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Proche-Orient : on ne peut plus se taire

publié dans flash infos le 5 mars 2013


 Proche-Orient : on ne peut plus se taire

par Édouard-M. Gallez (spécialiste du monde arabe)

On ne peut plus continuer à se taire face aux enjeux qui ensanglantent le Proche-Orient et en particulier la Syrie.
Depuis deux ans que les troubles ont commencé en ce pays, il suffit de téléphoner à des Syriens ou en interroger en
France – ce qu’a fait Radio Notre-Dame ce 26 décembre – pour se rendre compte immédiatement que la couverture
médiatique des événements est complètement et systématiquement faussée. En décembre 2011 déjà, à l’Ambassade
de France en Israël, des journalistes bien en cour affirmaient sans pudeur qu’aucune liberté d’expression ne peut
exister en France dès que la politique étrangère est impliquée : « Soit on est aux ordres, soit on change de
département ». Aux ordres de qui ? Dans la bouche de journalistes, ces propos ont choqué l’assistance, mais ils ne
faisaient que mettre des mots – cyniques – sur la situation de collusion entre des médias globaux français et la classe
politique.
Est-ce à dire que le gouvernement – le précédent ou l’actuel – manipule les médias ou inversement ? La réalité
est, hélas, plus simple. Certes des liens personnels existent entre le monde médiatique et celui de la politique, mais
ces liens sont surtout ceux d’un alignement commun sur les mêmes grands intérêts ; et ces intérêts sont extérieurs à
la France. Un tel sujet est évidemment tabou, mais les analyses correctes ne manquent pas sur le web. Globalement,
on doit définir ces intérêts comme l’alliance de la grande finance nord-américaine avec l’Arabie Saoudite, la première
mettant la puissance US (armée et services secrets) à son service, et la seconde dépensant ses pétrodollars sans
compter pour exporter son islamisme sunnite (wahhabite). Cet Axe Washington-Ryad, autour duquel gravitent les
Etats agrégés par le biais de l’Otan ou par celui de la proximité géographique avec l’Arabie Saoudite, paraît
surprenant au regard non averti et naïf qui crorait encore que les Etats-Unis combattent l’islamisme. La réalité est
toute autre : elle est celle d’un « deal » entre prédateurs, d’où est sorti un projet déterminé en 2001 (et même dès
1991). Pour les intérêts utilisant l’Etat américain (et l’Otan), le but est de mettre la main sur l’essentiel des réserves
énergétiques de la planète et de rendre les pays investis perpétuellement dépendant d’eux – au plan économique et
financier. C’est ici qu’interviennent les groupes islamistes que l’Axe entend établir au pouvoir : en échange de leur
allégeance politique et économique, les islamistes se voient octroyés le droit d’assujettir les populations et d’instaurer
leurs folies destructrices, le tout dans le cadre d’un « chaos contrôlé » qui rend leur pays encore plus dépendant du
prédateur nord-américain.
C’est le cas de la Turquie, où les manifestations hostiles au régime sont passées sous silence par nos médias
globaux. C’est le cas de la Libye depuis la guerre menée contre elle par les exécutants anglo-franco-qataris, avec la
complicité des mêmes médias globaux, dans l’indifférence de l’opinion publique. La prise du pouvoir islamiste en
Tunisie en fut un contrecoup. Quant à l’Egypte, le Frère Musulman Morsi n’a été installé comme Président que sur
injonction de l’Ambassade américaine : il avait été largement battu lors des élections de juin 2012. Quant à sa
nouvelle constitution, elle n’a été votée en décembre que par 68 % des 32 % de votants, ce qui représente à peine
23 % des électeurs – mais les fraudes ont été aussi importantes que lors de « l’élection » présidentielle.
La France n’a aucun intérêt à collaborer avec l’Axe Washington-Ryad, bien au contraire. Alors que la misère croît
ici, l’argent de nos impôts sert à des guerres qui vont contre notre intérêt, et, plus évidemment encore, contre celui
des populations qui les subissent. Parmi celles-ci, les chrétiens sont visés à un titre particulier. Il ne faut pas oublier
l’engagement pris par les Etats de la Conférence Islamique lors de leur réunion de Lahore en 1984, prévoyant
l’éradication des communautés chrétiennes du Proche-Orient. Ce but n’a cessé d’être financé par les fonds saoudiens,
jusqu’au Nigeria par exemple où 5 attentats ont eu lieu à Noël contre les chrétiens. Aveuglés par son idéologie
d’anéantissement de tout ce qui n’est pas islamo-wahhabite, l’Arabie Saoudite soutient les islamistes qui créent ou
entretiennent le chaos, dont ont besoin les intérêts internationaux qui les manipulent.
Aujourd’hui, la pire manipulation est sans aucun doute celle qui a trait à la Syrie. Ce pays de 23 millions
d’habitants (plus deux millions de réfugiés irakiens) ne possède pas de pétrole, mais on lui a découvert de fabuleuses
réserves de gaz. De plus, le gazoduc qui doit acheminer le gaz iranien et central-asiatique vers l’Europe représente un
enjeu majeur, explique Aymeric Chauprade, un spécialiste français en géostratégie :
“La Syrie joue un rôle stratégique dans les logiques pétrolières et gazières au Moyen-Orient ; or en 2009 et
2010, peu avant que n’éclate la guerre, la Syrie a fait des choix qui ont fortement déplu à l’Occident”, et
il évoque “la compétition qui se joue entre, d’une part les Occidentaux, la Turquie et les monarchies du Golfe,
d’autre part, la Russie, l’Iran et la Syrie […]. En février 2011 les premiers troubles éclataient en Syrie,
troubles qui n’ont cessé de s’amplifier avec l’ingérence, d’une part de combattants islamistes financés par le
Qatar et l’Arabie Saoudite, d’autre part de l’action secrète des Occidentaux (Américains, Britanniques et
Français).”
C’est de cela que Sarkozy avait parlé, à l’Elysée en septembre 2011, avec le Patriarche maronite Bechara al-Raï,
lui faisant part du plan occidental de déportation des chrétiens syriens – ce qui provoqua la colère du Patriarche,
pourtant peu enclin à sympathiser avec la Syrie.

