N’en croyez pas ce que le Cardinal dit au Pape car c’est vraiment « borderline »
publié dans flash infos le 1 décembre 2012
N’en croyez pas ce que
le Cardinal dit au Pape
car c’est vraiment « borderline »
• Puisque c’est le Cardinal qui a employé ce mot, on a supposé d’abord qu’il s’agissait d’une qualification ecclésiastique. En fait « borderline » est un terme d’argot franglais en usage dans certaines professions, il signifie qu’un policier ou un magistrat est à la limite de la délinquance. Ce vocable est péjoratif.
• C’est le mot qu’a utilisé le cardinal-archevêque de Paris quand il a dénoncé au Pape l’Institut Civitas à propos de sa manifestation du dimanche 18 novembre contre le mariage socialiste. Il a désigné Civitas comme « un groupe borderline », il a déclaré que « de nous, les catholiques, il n’y en avait pas beaucoup dimanche », mais qu’« il y avait un mélange des courants les plus extrêmes et quelques casseurs pour faire bonne mesure ». Tel aurait été, selon le Cardinal, le caractère global de la manifestation de Civitas, « qui n’avait rien à voir, précise-t-il, avec la manifestation pacifique de la veille ». Le Cardinal a manifesté sa préférence.
• Sa démarche romaine a eu lieu le mardi 20 novembre. Nous connaissons sa date et son contenu par La Croix du 22 novembre. Le Cardinal a dit aussi que Civitas est un groupement « intégriste », mais « intégriste » ne suffisait sans doute pas, Benoît XVI étant soupçonné d’avoir parfois quelque indulgence pour les « intégristes ». Le Cardinal a donc imaginé d’y ajouter la qualification « borderline ».
•Un cardinal est dans sa fonction quand il informe le Pape. Et en l’occurrence, quand il s’agit de ce qui se passe à Paris, qui pourrait paraître au Pape plus crédible et mieux informé que le cardinal-archevêque de Paris ?
Peut-être le ton de profond mépris et de malveillance passionnée avec lequel le Cardinal parle des intégristes borderlines aura-t-il incité le Pape à relativiser la dénonciation ? Mais ce n’est pas certain, et alors qui pourra détromper le Pape ?
•Le Cardinal n’était pas dans la rue à observer les manifestants et à supputer leur religion ou leur extrémisme. Hypothèse la plus bienveillante, il a été induit en erreur par les rapports qui lui ont été faits, ou bien tout simplement en écoutant les médias. Au demeurant il n’a jamais été bien disposé à l’égard des « intégristes », il l’a montré en plusieurs occasions depuis des années.
• Son information inexacte est en outre fort malencontreuse, à un moment où il était en train d’attirer toutes les sympathies catholiques et de prendre la tête de l’opinion publique par sa juste accusation de « supercherie » lancée contre le projet socialiste. Il a pulvérisé cette supercherie par une argumentation solide qui taille en pièces la tromperie d’un mariage « pour tous » et son illusion égalitariste. Il est même allé, avec pleine raison, jusqu’à nier que le Parlement puisse avoir la moindre légitimité pour modifier et dégrader une institution comme le mariage.
Et puis voici qu’il a voulu, ou au moins accepté, que La Croix publie ce qu’il était allé dire à Rome le mardi 20 novembre. Triste provocation.
JEAN MADIRAN
Article extrait du n° 7737
du Mardi 27 novembre 2012