Les Nouvelles de Chrétienté n°180 : le voyage apostolique de Benoît XVI en Palestine
publié dans nouvelles de chrétienté le 5 juin 2009
Cérémonie de bienvenue à Bethléem
Nous publions ci-dessous le texte du discours que le pape Benoît XVI a prononcé le mercredi 13 mai, au matin, à son arrivée à Bethléem, devant le palais présidentiel, en présence du président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas et des autorités locales, civiles et religieuses. Le pape a parlé en faveur de la création d’un Etat palestinien mais aussi en faveur du renoncement au terrorisme
Monsieur le président,
Chers amis,
Je vous salue de tout cœur et je remercie chaleureusement le président, M. Mahmoud Abbas, de ses paroles de bienvenue. Mon pèlerinage aux pays de la Bible ne serait pas complet sans une visite à Bethléem, la Cité de David, et le lieu de naissance de Jésus Christ. Et je ne pouvais pas non plus venir en Terre sainte sans accepter l’aimable invitation du président Abbas à visiter ces Territoires et saluer le peuple palestinien.
Je sais combien vous avez souffert et continuez à souffrir du fait des troubles qui ont affligé ce pays depuis des décennies. Mon cœur va rejoindre toutes les familles qui sont restées sans abri. Cet après midi, je rendrai visite au Camp de réfugiés de Aida pour exprimer ma solidarité avec le peuple qui a tant perdu. A ceux qui parmi vous pleurent la perte de membres de leur famille et d’êtres chers, pendant les hostilités, spécialement le récent conflit de Gaza, j’offre l’assurance de ma profonde compassion et de mon souvenir fréquent dans la prière. Bien sûr je vous garde tous dans mes prières quotidiennes et je demande sincèrement au Tout Puissant la paix, une paix juste et durable, dans les Territoires palestiniens et dans toute la région.
M. le président, le Saint-Siège soutient le droit de votre peuple à une patrie palestinienne souveraine dans le pays de vos ancêtres, dans la sécurité et la paix avec ses voisins, dans des frontières reconnues de façon internationale.
Même si pour le moment ce but semble loin d’être atteint, je vous presse, vous et tout votre peuple, de garder vivante la flamme de l’espérance, l’espérance que l’on peut trouver une voie pour venir à la rencontre des aspirations à la paix et à la stabilité à la fois des Israéliens et des Palestiniens.
Avec les mots du défunt pape Jean-Paul II, « il ne peut y avoir de paix sans justice, de justice sans pardon » (Message pour la Journée mondiale de la Paix 2002), je supplie toutes les parties de ce long conflit de mettre de côté les griefs et les divisions, quels qu’ils soient, qui font obstacle sur la route de la réconciliation, et de tendre la main à tous, dans discrimination, avec générosité et compassion.
Une coexistence juste et pacifique parmi les peuples du Moyen Orient ne peut être atteinte que dans un esprit de coopération et de respect mutuel, dans lesquels les droits et la dignité de tous sont reconnus et respectés.
Je vous demande à tous, je demande à vos leaders, de s’engager de façon renouvelée à travailler en direction de ces objectifs.
J’appelle particulièrement la communauté internationale à apporter son influence pour atteindre une solution. Croyez et ayez confiance que grâce à un dialogue honnête et persévérant, dans le plein respect des exigences de la justice, une paix durable peut vraiment être atteinte dans ces pays.
C’est mon espérance sincère que les préoccupations sérieuses concernant la sécurité en Israël et dans les Territoires palestiniens seront bientôt suffisamment apaisées pour permettre une plus grande liberté de mouvement, spécialement en ce qui concerne le contact entre des membres d’une même famille et l’accès aux lieux saints. Les Palestiniens, comme les autres peuples, ont un droit naturel au mariage, à élever une famille, et à l’accès au travail, à l’éducation, et aux soins de santé.
Je prie aussi pour qu’avec l’aide de la communauté internationale le travail de reconstruction puisse avancer rapidement là où des maisons, des écoles ou des hôpitaux ont été endommagés ou détruits, spécialement durant le récent conflit de Gaza. C’est essentiel puisque le peuple de ce pays est appelé à vivre dans des conditions qui conduisent à une paix durable et à la prospérité. Une infrastructure stable offrira aux jeunes de meilleures possibilités d’acquérir des compétences valables et de chercher un emploi rémunérateur, leur permettant de prendre leur part dans la construction de la vie de vos communautés.
