Fête de l’Assomption
publié dans couvent saint-paul le 14 août 2013
C’est au milieu d’un grand concours de peuple que le Pape Pie XII définit le 1 novembre 1950, en l’année sainte, le dogme de l’Assomption au ciel de Notre Dame. 38 cardinaux, 600 évêques et archevêques, dont Mgr Lefebvre, étaient présents et 600 000 fidèles sur la place saint Pierre, à Rome, étaient présents sans compter les millions qui suivirent la cérémonie à la Radio.
La cérémonie se déroula de la manière suivante.
A 8h30, le cortège des évêques sortait par la porte de bronze – comme pour la clôture du Concile Vatican II – traversait la place saint Pierre au chant des Litanies des saints et s’arrêtait sur les escaliers menant à la Basilique. Au milieu du cortège, Pie XII, revêtu de la chape, portant la mitre, avançait, porté sur la « sedia gestatoria ».
Arrivé à son trône, situé sur le haut du parvis de la Basilique, le pape s’asseyait et son Eminence le cardinal Tisserant, faisant fonction de Doyen du Sacré Collège, s’adressait au Saint Père lui demandant « de définir, en vertu de son suprême pouvoir, exempt d’erreur, que la Vierge Marie, Mère de Dieu, après son exil sur la terre, a été élevée au ciel en son âme et en son corps ». Ce dogme serait un « nouveau joyau » à l’honneur de ND et « augmenterait sa gloire sur la terre ».
A cette supplique, le saint Père répondait qu’il est sur le point de déclarer ce dogme « que réclame la dignité de la noble Mère de Dieu, à savoir que dans son corps vivant, elle triompha en union avec son Fils dans la béatitude éternelle ». A cette fin, il demandait la prière de toute l’assemblée des fidèles ici présents.
Après quoi, le pape entonnait à genoux, le « Veni Creator Spiritus » » demandant les lumières du Saint Esprit avant de poser cet acte solennel. C’est alors qu’il lisait la finale de la Constitution apostolique « Munificentissimus Deus », se terminant par la définition elle-même, à savoir :
« C’est pourquoi, après avoir adressé à Dieu d’incessantes et suppliantes prières, et invoqué les lumières de l’Esprit de vérité, … par l’autorité de Notre Seigneur Jésus-Christ, des bienheureux apôtres Pierre et Paul, et par la Nôtre, Nous proclamons, déclarons et définissons que c’est un dogme divinement révélé que Marie, l’Immaculée Mère de Dieu toujours Vierge, à la fin du cours de sa vie terrestre, a été élevée en âme et en corps à la gloire céleste ».
Seule cette finale fut lue par le pape lors de la cérémonie.
Mais il me plait de survoler pour vous cette Constitution Apostolique « Munificentissimus Deus », sur le dogme de l’Assomption.
Dans cette Constitution Apostolique, le pape constate tout d’abord que la piété envers la Vierge Marie, Mère de Dieu est en « plein essor dans le peuple fidèle » et que c’est une grâce insigne qui est donnée à l’Eglise de ce temps « de pouvoir mettre en plus grande lumière le privilège de l’Assomption corporelle au ciel de la Vierge Marie, Mère de Dieu »
Il reconnaît que la croyance en l’Assomption de Marie au ciel était contenue déjà dans le dogme défini en 1859 par Pie IX, de « l’Immaculée Conception ». « Ce privilège de l’Assomption resplendit d’un nouvel éclat lorsque Pie IX définit solennellement le dogme de l’Immaculée Conception de la Mère de Dieu. « Ces deux privilèges, dit Pie XII, sont en effet très étroitement liés ». Ils s’appellent l’un l’autre Et Pie XII de l’expliquer très clairement : par son Immaculée Conception, ND a vaincu le péché ; elle a été exempte du péché originel, et de ce fait, elle n’a pas été sujette à la loi de demeurer dans la corruption du tombeau, et elle ne dut pas non plus attendre jusqu’à la fin du monde la rédemption de son corps.
C’est précisément ce qu’il définissait en ce jour du 1er novembre 1950, jour de la Toussaint.
Toutefois Pie XII, qui entendait la supplique des fidèles, prescrivit la poursuite des études patristiques, théologiques, liturgiques en vue de faire la pleine lumière en ce mystère.
Il consulta l’épiscopat, le 1er mai de l’année 1946 par une lettre « Deiparae Virginis Mariae ». Il demandait aux évêques : « Est-ce que vous, vénérables frères, dans votre grande sagesse et prudence, vous pensez que l’Assomption corporelle de la Bienheureuse Vierge puisse être proposée et définie comme dogme de foi et est-ce que vous, votre clergé et vos fidèles, vous désirez cela ? »
La réponse des évêques fut quasi unanime. Alors le pape tirait de cet avis unanime, « un argument certain et solide servant à établir que l’Assomption corporelle au ciel de la Bienheureuse Vierge Marie…est une vérité révélée par Dieu et par conséquent elle doit être crue fermement et fidèlement par tous les enfants de l’Eglise ». Car c’est bien ainsi que l’affirmait le Concile du Vatican, « on doit croire de foi divine et catholique toutes les choses contenues dans la parole de Dieu écrite ou transmise, et que l’Eglise propose à notre foi par son magistère ordinaire ou universel, comme des vérités révélées par Dieu ». C’était le cas !
