Prédication pour le 4ème dimanche après la Pentecôte
publié dans couvent saint-paul le 19 juin 2010
Prédication pour le 4ème dimanche après la Pentecôte
Deuxième cérémonie de la communion solennelle
Le 20 juin 2010
Vous connaissez maintenant la formule que vous allez prononcer, dans un instant : «Je renonce à Satan, à ses œuvres et à ses pompes et je m’attache à Jésus-Christ pour toujours »
Vous me permettrez de m’arrêter aujourd’hui surtout et uniquement même à la deuxième partie de la phrase : « je m’attache à Jésus-Christ pour toujours ». J’aime ce qui est positif et moins ce qui est négatif.
Mes bien chers enfants, pourquoi cette phrase, pourquoi cette affirmation ?
Pour quelles raisons pouvons nous dire et devons même nous dire, petits ou grands : « Je m’attache à Jésus-Christ pour toujours ».
Il me semble que les textes de cette messe nous permettent de trouver les raisons, sinon toutes, il y a en tellement, du moins certaines et certainement les plus importantes.
Ecoutez l’introït de la messe :
« Le Seigneur est ma lumière et mon salut ; qui craindrai-je » « quem timebo ». C’est un futur. Ce n’est pas un conditionnel. Ce n’est pas une affirmation hypothétique, conditionnelle. C’est une certitude. « Qui craindrai-je ? ». Personne. Rien.
Si en effet NSJC est « lumière », « ma lumière », en suivant cette lumière, je ne marche pas dans les ténèbres. Je marche au grand jour. Je marche d’un pas assuré. Je marche avec allégresse, comme une « guide scoute» fière de sa foi et cheveux au vent, pleine de joie et de lumière, se réjouissant du spectacle de la beauté de la nature qu’elle traverse d’un pas allègre, se réjouissant de la beauté de la foi.
Dans les ténèbres, au contraire, je marche avec hésitation, d’un pas hésitant, tremblant, avec incertitude, comme à tâtons. Je suis comme un aveugle cherchant son chemin avec crainte.
Et c’est ainsi que trouver la lumière est une des choses les plus importantes pour ma vie.
Or NSJC est lumière. Il est la lumière. C’est la première affirmation de Saint Jean dans le Prologue de son Evangile : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu et le Verbe était Dieu…En lui était la vie et la vie était la lumière des hommes. Et la lumière brille dans les ténèbres ».
Jean, le Baptiste n’était pas la lumière, lui, mais il est venu « pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous crussent par lui ». Oui ! Le « Verbe est la lumière qui éclaire toute homme venant en ce monde ».
Le cierge que vous portez fièrement en vos mains, symbole de la lumière qu’est le Christ, montre, à l’évidence, à tous, à vous-même d’abord, à vos parents ensuite et enfin à toute la communauté de Rolleboise, que vous avez choisi cette lumière, le Christ et que vous « voulez vous attacher à Jésus-Christ pour toujours ». Cette Lumière – le Christ- est en vos mains parce qu’Elle est d’abord en vos cœurs. C’est parce qu’elle est aimée de vos cœurs que vous n’hésitez pas à la porter à la main, à la saisir fermement. Vous avez cette lumière en main – le Christ – parce que vous l’avez « reconnu » comme votre lumière. Et parce que vous l’avez « reconnu », vous l’avez aussi « reçu » dans la générosité de votre cœur.
Et vous avez bien fait et de la reconnaître et de la recevoir – cette lumière- parce que, comme l’enseigne NSJC en saint Jean : « Je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie » (Jn 8 12). Voilà trouvée une première raison de suivre le Christ et de m’attacher à Lui : « Il aura la lumière de la vie ». Comme c’est important d’avoir la « lumière de la vie ». Soyez y fidèles.