Je lance cet appel aujourd’hui aux nombreux jeunes à travers les Territoires palestiniens : ne permettez pas que la perte de la vie et que les destructions dont vous avez été les témoins suscitent dans vos cœurs de l’amertume ou du ressentiment. Ayez le courage de résister à toute tentation que vous pourriez ressentir d’avoir recours à des actes de violence ou au terrorisme.
Au contraire, faites en sorte que ce dont vous avez eu l’expérience renouvelle votre détermination à construire la paix. Que cela vous emplisse d’un vif désir d’apporter une contribution durable à l’avenir de la Palestine, de façon à ce qu’elle puisse prendre la place à laquelle elle a droit sur la scène mondiale. Que cela inspire en vous des sentiments de compassion pour tous ceux qui souffrent, un zèle pour la réconciliation, et une foi solide dans la possibilité d’un avenir plus lumineux.
M. le président, chers amis rassemblés ici à Bethléem, j’invoque sur le peuple palestinien les bénédictions et la protection de notre Père céleste, et je prie avec ferveur que le chant que les anges ont chanté ici s’accomplisse : paix sur la terre, bonne volonté parmi les hommes. Merci. Et Dieu soit avec vous.
Bethléem : Homélie de Benoît XVI sur la place de la mangeoire
Nous publions ci-dessous le texte de l’homélie que le pape Benoît XVI a prononcée le mercredi matin, 13 mai 2009, au cours de la messe qu’il a célébrée, à Bethléem, sur la place de la mangeoire, près de la Basilique de la Nativité.
Chers Frères et Sœurs dans le Christ,
Je remercie le Dieu tout-puissant de me donner la grâce de venir à Bethléem non seulement pour vénérer le lieu de la naissance du Christ, mais aussi pour être à vos côtés, mes frères et sœurs dans la foi, dans ces Territoires palestiniens.
Je suis reconnaissant au patriarche Fouad Twal pour les sentiments qu’il a exprimés en votre nom, et je salue avec affection mes frères évêques et tous les prêtres, les religieux et les fidèles laïcs qui travaillent quotidiennement pour confirmer cette Eglise locale dans la foi, l’espérance et l’amour.
Mon cœur va de façon spéciale aux pèlerins de Gaza déchirée par la guerre : je vous demande de dire à vos familles et à vos communautés que je les embrasse chaleureusement et que je suis désolé pour les pertes, les épreuves et les souffrances que vous avez dû endurer. Soyez, je vous prie, assurés de ma solidarité avec vous dans l’immense travail de reconstruction qui est devant vous, et de ma prière pour que l’embargo soit bientôt levé.
« N’ayez pas peur, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, une grande joie… aujourd’hui, dans la ville de David, un Sauveur vous est né » (Lc 2,10-11). Le message de la venue du Christ, apporté du ciel par la voix des anges, continue de résonner dans cette ville, comme il résonne dans les familles, les maisons, et les communautés à travers le monde. C’est une « bonne nouvelle », disent les anges « pour tout le peuple ». Elle proclame que le Messie, le Fils de Dieu et le Fils de David, est né « pour vous » : pour vous et pour moi, et pour les hommes et les femmes de tout temps et de tout lieu. Dans le plan de Dieu, Bethléem, « le plus petit des clans de Juda » (Michée 5, 2), est devenu le lieu d’une gloire immortelle : le lieu où, à la plénitude des temps, Dieu a choisi de se faire homme, de mettre fin au long règne du péché et de la mort, d’apporter une vie nouvelle et abondante à un monde qui était devenu vieux, fatigué et oppressé par la désespérance.
Pour les hommes et les femmes, partout, Bethléem est associée à ce joyeux message de renaissance, de lumière et de liberté. Pourtant, ici, au milieu de vous, comme cette promesse magnifique semble loin d’être réalisée ! Comme il semble loin ce Royaume de large souveraineté et de paix, de sécurité, de justice et d’intégrité que le prophète Isaïe a annoncé dans la première lecture (cf. Is 9,7), et que nous proclamons comme définitivement établi lors de la venue de Jésus Christ, Messie et Roi !