Deux ans de mensonges et de complicité

Se taire, c’est collaborer. Avant tout, il faut mettre en cause les médias globaux qui, appartenant à des intérêts
liés aux entreprises criminelles de l’Axe Washington-Ryad, n’ont cessé de nous tromper.
• Pourquoi, avant Noël, y a-t-il eu un tel silence sur les pourparlers de Rome qui, après ceux de Téhéran (voir
plus bas), ont rassemblé les véritables acteurs politiques syriens de l’opposition mais qui ne sont inféodés ni aux
Etats-Unis ni à l’Arabie Saoudite ? Est-ce pour ne pas écorner les déclarations de notre ministre des Affaires
étrangères, qui souhaite et annonce la victoire prochaine de l’ASL (Free Syrian Army), massivement armée par les
Etats-Unis et par la France, mais qui va d’échec en échec depuis deux ans ?
En juillet dernier déjà, l’Elysée avait patronné une conférence des « amis du peuple syrien », afin de préparer
l’opinion publique à la guerre contre la Syrie. Parmi les « amis » présents sur la vidéo mise sur le web, on apercevait
à l’arrière-plan un mort-vivant : il s’agit d’un homme qui est apparu de
nombreuses fois dans des vidéos de propagande ASL montrant de supposées « victimes civiles » de l’armée nationale
syrienne. Cette vidéo révélant trop le mensonge, l’Elysée l’a retirée (de bons internautes peuvent la retrouver).
Silence des médias globaux.
• Pourquoi, en novembre, a-t-on présenté comme nouvelle tête de l’opposition patronnée par l’Arabie Saoudite
et le Qatar, un ex-communiste qui a fait de la prison au temps d’Hafez El-Assad, Georges Sabra – il a été exhibé
comme chrétien –, alors que la nouvelle mouture, fabriqué à Doha à la mi-novembre, du CNS (Conseil National
Syrien) suite à sa dissolution par Hillary Clinton, est chapeautée par une « Coalition nationale des forces de
l’opposition et de la Révolution », dont le chef est un Frère musulman, cheikh Moaz al-Khatib ? C’est celui-ci et non
Sabra qui est venu à Paris voir Hollande , à la suite de quoi, à la mi-novembre, l’Etat français a
décidé de ne plus reconnaître le gouvernement légitime syrien et à lui déclarer d e facto la guerre, suivi par la Turquie
d’Erdogan, par l’Angleterre puis par le servile Obama.
• Pourquoi parle-t-on si peu de ce Moaz al-Khatib, 52 ans, qui, après s’être adonné au lobby pour la compagnie
Shell en 2003-04, était revenu en Syrie en 2012 pour enflammer le quartier de Douma (banlieue de Damas) ? Il fut
arrêté et amnistié – ce qui est bien tolérant de la part d’un « régime » que nos médias qualifient de « criminel » – à
l’égard d’un homme qui appelle à la guerre et au meurtre . Sabra est-il une
potiche à l’usage du monde médiatique pour dissimuler celui qui attend son heure à Doha ? Pourquoi les médias
globaux ont-ils négligé de préciser que de nombreux groupes islamistes o nt déjà dit leur opposition à ce « n ouveau »
CNS, trop visiblement inféodé aux Américains – l’ancien n’ayant jamais eu d’autorité sur eux non plus ? Quant aux
Kurdes, victimes des attaques de « l’Armée Syrienne Libre » (ASL) – liée en principe au CNS –, ils ont organisé leur
propre milice de défense : qui en a vraiment parlé ?
• Pourquoi ont-ils passé sous silence les discussions entre Syriens pour l’avenir du pays qui avaient lieu à
Téhéran (alors même que le nouveau CNS était présenté à la presse), entre des représentants du gouvernement et
les leaders de l’opposition qui dénoncent la guerre, notamment Haytham Manaa et Michel Kilo ? Pourquoi cacher que
beaucoup, en voyant la mainmise d’intérêts étrangers sur la contestation, ont compris qu’ils étaient manipulés et que
l’avenir du pays passait par des négociations entre Syriens, loin de ces intérêts ? Pourquoi cache-t-on en France les
réformes qui se sont succédées depuis juin 2011 – notamment la fin du parti unique, des élections et l’instauration
d’un ministère national de la réconciliation, avec Ali Haidar à sa tête, un opposant de longue date au père du
