Quelques réformes liturgiques possibles
publié dans nouvelles de chrétienté le 13 juin 2014
Quelques réformes liturgiques possibles
Pour Qu’Il Règne (FSSPX) – mai/juin 2014
Quand Paul VI fit subir à la liturgie romaine le plus important bouleversement de son histoire, il affirma se situer dans la continuité des réformes de Jean XXIII, Pie XII mais aussi Pie X. Toute la question est de cerner la différence entre le concept de réforme, qui est très traditionnel, et celui d’aggiornamento, qui a consisté à adapter la liturgie à la mentalité moderne.
Liturgicus
Au XXe siècle, beaucoup, à commencer par saint Pie X, ont estimé que des réformes liturgiques étaient nécessaires. Étant donné d’une part que le temps a manqué à Pie XII pour mener cette tâche à son terme et d’autre part que la révolution de Vatican II a empêché une véritable réforme, demandons-nous quelles sont les lignes d’une possible réforme liturgique authentique.
Soulignons tout d’abord qu’il ne s’agit pas de multiplier les souhaits de réformes. Il faut garder vivement conscience du fait que la liturgie, comme la foi, est un don, qu’on ne fabrique pas mais qu’on reçoit. Certes, la liturgie comporte des éléments d’institution humaine, sujets au changement mais de telles modifications ne ressortissent pas à la volonté individuelle de tout un chacun. Ils ne doivent être entrepris que par l’autorité compétente et seulement s’ils permettent vraiment de mieux servir les deux buts de la liturgie : rendre à Dieu un culte digne de sa majesté et aider les hommes à se sanctifier. Comme l’explique saint Thomas d’Aquin (S.T. II, I, q. 97, art. 2) : « On ne doit [donc] modifier une loi humaine que si l’avantage apporté au bien commun contrebalance le tort qui lui est porté par le fait [du changement] ».
Il nous faut commencer par avoir une vue d’ensemble de la liturgie, qui ne se limite évidemment pas à la messe. Son élément de base est le calendrier, fondement de toute l’articulation de la liturgie. Viennent ensuite les livres liturgiques et sacramentels : le bréviaire (livre de l’office divin ou heures canoniales), le missel (livre servant à la célébration de la messe et comprenant l’ordinaire et les propres), le pontifical (livre des fonctions liturgiques propres à l’évêque), le rituel (livre des sacrements et sacramentaux) et, coiffant le tout, le code des rubriques.
Le calendrier
Socle de l’organisation de la liturgie, le calendrier est une réalité complexe. Aussi n’est-il pas surprenant qu’il ait souvent été remanié. Ce n’est pas un mal en soi, en particulier pour le sanctoral, étant donné la nécessité d’ajouter régulièrement de nouveaux saints, mais le principal est que ces remaniements se fassent selon des principes qui respectent la continuité historique du calendrier. On sait que certaines des réformes de Pie XII dans ce domaine ont été considérées comme des innovations difficilement compatibles avec la tradition. C’est particulièrement le cas de la fête de saint Joseph artisan (1er mai). Dans la revue Itinéraires, Jean Crété a fait état d’une tentative de sabotage de la part de la très conservatrice Sacrée Congrégation des rites lorsque Pie XII a ordonné de composer un office et une messe pour cette nouvelle fête. Face aux progrès de l’athéisme, l’intention de ce pape était de sanctifier le travail et de préserver les ouvriers au marxisme, un peu à la façon dont, des siècles auparavant, les missionnaires avaient christianisé d’innombrables fêtes païennes. Il n’empêche que cette nouvelle fête présente des accents d’exaltation du travail humain (« O magnam dignitatem laboris ») qui semblent justement plus humains que surnaturels et la font apparaître moins comme la célébration de saint Joseph que comme celle des revendications sociales. Peut-être faudra-t-il revenir sur ce « 1er mai chrétien », d’autant qu’il existe la fête de saint Éloi, modèle tout indiqué du travail chrétien et encore fort populaire aujourd’hui dans le monde ouvrier.
On pourrait aussi souhaiter une distribution plus logique ou chronologique des fêtes de Notre-Dame dans l’année liturgique. Ainsi, la fête de la Visitation serait célébrée avant la naissance de saint Jean-Baptiste (par ex., le 31 mai), et à l’Assomption (15 août) succèderaient Marie Reine (22 août) et Marie Médiatrice (31 août). Le Cœur Immaculé pourrait être déplacé au 13 mai, en référence à Fatima (et saint Robert Bellarmin, actuellement fêté le 13 mais, serait déplacé à son « dies natalis », le 17 septembre).
