais d’une présence infiniment plus réelle, plus poignante, plus claire, et plus pleine d’amour que cette première fois où il m’a prise » (page 49). Elle est morte en août 1943, sans avoir voulu faire le pas décisif vers le baptême catholique, en dépit d’une complète adhésion à la Foi de l’Église, à ses sacrements et à sa liturgie, considérant que sa vocation était d’être à la porte de l’Église, ce qu’elle explique dans le livre « Attente de Dieu« .
– II.5 L’Église et la conversion au christianisme des musulmans
Pour illustrer les deux voies de conversion au christianisme de la seconde moitié du 19ème siècle à la première moitié du 20ème, le paragraphe précédent a considéré essentiellement le mouvement notable d’adhésions au catholicisme chez les intellectuels français athées, ou agnostiques. Depuis, en lien avec la déchristianisation de l’Europe, cet élan a disparu. Il est remplacé depuis une trentaine d’années, dans le monde entier, par une impressionnante, et inattendue, vague de conversion de musulmans au christianisme (cf. § II.3). Ces conversions sont essentiellement liées à une puissante action d’évangélisation de certaines églises protestantes, action où l’Église catholique est quasiment absente, et indépendamment à des expériences mystiques. Les conversions au christianisme catholique demeurent ainsi relativement très peu nombreuses. On peut situer l’origine de cette situation, dans l’interprétation de deux textes de Vatican II concernant les musulmans par une majorité de prêtres, religieux, théologiens en contact avec ceux-ci, associée à une surprenante islamophilie « débordante », à la limite de l’adhésion, pour certains d’entre eux, ainsi que dans l’orientation prise par le dialogue islamo-chrétien, en particulier en France.
L’article « Le dialogue islamo-chrétien: du principe à la réalité » (Catholica, n° 106, janvier 2010) de l‘islamologue Marie-Thérèse Urvoy, repris sur ce site, traite des deux textes du Concile relatifs aux musulmans: l’un est extrait de la « Constitution dogmatique sur l’Église« , Lumen gentium, l’autre de la déclaration Nostra Aetate [pour leur complète analyse lire l’article (VOIR)]. Cet article identifie les ambiguïtés, les confusions, engendrées par ces textes, et ce qui en est résulté pour l’orientation du dialogue islamo-chrétien. L’auteur a pu ainsi écrire :
« […].Au final c’est à l’islam et aux musulmans que le débat conciliaire profitera, contrairement à ce qui était prévu. De même, pour l’établissement des textes par les experts du Vatican, le choix d’une terminologie et de références en apparence communes aux deux religions (telles: Abraham, le Jugement Dernier, la Création et la miséricorde de Dieu) a donné aux musulmans la préfiguration d’une reconnaissance – fut-elle partielle – de leur doctrine; pour eux ce choix constitue le premier pas vers la conversion volontaire à l’islam. […] Le texte de Nostra Aetate, inconsciemment et par ignorance, a induit une méprise irréparable en affirmant que les musulmans adorent le même Dieu que les chrétiens. […] Ici Nostra Aetate, et les gens du dialogue, ont jeté un trouble profond par l’usage du vocable « foi » et pour le christianisme et pour l’islam; cette erreur a amené le chrétien à associer le concept « foi » à deux objets de natures distinctes, j’entends: la « foi » chrétienne et la « croyance » islamique. Ce nivellement par le vocabulaire a eu depuis des conséquences tragiques sur l’esprit et dans les réflexes des chrétiens. C’est Dominus Jesus qui enseignera, en l’an 2000, une réflexion précise « de la distinction entre foi et croyance ». Il est significatif que la sociologue musulmane Leila Babès, pourtant enseignante à l’Université Catholique de Lille, ait protesté violemment contre ce texte, lors d’un colloque à Lyon en 2006« .
Alors que les deux textes du Concile traitent des musulmans et non de l’islam en tant que religion, la confusion « islam-musulmans » s’est ensuite amplifiée chez les religieux impliqués dans le dialogue islamo-chrétien. Magdi Cristiano Allam, ex-musulman baptisé par Benoît XVI en 2008, parle clairement de cette confusion à éviter, dans ces termes : « Mon expérience et ma compréhension de l’islam me portent par conséquent à faire cette distinction. Les musulmans en tant qu’individus peuvent être modérés, mais l’islam en tant que religion n’est pas modéré. Les gens qui m’ont accusé d’hostilité à l’islam l’on fait à partir de prescriptions du Coran et en se basant sur ce que leur prophète Mahomet a fait. Ils m’ont dit : « selon le Coran et selon Mahomet tu as trahi l’islam. » J’ai alors compris l’importance de faire la distinction entre les musulmans et l’islam » (LIRE). Pour ces prêtres toute analyse historico critique de l’islam (courante pour les autres religions), ainsi que les témoignages d’ex-musulmans, sont perçus en tant que « stigmatisation des musulmans« , et sont qualifiés d’islamophobes. S’il s’agit d’analyses venant d’universitaires, ceux-ci sont qualifiés d’islamophobes savants. Ces religieux, et autres auteurs, rejoignant ainsi les arguments de l’Organisation de la Coopération Islamique (cf. § II.2 VOIR points 8-10), avec le terme islamophobie, confondent la haine des musulmans pour ce qu’ils sont (la « musulmanophobie« , un racisme), et l’hostilité envers une croyance, une religion, une idéologie, qui concerne la liberté d’expression, cependant hostilité étrangère au travail scientifique d’universitaires sérieux se livrant à l’exégèse historico-critique de l’islam.