président Bachar ? Et que d’autres opposants ont rejoint le gouvernement syrien, qui n’est ni alouite ni chiite mais à
85 % sunnite (comme l’épouse du Président) ?
De manière générale, depuis presque deux ans, pourquoi nos médias s’interdisent-ils quasiment de citer toute
autre source qu’un supposé « Observatoire syrien des droits de l’homme » (OSDH), désigné parfois sous la simple
formule « Selon une ONG, …» ? Cette dénomination, note Alain Chouet, spécialiste du Renseignement français,
“sonne bien aux oreilles occidentales dont il est devenu la source d’information privilégiée voire unique. Il n’a
pourtant rien à voir avec la respectable Ligue internationale des droits de l’homme. C’est en fait une émanation
de l’Association des Frères musulmans et il est dirigé par des militants islamistes dont certains ont été autrefois
condamnés pour activisme violent, en particulier son fondateur et premier Président, Monsieur Ryadh el-Maleh.
L’Osdh s’est installé à la fin des années 80 à Londres sous la houlette bienveillante des services anglo-saxons et
fonctionne en quasi-totalité sur fonds séoudiens et maintenant qataris”.
Comme l’écrit la revue Asie-Afrique, il faut “arrêter de se laisser désinformer quotidiennement par des officines,
tels l’OSDH, dont les intérêts et la finalité ne sont pas des plus pacifiques” ;
“Personne n’évoque l’environnement de ces quelques dirigeants du CNS, très proches des frères musulmans,
qui sont sponsorisés par des financements du Qatar et des pétromonarchies, cela avec la bénédiction de nos
chancelleries […] Le dossier syrien n’échappe pas à la règle des opérations géopolitiques et cristallise toutes
les formes possibles de désinformation et de manipulation”.
• Pourquoi, le 25 mai dernier, les médias globaux ont-ils sciemment menti en reprenant le communiqué de
l’OSDH attribuant l’horrible massacre de Houla à l’armée syrienne ou à une milice de défense, alors qu’ils pouvaient
déjà savoir que c’était le fait des dijahistes de l’ASL ?
La photo de cette boucherie, qui a fait le tour du monde
, a servi à accuser le gouvernement syrien – de même
que nos médias lui ont attribué d’ignobles attentats à la bombe, alors qu’ils sont l’arme préférée et presque
quotidienne de l’ASL depuis plus d’un an ? Pourquoi les professionnels des grands médias continuent-ils de faire
confiance à l’Agence France Presse (à capitaux saoudiens aujourd’hui), et à relayer systématiquement les messages
de « l’Osdh » ? Une question se pose même : ce massacre aurait-il commis en connivence avec certains médias
(notamment Al-Jazirah), afin d’en accuser l’armée nationale syrienne, qui est faite de conscrits ?
Après avoir contribué au mensonge, Frédéric Pons r econnaît dans V aleurs actuelles que cette tuerie qui fit
une centaine de victimes civiles (dont 49 enfants) “a bien été commise par des bandes insurgées (Pons rappelle à ce
sujet les conclusions d’une enquête du quotidien allemand de référence Frankfurter Allgemeine Zeitung), les victimes
étant essentiellement des chiites et des alaouites”. Il dénonce en même temps les mensonges qu’il a lui-même repris
à propos de la mort à Homs, le 11 janvier dernier, du journaliste français Gilles Jacquier “tué par un obus rebelle et
non gouvernemental comme le prétendait le CNS et ses relais médiatiques français”, ou à propos du terrible
“double attentat à la voiture piégée du 10 mai dernier à Damas (55 morts et 372 blessés), que l’opposition
syrienne et les médias français attribuent d’une seule voix au régime, jusqu’à ce que, le jour même, le dit
attentat soit revendiqué, vidéo à l’appui, par le Front al-Nosra, groupe djihadiste proche d’al-Qaïda”.
On ne peut que souligner l’honnêteté de ce journaliste, qui risque sa place.
• Pourquoi nos médias ont-ils passé sous silence l’implication d’hélicoptères turcs dans l’attaque de Ras al-
Ain, à la frontière turque, le 8 novembre dernier, ville-frontière défendue par quelques soldats syriens et prise en
