A saint jean de Passy…Les conséquences de la loi de 1958, honteusement acceptée par l’épiscopat pour de simples questions financières r
publié dans regards sur le monde le 12 juin 2020
Il faut commencer, bien sûr, par le résumé des épisodes précédents.
Un audit sur les relations de travail a été diligenté à Saint-Jean de Passy par le conseil d’administration où siègent la direction diocésaine et l’APEL (association de parents d’élèves). En tout début de confinement est initiée une procédure de licenciement envers deux dirigeants, dont le directeur. La plainte émanerait de cadres et d’enseignants.
Une levée de boucliers des parents d’élèves et de professeurs démontre un fort soutien de la direction et une réprobation tant sur le fond que sur la méthode employée. Une pétition est largement signée, des témoignages sont apportés en soutien des dirigeants dans le collimateur. Le bureau de l’APEL est divisé, des membres démissionnent.
Monseigneur Aupetit tente de calmer les esprits, demande une deuxième mission d’audit et missionne un modérateur. Le CA et Mgr Aupetit confirment le licenciement.
Des parents d’élèves convoquent une assemblée générale de l’APEL afin de révoquer leur bureau et leur représentante au conseil d’administration. Fin du dernier épisode. Le résultat du scrutin révoque la seule présidente du bureau de l’APEL.
Un tsunami dans le monde bien élevé des assemblées générales et des conseils d’administration. Les prochaines réunions seront sportives ! Petit aparté : n’ayant aucun accès aux détails, je n’ai aucune opinion sur le bien-fondé des licenciements prononcés.
Quelques réflexions en vrac :
En 2014, il y avait eu la cabale de Gerson, à Paris XVIe, contre une intervention d’Alliance VITA au sujet de l’avortement. En 2017, à Sainte-Croix de Neuilly, une brochure avait été retirée sous prétexte qu’elle serait homophobe et hostile à l’avortement. En 2018, des professeurs de l’école Sainte-Marie de Meaux avaient fait grève pour protester contre la nomination d’une nouvelle directrice, une ex de Gerson, dont le catholicisme aurait été trop marqué à leur goût (la candidate avait renoncé). Il y a, parmi les parents d’élèves des écoles catholiques, et surtout chez des professeurs, des personnes qui souhaitent gommer toute trace de catholicisme. Pourquoi semblent-ils avoir tant de pouvoir ? La réponse est évidente : parce qu’on le leur laisse, sans doute par peur du monde. La gouvernance chez les cathos a des progrès à faire.
Un ami maronite me racontait que, chez les bons pères où il avait étudié au Liban, un camarade musulman issu d’une famille indigente mais extrêmement brillant était accueilli parmi les jeunes pour y suivre avec brio la même scolarité, et il était, aussi et bien que musulman, premier en catéchisme. Autres temps, autre lieux.
La plupart des personnes, en ce monde, ne choisissent pas avec qui ils travaillent, ni qui les dirige pour faire ce travail, ni quels seront leurs subordonnés s’ils ont à en avoir. De même, il est rare, sauf peut-être dans les SCOP [1], que la structure qui les emploie fasse émerger chez tous les salariés un consensus largement partagé sur sa vision, ses objectifs, ses méthodes. C’est peut-être injuste, comme la vie est injuste, mais c’est comme ça et pas autrement.
Si l’enseignement catholique séduit des parents qui ne le sont pas, il ne serait pas incongru d’exiger d’eux et de leurs enfants un respect absolu de tout l’enseignement spécifiquement catholique, y compris périscolaire, et une loyauté envers tout l’établissement.
En bref, l’enseignement catholique ne devrait-il redevenir maître chez lui, cesser d’avoir honte d’être catholique et assumer tout ce qu’implique sa catholicité, y compris ce qui est à contretemps du monde ?
[1] SCOP : société coopérative ouvrière de production : société où « tous » les salariés sont associés au capital.