En ce qui concerne l’islamophilie « débordante » de certains religieux et théologiens, elle concerne le développement de nouvelles théologies issues de la pensée de Massignon, que l’on peut regrouper pour simplifier sous le terme « islamo-chrétiennes« , et qui se traduisent sur le terrain par un refus d’évangéliser les musulmans. Un exposé plus détaillé est présenté dans le §2 d’un article de ce site (LIRE). On y trouve les surprenantes affirmations des pères Etienne Renaud, Gilles Couvreur, Jacques Dupuis, Christian de Chergé, les réactions négatives au magnifique et émouvant témoignage de foi chrétienne « Le prix à payer » (L’œuvre, mai 2010) de l’irakien Joseph Fadelle, dont celle du père Jean-Marie Gaudeul (ancien président du Service des Relations avec l’Islam). On peut ajouter bien d’autres affirmations, dont celle du théologien jésuite Bernard Sesboüé qui met en cause « l’unicité du Christ comme Médiateur et Sauveur de toute l’humanité« , cette conviction présentant pour lui un « caractère exorbitant » (LIRE). Le dialogue interreligieux devrait donc renoncer à placer le Christ au centre des religions, toutes les religions gravitant autour d’une réalité divine absolue sans privilège pour le christianisme.
Sur un autre plan, l’auteur de « Candide au pays d’Allah » (Qabel éditions, 2011), épouse catholique d’un musulman avec deux enfants nés en dar al islam, relate le refus d’un prêtre de les baptiser en France (page 197), bien qu’ils aient passé « l’âge de raison ». La demande avait été transmise à l’évêque du diocèse, puis à celui du pays musulman, qui l’avait rejetée pour des raisons dites « politiques ». De leur côté, plusieurs convertis issus de l’islam ont parlé des douloureux rejets, ou de la réticence à baptiser les postulants. Cette situation s’explique par l’engagement de religieux dans le dialogue islamo-chrétien, car les interlocuteurs musulmans refuseraient le contact avec des complices de l’apostasie, le plus grand crime pour l’islam. A ce sujet Mohammed-Christophe (Muhend-Christophe en Kabyle) Bilek, le fondateur du site Notre-Dame de Kabylie écrit dans la rubrique OBJECTIFS:
» […]. Mais que dire alors de certains, a priori chrétiens, placés, qui plus est, dans des positions charnières, c’est à dire en situation d’avoir à accueillir des postulants, qui non seulement renâclent à le faire, mais, pire encore, dissuadent ou tentent de le faire par des discours qui entretiennent une insidieuse confusion? Oui, en toute vérité, bien des membres de notre groupe ont connu cette déconvenue. Pour nous c’est un scandale, et nous prions le Seigneur de prendre en pitié ces âmes qui trahissent le beau nom de chrétien. Hélas nous avons vu des frères et des sœurs s’en aller découragés et désappointés (Charte« Naître d’eau et d’Esprit »). Que faire, que dire, puisque ceux qui sont censés nous accueillir avec joie nous repoussent ?[…]« .
Dans un AUTRE article Mohammed-Christophe reproduit ce témoignage concernant un converti actuellement séminariste: « J’ai entendu ce frère de Kabylie qui, si Dieu aidant, sera un consacré dans quelques années, me rapporter que tel père blanc, d’origine anglophone toutefois, – ce qui est inquiétant car cela prouverait que c’est tout l’ordre qui est atteint dans ses fondations – a eu ces propos insultants quasiment à son égard, à Tizi-Ouzou, dans son propre pays : « Tu n’as pas honte d’avoir renié la foi de tes ancêtres? ». Et quand des exemples de ce non accueil, entre marque de mépris et indifférence, se comptent par dizaines ….« . Dans l’article cité plus haut (LIRE), à propos de l’algérien, qui notait la pression despotique de l’oumma, Mohammed-Christophe Bilek dénonce de nouveau l’absence de soutien aux convertis, de la part des religieux en contact les musulmans :
« En matière de fraternité chrétienne, je ne peux que rapporter les paroles du même Algérien : « les musulmans me rendent malade, c’est un fait, parce qu’ils s’immiscent dans ma vie intérieure, alors que ça regarde Dieu ; mais ceux qui me tuent ce sont ces frères chrétiens, qui palabrent avec les musulmans, mais qui ne lèvent pas le petit doigt pour nous aider : est-ce qu’ils nous prennent pour des menteurs ? Je me pose la question : est-ce que nous sommes pour eux des faux-frères ou des sous-frères ? ». Il a raison : comment croire qu’ils sont sincères ceux qui, chrétiens de conviction ou non, ici en France et ailleurs en Europe, n’ont à la bouche que les mots « islamophobes », « stigmatisation des musulmans », tandis qu’ils se taisent ou détournent les yeux pour ne pas voir les souffrances et les exactions que subissent les chrétiens empêchés de vivre leur foi, dans leurs pays d’origine comme dans leurs pays d’exil ? N’établissent-ils pas une discrimination entre eux et nous ? Sans aller jusqu’à parler de racisme, n’est-ce pas pratiquer une ségrégation entre eux et nous ? Se croient-ils justes en ne dénonçant que certaines injustices ?« .
