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Entraide et Tradition

Dimanche de la Passion

publié dans couvent saint-paul le 16 mars 2013


Dimanche de la Passion

Avec ce dimanche, nous entrons dans le temps de Passion. De la Passion du Christ.
La Passion est le cri d’amour de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Le cri d’amour de Dieu, du Dieu des miséricordes.
Tout est là. Tout est dit. C’est tout l’Evangile. C’est toute la Passion.

Je vous ai aimé depuis la crèche jusqu’à la Croix. « Et ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’au boue », usque ad finem . Je vous ai aimé, nous dit NSJC, sans aucun mérite de votre part, malgré même tous vos démérites… malgré vos misères, à cause de vos misères.
Je vous ai aimé d’un amour de miséricorde, d’un amour de préférence. Oui. J’ai laissé, en quelque sorte, mon Père, le Ciel, les anges pour venir parmi vous. J’ai dédaigné tous les trésors de la terre. Je suis venu dans une étable et dans ce dénuement, je vous ai aimé bien plus même que moi-même. Car ma vie, en cette Passion, je l’ai donnée pour vous. Mon Père me fera justice, mais j’ai voulu être victime pour vous. Je suis donc blessé à cause de vous, blessé à mort –voyez ma Passion – pour amour pour vous.
Je vous ai aimé plus que ma majesté, plus que ma gloire, plus que ma dignité. Voyez à quels outrages je l’ai livrée pour vous….Les soufflets, les épines, les crachats, la robe de fous, les fouets, la Croix. J’ai subi les opprobres afin de vous couvrir un jour de ma gloire, afin de conclure une alliance éternelle entre Dieu et vous. Je vous aime plus que ma gloire puisque cette gloire, je l’ai voilée d’un suaire au calvaire afin de détruire le péché et vous redonner la gloire des fils de Dieu et avec cela, l’héritage éternel.
L’amour, vous dis-je, est toute la Passion. C’est tout l’Evangile. C’est Jésus-Christ, hier, présenté entre les bras de sa Mère, dans la crèche, aujourd’hui proposé à notre contemplation, sur les bras de la Croix.
L’amour de Jésus sur le bois de la Croix, nous « enveloppe », nous provoque, nous fait violence.
Et le ministère du Prêtre, qu’est-il ? Sinon de montrer aux âmes, le cœur divin blessé d’amour sur la Croix, dans le sacrement de Pénitence, dans la célébration de la messe. Le prêtre, finalement, n’est rien d’autre que le « vicaire » de l’amour de Jésus-Christ. Oui ! Car il est avant tout le dispensateur de la miséricorde divine par les sacrements.
Lisez l’Evangile ! Lisez-le en le méditant ! Ouvrez-le à n’importe quelle page et vous trouverez les palpitations de son cœur tout d’amour, même dans les anathèmes et l’indignation de Jésus. Prenez la scène où Jésus chasse les vendeurs du Temple. Un fouet mesure son indignation. Mais en le voyant, les disciples se souvinrent de la phrase de l’Ecriture disant : « le zèle de votre maison, Seigneur, me dévore ». L’amour est au cœur de cet acte.
Ne changeons ni le texte ni le sens de sa Passion. Il est venu pour sauver et pour donner ici bas la paix, pour pardonner et offrir le Ciel, même et surtout, dirais-je, à ceux là qui lui prépareront un gibet : « Père, pardonnez leur, ils ne savent ce qu’ils font ».
Et pour cela, il s’est anéanti, prenant la forme d’esclave (Phil 2 7) se revêtant de nos faiblesses, de nos misères. Il a pris sur lui-même nos langueurs. Il a pris sur lui-même nos infirmités. Il s’est fait « homme de douleurs » sachant ce que c’est que souffrir. Il est le « Serviteur souffrant de Isaïe » (Is 53)
Alors on peut s’arrêter quelques instants et méditer cette réflexion :
« L’abîme appelle l’abîme ».
L’ « abîme » de notre misère a attiré l’abîme de sa miséricorde, de sa bonté, de son amour.
