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« Toute chair verra le salut de Dieu »

« Toute chair verra le salut de Dieu »

publié dans couvent saint-paul le 22 décembre 2009


Prédication pour le 4ème dimanche de l’Avent

« Toute chair verra le salut de Dieu »
parole du prophète Isaïe.

Et ce fut le rôle de saint Jean Baptiste de montrer au peuple, du doigt, à l’heure voulue par Dieu le Messie, le restaurateur du salut. Et cette heure est ici, dans cet Evangile, précisée : « ce (sera) au temps de la quinzième année du règne de Tibère César, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée… ». C’est le temps. Nous en commémorons le souvenir.

« Toute chair verra le salut de Dieu », nous dit le prophète Isaïe. Mais quel est-il ce Messie ? Quelles en sont les qualités ? En connaître les qualités me permettra de le voir et de le mieux accueillir, de ne point me tromper.

Ce salut, ce Messie, on le sait déjà par l’Ancien Testament, sortira de la descendance d’Adam par la femme. Il vaincra Satan. « Je mettrai une inimitié entre toi et la femme entre ta descendance et sa descendance. Celle-ci te brisera la tête et toi, tu lui mordras le talon » (Gen 3 15).

Ce Sauveur, fils de la femme – il ne sera donc pas un ange – descendra de la race de Sem. Il sera choisi dans le peuple hébreu. Cela résulte des promesses divines faites successivement aux Patriarches Abraham, Isaac et Jacob. A Abraham, il fut dit : « En toi seront bénis tous les peuples de la terre…dans ta postérité seront bénies toutes le Nations de la terre » (Gen 22 18) Et ces promesses furent répétées à Isaac et à Jacob. C’est donc par le rejeton d’Abraham, d’Isaac et de Jacob que sera accompli le salut qui est la revanche de Dieu annoncée à Adam, Dieu n’étant jamais vaincu.

Des 12 tribus sorties de Jacob, c’est celle de Juda qui aura l’honneur de donner le Sauveur. Jacob sur son lit de mort, le prédit : « Jacob appela ses fils et leur dit :  » Rassemblez-vous, et je vous annoncerai ce qui vous arrivera à la fin des jours. Rassemblez-vous et écoutez, fils de Jacob ; écoutez Israël, votre père….Toi, JUDA, tes frères te loueront; ta main sera sur le cou de tes ennemis; les fils de ton père se prosterneront devant toi. Juda est un jeune lion. Tu es remonté du carnage, mon fils! Il a ployé les genoux, il s’est couché comme un lion, comme une lionne : qui le fera lever ? Le sceptre ne s’éloignera point de Juda, ni le bâton de commandement d’entre ses pieds, jusqu’à ce que vienne Schiloh; c’est à lui que les peuples obéiront » (Gen 49 1-2 8-9).

Ainsi le Sauveur qui est-il ?

C’est celui qui est le descendant de la tribu de Juda. C’est celui à qui appartient le sceptre – c’est le sens du mot Schiloh – et ce possesseur du sceptre pacifiera le monde puisque toutes les nations se soumettront à lui. Le temps de son apparition est connu : elle aura lieu lorsque la tribu de Juda aura perdu sa suprématie… Ce sera le cas lorsque l’Empire romain étendra partout dans le monde connu la « pax romana ». Aujourd’hui, c’en est fait. Les jours sont accomplis. Et c’est pourquoi Jean Baptiste tient au peuple ce langage mystérieux : « Au milieu de vous, se tient quelqu’un que vous ne connaissez pas. C’est lui qui doit venir après moi, qui a été placé au-dessus de moi ; je ne suis pas digne de dénouer la courroie de sa sandale » (Jn )

Le sauveur qui est-il ?