Ce rejet d’évangélisation est aussi spectaculairement illustré par le témoignage surprenant de la sœur blanche Trees d’Heygere au colloque (7 et 8 /12/2002) « L’évolution du dialogue islamo-chrétien en Algérie » (VOIR), organisé par les Pères Blancs et Sœurs Blanches. On peut lire cet extrait significatif :
» […]. Il est aussi évident qu’il fut un temps où la fin de l’Évangile de Matthieu: « De toutes les nations , faites des disciples, et baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit » fut prise à la lettre. Ceci ne nous a pas aidés au respect et à l’ouverture à la religion de l’autre. Pour ma part, je peux ignorer cette citation de Matthieu, la laisser de côté ; je peux aussi me poser la question : « Mais qu’est-ce que cela veut dire ? » Il me semble qu’à aucun moment la révélation du Père par Jésus-Christ n’est allée de pair avec une conquête. Le Dieu Père que Jésus est venu nous révéler n’a rien de conquérant, c’est le Père de l’enfant prodigue, c’est le Père qui accepte que son Fils meure sur une croix. Il n’y a aucune preuve de force, aucune contrainte. […]« .
Personnellement, lors du colloque « Immigration enjeu d’une société pluriculturelle« , organisé par les jésuites près de Toulouse, à Notre-Dame des Coteaux (7-8/12/1985), j’ai été témoin de ce rejet d’évangélisation en faveur d’un autre choix. Dans un but de paix sociale, l’un des conférenciers a émis le vœu surprenant que l’Église aide à l’éducation islamique des jeunes pour les détourner de la violence et de la délinquance. A ce sujet on peut examiner le contenu de certaines pages du livre de formation religieuse des enfants « LaVoie du petit musulman« (Éditions Essalam/Safir, Paris), décrites dans un article de ce site (LIRE le paragraphe 2). Elles correspondent à ce que dit (cf. plus haut § II.1) l’américain d’origine égyptienneTawfik Hamid : « J’admets que l’enseignement actuel prodigué dans nos écoles et dans nos mosquées crée la violence et la haine contre les non-Musulmans. Nous autres Musulmans nous avons besoin de changer notre perception du monde« .
Un autre exemple de renoncement à l’évangélisation est fourni par le Père Christian Delorme, bien connu pour son engagement dans le dialogue islamo-chrétien, qui désapprouve toute action évangélisatrice en Algérie. Cette position est exposée dans un article du quotidien Le Monde (4 juin 2008), intitulé « Non, l’Algérie n’est pas antichrétienne« , avec l’extrait suivant: « L’Algérie n’est pas antichrétienne, il est nécessaire d’entendre ce que nous disent les autorités algériennes et une partie de la population à propos de ces musulmans algériens devenus chrétiens ;ce qui fait fondamentalement l’unité de l’Algérie, c’est son islamité; ces conversions nous rappellent les méthodes des coloniaux; les chrétiens évangéliques agissent selon une stratégie américaine; enfin, il semble dangereux d’évangéliser en terre d’Islam car un peuple risque d’être déchiré«
En contraste, devant ces réticences à l’évangélisation des musulmans, et les refus de baptême d’une partie de l’Église, lors de la veillée pascale du 22/03/2008, Benoît XVI a fait un geste fort en baptisant, sous le prénom Cristiano, le journaliste et homme politique italien d’origine égyptienne, Magdi Allam, ancien directeur adjoint du « Corriere della Sera » (le plus important journal d’Italie, dont il a démissionné après son baptême, pour aller dans le sens de ses convictions). Cet événement a causé de nombreuses réactions venant de responsables musulmans et chrétiens. Un compte rendu est donné dans un article du site de la FSSPX (CONSULTER). De son côté, Cristiano Allam précise : « Je voudrais souligner le fait que la décision du Pape a été prise malgré l’opposition déclarée de la bureaucratie et du corps diplomatique de l’État du Vatican. Leur opposition était motivée par la crainte des réactions islamiques à ce geste. Le Pape a été très courageux, il n’a pas changé d’avis malgré les appels et les avertissements émanant du corps diplomatique. Moi je salue la fermeté du Pape et je dis que chaque chrétien doit faire preuve du même courage, parce que notre rôle est de propager la vérité du Christ et l’esprit du Christ dans le monde entier. Notre respect de la liberté de chaque personne nous incite à offrir cette vérité à tous ceux qui désirent la connaître » (LIRE). Apostat, dévoilant la réalité de l’islam dans ses articles, qualifié d’ennemi de l’islam, depuis huit ans Magdi Cristiano Allam vit sous protection policière.
