Le « j’accuse » du P Boulad . A lire. A voir son émission sur TV libertés.
publié dans regards sur le monde le 2 octobre 2017
Egypte : « La charité sans la vérité, cela ne va pas ! », dit le P. Boulad
Le 20 septembre 2017, le pape François a reçu Mohammed al-Issa, secrétaire général de la Ligue Islamique Mondiale et ancien ministre saoudien de la justice. Accompagné de sa délégation. Al-Issa s’est ensuite entretenu avec le cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le Dialogue Interreligieux.
Tous deux ont affirmé que religion et violence sont incompatibles et qu’un « effort conjoint est nécessaire pour mettre fin au fondamentalisme ». A cet effet, ils ont convenu d’établir prochainement un comité permanent. La Ligue Islamique Mondiale (LIM) est une ONG musulmane, fondée en 1962 à La Mecque (Arabie saoudite) par le prince Fayçal avec le concours de représentants de 22 pays, qui œuvre à la promotion de l’islam, peut-on lire sur son site, où elle déclare condamner « toutes les formes de violence et de terrorisme ».
Deux mois auparavant, le père Henri Boulad s.j., de passage en France, a répondu aux questions de Martial Bild sur TVLibertés. L’entretien, diffusé le 20 juillet, fut l’occasion d’évoquer la lettre du jésuite intitulée J’accuse, écrite à la suite des attentats du dimanche des Rameaux 9 avril 2017 dans deux églises d’Egypte, et publiée dès le 19 avril 2017 par le site internet dreuz.info. Jésuite égypto-libanais de rite melkite, âgé de 86 ans, né à Alexandrie, le père Henri Boulad vit en Egypte, et fut supérieur des Jésuites à Alexandrie, supérieur régional des Jésuites d’Egypte, professeur de théologie au Caire, directeur de Caritas-Egypte et vice-président de Caritas Internationalis pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. La famille Boulad est une vieille famille syrienne chrétienne, catholique de rite melkite, originaire de Damas. Nous reportons ici ses propos tenus cet été, éclairés par des extraits de son « J’accuse » auquel il se réfère.
« J’ai décidé de dénoncer la source de ce terrorisme : la source principale de radicalisation dans le monde c’est l’Université al-Azhar », précise-t-il, en dénonçant l’université du Caire comme la source de cette idéologie mortifère où son enseignement est l’enseignement officiel de l’islam. Et d’ajouter : « J’accuse l’islam mais je n’accuse pas les musulmans », qui sont les premières victimes de l’islam.
J’accuse tout simplement l’islam qui, par nature, est à la fois politique et radical. Comme je l’avais déjà écrit il y a plus de vingt-cinq ans, l’islamisme c’est l’islam à découvert, dans toute sa logique et sa rigueur. Il est porteur d’un projet de société visant à établir un califat mondial fondé sur la charia, seule loi légitime, parce que divine. Il s’agit là d’un projet global et globalisant, total, totalisant, totalitaire.
J’accuse de mensonge délibéré ceux qui prétendent que les atrocités commises par des musulmans « n’ont rien à voir avec l’islam ». Or, c’est bien au nom du Coran et de ses injonctions claires que ces crimes sont perpétrés. Le seul fait que l’appel à la prière et l’incitation au meurtre des infidèles soient précédés du même cri, Allah-ou akbar (Dieu est le plus grand) est hautement significatif.
J’accuse l’Azhar, censé incarner l’islam modéré, de nourrir un esprit de fanatisme, d’intolérance et de haine chez des millions d’étudiants et d’imams venant du monde entier se former auprès de ses institutions. Il devient ainsi une des sources principales de terrorisme dans le monde.
Au cours de l’entretien, le père Boulad n’hésite pas à s’élever contre « le courant qui a été amorcé avec le décret Nostra ætate de Vatican II (28 octobre 1965) où a commencé un dialogue qui se voulait ouvert, accueillant, compréhensif avec les musulmans ». Et de déclarer : Depuis cinquante ans on n’a pas fait un pas en avant… et nous sommes dans l’impasse. La conclusion du dialogue avec un cheikh d’al-Azhar a été « tous les chrétiens iront en enfer ». Rien ne bouge et rien n’a bougé pendant onze siècles, insiste-t-il. « Ce que je demande c’est un dialogue fondé sur la vérité ; la charité sans la vérité, cela ne va pas ! »
J’accuse les érudits musulmans du Xe siècle d’avoir promulgué des décrets – devenus irréversibles – menant l’islam dans l’impasse d’aujourd’hui. Le premier de ces décrets – celui de l’abrogeant et de l’abrogé – a consisté à donner la primauté aux versets médinois, porteurs de violence et d’intolérance, au détriment des versets mecquois invitant à la paix et à la concorde.
Pour rendre ce verdict irréversible, deux autres décrets furent promulgués : celui de déclarer le Coran « parole incréée d’Allah », donc immuable ; et celui d’interdire tout effort ultérieur d’interprétation en déclarant « la porte de l’ijtihad [effort de réflexion] définitivement close ». La sacralisation de ces décisions a fossilisé la pensée musulmane et contribué à maintenir les pays islamiques dans un état d’arriération et de stagnation chronique.
J’accuse l’Eglise catholique de poursuivre avec l’Islam un “dialogue” fondé sur la complaisance, les compromissions et la duplicité. Après plus de cinquante années d’initiatives à sens unique, un tel monologue est aujourd’hui au point mort. En cédant au « politiquement correct » et sous prétexte de ne pas froisser l’interlocuteur musulman au nom du « vivre ensemble », on évite soigneusement les questions épineuses et vitales. Tout vrai dialogue commence par la vérité.
Enfin, précise le père Henri Boulad : « J’ai écrit deux lettres au pape François sur le sujet de l’islam et l’immigration massive qu’il encourage en Europe. La première lettre lui a été remise par le cardinal Schönborn en mains propres. La deuxième, traduite en espagnol, lui a été remise par un ami, évêque égyptien, il y a trois mois lors de sa visite ad limina. Il ne m’a pas répondu ! à moi son confrère, son aîné qui ai quelque chose à lui dire… je lui ai proposé de le rencontrer, de dialoguer. Fin de non-recevoir. »