Et vous avez bien fait et de la reconnaître et de la recevoir – cette lumière – parce que, comme le dit encore saint Jean, un peu plus loin, dans le même évangile : « A tous ceux qui l’ont reçu – cette lumière ou le Christ -, à ceux qui croient en son nom, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, enfants…nés de Dieu ». Voilà le plus grand des bienfaits : « être fait enfant de Dieu ». Voilà ce que nous apporte cette Lumière, ce Christ, le Fils de Dieu. Ce qu’Il est par nature, Fils de Dieu, nous le sommes par grâce, par gratuité. N’ai-je pas raison de «m’attacher à Jésus pour toujours » ? Puisque de la foi au Christ, jaillit ma filiation divine. N’ai-je pas raison de « m’attacher à Jésus-Christ pour toujours » ?
Mais bien sur que si, puisque, nous dit encore saint Jean, Il n’est pas seulement la lumière mais Il est aussi « la grâce et la vérité ». C’est par Jésus-Christ que ces deux biens nous sont venus : la grâce et la vérité. Il est celui qui nous donne la grâce, qui fait de nous des enfants de Dieu, mais il est aussi la « vérité », Celui qui nous révèle le Père. Il est le révélateur de Dieu. Un jour Jésus dit aux Juifs : « Celui qui m’a envoyé est véridique, et ce que j’ai entendu de lui, je le dis au monde » (Jn 8 29). Et Il poursuit : « lorsque vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous connaîtrez qui je suis, et que je ne fais rien de moi-même, mais que je dis ce que mon Père m’a enseigné. Et celui qui m’a envoyé est avec moi, et il ne m’a pas laissé seul parce que je fais tout ce qu’il lui plait ». C’est bien là un autre motif de m’attacher à NSJC pour toujours. A ses côtés, grâce à son enseignement, je connais Dieu le Père. « Qui me voit, voit le Père. Ne crois-tu pas, Philippe, que je suis dans le Père et que le Père est en moi ». Cette possession de la vérité, grâce au Christ, n’est-ce pas une douce consolation pour mon intelligence. Je sais où trouver la vérité de Dieu, en Jésus-Christ. Et en l’Eglise qu’Il a fondée pour garder sa parole et la communiquer au monde. Grâce à sa parole, à celle de l’Eglise, Dieu ne m’est plus un inconnu. Je peux le connaître avec certitude. Je ne suis pas exposé au dévoiement de l’agnosticisme contemporain, je ne suis pas menacé par le relativisme moral ni doctrinal. Je connais grâce à la parole révélée, les commandements de Dieu. Je sais que mon premier devoir c’est l’amour de Dieu, son service, sa louange et si je ne le fais pas, je sais que je ne respecte pas la justice, je vis dans l’injustice. Si je ne loue pas Dieu, je sais que je ne rends pas à Dieu ce qui lui est du : la confession de sa grandeur, la confession de ma suggestion, de ma soumission. Je sais que mon deuxième devoir, c’est l’amour et le respect de mes parents, de ma patrie. D’une famille chrétienne, je serai chrétien. D’une nation catholique, la France, je serai catholique, pour mille raisons…certes, mais la piété filiale ne sera pas, pour moi, la dernière des raisons. Dans un temps où l’islam veut imposer ses coutumes barbares sur un sol catholique, j’aurai la fierté du nom chrétien comme du temps des croisades, comme du temps de la bataille de Lépante et l’appel au dialogue, dans ces conditions, me surprendra toujours… Je sais que je ne dois ni tuer, ni voler. etc…
Grâce à la parole du Christ-Jésus, je peux posséder Dieu dans son mystère, dans son mystère trinitaire. Je peux le contempler dans le mystère de son infini miséricorde, dans son infinie bonté. « Dieu est amour » proclame Saint Jean dans son évangile. Jésus-Christ m’a révélé cette bonté, cette miséricorde en mille paraboles : la parabole de l’enfant prodigue, la parabole du bon samaritain, la parabole du Bon Pasteur, la parabole des vignerons homicides. Oui, paraboles simples et lumineuses sur la bonté de Dieu. Mais surtout, grâce au Christ et à son mystère rédempteur, grâce à la réalisation de cette rédemption, je peux contempler l’immensité de la bonté de Dieu par l’immensité du don que nous donne et le Christ et son Père : à savoir le don du Ciel par la Croix qui triomphe de Satan et de son esclavage. Le don du Ciel et donc de « la gloire à venir ». C’est l’enseignement qu’a recueilli saint Paul de la bouche du Christ sur le chemin de Damas : « J’estime que les souffrances du temps présent n’ont pas de proportion avec la gloire à venir qui sera manifesté en nous ». Ce don de la gloire céleste qui me vient du Christ et nullement de mes mérites est là encore une nouvelle raison de ma résolution de « m’attacher à Jésus-Christ pour toujours ». Insensé, je serais si je quittais la main de celui qui veut me donner mille lingots seulement pour la beauté de mes yeux. Mais qu’est-ce que mille lingots terrestres par rapport aux lingots du ciel, au lingot qu’est le ciel ? par rapport à la joie que sera « la manifestation des enfants de Dieu », par rapport à la « participation de la glorieuse liberté des enfants de Dieu ».