Dans un autre cadre, il faut noter l’action fructueuse d’évangélisation menée dans certains diocèses. C’est le cas du diocèse de Toulon avec les Missionnaires de la Miséricorde Divine (VOIR), communauté fondée par Mgr Rey, qu’il a depuis constamment encouragée, à laquelle participent les séminaristes (ICI). De son côté, le mouvement Résurrection porte un regard plein d’espoir sur l’évangélisation des musulmans. Dans le XIXe arrondissement de Paris, les membres du groupe d’apostolat « Saint-Jean-Damascène » (Père de l’Église, auteur de la principale critique de l’islam écrite au moyen âge « La source de la connaissance« ) vont à la rencontre des musulmans. Le samedi 10 novembre 2007, avec la communauté Aïn Karem (qui pratique aussi l’apostolat de rue) ce groupe a proposé une journée de formation et d’apostolat auprès des musulmans sur le thème « Catholiques et Musulmans : pour un dialogue de salut« .
Des sites sont consacrés à l’évangélisation des musulmans. Parmi les sites catholiques Notre-Dame de Kabylie (NDK) créé par Mohammed-Christophe Bilek (auteur de « Un algérien pas très catholique« , éditions du Cerf, et de « Saint Augustin raconté à ma fille et aux Kabyles sceptiques« , éditions Qabel, 2011) qui, depuis sa conversion, a accueilli plus d’une centaine de musulmans en chemin vers le baptême, et celui du Père Pagès « Islam et vérité » (BLOG), auteur de « Interroger l’islam » (Éditons bénédictines, 2012).
Par ailleurs, une évolution se dessine. Fait inattendu, la question de l’islam est l’une de celles revenues le plus souvent dans les exposés qui ont occupé les deux premières semaines du synode (octobre 2012) consacré à la nouvelle évangélisation. Plusieurs prélats se sont exprimés à propos des conversions de musulmans au christianisme, sujet qui est habituellement tabou dans le discours public de l’Église catholique (DETAILS).
Parallèlement, chez les protestants, le charisme du pasteur évangéliste Saïd Oujibou (LIRE), orateur exceptionnel, coordinateur de la Fédération des Nord-Africains Chrétiens de France, auteur (avec Paul Ohlott) du livre « Fier d’être arabe et chrétien » (Éditions Première Partie, 2010) a conduit a un nombre très important de conversions, bien supérieur à celui des conversions au catholicisme, entravées par l’idéologie liée au dialogue officiel islamo-chrétien actuel (présentée dans ce même paragraphe plus haut).
– II.6. Spécificités de la conversion des musulmans au christianisme
En se référant aux conversions des intellectuels français de la fin du 19ème siècle et de la première moitié du 20ème (§ II.4), une première spécificité de la conversion contemporaine des musulmans (ici non limitée à une élite intellectuelle) est une croissance explosive de leur nombre depuis une trentaine d’années (§ II.3), malgré les risques connus pour le baptisé. Comme pour les intellectuels français des deux derniers siècles, les conversions des musulmans ont pour origine les deux sources notées dans le paragraphe II.4, i.e. soit elles sont préparées via un cheminement progressif résultant d’une recherche personnelle amenant à l’approfondissement de connaissances générales, soit elles interviennent « brutalement », instantanément, à travers une expérience mystique qui présente des formes différentes selon les personnes. Cependant, seconde spécificité et fait nouveau, une caractéristique distingue ces conversions de celles mentionnées plus haut. Alors que celles résultant d’une expérience mystique étaient auparavant exceptionnelles, étrangement pour les musulmans, leur part devient maintenant relativement très importante.
Les témoignages de conversions, venant des deux sources, sont innombrables, comme peut le montrer une recherche « Google » via des mots clé appropriés en français et en anglais. Parmi les nombreux ouvrages témoignages publiés, nous retiendrons les suivants :
– « Le prix à payer » (L’œuvre, mai 2010) de l’irakien Joseph Fadelle, héritier de l’une des plus grandes familles chiites qui remonte à Mahomet.
– « Allah cet inconnu » (Éditions Qabel, 2012, traduit de l’arabe « Al-Ilâh al-majhoul » publié en 2002) de Mohamed Rahouma, égyptien, ancien doyen de l’université islamique Al Azhar.
– « Saïd le pasteur » (Éditions de Paris, 2011) de Saïd Oujibou, qui est le cheminement d’un ancien délinquant.