Dès le jour de sa naissance, Jésus a été un « signe de contradiction » (Lc 2,34), et il continue de l’être, même aujourd’hui. Le Seigneur des armées « dont l’origine remonte au temps jadis, aux jours antiques » (Michée 5, 1), souhaite inaugurer son Royaume en naissant dans cette petite ville, entrant dans notre monde dans le silence et l’humilité d’une grotte, et déposé, comme un bébé vulnérable, dans une mangeoire. Ici, à Bethléem, au milieu de toutes sortes de contradictions, les pierres continuent de crier la « bonne nouvelle », le message de rédemption que cette ville, au-dessus de toutes les autres, est appelée à proclamer au monde. Car ici, d’une façon qui surpasse toute espérance et toute attente humaines, Dieu s’est montré fidèle à ses promesses. Dans la naissance de son Fils, il a révélé la venue d’un Royaume d’amour : un amour divin qui s’est abaissé pour apporter la guérison et nous relever ; un amour qui s’est révélé dans l’humiliation et la faiblesse de la croix et pourtant triomphe dans une glorieuse résurrection à la vie nouvelle.
Le Christ a apporté un Royaume qui n’est pas de ce monde, et pourtant un Royaume capable de changer ce monde, parce qu’il a le pouvoir de changer les cœurs, l’illuminer les esprits et de fortifier les volontés. En prenant notre chair, avec toutes ses faiblesses, et en la transfigurant pas la puissance de l’Esprit, Jésus nous a appelés à être des témoins de sa victoire sur le péché et sur la mort. Et c’est ce que le message de Bethléem nous appelle à être : des témoins du triomphe de l’amour de Dieu sur la haine, l’égoïsme, la peur et le ressentiment qui handicapent les relations humaines et créent la division là où des frères devraient demeurer unis, la destruction là où les hommes devraient construire, le désespoir là où l’espérance devrait fleurir.
« Dans l’espérance nous avons été sauvés » dit l’apôtre Paul (Romains 8, 24). Pourtant, il affirme avec un réalisme total que la création continue à gémir en travail d’enfantement, et nous-mêmes, qui avons reçu les prémices de l’Esprit, nous attendons patiemment l’accomplissement de notre rédemption (cf. Rm 8, 22-24). Dans la seconde lecture d’aujourd’hui, Paul tire de l’Incarnation une leçon qui peut être particulièrement appliquée au travail dont vous, les choisis de Dieu de Bethléem, faites particulièrement l’expérience : « La grâce de Dieu est apparue », nous dit-il, « nous entraînant à rejeter les voies impies et les désirs du monde et de vivre dans ce siècle dans la tempérance, la justice et la piété », alors que nous attendons la venue de notre bienheureuse espérance, le Sauveur, Jésus Christ (Tite 2,11-13).
Est-ce que telles ne sont pas là les vertus requises pour les hommes et les femmes qui vivent dans l’espérance ? Tout d’abord la constante conversion au Christ qui se reflète non seulement dans nos actions mais aussi dans notre raisonnement : le courage d’abandonner les façons de penser, d’agir, et de réagir qui sont sans fruit et stériles. Puis, la culture d’un état d’esprit de paix fondé sur la justice, le respect des droits et des devoirs de tous, et l’engagement à collaborer au bien commun. Mais aussi la persévérance, persévérance dans le bien et dans le rejet du mal. Ici, à Bethléem, une persévérance spéciale est demandée aux disciples du Christ : la persévérance dans le témoignage fidèle à la gloire de Dieu révélée ici, dans la naissance de son Fils, à la bonne nouvelle de sa paix qui est descendue du ciel pour demeurer sur la terre.
« N’ayez pas peur ! » Tel est le message que le Successeur de saint Pierre souhaite vous laisser aujourd’hui, en écho au message des anges et à la tâche que notre bien-aimé pape Jean-Paul II vous a laissée en l’année du Grand jubilé de la naissance du Christ.
Comptez sur la solidarité de vos frères et sœurs dans l ‘Eglise universelle et travaillez, par des initiatives concrètes, à consolider votre présence et à offrir de nouvelles possibilités à ceux qui sont tentés de partir. Soyez un pont de dialogue et de coopération constructive dans la construction d’une culture de paix pour remplacer l’impasse actuelle de la peur, de l’agression et de la frustration. Construisez vos Eglises locales en en faisant des ateliers du dialogue, de la tolérance et de l’espérance, ainsi que de la solidarité et de la charité pratique.