« La glorieuse liberté des enfants de Dieu ». Le monde aujourd’hui se croit libre… alors qu’il est dans l’esclavage des sens, il se croit libre alors qu’il vit dans la nuit de l’intelligence, il se croit libre alors qu’il vit dans l’esclavage de l’orgueil, dans la suffisance et l’étroitesse de sa petitesse. Il vit « recroqueviller » sur lui-même, -c’est l’immanentisme moderniste – sans horizon transcendant, sans horizon infini, exaltant, seul capable d’assouvir la soif d’absolu inhérent aux facultés spirituelles de l’homme. Cet absolu, le Christ et sa révélation, nous le donnent en sa rédemption puisque nous attendons « l’adoption des enfants de Dieu » qui inclut aussi « la rédemption de notre corps en Jésus-Christ Notre Seigneur ». « Je crois à la résurrection de la chair ». Tout cela ne justifie-t-il mon choix de m’attacher à Jésus Christ pour toujours et de porter avec vaillance, pas seulement aujourd’hui, mais demain encore, ce cierge allumé, symbole de ma foi ?
Avec le Christ, j’aime aller sur la barque que choisit le Christ, c’est en cet « univers » que le Christ nous appelle. . « Duc in altum » dit NSJC à Saint Pierre : « Va au large ». J’aime le grand large. J’aime le vent de la mer, j’aime les vagues et les difficultés de la vie qu’elles symbolisent. J’aime l’horizon sans fin qui me fait penser à l’infini, à l’infinité de Dieu. J’aime le ciel plus beau sur la barque que sur la terre parce que je suis avec Jésus. J’aime la liberté des mouvements et des vagues. J’aime la ligne d’horizon sans fin, au-delà de mon pouvoir, mais aussi parce que sans fin, un appel à me dépasser sans cesse, à me transcender, malgré la petitesse de ma nature. Le Christ m’appelle à la magnificence, à l’amour des grandes choses, à la magnanimité, à la grandeur d’âme. C’est la signification de la largeur de la mer, de la pêche miraculeuse. « Je peux tout en celui qui me fortifie », dira un jour Saint Paul. Et saint Pierre, aujourd’hui, dans ce récit, peut tout, se confiant en la parole du Christ : « Maître, nous avons travaillé toute la nuit sans rien prendre ; mais, sur votre parole, je jetterai le filet ». Alors les filets en vinrent à craquer tant la prise de poissons fut importante. Ces exemples, celui de saint Paul, de saint Pierre me confirment encore dans mon choix de m’attacher à Jésus-Christ pour toujours si je veux connaître magnanimité et magnificence. Le Christ est la raison du succès et de la gloire.
Mais enfin et ce sera l’ultime raison : que prouve ce miracle de la pèche miraculeuse ici raconté en saint Luc, sinon la divinité de NSJC ? N’est-ce pas la raison essentielle de mon attachement à Jésus-Christ pour toujours ? Bien sur que si.
Concluons : sont bien légers et prétentieux, outrecuidants et mensongers ceux qui cachent toutes ces vérités, ici rappelées, dans leur coeur voulant vivre comme si Dieu n’existait pas, sans s’attacher à Jésus-Christ pour toujours. Amen.