Il sera prophète, l’interprète des volontés de Dieu sur la terre. Ainsi le décrit Moïse : « Et le Seigneur ton Dieu te suscitera du milieu de toi, d’entre tes frères, un prophète tel que moi: vous l’écouterez. C’est ce que tu as demandé au Seigneur ton Dieu, en Horeb, le jour de l’assemblée, en disant: «Que je n’entende plus la voix du Seigneur mon Dieu, et que je ne voie plus ce grand feu, de peur de mourir. Et le Seigneur me dit: «Ce qu’ils ont dit est bien.
Je leur susciterai du milieu de leurs frères un prophète tel que toi; je mettrai mes paroles dans sa bouche, et il leur dira tout ce que je lui commanderai » (Deut 18 15-18)
Ainsi le Pentateuque nous apprend
-quant à l’origine du Messie : il sera de la descendance d’Adam, de la race de Sem, du peuple hébreu, de la tribu de Juda
-quant à son rapport avec l’humanité : il sera vainqueur de Satan, une source de bénédiction pour toutes les nations. Il portera le sceptre de Juda, son ancêtre, il détruira l’empire des ennemis de Dieu, il sera prophète, comme Moïse et comme lui, libérateur, médiateur, législateur, mais supérieur à Moïse.
-quant au temps de sa venue : il n’apparaîtra que lorsque la tribu de Juda cessera de porter le sceptre, c’est-à-dire aura perdu la suprématie sur les autres tribus ;

Mais plus que cela encore.

Les psaumes de David, surtout le psaume 109, nous enseigne que ce salut, ce Messie, n’est rien d’autre que Dieu lui-même. Il est d’une si haute dignité que Dieu lui-même le fait asseoir à sa droite, lui fait partager son trône, honneur qui n’a jamais été accordé à une pure créature.
« Le Seigneur dit à mon Seigneur : « Assieds-toi à ma droite jusqu’à ce j’ai fait de tes ennemis l’escabeau de tes pieds »

« Assieds-toi à ma droite » : Cette place unique, cette distinction absolument refusée à toute créature tranche invinciblement la grande question de la divinité du Messie. Saint Paul est formel. Il porte le défi : « Auquel des Anges, Dieu a-t-il dit jamais : « Assieds-toi à ma droite jusqu’à ce que de tes ennemis je fasse l’escabeau de tes pieds ».
Le Messie règnera dans la gloire : tous ses ennemis étant devenus comme un escabeau sous ses pieds. Et moi, je tremble quant je vois tous ces hommes politiques qui n’ont que faire de la loi de Dieu. S’ils savaient la puissance du Dieu-Messie, ils craindraient…Mais ils s’en moquent.

Ce règne prendra son origine à Jérusalem et tout particulièrement à « Sion », le lieu le plus saint de Jérusalem, consacré qu’il était par la présence du Tabernacle et de l’Arche sainte. Il ne sera pas l’œuvre du bruit des armes mais l’ouvre de la vérité et la pratique des vertus. C’est ce que confirmera NSJC devant Pilate : « mon royaume n’est pas de ce monde. Si mon royaume était de ce monde, mes serviteur combattraient pour que je ne fusse pas livré aux juifs…Tu es Roi…Oui tu le dis. Je suis roi. Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité ; quiconque est de la vérité écoute ma voix ». (Jn 18 36-38).

De là, de Sion, il s’étendra jusqu’aux extrémités de la terre malgré tous les efforts de ses ennemis : « Dieu étendra de Sion le sceptre de ta puissance. Domine au milieu de tes ennemis » parce qu’Il est, ce Messie, consubstantiel au Père, au Dieu tout puissant.

Mais il est aussi, ce Messie, « prêtre selon l’ordre de Melchisédech » : « Dieu l’a juré. Il ne s’en repentira pas. Tu es prêtre pour l’éternité selon l’ordre de Melchisédech ». Et c’est pourquoi le Messie sera homme en même temps que Dieu. On sait en effet que tout prêtre est pris parmi les hommes, est tiré de l’humanité : « Tu es prêtre à la manière de Melchisédech ».