Surtout, soyez des témoins de la puissance de la vie, la nouvelle vie apportée par le Christ ressuscité, la vie qui peut éclairer et transformer même les situations humaines les plus sombres et les plus désespérées. Votre patrie a besoin non seulement de nouvelles structures économiques et communautaires, mais, ce qui est plus important, d’une nouvelle infrastructure spirituelle, si l’on peut dire, qui soit capable de galvaniser les énergies de tous les hommes et de toutes les femmes de bonne volonté au service de l’éducation, du développement, et de la promotion du bien commun. Vous avez les ressources humaines pour construire la culture de la paix et du respect mutuel qui garantira à vos enfants un avenir meilleur. Cette noble entreprise vous attend. N’ayez pas peur !
L’antique basilique de la Nativité, battue par les vents de l’histoire et le fardeau des âges, se tient devant nous comme un témoin de la foi qui dure et triomphe du monde (cf. 1 Jn 5, 4). Aucun visiteur de Bethléem ne peut manquer de remarquer qu’au cours des siècles la grande porte conduisant dans la maison de Dieu a progressivement rapetissé. Aujourd’hui, prions pour que, par la grâce de Dieu et grâce à notre engagement, la porte conduisant au mystère de Dieu qui demeure au milieu des hommes, le temple de notre communion dans son amour, et l’avant-goût d’un monde de paix et de joie éternelles, s’ouvre toujours plus totalement pour accueillir, renouveler et transformer chaque cœur humain. C’est ainsi que Bethléem continuera de faire résonner le message confié aux bergers à nous et à toute l’humanité : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime ». Amen. »
Discours de Benoît XVI au Camp de réfugiés de « Aida »
Nous publions ci-dessous le texte du discours que le pape Benoît XVI a prononcé le mercredi 13 mai, dans l’après-midi, lors de sa visite au Camp de réfugiés de « Aida », un des camps de réfugiés dans les Territoires palestiniens où vivent des musulmans et des chrétiens.
Monsieur le Président,
Chers amis,
Cet après-midi, ma visite au Camp de réfugiés Aïda me donne l’opportunité d’exprimer ma solidarité à l’ensemble des Palestiniens qui n’ont pas de maison et qui attendent de pouvoir retourner sur leur terre natale, ou d’habiter de façon durable dans une patrie qui soit à eux. Merci à vous, Monsieur le Président, pour votre aimable accueil. Je vous remercie aussi, Monsieur Abu Zayd, ainsi que toutes les personnes qui ont pris la parole. À tous les personnels de l’Office de Secours et de Travaux des Nations Unies pour les Réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient qui prennent soin des réfugiés, j’exprime la reconnaissance d’une multitude d’hommes et de femmes à travers le monde pour le travail qui est fait ici et dans les autres camps de la région.
J’adresse un salut particulier aux élèves et aux professeurs des écoles. Par votre engagement dans l’éducation, vous exprimez une espérance pour l’avenir. À tous les jeunes présents ici, je dis : renouvelez vos efforts pour vous préparer au temps où, dans les années à venir, vous serez en charge des affaires du Peuple palestinien. Les parents ont ici un rôle très important, et à toutes les familles présentes dans ce camp, je dis : ayez à cœur d’encourager vos enfants dans leurs études et de cultiver leurs talents, de telle sorte que ne manque pas le personnel qualifié pour occuper les fonctions dirigeantes dans la Communauté palestinienne dans l’avenir. Je sais que beaucoup de vos familles sont séparées – à cause de l’emprisonnement de membres de la famille, ou des restrictions dans la liberté de déplacement – et que beaucoup d’entre vous ont connu le deuil pendant les hostilités. Mon cœur va vers tous ceux qui ont ainsi souffert. Soyez assurés que tous les réfugiés palestiniens à travers le monde, spécialement ceux qui ont perdu leurs maisons et des êtres chers durant le récent conflit à Gaza, sont présents dans mes prières.
