« D’une année l’autre » par Jean Madiran
publié dans regards sur le monde le 31 décembre 2012
D’une année l’autre
Le prochain numéro de Présent sera daté du 1er janvier. Celui-ci est donc le dernier que vous aurez à lire avant le Jour de l’An.
C’est peut-être l’occasion de s’arrêter un peu plus attentivement que d’habitude sur quelques considérations générales ou particulières.
La circonstance nous invite, s’il y a méditation, à ce qu’elle soit spécialement politique. Avec la liturgie, nous sommes déjà passés d’une année à l’autre, c’était le 2 décembre, le premier dimanche de l’Avent. Le Jour de l’An sera le premier jour d’une année politique nouvelle. Vers quoi allons-nous ?
J’aimerais vous suggérer une lecture, non pas anecdotique mais substantielle, sur le parcours actuel de la politique française : prenez le temps, prenez le soin attentif de (re)lire La politique naturelle de Maurras. Ce sont les 67 pages de l’« avant-propos » à son livre récapitulatif intitulé Mes idées politiques. Vous trouverez cet ouvrage dans toutes les bonnes bibliothèques qui subsistent encore, bibliothèques familiales, paroissiales, monastiques ou municipales.
Ces 67 pages approchent et même frôlent, et appellent, un complément théologique que l’on peut indiquer par deux citations du philosophe Etienne Gilson.
La première, nette et tranchante comme un trait de lumière, bouscule un peu les obscurités rhétoriques de certains discours ecclésiastiques du moment :
« Les données théologiques de l’autorité de l’Eglise sur le temporel sont invariables, et de tous les temps ; ce qui change, c’est le temporel auquel s’applique, elle-même immuable, la vérité de la théologie. »
Le monde change, pas toujours en mieux, il s’en faut. Le Credo, le Notre Père, le Décalogue ne changent pas.
Second extrait de Gilson :
« Ce sont aujourd’hui les peuples qui soutiennent l’Eglise sans (voire contre) les princes, et non plus les princes qui perpétuent la fidélité des peuples à l’Eglise. Désormais, l’action de l’Eglise s’exerce par les fidèles sur les gouvernements plutôt que par les gouvernements sur les peuples. »
Ces lignes sembleraient écrites pour soutenir la manifestation du 13 janvier prochain. En réalité elles sont tirées d’un livre de Gilson paru en 1952. Et le livre de Maurras mentionné plus haut a paru en 1937. La démocratie des droits de l’homme sans Dieu veut aller jusqu’au bout de son chemin. Bonne année quand même.
JEAN MADIRAN
Article extrait du n° 7760
du Samedi 29 décembre 2012
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Vous trouvez le texte de Charkes Maurras sur Google.