– « Un algérien pas très catholique » (Cerf, 1999) de Mohammed-Christophe Bibb, fondateur de ce site, et de l‘Association Fraternité Notre-Dame de Kabylie (Lalla n-Jerjer en berbère).
– « Dieu…, j’ai osé l’appeler Père ! » (Éditeur Eau-Vive, 2002) de Bilquis Sheikh, dont l’époux a été un général et Ministre de l’intérieur au Pakistan.
– « Ma rencontre avec le Christ » (Éditeur FX. De Guibert, 2002) de Nahed Mahmoud Metwalli. L’auteure habitée par la haine des chrétiens, s’est convertie après des apparitions de la Vierge, puis du Christ. Les persécutions qu’elle a subies l’ont conduit à l’exil (LIRE). Pour l’évangélisation des musulmans elle a rédigé deux lettres à leur intention, magnifique témoignage de foi (VOIR).
Les trois derniers ouvrages concernent des conversions liées à une expérience mystique. Un site de juifs messianiques (CF.) donne deux enquêtes évaluant l’une à 25%, l’autre à 42% ce type de conversions par rapport à l’ensemble étudié (LIRE), malheureusement sans référence, ce qui laisse un flou sur ce sujet. Sans possibilité de la moindre statistique, au niveau de ce site la rubrique « Vie chrétienne / Témoignages » fournit plusieurs exemples de tels cas. Le plus récent témoignage est celui de trois jeunes filles de l’Association Notre-Dame de Kabylie, présentées dans le cadre d’une émission « Résistances » (25/01/2012) de Bernard Antony sur Radio Courtoisie (VOIR). Mohammed-Christophe Bilek, le fondateur de Notre-Dame de Kabylie, m’a indiqué que plus de la moitié de la centaine des cas, qu’il connait directement, résulte d’une expérience mystique ayant pris différentes formes selon les personnes. Personnellement, je connais bien trois ex-musulmans qui ont vécu une telle expérience. Un autre cas célèbre est celui de la pakistanaise Gulshan Esther qui, après une guérison miraculeuse liée à une vision du Christ, fait depuis des tournées de conférence, en prêchant l’Évangile, dans le monde entier (LIRE) et (VIDEO), malgré un séjour en prison et les menaces répétées dont elle est l’objet.
Comme les juifs messianiques, qui croient que Jésus est le messie promis par la Bible, mais qui revendiquent une forte identité juive, un mouvement qui se nomme « musulmans disciples de Jésus » occupe une place à part parmi les convertis au christianisme, ou plutôt à une certaine « forme » de christianisme. En effet ces convertis assument une pleine et entière adhésion aux enseignements de la Bible, tout en refusant de se départir du qualificatif de « musulmans » en tant qu’identité culturelle héritée. Un article leur est consacré sur le site sur le site de l’Institut Français du Proche-Orient, basé à Beyrouth et dépendant du Ministère des Affaires Étrangères (LIRE).
– II.7. Les convertis issus de l’islam et la solidarité avec les chrétiens persécutés
De façon répétitive et croissante, les chrétiens, et plus particulièrement ceux des pays islamiques, sont victimes de multiples violences, à propos desquelles la plupart des institutions politiques et religieuses (CF.) se taisent pour ménager la susceptibilité des musulmans. Le site L’Observatoire de la Christianophobie (SITE) en parle régulièrement. Or ces faits constituent un élément fédérateur réunissant des ex-musulmans convertis ayant adhéré au catholicisme, ou au protestantisme, et des sympathisants « chrétiens de souche ». Les persécutions subies par les chrétiens dans le monde ont donné ainsi lieu à plusieurs manifestations publiques communes, destinées à éveiller la conscience des européens sur cette douloureuse situation, et donc contribuent, malgré les faibles moyens mis en jeu, à une sensibilisation sur une question généralement occultée par les médias dominants. Limitons nous à trois de ces événements.
– Le premier événement est constitué par l’appel lancé le 03/11/2008 aux participants au premier séminaire du Forum islamo-catholique (Rome,4-6/112008) (CF1). Ce séminaire était suscité par le conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, et par des représentants des 138 leaders musulmans signataires de la lettre ouverte du 13 octobre 2007 aux leaders chrétiens (CF2). Les signataires de l’appel du 03/11/2008 (CF3), au nombre de 144 (chiffre involontairement symbolique), catholiques, protestants et orthodoxes, sont pour moitié des convertis néo-chrétiens, et des chrétiens du Proche-Orient, soit 77 ; l’autre moitié se compose de chrétiens européens « de souche », conscients des problèmes rencontrés par leurs frères persécutés. Ce texte mentionnait les points « urgents, et préalables, à un dialogue de vérité », et concluait « L’actualité, hélas, ne cesse de le démontrer : les chrétiens en monde musulman sont en sursis et en péril« . A ce sujet il est intéressant de noter que le texte de cet appel a été transmis aux grands médias catholiques français dont La Croix, ainsi qu’aux sites de l’AFP, du« Figaro« , « Le Monde« . Excepté Radio Notre-Dame, aucun de ces médias ne l’a publié. Est-ce par peur de heurter une supposée susceptibilité des musulmans sur le problème évoqué ? Ceci n’a pas été le cas du site catholique « AsiaNews.it« , lié à l’Institut Pontifical des Missions Étrangères, qui l’a largement diffusé en italien (ITA), et en anglais (ANGL). Ces deux traductions ont amplifié la diffusion de l’Appel des 144, qui a pu être ainsi relayé par un très grand nombre d’autres sites et médias étrangers, dont en particulier le site musulman « ACommon Word » (ACW) des 138 leaders musulmans, d’où certaines questions sur la liberté des médias français mentionnés.