Je souhaite saluer le bon travail réalisé par nombres d’organismes de l’Église en faveur des réfugiés ici et dans les autres parties des Territoires Palestiniens. La Mission pontificale pour la Palestine, fondée il y a soixante ans pour coordonner l’assistance catholique humanitaire aux réfugiés, poursuit son travail toujours indispensable aux côtés d’autres organisations semblables. Dans ce camp, la présence des Sœurs franciscaines missionnaires du Cœur immaculée de Marie nous invite à faire mémoire de la figure charismatique de saint François, ce grand apôtre de la paix et de la réconciliation. En effet, je veux exprimer ma reconnaissance particulière pour la contribution exceptionnelle apportée par les différents membres de la famille franciscaine dans l’attention aux populations de cette région, se faisant des « instruments de paix », selon l’expression du saint d’Assise retenue par la postérité.
Instruments de paix. Combien les gens de ce camp, de ces Territoires, et de la région tout entière attendent la paix ! En ces jours, ce long désir prend un relief particulier quand vous vous souvenez des événements de mai 1948 et des années de conflit, non encore résolu, qui suivirent ces événements. Vous vivez maintenant dans des conditions précaires et difficiles, avec des possibilités limitées de trouver un emploi. Il est compréhensible que vous vous sentiez souvent frustrés. Vos aspirations légitimes à un logement stable, à un État palestinien indépendant, demeurent non satisfaites. Au contraire, vous vous trouvez piégés, comme beaucoup d’autres en cette région et à travers le monde sont piégés, dans une spirale de violence, d’attaque et de contre-attaque, de vengeance et de destruction continuelle. Le monde entier soupire pour que cette spirale soit brisée et pour que par la paix soit mis fin à ces combats qui ne cessent pas de durer.
Dominant au-dessus de nous qui sommes rassemblés ici cet après-midi, s’érige le mur, rappel incontournable de l’impasse où les relations entre Israéliens et Palestiniens semble avoir abouti. Dans un monde où les frontières sont de plus en plus ouvertes – pour le commerce, pour les voyages, pour le déplacement des personnes, pour les échanges culturels – il est tragique de voir des murs continuer à être construits. Comme il nous tarde de voir les fruits d’une tâche bien plus difficile, celle de construire la paix ! Comme nous prions constamment pour la fin des hostilités qui sont à l’origine de ce mur !
De part et d’autres du mur, un grand courage est nécessaire pour dépasser la peur et la défiance, pour résister au désir de se venger des pertes ou des torts subis. Il faut de la magnanimité pour rechercher la réconciliation après des années d’affrontement. Pourtant l’histoire a montré que la paix ne peut advenir que lorsque les parties en conflit sont désireuses d’aller au-delà de leurs griefs et de travailler ensemble pour des buts communs, prenant chacune au sérieux les inquiétudes et les peurs de l’autre et s’efforçant de créer une atmosphère de confiance. Il faut de la bonne volonté pour prendre des initiatives imaginatives et audacieuses en vue de la réconciliation : si chaque partie insiste en priorité sur les concessions que doit faire l’autre, le résultat ne peut être qu’une impasse.
L’aide humanitaire, comme celle qui est fournie dans ce camp, a un rôle essentiel à jouer, mais la solution à long terme à un conflit tel que celui-ci ne peut être que politique. Personne n’attend que les Palestiniens et les Israéliens y parviennent seuls. Le soutien de la communauté internationale est vital, et c’est pourquoi, je lance un nouvel appel à toutes les parties concernées pour jouer de leur influence en faveur d’une solution juste et durable, respectant les requêtes légitimes de toutes les parties et reconnaissant leur droit de vivre dans la paix et la dignité, en accord avec la loi internationale. En même temps, toutefois, les efforts diplomatiques ne pourront aboutir heureusement que si les Palestiniens et les Israéliens ont la volonté de rompre avec le cycle des agressions. Je me rappelle ces autres mots magnifiques attribués à saint François : « Là où il y a la haine, que je mette l’amour, là où il y a l’injure, que je mette le pardon… là où il y a les ténèbres, que je mette la lumière, là où il y a la tristesse, la joie ».
À vous tous, je renouvelle mon appel à vous engager profondément pour cultiver la paix et la non-violence, suivant l’exemple de saint François et des autres grands artisans de paix. La paix doit commencer à la maison, dans la famille, dans le cœur. Je continue de prier pour que toutes les parties du conflit qui se déroule sur ces terres aient le courage et l’imagination nécessaires pour emprunter le difficile mais indispensable chemin de la réconciliation. Puisse la paix fleurir à nouveau sur ces terres ! Puisse Dieu bénir son peuple avec la paix !
