Le cardinal Malcom Ranjith
publié dans nouvelles de chrétienté le 12 mars 2013
Le cardinal Malcom Ranjith, le liturgiste qui veut faire obéir les évêques
SOURCE – Le Salon Beige – 10 mars 2013
——————————————————————————–
Poursuivons notre tour d’horizon cardinalice avec un cardinal sri-lankais, monseigneur Malcom Ranjith Patabendig, archevêque de Colombo, ancien secrétaire de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, qui déclarait en 2006 :
R »Je crois que la réforme liturgique de Vatican II n’a jamais décollé. D’ailleurs, cette réforme ne date pas de Vatican II : elle a en réalité précédé le Concile, elle est née avec le mouvement liturgique au début du XXe siècle. Si l’on s’en tient au décret Sacrosanctum Concilium de Vatican II, il s’agissait de faire de la liturgie la voie d’accès à la foi, et les changements en la matière devaient émerger de manière organique, en tenant compte de la tradition, et non de manière précipitée. Il y eut de nombreuses dérives, qui ont fait perdre de vue le véritable sens de la liturgie. On peut dire que l’orientation de la prière liturgique dans la réforme postconciliaire n’a pas été toujours le reflet des textes de Vatican II, et en ce sens, on peut parler d’une correction nécessaire, d’une réforme dans la réforme. »
« Aujourd’hui, les problèmes de la liturgie tournent autour de la langue (vernaculaire ou latin), et de la position du prêtre, tourné vers l’assistance ou tourné vers Dieu. Je vais vous surprendre [il s’agit du journaliste de La Croix.] : nulle part, dans le décret conciliaire, on n’indique qu’il faut que le prêtre désormais se tourne vers l’assistance, ni qu’il est interdit d’utiliser le latin ! Si l’usage de la langue courante est consenti, notamment pour la liturgie de la Parole, le décret précise bien que l’usage de la langue latine sera conservé dans le rite latin. Sur ces sujets, nous attendons que le pape nous donne ses indications. »
En 2006, il annonçait des mesures en faveur de la liturgie, indiquant que Benoît XVI allait « prendre des mesures pour nous indiquer avec quel sérieux nous devons célébrer la liturgie« . La réforme des liturgies pontificales nous en a donné ensuite l’exemple. Il précisait par ailleurs que la forme latine de la messe célébrée face à Dieu était la forme « normale » (ordinaire ou extraordinaire) de la messe.
En 2007, il s’en prenait aux évêques qui désobéissent au Pape :
« On remarque que dans quelques pays ou diocèses, des règles qui pratiquement annulent ou déforment l’intention du Pape, ont émanées des Évêques. Un tel comportement n’est pas concevable avec la dignité et la noblesse de la vocation des pasteurs de l’Église ».
De même à propos du Motu Proprio Summorum Pontificum :
M »Il y a eu critiques et prises de positions contraires. Franchement, je ne comprends pas ces manières d’éloigner et pourquoi pas même, de rébellion au Pape. J’invite tous, surtout les Pasteurs, à obéir au Pape, qui est le Successeur de Pierre. Les Evêques, en particulier, ont juré fidélité au Saint-Père : qu’ils soient cohérents et fidèles à leur engagement.
Vous savez bien que, de la part de certains diocèses, il y a même eu des documents interprétant [le Motu Proprio], qui visent de manière inexpliquée à limiter le Motu proprio du Pape. Derrière ces actions se cachent d’une part des préjugés de type idéologique et d’autre part, l’orgueil, un des péchés les plus graves. Je répète : j’invite tous à obéir au Pape. Si le Saint-Père a retenu de devoir émettre le Motu Proprio, il a eu ses raisons que je partage pleinement. »
« Je suis opposé aux bals et applaudissements dans le cours des Messes, qui ne sont ni un cirque, ni un stade. »
« J’invite les prêtres, les Evêques et Cardinaux à l’obéissance, laissant de côté tout type d’orgueil ou de préjugé ».
En 2008, il s’opposait à la réception de la communion dans la main, que n’a jamais voulu la constitution du Concile Vatican II « Sacrosanctum Concilium ».
Et en 2010, de retour (triomphal) au Sri-Lanka, il précisait sur le même sujet :
« La Très Sainte Eucharistie doit être administrée avec le plus grand soin et le plus grand respect, et ce uniquement par ceux qui sont autorisés à le faire. Tous les ministres, habituels comme extraordinaires, doivent être revêtus des ornements liturgiques corrects. Je recommande à tous les fidèles, y compris aux religieux, de communier avec respect, à genoux et sur la langue. La pratique de l’auto-communion est interdite et je demanderais humblement à tout prêtre qui la permettrait de suspendre immédiatement cette pratique. »
Ancien sous-secrétaire de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples avant d’être nommé nonce en Indonésie et au Timor-Oriental, puis secrétaire de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements jusqu’en 2009 aux côtés du cardinal Cañizares, Mgr Ranjith connaît bien la curie, tout en ayant été un évêque de terrain (il fut interrogé par L’Homme nouveau sur l’état florissant de l’Eglise du Sri-Lanka), un pasteur qui sait se rendre disponible à tous. Droit sur le dogme, liturgiste passionné, coeur généreux et attendrissant, représentant de l’Eglise du tiers monde, ratzingérien «pur jus», l’un de ceux que l’on considérait comme mousquetaire de Benoît XVI, Mgr Ranjith est ce qu’on appelle un « hommes fort ». Récemment, il considérait Benoît XVI comme son « grand-père dans la foi