L’office divin
Au XXe siècle, avant l’aggiornamento conciliaire, la liturgie des heures romaine a été réformée par saint Pie X et Pie XII. Quoiqu’ayant laissé intact le bréviaire monastique, ce premier avait entrepris ce qui est probablement la refonte la plus fondamentale de toute l’histoire du bréviaire romain. Après des remaniements aussi profonds, contentons-nous de quelques suggestions de détail. Aux Ténèbres (matines et laudes) du Triduum sacré, les flexes de certains psaumes sont placées à des endroits différents de ceux où elles se trouvent dans les mêmes psaumes pendant le reste de l’année. Ce détail qui n’apporte rien trouble les chœurs, en leur faisant commettre des erreurs de psalmodie. Mentionnons aussi l’adaptation souhaitable de la ponctuation des psaumes et des leçons de l’office divin, aux pratiques typographiques actuelles. Enfin, ne faudrait-il pas en revenir aux versions originales des hymnes de l’office réécrites en latin paganisant à la Renaissance ? Curieusement, c’est dans la liturgie des heures postconciliaire que ce point a été réglé. En effet, au milieu de tant de destructions, l’aggiornamento de Paul VI comporte quelques points isolés de vraie réforme, qui auraient pu être adoptés par ses prédécesseurs traditionnels.
Le pontifical
Dans le pontifical, on pourrait revenir sur certaines simplifications voire suppressions de symboles opérées par Jean XXIII, dans les cérémonies de bénédictions ou de consécrations d’objets. Mentionnons encore simplement la préface consécratoire d’ordination des prêtres. Mgr Tissier[i] lui-même reconnaît que, sur deux points bien précis (« et » au lieu de « ut » et « in his famulis » au lieu de « in hos famulos ») la formule de Paul VI apporte une plus grande précision dans la théologie du sacerdoce. Une telle amélioration aurait pu être apportée dans la cérémonie traditionnelle d’ordination.
Le missel
C’est dans la messe, propres et ordinaire, que se concentrent la plupart des réformes possibles. Le P. Calmel, dominicain, admet que, au moment où sont arrivées les réformes conciliaires, « il y avait certes quelques retouches à faire au missel » et poursuit : « j’y répugnais moins que personne, par exemple ajouter quelques préfaces anciennes, ne pas tant multiplier les génuflexions ». Ce sont des changements tout à fait limités. Aussi ajoute-t-il : « Mais Paul VI a fait tout autre chose (même quand il a fait aussi cela) ».[ii] Docteur en liturgie de l’institut pontifical St.-Anselme, le P. Romano Tommasi adopte une approche très circonspecte, en mettant en garde, à la suite de saint Thomas, contre un penchant excessif aux réformes : « Il serait difficile de trouver des réformes absolument nécessaires. Même en cherchant bien, je dois dire que le missel de 1962 est un travail de précision, de simplicité et de noble décorum en l’honneur de Notre Seigneur. Il y a très peu de choses qui exigent une amélioration ».[iii] Le P. Tommasi adopte une méthode intelligente quand il suggère de réformer en touchant le moins possible aux textes et en agissant par priorité sur les rubriques. C’est la manière la plus « légère » de réformer et, en limitant l’ampleur des changements, elle est bien dans l’esprit de l’Église.
On peut d’ailleurs distinguer les réformes qui demanderaient des changements de rubriques et celles qui sont déjà permises par les rubriques mais ne sont généralement pas mises à profit. Commençons par ces dernières.
– Aux grands-messes, tout le monde s’assoit en général au Gloria et au Credo. C’est difficilement compatible avec l’esprit de la liturgie et ce n’est d’ailleurs nullement obligatoire. Si on pense un instant aux textes qu’on chante, il est psychologiquement impossible de proférer un panégyrique ou de proclamer sa foi en étant assis. Il est significatif qu’à la confirmation, quand l’évêque fait réciter aux nouveaux confirmés le Credo, le Pater et l’Ave, il leur demande de se lever pour confesser leur foi. Concernant le Gloria et le Credo de la messe, il faut préciser qu’un principe général veut qu’on ne chante pas assis (les psaumes ayant fait petit à petit exception à cette règle). Comme le sens liturgique semble s’être perdu sur point, il serait utile qu’une rubrique impose de se tenir debout pendant ces deux chants. C’est d’ailleurs ce qu’a fait Paul VI, puisque, depuis 1969, l’art. 43 de l’IGMR cite le Gloria et le Credo parmi les moments où les fidèles doivent être debout. Voilà typiquement une réforme authentique au milieu des destructions de Paul VI. On peut d’ailleurs la mettre en œuvre sans plus attendre, puisque la rubrique générale n°523 du missel traditionnel laisse le choix : « Sacerdos sedere potest» (le prêtre peut s’asseoir).
