Cinq membres du bureau de Paix liturgique ont eu la grâce de participer au pèlerinage du peuple Summorum Pontificum qui s’est conclu ce dimanche 27 octobre par la célébration de la fête du Christ-Roi en la basilique de la Minerve par Mgr Fernando Rifan, ordinaire de l’Administration apostolique Saint-Jean-Marie-Vianney (Brésil). Nous reviendrons certainement sur ce pèlerinage qui a conduit les pèlerins de Saint-Raphaël, dont Mgr Guido Pozzo a présidé les Vêpres solennelles le 24 octobre, à Sainte-Catherine-de-Sienne, sur la châsse de laquelle a eu le privilège de célébrer Mgr Rifan – les Pères dominicains, qui ont la charge de la Basilique Santa Maria sopra Minerva, ayant fait la surprise aux organisateurs de libérer le chœur de la basilique de l’autel moderne qui l’occupe d’ordinaire.
Cependant, dans un premier temps, cette semaine, nous souhaitons simplement vous communiquer notre principale impression à notre retour de Rome : apud Petri Sedem, les catholiques « extraordinaires » sont traités comme des catholiques « ordinaires » ou, pour le dire sans jeu de mots, à Rome, la présence des représentants du peuple Summorum Pontificum est vécue normalement. Ni plus ni moins.
C’est donc forts d’une espérance toute simple que nous retrouvons nos paroisses et nos diocèses : que ce qui est possible et normal sur les bords du Tibre le soit aussi demain sur les bords de la Seine, de la Charente ou du Rhône.
I – LE MESSAGE DU PAPE FRANÇOIS AUX PÈLERINS
« À son Éminence Révérendissime, le cardinal Darío Castrillón Hoyos, à l’occasion du pèlerinage à Rome du Cœtus Internationalis Summorum Pontificum dans le cadre de l’Année de la Foi, Sa Sainteté le pape François adresse son cordial salut, souhaitant que la participation au pieux itinéraire auprès des tombes des apôtres suscite une fervente adhésion au Christ, célébré dans l’Eucharistie et dans le culte public de l’Église, et procure un élan renouvelé au témoignage évangélique.
Le Souverain Pontife, invoquant les dons de l’Esprit Saint et la maternelle protection de la Mère de Dieu, adresse de tout cœur à Votre Éminence, aux prélats, aux prêtres et à tous les fidèles présents à cette sainte célébration Sa bénédiction apostolique implorée, propitiatrice de paix et de ferveur spirituelle. »
Cette bénédiction du Saint-Père, sans la moindre restriction de style concernant la forme liturgique spécifique des fidèles et prêtres concernés (ils célèbrent « le culte public de l’Église » – point), a été lue lors de la messe à Saint-Pierre de Rome, le samedi 26 octobre, par Mgr Pozzo, Secrétaire de la Commission Ecclesia Dei. Ces lignes, signées du nouveau Secrétaire d’État, Mgr Parolin (il semble même que cela soit le premier message qu’il ait assumé), ont eu pour écho la vibrante homélie du cardinal Castrillón Hoyos, lui-même ancien Président de cette Commission et, à ce titre, principal artisan du Motu Proprio Summorum Pontificum, promulgué le 7 juillet 2007 par Benoît XVI.
Dans son homélie, le Cardinal, s’adressant au Souverain Pontife en usant d’un « nous » non pas de majesté mais collectif – le Cardinal se considérant comme membre du peuple Summorum Pontificum –, a en effet tenu à affirmer que « nous ne sommes pas seuls, Très Saint Père ; nous sommes avec des siècles d’Église et des légions de saints et de martyrs ». Un message fort qui est allé, on s’en doute, droit au cœur des pèlerins.
II – LES RÉFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE
1) Pour la seconde année, les pèlerins du peuple Summorum Pontificum sont entrés en procession à Saint-Pierre. Alors que les organisateurs étaient sur les dents le vendredi, en raison de l’interdiction qui leur avait été faite par la ville de Rome d’emprunter la via de la Conciliation faute d’effectifs de police suffisants, la procession a finalement pu, le samedi, remonter solennellement la majestueuse artère qui monte vers Saint-Pierre sous le regard des dizaines de milliers de personnes venues participer aux Journées de la famille. Ceci parce que les volontaires de l’Année de la Foi ont été mobilisés par le Vatican pour se substituer aux policiers municipaux comme ils le sont d’ordinaire pour tout autre groupe de pèlerins lors des grands événements. Tout simplement.