– La manifestation la plus récente est celle organisée Bernard Antony, fondateur de Chrétienté Solidarité, le soir du 13 octobre 2012 sur le parvis de l’église Saint-Augustin à Paris. Plus de cinq cents personnes étaient réunies pour une veillée œcuménique de prières pour les chrétiens persécutés dans le monde, avec de nombreux témoignages dont ceux du pasteur Saïd Oujibou (VOIR), Mohammed-Christophe Bilek (VIDEO) et (NDK), Magdi Cristiano Allam (LIRE), et Joseph Fadelle. Cette manifestation a aussi permis un contact direct entre deux représentants des convertis au catholicisme de deux pays voisins : Magdi Cristiano Allam pour l’Italie, Mohammed-Christophe Bilek pour la France. Il en est résulté cette relation par Cristiano Allam, qui résume ainsi les échanges :
« Immédiatement après ma conférence, devant 500 personnes très à l’aise dans leur christianisme, Bilek m’a invité à créer une association qui regroupe des musulmans convertis au christianisme en Europe. Pour moi, l’idée d’être considéré comme un “ancien” musulman, je ne l’aime pas du tout, je suis chrétien et je veux être considéré ainsi, comme je suis aussi avec fierté un italien mais d’origine égyptienne. Mais j’ai saisi le sens du message : vous devez créer une institution qui encourage les musulmans à vaincre la peur, pour être baptisé publiquement, pour vivre ouvertement leur nouvelle foi. Nous sommes tous deux conscients que le vrai problème ce sont les chrétiens autochtones, parce qu’ils sont les premiers à avoir peur. Il y a beaucoup de plaintes de musulmans qui voudraient se faire baptiser, mais sont confrontés au refus des prêtres catholiques parce qu’ils ne veulent pas violer les lois des pays islamiques qui interdisent et punissent d’emprisonnement, parfois de mort, celui qui fait œuvre de prosélytisme ou celui qui commet le “crime” d’apostasie.
Il est paradoxal de constater qu’alors que les églises se vident de plus en plus au point qu’elles sont mises en vente et finalement transformées en mosquées, l’Église bloque la conversion de musulmans au christianisme. C’est pourquoi je fais appel au Saint-Père : recevez au Vatican des convertis au christianisme pour lancer un message fort et clair à tous les pasteurs de l’Église pour que les musulmans soient évangélisés. Ce sont eux qui nous libéreront de la dictature du relativisme religieux qui nous oblige à légitimer l’islam, nous ferons revenir à une foi solide dans la vérité du Christ afin de sauver notre civilisation laïque et libérale qui, qu’on le veuille ou non, est fondée sur le christianisme » [en italien (ITA), et en français (FRA)]
Deux évêques avaient apporté leur soutien à la « Veillée de prière et de solidarité avec les chrétiens persécutés » : Mgr Rey, évêque de Toulon, et Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne. Des personnalités représentant les nombreuses communautés chrétiennes persécutées, étaient présentes, dont Mgr Raphaël, curé de la cathédrale de Bagdad, « qui a vu deux jeunes prêtres tomber près de lui sous les balles des islamistes et qui, gravement blessé dans cet attentat de la Toussaint 2010, est encore en France pour finir sa convalescence. Trop fatigué pour parler, il a quand même tenu à être là, aux côtés notamment de Joseph Fadelle, cet Irakien converti à la foi catholique, toujours sous le coup d’une fatwa de mort, réfugié en France, qui a eu le courage de témoigner à visage découvert » (LIRE).
– III EN GUISE DE CONCLUSION, LA TRIPLE MISSION DES CHRETIENS EX-MUSULMANS ET L’AVENIR RELIGIEUX DE L’EUROPE
Un aspect important apparaît dans les déclarations des convertis au christianisme, celui d’une mission à trois volets, mission qu’ils se donnent au risque de leur vie, d’où le plus grand poids à attribuer à leurs déclarations. Il s’agit de :
– (a) solidarité avec les chrétiens persécutés (volet qui apparait dans le paragraphe précédent),
– (c) annoncer l’évangile aux musulmans, ce qui conduit, implicitement, à une réflexion des « chrétiens de souche » sur la nature et le niveau de leur foi, face au devoir d’évangélisation de l’Europe que se donne les convertis.