Messe à Nazareth : Homélie de Benoît XVI
En conclusion de l’Année de la Famille
Nous publions ci-dessous le texte de l’homélie que le pape Benoît XVI a prononcée le jeudi matin, 14 mai 2009, à Nazareth, au Mont du Précipice, dans un vaste amphithéâtre tout neuf, rassemblant des dizaines de milliers de personnes.
Chers frères et soeurs,
« Que la paix du Christ ressuscité règne dans vos cœurs, puisque, en tant que membres d’un seul corps, vous avez été appelés à cette paix ! » (Col 3, 15). Par ces paroles de saint Paul, je vous salue tous avec affection dans le Seigneur. Je me réjouis d’être venu à Nazareth, le lieu béni par le mystère de l’Annonciation, le lieu témoin des années cachées de la croissance du Christ en sagesse, en âge et en grâce (cf. Lc 2, 52). Je remercie l’archevêque Elias Chacour pour ses aimables paroles de bienvenue et j’embrasse par le signe de paix mes frères évêques, les prêtres et les religieux, et tous les fidèles de Galilée, qui, dans la diversité de leurs rites et de leurs traditions, sont une expression de l’universalité de l’Eglise du Christ. J’adresse une salutation respectueuse au président d’Israël qui nous honore de sa présence. Je veux remercier de façon spéciale tous ceux qui ont aidé à rendre cette célébration possible, particulièrement ceux qui ont travaillé au projet et à la construction de ce nouvel amphithéâtre avec son splendide panorama sur la ville.
Nous sommes ici rassemblés, dans la ville de Jésus, Marie et Joseph, pour marquer la conclusion de l’Année de la famille célébrée par l’Eglise de Terre Sainte.
En un signe d’espérance pour l’avenir, je bénirai la première pierre d’un Centre international pour la Famille qui sera construit à Nazareth. Prions pour que ce Centre promeuve dans cette région une vie de famille forte, offre partout soutien et assistance aux familles, et les encourage dans leur mission irremplaçable pour la société.
J’ai confiance que cette étape de mon pèlerinage attirera l’attention de toute l’Eglise sur cette ville de Nazareth. Comme le pape Paul VI l’a dit ici, nous avons tous besoin de revenir à Nazareth, pour contempler toujours de nouveau le silence et l’amour de la Sainte Famille, modèle de la vie de toute famille chrétienne.
Ici, à l’exemple de Marie, de Joseph et de Jésus, nous venons pour apprécier encore plus totalement le caractère sacré de la famille, qui est basé, dans le plan de Dieu, sur la fidélité de toute la vie d’un homme et d’une femme consacrés par l’alliance du mariage, et qui accueillent une vie nouvelle, don de Dieu. Combien les hommes et les femmes de notre temps ont besoin de se réapproprier cette vérité fondamentale qui est à la base de la société, et combien le témoignage de couples mariés est important pour la formation de consciences droites et la construction d’une civilisation de l’amour !
Dans la première lecture d’aujourd’hui, tirée du livre de l’Ecclésiastique (3, 3-7, 14-17), la parole de Dieu présente la famille comme la première école de sagesse, une école qui entraîne ses membres à la pratique de ces vertus qui conduisent au bonheur authentique et à un accomplissement durable.
Dans le plan de Dieu pour la famille, l’amour de l’époux et de l’épouse porte du fruit dans une vie nouvelle, et trouve son expression quotidienne dans les efforts pleins d’amour des parents pour assurer à leurs enfants une formation intégrale, humaine et spirituelle.
Dans la famille, chaque personne, que ce soit l’enfant le plus petit ou le parent le plus âgé, a une valeur en lui-même ou en elle-même, et n’est pas simplement un moyen pour quelque autre fin. Ici, nous commençons à entrevoir quelque chose du rôle essentiel de la famille comme première pierre d’une société bien ordonnée et accueillante. Nous ne manquons pas d’apprécier également, dans une communauté plus vaste, le devoir de l’Etat de soutenir les familles dans leur mission d’éducation, de protéger l’institution de la famille et ses droits intrinsèques, et d’assurer à toutes les familles la possibilité de vivre et de s’épanouir dans des conditions de vie dignes.