– Aucune rubrique ne prescrit de moment pour fermer le banc de communion. Dans la pratique, il est souvent fermé à l’Agnus Dei. Certains prêtres tridentins ont gardé un sens liturgique authentique et le font fermer à l’offertoire ou au Sanctus mais ils sont peu nombreux. La fonction première du banc de communion est d’être une clôture entre l’autel et la nef. En anglais, il s’appelle d’ailleurs « altar rail ». Il distingue le sacerdoce ministériel et le sacerdoce commun, le laïcat et l’ordre. La signification du banc de communion est donc avant tout théologique. Sa fonction de balustrade pour la réception de la communion n’est pas à négliger mais elle est seconde. Étant donné la perte du sens théologique et liturgique sur ce point, il serait peut-être utile qu’une rubrique impose de fermer le banc de communion à l’offertoire (début de la liturgie eucharistique) ou au Sanctus (début du canon), pour que le peuple chrétien retrouve le sens intégral de ce meuble liturgique.
– Dans Mediator Dei, Pie XII a encouragé à distribuer à chaque messe des hosties consacrées au cours de cette même messe et à utiliser les hosties du tabernacle principalement pour la communion des malades. En effet, la communion consiste à manger la victime du sacrifice. En distribuant des hosties prises dans le tabernacle, on diminue ce lien entre le fait d’immoler la victime et de la manger ensuite. Il est d’ailleurs à noter que, dans tous les rits orientaux, on donne aux fidèles les hosties qui viennent d’être consacrées. Plutôt que de réduire la communion à une chose statique (une réserve permanente, dans laquelle on peut puiser aussi bien pendant la messe qu’en dehors, donc sans lien avec cette dernière), cette manière de faire souligne que l’agneau qui vient d’être sacrifié est distribué en nourriture. Non seulement Pie XII a encouragé cette pratique mais il est évident que rien ne s’y oppose : il ne reste plus qu’à la mettre en pratique.
– Actuellement, dans la liturgie traditionnelle, le baiser de paix ne se donne qu’entre clercs. Il part de l’autel, passe dans le sanctuaire puis est transmis aux éventuels clercs dans le chœur mais il ne sort pas du chœur. Il est intéressant de noter qu’en Orient, à l’exception du rit byzantin, tous les rits transmettent le baiser de paix jusqu’aux fidèles dans la nef, de façon hiérarchique, en un geste stylisé et recueilli. Au moment de la fraction « il ne serait pas difficile, et les rubriques le permettent, de faire passer au milieu des fidèles l’instrument appelé ‘baiser de paix’ ».[iv] Il ne s’agirait pas d’archéologisme, puisque, aux messes de Requiem, il existe encore en Belgique une pratique similaire à l’offrande, quand les fidèles viennent baiser l’Agnus Dei.
Voyons à présent quelques modifications qui demanderaient un changement de rubriques.
– L’abbé Grégoire Celier et Ingrid de Crayencour ont réfuté le préjugé selon lequel le lectionnaire du missel de 1970 serait meilleur que celui du missel de 1962.[v] Tous deux admettent toutefois qu’on pourrait envisager un enrichissement du lectionnaire du missel traditionnel. Les suggestions sérieuses ne manquent pas à ce sujet, depuis plus d’un siècle. Prenons-en quelques-unes.
Dans les projets de commission liturgique préparatoire au Concile[vi], on trouve par exemple une proposition très fouillée de Kahlefeld, dont la partie portant sur l’Avent est particulièrement intéressante. Les messes d’Avent reprennent en effet souvent les mêmes lectures (du dimanche précédent).
Mgr Klaus Gamber, lui, rappelle qu’il a longtemps existé des lectures supplémentaires facultatives, propres à certains lieux.[vii] Ces traditions locales, consacrées par l’usage et parfaitement respectables, auraient pu être exploités pour enrichir le lectionnaire romain.