2) Pour la seconde année, un cardinal a célébré à l’autel de la Chaire. L’an dernier, le cardinal Cañizares, Préfet de la Congrégation du Culte divin, avait expliqué qu’il célébrait parce qu’il était selon lui « normal » de le faire. Cette année, le cardinal Castrillón, Préfet émérite de la Congrégation pour le Clergé, a fait un pas de plus et s’est rangé du côté des pèlerins en usant du pronom collectif « nous » dans son sermon, comme le ferait normalement tout pasteur conduisant ses brebis en pèlerinage dans un lieu saint. Cette année, et pour la première fois depuis que sont célébrées des messes à l’autel de la Chaire de saint Pierre (précédemment : en 2011, à l’initiative du Père Nuara, à la fin du Congrès Summorum Pontificum ; en 2012, à la fin du premier pèlerinage Summorum Pontificum), les services du cardinal Comastri, archiprêtre de la basilique vaticane, avaient cette année reculé l’autel au milieu du chœur. Un aménagement habituel lors des cérémonies qui demandent un vaste espace devant l’autel, notamment adopté pour les ordinations des membres du séminaire nord-américain. Puisque le service liturgique conforme aux prescriptions de la forme extraordinaire du rite romain se déploie mieux ainsi, on a fait de même pour lui. Tout simplement.
3) Pour la seconde année consécutive, le Secrétaire d’État a fait parvenir aux pèlerins un message du pape. La faveur n’est pas toujours accordée, mais il est dans les usages que les groupes notables de pèlerins ad Petri Sedem soient salués et encouragés par le Saint-Père. Les pèlerins Summorum Pontificum le sont aussi. Tout simplement.
4) Vous aurez compris, si nous soulignons cette « normalité » avec laquelle s’est déroulé ce pèlerinage – du moins dans sa dimension institutionnelle car, sur le plan spirituel, ces journées romaines ont été d’une exceptionnelle richesse –, c’est parce que, bien souvent encore, le traitement réservé aux cœtus (groupes de fidèles) Summorum Pontificum dans nos paroisses et nos diocèses est anormal. Combien de portes fermées ? de fins de non recevoir ? de « les conditions ne sont pas réunies » pour vous accorder l’application du Motu Proprio ? de « vous êtes ferment de divisions » ? de « laissez-moi le temps de consulter le conseil paroissial / mes confrères du doyenné / l’évêque » (rayez les mentions inutiles !) ?
Depuis 2011, les portes de Saint-Pierre sont grandes ouvertes aux catholiques Summorum Pontificum. Depuis 2012, le Pape leur souhaite la bienvenue : Merci Très Saint-Père… Depuis 2013, on leur donne toutes facilités. Nul doute qu’il en sera bientôt de même à Angoulême, à Lille ou à Langres.
ANNEXE – L’HOMMAGE DES PÈLERINS AU CARDINAL CASTRILLÓN HOYOS
Après la cérémonie, dans la Sacristie de Saint-Pierre, les responsables du Cœtus Internationalis Summorum Pontificum ont remercié le cardinal Castrillón Hoyos, non seulement pour la célébration du jour mais aussi, et surtout, pour son action de longue date en faveur de la paix et de la réconciliation. La Schola Sainte-Cécile s’est associée à ce moment chaleureux en entonnant un superbe Ad multos annos, le cardinal fêtant ce même jour le 61ème anniversaire de son ordination sacerdotale.
Voici le texte du message de remerciement lu au Cardinal en espagnol, à l’issue de la cérémonie :
« À S.E.R. Monsieur le Cardinal Darío Castrillón Hoyos, Préfet émérite de la Sacrée Congrégation pour le Clergé, Ancien Président de la Commission Pontificale Ecclesia Dei, Résolu défenseur durant des lustres du « droit de Cité » de la liturgie grégorienne, pour assurer la paix de l’Église et faire bénéficier tous les prêtres et fidèles catholiques, surtout les plus humbles d’entre eux, des inépuisables richesses de la vénérable tradition latine, Dont Sa Sainteté le Pape Benoît XVI a consacré en 2007 l’action patiente et vigoureuse dans son Motu Proprio Summorum Pontificum, Qui, le 27 octobre 2013, jour anniversaire de son ordination sacerdotale, a célébré à l’autel de la Chaire de l’Apôtre en la Basilique Vaticane, la messe pontificale pour le pèlerinage du Peuple Summorum Pontificum, au milieu d’un grand concours de prêtres et de fidèles, Les membres du Cœtus Internationalis Summorum Pontificum et la chorale Sainte-Cécile de Paris expriment leur extrême reconnaissance et leur affectueuse vénération.. »
Hommage des pèlerins au Cardinal Castrillón Hoyos, lu par le Père Diaz
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