pleine nuit par « l’ASL » et l’armée turque ? A-t-on dit que les chrétiens ont été obligés de quitter, leurs noms étant
sur des listes de gens à expulser sous peine de mort ? Un témoin réfugié a confié à l’ a gence pontificale F ides :
“À Ras al-Ain, les victimes n’étaient pas seulement chrétiennes mais les chrétiens ont été les seuls à avoir été
immédiatement expulsés de leurs maisons, en portant les enfants dans leurs bras, mis en fuite dans les rues
jonchées de cadavres. Une intervention semblable est celle d’une armée d’envahisseurs et non pas d’une armée
de libérateurs, comme se définit l’armée de l’opposition” – concernant le meurtre des soldats faits prisonniers,
voir plus bas.
• Pourquoi nos médias osent-ils reprendre les mensonges émanant de l’administration Obama accusant le
gouvernement syrien de préparer l’utilisation d’armes chimiques, alors qu’il s’agit des bobards qui furent inventés
pour justifier l’invasion de l’Irak en 2003 ? Plus risible encore : les Syriens seraient incapables de surveiller ces armes
supposées, ce qui nécessiterait donc l’invasion du pays par l’armée US afin de les sécuriser – et l’article du
Washington Post révèle au passage combien la CIA est impliquée dans la guerre contre la Syrie depuis la Turquie –?
Pourquoi ne parlent-ils pas plutôt de cette vidéo où un djihadiste teste des gaz mortels sur deux lapins avant de
promettre d’utiliser ces gaz pour exterminer les alaouites (appelés « noussayrites » dans la vidéo) ? Les produits
chimiques qui apparaissent dans la vidéo portent des inscriptions turques ; un quotidien turc, Yurt (du 7 décembre
2012) affirme que le laboratoire clandestin où ces images ont été tournées, se situe à Antep dans le Sud de la
Turquie.
• Pourquoi les médias globaux passent-ils sous silence les appels au massacre des Alaouites, des Chiites et des
chrétiens ? A-t-on oublié les appels au meurtre qui ont précédé tous les génocides, celui du Rwanda et bien d’autres ?
Voici la traduction (et ici la vidéo) d’une fatwa lancée le 28 septembre dernier par un des chefs spirituels (et
militaires) de l’ASL, cheikh Abdul-Salam Harba :
“Ils seront tous égorgés devant les égouts ! Ceux qui boivent de l’alcool égorgez-les devant les égouts ! Ceux
qui achètent de l’alcool, égorgez-les devant les égouts ! Ceux qui cachent l’alcool dans leur maison, égorgez-les
devant les égouts ! Tous à égorger devant les égouts !
Ici, chez nous à Qoussayr, nous avons des espions, des mouchardes et des traîtres ! Vous, les espions, devant
les égouts, nous allons vous égorger ! Vous, les soldats de Bachar, devant les égouts, nous allons vous
égorger ! La révolution veut tous vous égorger devant les égouts, vous qui collaborez avec le régime ! Sachez
que personne n’échappe à l’égorgement car nous avons une liste des personnes qui fréquentent les soldats aux
barrages et aux postes militaires. La révolution est contre la prostitution et va égorger les prostituées devant
les égouts !
En ce vendredi de l’unification de l’ASL, si vous n’êtes pas avec nous, vous serez égorgés devant les égouts ! Il
n’y a pas un troisième voie. Vous êtes avec nous ou contre nous”.
En fait, ces appels aux meurtres de masse sont habituels sur les chaînes saoudiennes, où le Cheikh Saleh Al
Luhaydan, l’une des plus grandes autorités juridiques du pays, s’est dit favorable à l’extermination d’un tiers des 23
millions Syriens pour en « sauver » les deux tiers – il avait prêché le djihad en Libye et appelé à l’assassinat de
Mouammar Kadhafi. Depuis 2006, un Syrien, Adnan Al-Arour, invitait lui aussi sur une chaîne saoudienne (Wissal TV)
à « égorger les hérétiques chiites et alouites » tenus pour « pires que les juifs », avant d’animer lui-même des
groupes djihadistes opérant en Syrie ; il a des supporters au nord-Liban (Tripoli, où cette photo a été prise
– son portrait côtoie celui de Ben Laden).