Et avec quelle ardeur, il nous sollicite, avec quelle passion, il nous commande de l’aimer en retour.
C’est bien là sur la Croix, en cette Passion que je sens qu’il m’a aimé passionnément, aimé jusqu’à la folie.
Là, devant la Croix plus que partout ailleurs, je comprends -O combien ! – je goûte cette parole étonnante : « Je ne veux pas la mort du pécheur mais qu’il se convertisse et qu’il vive ». Ou encore, cette autre parole : « Je suis venu pour chercher et sauver ce qui était perdu ».
L’amour qu’il nous porte, à nous indignes misérables pécheurs, est fait d’une condescendance infinie. Et en quoi, l’avons-nous mérité ? Au contraire, nous l’avons offensé, ce Dieu infiniment bon, outragé, mis à mort. Et c’est lui qui vient à nous, nous offrant son pardon, plus que son pardon, son amour, tout son cœur. Et c’est une réalité permanente que cette Passion du cœur de NSJC.
Et devant cette Passion qu’aujourd’hui, l’Eglise nous demande de méditer, nous devons, à notre tour, aimer. Aimer NSJC, l’aimer en retour. « L’abîme appelle l’abîme »
C’est la loi de l’Evangile. On le comprend. : « Tu aimeras ton Seigneur de tout ton cœur, de toute ton âme ». Oui ! La perfection de la Loi, c’est l’amour de charité.
O mystère insondable d’une charité infinie !…Se peut-il qu’il m’oblige à l’aimer en retour…comme s’il craignait de me perdre, comme si ma perte laissait un vide en celui qui, étant Dieu, possède toutes choses, la plénitude d’être et de perfections ?
Il en est ainsi. Le premier et le plus grand de ses droits est celui d’être aimé. Ce droit divin a créé en lui, je dirais presque, la nécessité de se sentir à nous et nous à lui, par amour. Il en devient le mendiant, lui qui pourtant a mérité notre amour. « J’ai soif » dira-t-il sur le bois de la Croix. De quoi avait-il soif, s’exclame Sainte Thérèse dans son manuscrit autobiographique, sinon de notre amour.
Resterons-nous insensibles à cet appel, à ce cri lancé dans sa Passion ! Sous prétexte d’éviter tout sentimentalisme ou mièvrerie, resterons-nous loin, en ce temps de la Passion, de la Croix, de la Charité même ? Croira-t-on être sage de garder nos distances vis-à-vis du Crucifié ?
Accepterons-nous enfin, en ces deux semaines du temps de la Passion, de vivre un peu d’amour de Charité ?
Accepterons-nous enfin de suivre un peu Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de dire avec elle, comme elle, son bel « acte d’offrande….à l’amour miséricordieux du Bon Dieu » :
« O mon Dieu, Trinité Bienheureuse, je désire vous aimer et vous faire aimer… Vous nous m’avez aimé jusqu’à me donner votre Fils unique pour être mon Sauveur …
Je sens en mon cœur des désirs immenses…Je voudrais vous consoler de l’ingratitude des méchants, et je vous supplie de m’ôter la liberté de vous déplaire ! … C’est avec joie que je vous contemplerais au dernier jour, portant le sceptre de la Croix …Après l’exil de la terre, j’espère aller jouir de vous dans la patrie. …Je veux donc …recevoir de votre amour la possession éternelle de vous-même. Je ne veux point d’autre trône et d’autre couronne que vous, ô mon Dieu-Aimé ! …je m’offre comme victime d’holocauste à votre amour miséricordieux, vous suppliant de me consumer sans cesse, laissant déborder en mon âme les flots de tendresse infinie qui sont renfermés en vous, et qu’ainsi je devienne martyre de votre amour, ô mon Dieu ! Que …mon âme s’élance sans retard dans l’éternel embrassement de votre miséricordieux amour !
Je veux, ô mon Dieu, (dans l’éternité) vous redire mon amour dans un face à face éternel ! »

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