En écrivant aux Colossiens, l’apôtre Paul parle instinctivement de la famille lorsqu’il souhaite décrire les vertus qui construisent « le corps » qui est l’Eglise. En tant qu’ « élus de Dieu, ses saints et ses bien-aimés », nous sommes appelés à vivre en harmonie et en paix les uns avec les autres, montrant avant tout la capacité de nous supporter les uns les autres et de nous pardonner, avec l’amour dans lequel se noue la perfection (cf. Col 3,12-14). De même que dans l’alliance du mariage l’amour d’un homme et d’une femme est élevé par la grâce à la participation à l’amour du Christ et de l’Eglise dont il est une expression (cf. Ep 5,32), de même la famille, enracinée dans cet amour, est appelée à être une « Eglise domestique », un lieu de foi, de prière et de souci aimant du vrai bien durable de chacun de ses membres.
En réfléchissant à ces réalités, ici, dans la ville de l’Annonciation, nos pensées se tournent naturellement vers Marie « pleine de grâce », la mère de la Sainte Famille et notre Mère. Nazareth nous rappelle notre besoin de reconnaître et de respecter la dignité donnée par Dieu et le rôle spécifique de la femme ainsi que ses charismes et ses talents particuliers. Soit en tant que mères de famille, soit comme présence vitale dans le monde du travail, et les institutions de la société, ou dans la vocation particulière de suivre le Seigneur par les conseils évangéliques de chasteté, pauvreté et obéissance, les femmes ont un rôle indispensable pour créer cette « écologie humaine » (cf. Centesimus Annus, 39) dont notre monde, et ce pays, a besoin de façon si urgente : un milieu où les enfants apprennent à aimer et à chérir les autres, à être honnête et respectueux envers les autres, à pratiquer les vertus de la miséricorde et du pardon.
Ici aussi, nous pensons à saint Joseph, l’homme juste que Dieu a souhaité comme responsable de sa maisonnée. De l’exemple fort et paternel de Joseph, Jésus a appris les vertus d’une piété humaine, la fidélité à la parole donnée, l’intégrité et le dur travail. Dans le Charpentier de Nazareth, il a vu comment l’autorité mise au service de l’amour est infiniment plus fructueuse que le pouvoir de celui qui cherche à dominer. Combien notre monde a besoin de l’exemple, de la direction, et de la force tranquille d’hommes comme Joseph !
Finalement, en contemplant la Sainte Famille de Nazareth, nous nous tournons vers l’Enfant Jésus qui, dans la maison de Marie et de Joseph, a grandi en sagesse, et en intelligence, jusqu’à ce que vienne le jour de son ministère public. Là, je voudrais simplement laisser une pensée particulière aux jeunes ici présents. Le concile Vatican II enseigne que les enfants ont un rôle spécial à jouer dans la croissance de leurs parents en sainteté (cf. Gaudium et Spes, 48). Je vous presse de réfléchir à cela, et de laisser l’exemple de Jésus vous guider, non seulement en manifestant du respect envers vos parents, mais aussi en les aidant à découvrir plus pleinement l’amour qui donne à nos vies leur signification la plus profonde. Dans la sainte Famille de Nazareth, c’était Jésus qui enseignait à Marie et Joseph quelque chose de la grandeur de l’amour de Dieu son Père céleste, source ultime de tout amour, le Père dont toute famille au ciel et sur la terre tire son nom (cf. Ep 3, 14-15).
Chers amis, dans la prière d’ouverture de la messe d’aujourd’hui, nous demandons que le Père « nous aide à vivre comme la Sainte Famille, unie dans le respect et dans l’amour ». Réaffirmons ici notre engagement à être un levain de respect et d’amour pour le monde qui nous entoure. Ce Mont du Précipice nous rappelle, comme il l’a fait pour des générations de pèlerins, que le message de notre Seigneur était par moment une source de contradiction et de conflit avec ses auditeurs. Hélas, comme le monde le sait, Nazareth a fait l’expérience ces dernières années de tensions, qui ont blessé les relations entre les communautés chrétienne et musulmane. Je presse les personnes de bonne volonté des deux communautés de réparer le dommage qui a été fait et, par fidélité à notre foi commune dans le Dieu unique, Père de la Famille humaine, à travailler pour construire des ponts et trouver le chemin d’une coexistence pacifique. Que chacun rejette le pouvoir destructeur de la haine et des préjugés, qui tuent l’âme des hommes avant de tuer leurs corps !