Une des remarques les plus fécondes dans ce domaine est sans doute celle du chanoine Rose (Namur), qui fut membre consulteur du Consilium. Le meilleur enrichissement du lectionnaire serait celui qui prendrait pour base les lectures des Quatre-Temps. Aux samedis des Quatre-Temps, l’Église propose en effet jusqu’à cinq lectures en plus de l’épître et de l’évangile. Voilà qui aurait constitué une excellente base pour étendre un éventail de lectures plus large à l’ensemble de l’année.[viii] Malheureusement, Paul VI a fait tout le contraire, en supprimant les Quatre-Temps sous couleur de les rendre facultatifs.[ix]
– Toujours dans les propres du missel, un enrichissement en préfaces serait le bienvenu. D’ailleurs, parmi des créations nouvelles assez douteuses, certaines des « nouvelles » préfaces de Paul VI sont des préfaces anciennes, réintroduites. Pensons en particulier à celle du mariage. Cette question des préfaces est un des points les plus communément admis dans le monde tridentin et, de façon un peu différente, il est à noter que la FSSPX utilise en son sein, dans le monde entier, des préfaces théoriquement réservées à la France et à la Belgique. Voilà une double piste qui permettrait un enrichissement tout en excluant la fabrication de nouvelles préfaces.
– Aux messes chantées, le célébrant est tenu de réciter de son côté toutes les parties chantées par le chœur. « Ce doublement, explique le P. Tommasi, est injustifiable du point de vue historique et liturgique ».[x] En effet, à la messe basse, si le prêtre lit le Kyriale, le Credo et les chants du propre du jour, c’est tout simplement parce qu’il n’y a pas de chœur, mais l’exécution de ces textes est une fonction chorale, pas sacerdotale. « Les réformes du missel en 1962 avaient déjà remédié à cela pour ce qui concerne l’épître et l’évangile [chantés par le sous-diacre et le diacre] à la messe solennelle. Une vraie réforme aurait sans doute permis au prêtre de chanter le Credo, le Gloria etc. avec le chœur et l’assemblée. Sur ce point-là, le missel de 1965 a opéré un changement rubrical tout à fait justifiable ».
– Actuellement, aux messes basses, le prêtre monte une première fois à l’autel pour déposer le calice, déplier le corporal et ouvrir le missel. Seuls les prélats peuvent déposer le calice sur l’autel avant le début de la messe. Pour donner tout son sens à la montée du prêtre après les prières au bas de l’autel, ne serait-il pas utile de supprimer cette première montée ? Une telle réforme pourrait décréter que le calice reste sur la crédence jusqu’à l’offertoire. Au passage, cette manière de faire aurait l’avantage de mieux souligner la distinction entre messe des catéchumènes et messe des fidèles.
– Aux messes de carême, la postcommunion est suivie d’une ultime oraison, appelée « oratio super populum » (prière sur le peuple). Elle est introduite par l’appel du diacre (ou, à défaut, du prêtre) : « Inclinate capita vestra Deo » (Inclinez vos têtes devant Dieu). Hélas, on ne voit généralement personne incliner la tête. Que signifie donc cette monition si personne n’en tient compte ? Les mots sont un sens, que le peuple chrétien semble avoir oublié. Aussi faudrait-il peut-être une rubrique pour préciser que, à cet endroit, le peuple doit incliner la tête.
Semaine Sainte
La réforme de la Semaine Sainte par Pie XII fut, selon le mot du cardinal Antonelli, « l’acte le plus important dans l’histoire de la liturgie depuis saint Pie V ».[xi] Elle fut aussi – et reste – un des remaniements liturgiques les plus controversés depuis la réforme tridentine. À titre d’illustration, ces derniers mois une série de publications électroniques nullement fixistes ou étroites d’esprit (certaines provenant même du monde biritualiste) ont justement émis des critiques posées et sérieuses de la Semaine Sainte de 1955. Faut-il y voir un signe que cette réforme de Pie XII n’est en fin de compte pas si bien acceptée et qu’elle est destinée à être réévaluée le jour où aura lieu un réexamen général de la question liturgique ?
