« Christianophobie : une révolution antichrétienne secoue le monde »
publié dans regards sur le monde le 8 juillet 2013
Sous la plume de Roberto de Mattei, dans Correspondance européenne n° 269, on lit ces très importantes considérations:
Christianophobie : une révolution antichrétienne secoue le monde »
La liberté des chrétiens se réduit toujours un peu plus de par le monde. Au Moyen-Orient, en Afrique et en Asie, les attaques systématiques contre les communautés chrétiennes se multiplient. Le 27 mai, à Genève, S. E. Mgr Silvano M. Tomasi, observateur permanent du Saint-Siège aux Nations unies, parlant devant le Conseil des Droits de l’homme, a cité les données bouleversantes selon lesquelles, chaque année, plus de 100 000 chrétiens sont tués pour un motif ou un autre lié à leur foi.
De son côté, le chercheur autrichien Gudrun Kugler, dans le rapport de l’Observatoire sur l’intolérance et la discrimination à l’encontre des chrétiens, présenté le 23 mai dernier à Tirana au cours de la conférence de l’OSCE, a mis en évidence la manière dont les limitations apportées à la liberté religieuse et d’expression des chrétiens augmentent de manière exponentielle également en Europe.
L’objection de conscience – qui concerne les médecins dans le cas de l’avortement tout comme les pharmaciens dans le cas des pilules abortives ou les responsables des municipalités en ce qui concerne les unions civiles ou “mariages” homosexuels – tend à être toujours plus réduite, alors que dans de nombreux pays, les chrétiens ne peuvent exprimer d’opinions contraires à l’homosexualité, pas même en se référant à la Bible, sans que ces dernières soient taxées et sanctionnées comme “discours de haine”.
Dans un éditorial paru le 2 juin 2013 dans le Corriere della Sera, Ernesto Galli della Loggia nous offre une description précise de la situation :
« Une importante révolution est en train d’arriver silencieusement à son épilogue en Europe. Une révolution de la mentalité et des mœurs collectives qui marque une gigantesque fracture par rapport au passé : la révolution antireligieuse. Une révolution qui frappe sans distinction le fait religieux en tant que tel, quel que soit la confession religieuse qui le représente, mais qui, pour des raisons historiques et, parce que nous sommes en Europe, se présente comme une révolution essentiellement antichrétienne. Désormais, non seulement les églises chrétiennes ont progressivement été expulsées presque partout de tout lieu public présentant une quelque importance, non seulement il n’est plus accordé aucun rôle significatif à l’ensemble de leur credo en ce qui concerne la détermination des orientations des politiques publiques – c’est-à-dire que s’est affirmé de manière prépondérante la tendance à réduire le Christianisme et la religion en général à un fait strictement privé – mais, à la différence de ce qui se fait vis-à-vis des autres religions, il apparaît aujourd’hui licite d’adresser au Christianisme lui-même les plus âpres offenses et les plus sanglantes injures ».
Galli della Loggia cite alors un certain nombre d’exemples, tirés en partie d’une plainte détaillée publiée par le quotidien Avvenire [le quotidien de la Conférence épiscopale italienne NDR] :
« En Irlande, les églises sont contraintes à louer les salles de cérémonies leur appartenant y compris pour les réceptions de noces entre homosexuels. A Rome, lors du concert du 1er mai, un chanteur a mimé le geste rituel de la Consécration de l’Ostie durant l’Eucharistie en ayant entre les mains un préservatif en lieu de l’hostie. Au Danemark, le Parlement a approuvé une loi qui oblige l’église évangélique luthérienne à célébrer des “mariages” homosexuels bien qu’un tiers de ses ministres s’y soient déclarés contraires.
