« Pour qui sonne le glas »?
publié dans regards sur le monde le 20 janvier 2015
Pour qui sonne le glas ?
SOURCE – DICI – 16 janvier 2015
Un million de manifestants scandant, le 11 janvier 2015 à Paris, le slogan « Je suis Charlie » et brandissant un stylo devenu le symbole de la liberté d’expression assassinée, telle est la version officielle, consensuelle et unanimiste, des médias et des partis politiques. Mais en réalité, quand on sait ce qu’est vraiment Charlie Hebdo, il aurait fallu faire dire à chacun de ces manifestants : je suis pour l’anarchie et le sacrilège comme ces caricaturistes qui représentaient la Sainte Vierge de façon obscène dans leur numéro de Noël ; je suis nihiliste et blasphémateur comme eux qui – il y a quelques années – dessinaient deux poubelles de tri sélectif avec l’inscription « ceci est mon corps » et « ceci est mon sang », ou plus récemment montraient un préservatif sous la forme d’une hostie.
Le 7 janvier, jour de l’attentat, le pape François a affirmé qu’il était impératif de « s’opposer à la haine et à toute forme de violence qui détruit la vie humaine, viole la dignité de la personne, mine radicalement le bien fondamental de la coexistence pacifique entre les personnes et les peuples, au delà des différences de nationalité, de religion et de culture ».
Et Mgr Stanislas Lalanne, évêque de Pontoise, et Mgr Pascal Delannoy, évêque de Saint-Denis, étaient les représentants officiels de l’Eglise à la manifestation du 11 janvier. Pendant ce temps-là, un des caricaturistes survivants de Charlie Hebdo déclarait « vomir sur ceux qui, subitement, disent être nos amis », en ironisant : « nous avons beaucoup de nouveaux amis, comme le pape, la reine Elizabeth ou Poutine : ça me fait bien rire ».
Le 8 janvier à midi, sous la pluie, la cathédrale Notre-Dame de Paris sonnait le glas. Pour qui sonnait ce glas?
Abbé Alain Lorans