« Melchisédech ». On sait qu’il nous est présenté comme étant sans père, sans mère, c’est-à-dire sans généalogie connue. De même le Messie n’apparaîtra qu’une fois, au milieu des temps. Sa génération sera un mystère ineffable. « Qui la racontera » nous dit Isaïe (Is 3 8). Il sera sans père sur la terre…Saint Joseph est son père putatif. Sans mère au ciel. Après avoir accompli son ministère de Pontife, il disparaîtra lui aussi de cette terre, sans laisser de sa personne ici bas aucune trace sensible.

« Melchisédech » : Mais c’est le prêtre du sacrifice. Il offrit un sacrifice de pain et de vin en action de grâces de la victoire que Dieu avait fait remporter à Abraham. Ce pain et ce vin offerts à Dieu furent ensuite distribués par le prêtre du Très Haut à tous ceux qui avaient combattu et vaincu avec Lui afin que cette nourriture réparât leurs forces. Ainsi en sera-t-il aussi du Messie et de son sacrifice eucharistique qui répare les forces de ceux qui combattent avec Lui.

Mais ce Messie de gloire, de gloire toute spirituelle et éternelle, sera aussi, décrit par les prophètes, comme un Messie de souffrances. Il connaîtra l’humiliation et la mort. Dans la personne et la vie du Sauveur, il y aura un caractère d’humiliation et de souffrance.
Il sera le fruit d’une vierge, de La Vierge : « Voici que la vierge conçoit et enfante un fils et elle lui donnera le nom d’Emmanuel » (Is 7 14-15)

Il sera un médiateur pacifique entre Dieu et l’humanité toute entière. Il apportera à tous le plus précieux des biens : la rédemption, le salut ( Is 42 1-9) . Mais dans cette œuvre, il sera l’objet des contradictions. Il descendra au plus bas degré des humiliations, des souffrances, pour être élevé, de là, au plus haut sommet de la glorification. Car il se sera dévoué volontairement comme victime innocente pour les péchés de tous.
C’est le fameux récit du Serviteur souffrant d’Isaïe au chapitre 52.

Ainsi avant qu’il soit né son histoire est écrite…

Mais ce n’était pas seulement les paroles qui nous le faisaient connaître pour que le peuple puisse le reconnaître, c’étaient également les figures de l’Ancien Testament qui nous l’annonçaient et en décernaient les traits. Isaac, le fils d’Abraham, conduit sur la montagne pour être offert, par ordre divin, en sacrifice représente d’avance le Christ souffrant. Joseph, vendu par ses frères est l’image de Jésus vendu par Judas. Il en est de même du saint homme Job, l’homme des douleurs, comme le Christ le sera. Son corps ne sera un jour qu’une plaie.

Mais il faut aussi citer les nombreux symboles qui annoncent le Messie. J’évoquerai la belle figure du serpent d’airain, figure de la Croix du Christ. Il suffisait que le peuple juif lève les yeux vers le serpent d’airain mis sur le bois élevé pour qu’il soit sauvé. Jésus lui-même se comparera à ce serpent d’airain. Il parlera un jour à Nicodème et lui dira : « Comme Moïse a élevé le serpent dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais qu’il ait la vie éternelle » (Jn 3 14-15)

Et tous les sacrifices de l’Ancien Testament sont comme des images annonçant le sacrifice du Christ : le sacrifice de l’Agneau pascal ; le sacrifice du bouc émissaire. Vraiment tout l’Ancien Testament est une annonce du Messie et de sa venue. Et Jean Baptiste le montrera du doigt au peuple juif, lui qui fut sanctifié dans le sein de sa mère, Elisabeth à la seule audition de sa voix, non point, à la seule audition de la voix de sa Mère, preuve, s’il en fallait encore une, de la toute puissance de Marie dans l’œuvre salvifique. Elle est vraiment médiatrice de toutes grâces, co-rédemptrice. Et c’est pourquoi saint Jean Baptiste pourra affirmer: « voici l’Agneau de Dieu, voici celui qui enlève le péché du monde ». C’est Lui le Messie. Et grâce à lui : « toute chair put voir le salut de Dieu »

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