Au sujet du volet (b) de la mission, Magdi Cristiano Allam s’exprime sans ambiguïté : « Comme je l’ai dit tantôt, le jour de mon baptême a été le plus beau de ma vie. C’est à cet instant que j’ai pris conscience que j’avais une mission que je devais partager avec plusieurs. Dans le contexte actuel de l’Europe cette mission revêt un caractère urgent. Les européens malheureusement ne portent pas attention à ce qui se passe, ils ne connaissent pas les intentions des imams des nombreuses mosquées répandues à travers l’Europe. La mission que je me suis donnée est d’aider les européens à ouvrir les yeux pour connaître la vérité sur l’islam, la vérité de ce qu’il y a dans le Coran, la vérité sur ce que le prophète de l’islam a fait, cette vérité est importante en soi. Et il est tout aussi important pour les européens de redécouvrir l’amour d’eux-mêmes, d’affirmer leur identité propre et de développer davantage leur capacité de s’opposer aux attaques des islamistes » (LIRE). A ce niveau cette mission rejoint aussi celle que se donnent des ex-musulmans non chrétiens, comme par exemple Ali Sina (CF.) et Ibn Q. al Rassooli (CF.2) et (CF.3).
Dans le cadre du volet (c) un autre élément apparait : la ferme volonté d’évangélisation des musulmans, voie devant permettre de sauver le christianisme menacé en Europe par la montée en puissance d’un islam en progression constante (cf. § I.3). Créée par Mohammed-Christophe Bilek, la fraternité de prière et d’accueil Mère Qabel (CF.), base historique de l’association Fraternité Notre-Dame de Kabylie, a cette vocation d’évangélisation. Depuis une dizaine d’années, elle a pu accueillir plus d’une centaine de musulmans vivant en Europe, ou à l’extérieur de ce continent, en voie de répondre à l’appel du Christ. Une action dans des lieux publics est lancée. Elle a commencée le 07/10/2012, au niveau de la gare de Mantes la Jolie, avec la distribution d’environ 400 tracts, et d’une dizaine d’évangiles selon St Matthieu ont été distribués. Fait surprenant l’accueil a été plutôt cordial de la part de populations d’origine non européenne, les plus réticents étant des français de souche (LIRE). De son côté, en Italie, le 15/10/2012, sur son site (ioamolitalia.it) Magdi Cristiano Allam s’exprimait ainsi :
« […]. Plus j’avance, plus je regarde autour de moi, plus j’apprécie toute chose, et plus je suis convaincu que l’avenir de la civilisation, de démocratie libérale laïque et de la primauté du droit, dépendra de sa capacité à se distancer de l’islam comme religion, sans discrimination contre les musulmans en tant que personnes. Comme je suis de plus en plus conscient que ce sont les chrétiens qui ont fui la persécution islamique qui nous sauveront. Seuls ceux qui ont personnellement connu la tyrannie de l’Islam peuvent convaincre l’Occident sur la vérité de l’Islam. Ceux qui ont tenu bon dans la foi en Jésus vaincront l’islam, ils sauveront le christianisme dans cet Occident déchristianisé et sauveront notre civilisation. Merci, Jésus« .
Du côté du protestantisme, l’évangélisation, non bridée par l’attitude réservée d’une partie de l’Église Catholique, est particulièrement fructueuse. En France, sur ce plan l’action du pasteur Saïd Oujibou [(LIRE), et (VOIR)], associée à son charisme, est à noter. Le pasteur est présent sur les marchés des quartiers et citées « sensibles », et voyage beaucoup pour prêcher l’Évangile. L’émission « Complément d’enquête France 2 » (2007) donne une image intéressante de cette action (VIDEO), et de son environnement, avec d’ailleurs une interview de Mohammed-Christophe Bilek.
A première vue les objectifs de la triple mission, que se donnent les convertis, pourraient paraitre utopiques, et même ridiculement prétentieux, à nos yeux de chrétiens « de souche » contemporains, immergés dans l’océan de « l’esprit du Monde« , dont la foi est généralement chancelante, et dont « le sel s’est affadi » (Matthieu V-10; Luc XIV-7, Marc IX, 49-50) depuis longtemps. Certes le nombre de ces convertis est pour l’instant très petit par rapport l’ensemble des musulmans de France. Mais le taux de croissance des conversions s’améliore d’une année à l’autre (base : demandes faites à l’Association Notre-Dame de Kabylie). A ce niveau il est important de réfléchir sur ce passage du témoignage du fondateur de cette association, Mohammed-Christophe Bilek (TEXTE) :
» ….. Oui, ai-je vite compris, à la fin des années 60, Dieu veut établir une relation personnelle avec moi. Ayant conscience de ma faiblesse, venant de ces pauvres montagnes kabyles, comment ne pas être bouleversé par une si formidable attention du Maître de l’univers ? C’est de cela qu’il s’agit, et c’est cette révélation qui m’a interpellée ! À tel point, précisément, que je reprends à mon compte, à travers Pierre le questionnement de Jésus : « Mohammed, m’aimes-tu ? ». Autrement dit, « crois-tu en moi, après tout ce que tu as entendu et lu dans les Evangiles ? ». Et, enfin, comme ultime demande, celle-ci : « es-tu prêt à me suivre, à tout quitter pour moi ? »
Quand on a bien compris ce que Jésus requiert, par amour, on mesure toute la difficulté à lui répondre affirmativement. Et, là encore, une chose est de lui dire « oui », du bout des lèvres, autre chose est de tout quitter pour « Lui ». À nous autres, qui venons de l’Islam, cela a pour conséquence, ipso facto, de rompre, avec son passé, sa famille et sa communauté, et ses certitudes morales ou spirituelles.