Une collaboration avec l’Axe Washington-Ryad

La collaboration médiatique avec les intérêts américano-saoudiens va jusqu’à couvrir des crimes commis contre
la presse. Des journalistes ont été envoyés à la mort par l’ALS afin que leur décès soit utilisé à ces fins de
propagande anti-syrienne, comme en témoigne Alex Thompson. On n’a pas parlé non plus de l’enlèvement d’une
journaliste ukrainienne par l’ALS, qui a décidé de prendre pour nouvelles cibles tous les Russes et les Ukrainiens se
trouvant en Syrie. Pire, les médias ont été impliqués dans une opération d’intox par satellites de communication
interposés, qui a échoué grâce à la mobilisation de milliers de webmasters dans le monde entier mais qui avait
précédemment réussi dans l’invasion de la Libye en 2011.
Autre exemple : l’Agence Reuters a faussement traduit cette vidéo qui a fait le tour du monde, montrant
l’assassinat de dix soldats de l’Armée syrienne faits prisonniers à Ras al-Ain début novembre (voir plus haut) ? Selon
cette traduction (reprise par 2 0 m inutes d u 30 novembre), les soldats supplient les « rebelles » de les épargner en
disant qu’ils sont pacifiques (selmiye en arabe – ce qui n’a guère de sens), alors qu’ils disent simplement être
« sunnites » (sinniye). L’un d’entre eux lance même en désespoir de cause : “Je vous jure par Allah que je suis un
sunnite de Deraa” (1 min. 21 sec. et 1 min. 28 sec). Reuters n’essaie-t-elle pas ainsi de tromper le lecteur, en
camouflant la confessionnalisation du conflit, et en particulier le génocide anti-alouite et autre qui est au
programme ? Vu l’ampleur des protestations aux USA (notamment à la suite de l’article de Paul Watson montrant en
une série de vidéos des atrocités commises par l’ASL mais aussi une manifestation criant des slogans haineux contre
les chrétiens – en février 2012 à Homs), le Département d’Etat américain aurait classé le Front al-Nousra (cité dans la
vidéo) sur sa liste des « organisations terroristes étrangères » affiliées à Al-Qaïda (selon La Croix (12-12-2012 p.9,
une dépêche probable de l’AFP) ; qui croira que les USA se démarquent de ce groupe que la CIA arme et entraîne
depuis plus d’un an en Turquie et qui forme le fer de lance de l’ASL ? C’est reconnaître que le gouvernement syrien a
toujours eu raison de les appeler des « terroristes », ainsi que les autres groupes de l’ASL qui commentent des actes
à peine moins monstrueux qu’eux.
Dans ce reportage russe très documenté, une fosse commune, ouverte dans une banlieue de Damas reprise
par l’armée, révèle neuf corps dont ceux de trois institutrices, considérées par l’ASL comme ennemies par le fait
même qu’elles étaient des fonctionnaires ! Ce fait est largement corroboré : en novembre, un bus est arrêté à un
barrage de l’ASL et les chrétiens et un Kurde sont kidnappés – plus tard, une rançon sera exigée sous peine de mort,
et ces menaces sont toujours exécutées en cas de non paiement. Pourtant, il s’agit de mercenaires percevant
“un salaire mensuel de 150 dollars, sans compter les fonds privés de riches familles syriennes, du Golfe, du
Qatar ou du Koweït qui envoient de l’argent aux familles des martyrs, comme ils disent”.
On comprend la peur engendrée par ce terrorisme à tous les Syriens, notamment aux chrétiens – ici, des habitants
d’Alep (quartier assyro-chaldéen) l’expriment après les assassinats et les destructions qu’ils ont subis.
La guerre de l’ALS est-elle essentiellement autre chose que de se faufiler parmi les civils, d’investir un quartier