La critique la plus mémorable de la Semaine Sainte de Pie XII est sans doute celle de Mgr Gromier, consulteur à la Sacrée Congrégation des rites et membre de l’Académie pontificale de liturgie.[xii] D’un style exagérément acide, elle exprime néanmoins des objections solidement argumentées. Citons simplement quelques phrases d’une étude[xiii] qui s’y réfère : « Les changements ne se sont pas limités à des questions d’horaires, qui auraient pu légitimement être modifiés ». Pour ne donner qu’un aperçu , « le Dimanche des Rameaux, on a inventé une ritualité tournée vers le peuple ; le Jeudi Saint, on fait accéder des laïcs au chœur ; le Vendredi, on réduit les honneurs dus au Saint-Sacrement et on altère la vénération de la croix ; le Samedi, non seulement on laisse libre cours à la fantaisie réformatrice des experts, mais on démolit le symbolisme relatif au péché originel et au baptême comme porte d’accès à l’Eglise ». Par ailleurs, remarquons qu’à la veillée pascale, les lectures sont obligatoirement réduites de 12 à 4. Ne pourrait-on rendre cette réduction facultative, pour que les prêtres qui en ont la possibilité puissent faire proclamer les 12 lectures traditionnelles, qui sont capitales pour exposer l’histoire du salut en cette grande nuit de la rédemption ? Le pape Pie XII a eu raison de réformer la Semaine Sainte, mais une réforme revivifie la tradition en la respectant. Sur certains points, Pie XII s’est laissé emporter par des éléments progressistes, qui sont ceux qui fabriquèrent ensuite un rite nouveau « en laboratoire » sous Paul VI. Citons simplement le P. Braga, bras droit de Mgr Bugnini, qui comparait franchement la réforme de la veillée pascale à « un bélier qui a pénétré dans la forteresse de notre liturgie ».[xiv] N’oublions pas que, comme l’affirme Disputationes Theologicae, preuves à l’appui, Jean XXIII, conservateur en matière de liturgie, célébra en 1959 le Vendredi Saint en suivant les usages d’avant Pie XII. Il est donc probable que l’Église réévaluera un jour la Semaine Sainte de 1955, pour en rejeter ce qui est mauvais et y garder ce qui est bon.
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Les points proposés ci-dessous ne sont que quelques exemples de ce qu’il serait possible de réformer dans une optique traditionnelle, c’est-à-dire pour rendre à Dieu un culte plus beau et mieux assurer la sanctification des fidèles. Dans ce domaine, une des meilleures sources est le bienheureux cardinal Schuster, qui proposait en particulier d’enrichir les préfaces et les messes votives.[xv] En résumé, une réforme dans le sens où l’entend l’esprit de l’Église consiste à apporter posément des retouches dans une perspective de continuité et non à promulguer, comme l’a fait Paul VI, un raz-de-marée de changements qui consistent à tout refaire à neuf. On comprend ainsi pourquoi Mgr Lefebvre a décidé de s’arrêter sur les rubriques de Jean XXIII. En conclusion, l’important est de rester dans l’esprit de l’Église, qui confie cette matière au magistère, lequel a pour mission de faire croître lentement la liturgie comme une plante, sans jamais la fabriquer ex nihilo comme une nouvelle machine.
———-NOTES———-
[i] Voir tradinews.blogspot.be
[ii] P. Jean-Dominique Favre, Le Père Roger-Thomas Calmel, Éd. Clovis 2012, p. 443.
[iii] Entretien avec Stéphane Wailliez, in Catholica n°86, Paris 2004-2005, p. 68.
[iv] Dom Pius Parsch, La sainte messe expliquée dans son histoire et dans sa liturgie, Beyaert, Bruges 1938, p. 270.
[v] Lettre à nos frères prêtres n° 38 et Pour qu’il règne n°89.
[vi] In Angelo Lameri, La ‘Pontificia commissio de sacra liturgia praeparatoria Concilii Vaticani II’ – Documenti, testi, verbali, Edizioni Liturgiche, Centro liturgico vincenziano, Rome 2014, pp. 253-259.
[vii] La réforme liturgique en question, Éd. Ste-Madeleine 1992, pp. 59-63.
[viii] Le bienheureux Alfredo Schuster, archevêque de Milan et éminent liturgiste, proposait lui aussi d’introduire des lectures supplémentaires, pour enrichir le lectionnaire sans l’endommager aucunement.
[ix] Entretien avec Stéphane Wailliez dans le Courrier de Rome, juin 2004.
[x] Romano Tommasi, op. cit., p. 67.
[xi] Ferdinando Antonelli, La riforma liturgica della Settimana Santa: importanza, attualità, prospettive, in La restaurazione liturgica nell’opera di Pio XII. Atti del primo Congresso Internazionale di Liturgia Pastorale, Assisi-Roma, 12-22 settembre 1956, Gênes 1957.
[xii] La semaine sainte restaurée, Opus Dei 1962, pp. 76-90. On la trouve aussi sur civitas-dei.eu
[xiii] disputationes#1 et disputationes#2.
[xiv] Carlo Braga, « Maxima Redemptionis Nostrae Mysteria » 50 anni dopo (1955-2005), in Ecclesia Orans 23 (2006).
[xv] Voir son monumental Liber Sacramentorum, notes historiques et liturgiques sur le Missel Romain, en 9 volumes !