Il invoque aussi l’art chrétien qui exprime la foi du peuple au Mystère de l’Assomption. Ce sont d’innombrables églises qui furent consacrées à Dieu en l’honneur de la Vierge Marie dans son Assomption. Ce sont d’innombrables chefs d’œuvre exposés dans nos églises à la vénération des fidèles et représentant aux yeux de tous ce singulier triomphe de la Bienheureuse Vierge Marie. Ce sont de nombreuses villes, diocèses, régions qui sont placées sous la protection et le patronage spéciaux de la Vierge Marie, élevée au ciel.
Il invoque la liturgie de l’Eglise qui est un lieu théologique. La liturgie confesse la croyance de l’Eglise à ce dogme. Tant en Orient qu’en Occident, depuis les temps anciens, furent célébrées des solennités liturgiques en l’honneur de l’Assomption de ND. Et c’et ainsi que Pie XII cite le « sacramentaire » qu’Adien 1er envoya à l’empereur Charlemagne où il est dit: « Vénérable est pour nous, Seigneur, la fête de ce jour, en lequel la Sainte Mère de Dieu, …ne put être humiliée par les liens de la mort, elle qui engendra dans sa chair, son Fils, Notre Seigneur ». Il cite le « Sacramentaire Gallican » ; Il invoque la liturgie byzantine qui voit ce mystère de l’assomption comme un corolaire de la maternité divine. Comment celle qui enfanta le Verbe de Vie put connaître un instant la corruption du corps : « Dieu, le Roi de l’univers, t’a accordé des choses qui dépassent la nature, de même il préserva ton corps de la corruption du tombeau et le glorifia par une divine translation »
Et le Siège de Rome ne fut pas le dernier à promouvoir cette dévotion de l’Assomption de ND. Saint Léon IV eut à cœur lui aussi de faire célébrer avec toujours plus de solennité la fête déjà établie sous le titre de l’Assomption de la BVM. A cette fin, il institua la Vigile que l’on a célébrée hier.
Les Pères de l’Eglise et ses docteurs ont prêché le mystère de l’Assomption. Ils l’ont mis en grande lumière. Ils associent tous le triomphe de ND en ce jour de l’Assomption, au triomphe de son Fils sur la mort.
Le pape cite surtout saint Jean Damascène qui multiplie les arguments : parce que ND enfanta le Verbe de Vie, « elle devait conserver son corps sans corruption même après la mort. Il fallait que Celle qui avait porté le Créateur comme enfant dans son sein, demeurât dans les divins tabernacles. Il fallait que l’Epouse que le Père s’était unie habitât le séjour du ciel. Il fallait que Celle qui avait vu son Fils sur la Croix et avait échappé au glaive de douleur en le mettant au monde, l’avait reçu en son sein, le contemplât encore siégeant avec son Père. Il fallait que la Mère de Dieu possédât tout ce qui appartient à son Fils et qu’elle fût honorée par toute créature comme la Mère de Dieu et sa servante ».
il cite saint Germain de Constantinople, les écrivains scolastiques qui affirment que l’Assomption est une question de piété : « Jésus-Christ, à cause de la piété à l’égard de sa Mère, a voulu l’élever au ciel ». Il cite aussi saint Thomas qui affirme que « le corps de Marie a été élevé au ciel avec son âme »
Il invoque également Saint Bernardin de Sienne, Saint François de sales, saint Alphonse qui écrit : « Jésus n’a pas voulu que le corps de Marie se corrompit après sa mort, car c’eût été un objet de honte pour lui si sa chair virginale était tombée en pourriture cette chair dont lui-même avait pris la sienne ».
Le pape, s’appuyant sur les saintes Lettres comme sur un solide fondement, affirme que les Ecritures nous proposent toujours l’auguste Mère de Dieu dans l’union la plus étroite avec son divin Fils et partageant toujours son sort. C’est pourquoi, il est impossible de considérer Celle qui a conçu le Christ, l’a mis au monde, nourri de son lait, portée dans ses bras et serré sur son sein, il est impossible de la voir séparée de lui, après cette vie terrestre, ni dans son âme ni dans son corps. Puisque notre Rédempteur est le Fils de Marie, et qu’il nourrit à l’endroit de sa Mère d’une profonde piété, il ne pouvait certainement pas, lui qui fut l’observateur de la loi divine le plus parfait, et qu’il en avait le pouvoir, ne pas honorer avec son Père éternel, sa Mère très aimée par son Assomption au Ciel. Il pouvait la parer du plus grand honneur et la gardait exempte de la corruption du tombeau. Il faut donc croire que c’est ce qu’il a fait en réalité.
Comme nous l’avons suggéré plus haut, Marie fut toujours étroitement unie à son Fils dans cette lutte contre Satan, lutte qui devait, ainsi que l’annonçait le protévangile, aboutir à une complète victoire sur le péché et la mort, qui sont toujours liés l’un à l’autre dans les écrits de saint Paul.
C’est pourquoi l’auguste Mère de Dieu, unie de toute éternité à Jésus-Christ, d’une manière mystérieuse, par un même et unique décret de prédestination, immaculée dans sa conception, Vierge très pure dans sa divine maternité, généreuse associée du Divin Rédempteur qui remporta un complet triomphe du péché et de ses suites, a enfin obtenu comme suprême couronnement de ses privilèges d’être gardée intacte de la corruption du sépulcre, en sorte que, comme son Fils, déjà auparavant, après sa victoire sur la mort, elle fut élevée dans son corps et dans son âme, à la gloire suprême du ciel où Reine, elle resplendirait à la droite de son Fils, Roi immortel des siècles ».
C’est alors que Pie XII proclama proprement dit le dogme de l’Assomption.