déterminé, d’y assassiner ceux qui sont sur des listes (ou qui déplaisent), ou au hasard comme ici à Alep
(photo prise par un Alépin depuis sa fenêtre), puis de s’en aller et d’envoyer des
voitures piégées ? Autre option : s’installer pour une guerre urbaine en attendant l’arrivée de l’armée et en recourant
aux snipers – la plupart des militaires sont tués de cette manière, selon le reportage russe.
Un autre mensonge : prétendre que l’armée syrienne a bombardé la Turquie (début octobre) ou le Golan israélien
(le 12 novembre) alors que c’est bien la dernière chose qu’elle ferait ? Selon ce qu’a révélé le journal turc Yurt, c’est
un mortier donné aux rebelles syriens par Ankara et correspondant à un modèle spécifique à l’OTAN, qui a
atteint la ville turque de Akcakale, tuant un adulte et quatre enfants de la même famille ; le but était manifestement
de donner un prétexte à l’artillerie d’Erdogan d’entrer en action pour déclencher une réaction syrienne, puis de
justifier l’engagement officiel de l’Otan dont un membre, la Turquie, est supposément « menacée » ! La même chose
se passa au Golan un mois plus tard, occasionnant des tirs israéliens. Malgré des morts, l’armée syrienne n’a pas
répondu à ces provocations délibérées.
Cette armée nationale, faite de conscrits issus de tous les milieux et groupes, nos médias collabos évitent
toujours de la montrer, alors qu’elle paie un lourd tribu à la guerre terroriste qui ensanglante la Syrie depuis deux ans
– cette image est bien différente des
manifestations de haine des groupes de l’ALS paradant dans les rues. Et la Russie ne lâchera pas la Syrie.
En face, des groupes lourdement armés – quekques insurgés mais surtout des mercenaires, dont des dizaines de
Français qui se sont engagés par le biais des camps dits « de réfugiés » en Turquie, dont certains sont interdits
d’accès aux ONG car il s’agit des camps d’entraînement. Dans la vidéo russe, le Dr Beres, parti soigner les blessés de
l’ALS et ahuri de voir qu’il y avait très peu de Syriens parmi eux, rapporte la conversation qu’il eut avec un Français
venu là à cause de la propagande régnant dans les médias français. Robert Fisk, un journaliste anglais très antisyrien,
qui a pu pourtant entrer récemment dans une prison militaire syrienne
et y réaliser librement des interviews de prisonniers,
« découvre » la même situation – à vrai dire, cela fait plus d’un an que, régulièrement, des mercenaires
internationaux prisonniers s’expriment sur l’une ou l’autre chaîne syrienne (ils sont contents de donner ainsi des
nouvelles à leurs proches – ici, par exemple, des Tunisiens), mais les « journalistes » occidentaux ont toujours refusé
de voir l’évidence.
Selon des informations diffusées dans la région par la publication digitale yéménite AdenAlghad.net et l’agence
iranienne de nouvelles Al Alam, en octobre, un accord a été passé entre les USA et l’Arabie saoudite, avec un chef de
la branche islamiste yéménite (se réclamant de la nébuleuse al-Qaïda), portant sur l’envoi en Turquie de 5 000
djihadistes yéménites supplémentaires. De plus, les dictatures totalitaires du golfe voient dans la guerre en Syrie
l’occasion de se débarrasser de prisonniers, notamment l’Arabie Saoudite. Une note estampillée « très
confidentielle », datant d’avril 2012 mais connue seulement depuis quelques jours, émanant du ministère saoudien de
l’intérieur, confirme l’envoi de condamnés à mort combattre en Syrie. En voici la traduction :