En Écosse, deux sages femmes catholiques ont été obligées par une décision de justice à prendre part à un avortement effectué par leurs collègues alors que, de son côté, l’Ordre des médecins britannique a établi que les médecins eux-mêmes « doivent » être préparés à mettre de côté leur credo personnel en ce qui concerne un certain nombre de domaines controversés. Dans une récente vidéo, David Bowie s’est habillé d’une manière qui ressemblait à celle de Jésus, la scène montrant un prêtre qui, après avoir frappé un mendiant, entre dans un bordel et y séduit une religieuse sur les mains de laquelle se manifestent immédiatement après les stigmates. En Angleterre, une infirmière s’est vue interdire de porter une croix autour du cou durant son service alors qu’une petite typographie a été contrainte d’avoir recours à la justice pour s’être refusée d’imprimer du matériel à contenu explicitement sexuel qui lui avait été commandé par une revue homosexuelle. En France, sur la base de la législation en vigueur, il est impossible de facto pour les chrétiens d’affirmer publiquement que les relations sexuelles entre les personnes du même sexe constituent un péché selon leur religion. Et ainsi de suite dans un nombre impressionnant de cas (pour s’informer à ce propos, il n’est que de se rendre sur le site Internet intoleranceagainstchristians). Sans compter que, désormais, dans presque tous les pays d’Europe, afin d’interdire toute “pratique discriminatoire”, la donation de fonds aux institutions chrétiennes a été abolie tout comme la clause de protection de la liberté de conscience dans le cadre des professions médicales et paramédicales. On ne compte plus, enfin, les lieux plus ou moins officiels, à commencer par ceux relevant du domaine scolaire, dans lesquels le mot Noël est banni et remplacé par l’expression “neutre” “vacances d’hiver” ».
Pour ce qui nous concerne, nous tenons à rappeler que cette année est caractérisée par le 1700ème anniversaire de l’Édit de Milan, au travers duquel l’empereur Constantin accorda la pleine liberté aux chrétiens après trois siècles de persécutions. Grâce à cet événement, la loi morale de l’Évangile pénétra les instituts de Droit romain, transformant les institutions et la mentalité. L’Église fut reconnue juridiquement et intégrée au Droit public. Et la civilisation chrétienne d’Occident vit le jour.
Aujourd’hui, 1700 ans après le « tournant constantinien », nous nous retrouvons à lutter pour défendre l’espace social du christianisme, agressé par de nouveaux persécuteurs. Certains catholiques rêvent d’un christianisme anti constantinien, qui se débarrasse de la Chrétienté, sachant que les laïcistes appuient ce “rêve” parce qu’ils savent que la fin de la civilisation chrétienne conduit inexorablement à la fin du christianisme. Ceux qui, au nom d’une “liberté religieuse” mal comprise, repoussent le régime de protection accordé au christianisme dans le cadre de l’époque constantinienne, désarment l’Église en faisant semblant d’ignorer qu’au cours de toute son Histoire, elle a toujours été persécutée par des ennemis qui ont évité la confrontation culturelle et morale pour la frapper au travers des instruments de la politique, de la magistrature et des forces armées.
Par le passé, lorsque l’Église a été combattue, elle a trouvé des défenseurs, non seulement sur le plan apologétique mais également au plan politique, juridique et militaire. Il ne s’agissait pas d’imposer à qui que ce soit l’acte de foi, qui est libre par définition, mais de défendre la vérité chrétienne, à l’intérieur et à l’extérieur de la Chrétienté. Il n’existe, sous cet aspect, aucune discontinuité mais une continuité et un développement entre l’Église des catacombes et l’Église constantinienne. Les martyrs ont cru dans la vérité de l’Évangile et l’ont aimé jusqu’à offrir leur vie pour elle.
Les empereurs, les rois, les soldats chrétiens ont aimé la Vérité chrétienne en protégeant, par les lois et par les armes, son droit à se développer jusqu’aux extrémités de la terre. Ce droit a été attribué à l’Église par Son Divin Fondateur, Jésus Christ Lui-même, et la bataille pour ou contre le Christ est réellement celle qui se combat aujourd’hui de par le monde.
Source : Correspondance Européenne