Il est bien plus simple de rester musulman, je l’affirme ! En ne se positionnant pas, -Bah ! Nous avons le même Dieu -, les excuses sont nombreuses et faciles, pour ne pas opérer cet arrachement, accepter cette transformation, mourir à soi, et suivre Jésus, c’est une conversion exigeante qui ne s’accomplit qu’avec son aide. C’est ce que le jeune homme riche de l’Évangile n’a pas pu, ou voulu faire. Car, au moins au départ, il faut son libre consentement : Jésus ne m’impose pas de « me soumettre », mais de l’aimer en toute liberté.
Voilà encore une différence de taille : est-ce que Dieu nous crée libres ou esclaves ? Selon notre réponse, Dieu n’est déjà plus le même: Dans un cas j’encoure le châtiment réservé aux apostats ou aux impies, dans l’autre je suis le fils prodigue attendu par son père qui convoquera tous ses serviteurs dés qu’il me verra à l’horizon. Quitter l’Islam est périlleux, il se fait au risque de sa vie. …. ».
Si nous jugeons irréalisable la mission que ces convertis se donnent, réflexe naturel pour des incroyants voyant dans les expériences mystiques un signe clinique de maladie mentale, alors en nous plaçant au plan de la foi, nous chrétiens européens « de souche », ne raisonnons nous pas comme le « jeune homme riche de l’Évangile« ? Il est en effet clair que l’Esprit ne nous habite pas au même niveau que ces néo-chrétiens devenus eux, avec tous les persécutés chrétiens contemporains, « le sel de la terre« , i.e. les vrais disciples, selon ce que dit Jésus : « quiconque d’entre vous ne renonce pas à tout ce qu’il possède, ne peut être mon disciple » (Luc XIV-33). Or ces convertis renoncent à leur passé, à leur famille, à leur communauté, à la sécurité physique. C’est énorme. Ils rejoignent tous les chrétiens persécutés contemporains, refusant d’abandonner leur foi malgré les menaces, les exactions, les brimades, les humiliations, l’insécurité. Ensemble ils sont maintenant ce « sel de la terre » multiplement symbolique, i.e. le sel du baptême donné avec l’eau, représentation de la sagesse évangélique, le sel qui préserve de la corruption, le sel figure de la purification du sacrifice, ce sel dont parle magnifiquement Lanza del Vasto dans le chapitre XVI de son livre « Commentaires de l’Évangile » (Denoël, 1951). C’est pourquoi le témoignage offert par ces convertis devient identique à celui des premiers chrétiens. Pour utiliser la « langue de buis », à la mode depuis une cinquantaine d’années dans l’Église de France, leur choix « devrait nous interroger« .
Aucune conclusion pessimiste ne peut donc être tirée des éléments présentés dans la première partie de ce texte, éléments qui résultent d’une analyse superficielle, à vue humaine. Ceci d’autant plus que cette analyse ne tient pas compte de la multiplication des conversions au christianisme, fait qui inquiète de nombreux religieux et politiques musulmans (§ II.3), dont celles inattendues et exceptionnellement nombreuses, dues à une expérience mystique pour lesquelles l’action de l’Esprit Saint est encore plus spectaculaire. Cette expérience, étudiée par Henri Bergson (cf. « Les deux sources de la morale et de la religion« ), a été vécue, à la fin du 19ème siècle et au 20ème siècle, par un petit nombre d’intellectuels de premier plan. A partir d’une observation issue des sens, elle leur a permis de vérifier l’existence du surnaturel, en relation avec l’usage de la raison (§ II.4). Ce que dit plus haut Magdi Cristiano Allam, témoin du Christ, vivant dans une totale insécurité, sous constante protection policière, prend alors l’allure d’une prophétie : les convertis issus de l’islam sauveront « le christianisme dans cet Occident déchristianisé et sauveront notre civilisation« .
C’est toujours avec les moyens les plus faibles, insignifiants aux yeux du Monde (au sens johannique), que le Seigneur manifeste Sa Toute-puissance. Il y a deux mille ans les disciples de Jésus en ont été le premier exemple. Ils étaient le « sel de la terre« , ce petit peu, cette infime pincée, qui a donné ensuite du goût, de la saveur au tout, c’est-à-dire à toute l’humanité.