Très confidentiel

Royaume d’Arabie saoudite / Ministère de l’intérieur
Son excellence le général Séoud al Thounayane
Bureau secret du ministère de l’Intérieur
25/05/1433 hégire
Salutation et bénédiction d’Allah
Suite au télégramme du bureau royal N° 112 en date du
19/04/1433 hégire.
Dans les prisons du royaume des détenus (105
Yéménites, 21 Palestiniens, 212 Saoudiens, 96
Soudanais, 254 Syriens, 82 Jordaniens, 68 Somaliens,
32 Afghans, 194 Egyptiens, 203 Pakistanais, 23 Irakiens
et 44 Koweïtiens) accusés de trafic de drogues, de
meurtre, de viol, méritant le châtiment de la charia
islamique et de l’exécution par l’épée, seront graciés, en
échange d’aller combattre pour le Djihad en Syrie après
entraînement et équipement. Un salaire mensuel sera
versé à leurs familles et leurs proches qui se verront
interdits de voyager en dehors de l’Arabie Saoudite.
Veuillez agréer mes salutations.
Abdallah ben Ali al Rmeizan
Directeur du bureau du suivi au ministère de l’Intérieur
Copie au directeur du Comité pour ordonner le Bien et
prohiber les actes impies. Copie aux renseignements
généraux
L’internationalisation du conflit en est au point que des volontaires irakiens chiites viennent à leur tour pour
appuyer l’armée nationale syrienne contre les mercenaires de l’Arabie Saoudite, non qu’ils aiment le laïcisme de la
société syrienne mais parce qu’ils ont compris les enjeux : le prochain pays attaqué par l’Axe Washington-Ryad sera
l’Iran.
L’aspect international du conflit existe dès avant mars 2011 : l’implication des services secrets occidentaux est
massif – en Angleterre, on ne s’en cache même plus, y compris dans des revues militaires. Le New York Times en a
parlé, obligeant secrétaire à la Défense, Léon Panetta, à le reconnaître, à propos de la Jordanie qui sert également de
base arrière aux mercenaires de l’ASL, les quartiers généraux des forces spéciales US s’étant installés dans une
carrière abandonnée à seulement 55 km de la frontière syrienne – en Turquie, la base américaine d’Incirlik, proche
elle aussi de la frontière syrienne, sert de quartier général à l’ASL. Les services français ne sont pas en reste, ils ont
même été directement impliqués dans les combats de Homs en février 2012.
“Les Syriens, écrit depuis Damas le Dr Nadia Khost, auteur de nombreux ouvrages sur le patrimoine de la
Civilisation Arabe, ont appris que les services secrets français et britanniques se trouvaient à Baba Amro aux
côtés des bandes d’Al-Qaïda. Leurs médias se sont abstenus de montrer à l’écran ces infiltrés étrangers,
laissant ainsi refroidir la colère ressentie vis-à-vis de ce non respect occidental de la souveraineté syrienne. La
sagesse syrienne a préféré la maîtrise de la situation à Baba Amro, à une telle exposition. Des centaines
d’hommes armés se sont rendus à l’armée syrienne lorsque la protection occidentale s’est retirée.”
Pour l’anecdote, c’est l’armée syrienne qui a emmené de nuit les barbouzes français jusqu’au Liban de sorte que les
mercenaires durent se rendre ensuite.
L’armement pris aux mercenaires de l’ALS à Bab Amro témoignait déjà, lui aussi, de l’implication des Etats
occidentaux, notamment, selon un journal libanais, “un drone militaire similaire à ceux utilisés par Israël, des
caméras de surveillance et des voitures militaires blindés, mais aussi des missiles anti-chars, des lance-roquettes et
des missiles variés”. Selon Nadia Khost, un des mercenaires arrêtés a raconté – comme on raconte une histoire
banale – qu’il a tué et violé des femmes, vu que “des cheikhs du conseil militaire lui avaient signifié par fatwa que le
meurtre et le viol étaient licites”. Des charniers ont été découverts dans les quartiers libérés par l’armée syrienne
(près de 300 civils assassinés, il faut que ce soit une journaliste allemande qui le révèle) ; indubitablement la France
est impliquée dans ces charniers.
________________________
Ce sont les impôts français qui financent ces crimes sordides au service d’intérêts opposés au bien de l’humanité
mais que les médias « aux ordres » ont pour mission de présenter comme des « ingérences humanitaires » et des
avancées de la « démocratie ». On ne peut plus se taire.

Édouard-M. Gallez

Revue-Item.com

 

 

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