Permettez-moi de conclure par une parole de gratitude et de louange pour tous ceux qui s’efforcent d’apporter l’amour de Dieu aux enfants de cette ville, et d’éduquer de nouvelles générations dans des chemins de paix. Je pense spécialement aux Eglises locales, particulièrement engagées dans leurs écoles et dans leurs institutions charitables, pour abattre les murs et être des semences de rencontre, de dialogue, de réconciliation et de solidarité. J’encourage les prêtres dévoués, les religieux, les catéchistes et les professeurs, et les parents, et tous ceux qui sont concernés par le bien de nos enfants, à persévérer dans le témoignage de l’Evangile, à être confiants dans le triomphe de la bonté et de la vérité, et à être confiants que Dieu donnera la croissance à toute initiative qui vise à l’extension de son royaume de sainteté, de solidarité, de justice et de paix. En même temps je reconnais avec gratitude la solidarité que tant de nos frères et sœurs à travers le monde manifeste envers les fidèles de Terre Sainte, en soutenant les programmes et les activités dignes d’éloge de l’Association « Catholic Near East Welfare ».
« Qu’il me soit fait selon ta parole » (Lc 1, 38). Que Notre Dame de l’Annonciation, qui a courageusement ouvert son cœur au mystérieux dessein de Dieu, et qui est devenue la Mère de tous les croyants, nous guide et nous soutienne de ses prières. Puisse-t-elle obtenir pour nous et pour nos familles la grâce d’ouvrir nos oreilles à cette parole du Seigneur qui a le pouvoir de nous édifier (cf. Actes des Apôtres 20, 32), d’inspirer des décisions courageuses et de guider nos pas sur le chemin de la paix.
Vêpres à la basilique de l´Annonciation à Nazareth
Nous publions ci-dessous le texte de l’homélie que le pape Benoît XVI a prononcée le jeudi 14 mai, en fin d’après-midi au cours de la célébration des vêpres dans la basilique supérieure du sanctuaire de l’Annonciation, à Nazareth.
Chers Frères Évêques,
Révérend Père Custode,
Chers Frères et Sœurs dans le Christ,
Il est très émouvant pour moi de me trouver avec vous, aujourd’hui, en ce lieu où le Verbe de Dieu s’est fait chair et où il est venu habiter parmi nous. Et comme il est bon que nous nous rassemblions ici pour chanter la prière vespérale de l’Église, rendant à Dieu louange et action de grâce pour les merveilles qu’il a accomplies envers nous ! Je remercie Mgr Nabil El-Sayah pour ses paroles de bienvenue et à travers sa personne je salue tous les membres de la communauté maronite présente en Terre Sainte. Je salue les prêtres, les religieux et les religieuses, les membres des mouvements ecclésiaux et les collaborateurs pastoraux de toute la Galilée. Et je veux une fois encore mentionner avec gratitude le soin avec lequel, au long des siècles, les Frères de la Custodie ont su conserver des lieux saints comme celui-ci. Je salue Sa Béatitude Michel Sabbah, patriarche latin émérite, qui, pendant plus de vingt ans dans ces régions, a conduit son peuple. Je salue les fidèles du Patriarcat latin et leur patriarche actuel, Sa Béatitude Fouad Twal, ainsi que les membres de la communauté Grecque-melkite, représentés par Mgr Elias Chacour. En ce lieu où Jésus lui-même a grandi jusqu’à l’âge adulte et a appris l’hébreu, je salue les Chrétiens de langue hébraïque, qui nous rappellent les racines juives de notre foi.
Ce qui est arrivé ici à Nazareth, loin des yeux du monde, est un acte singulier de Dieu, une intervention puissante dans le cours de l’histoire, par laquelle un enfant a été conçu pour apporter le salut au monde entier. La merveille de l’Incarnation ne cesse pas de nous mettre au défi et de nous inviter à ouvrir notre esprit aux possibilités sans limites de la puissance transformante de Dieu, de son amour pour nous, de son désir d’union avec nous.
Ici, le Fils éternel et bien-aimé est devenu homme et pour nous, ses frères et ses sœurs, il est devenu possible d’avoir part à sa filiation divine. Ce mouvement d’amour qui s’abaisse et s’anéantit a rendu possible le mouvement d’exaltation par lequel nous sommes élevés au point de partager la vie de Dieu lui-même (cf. Ph 2, 6-11).
L’Esprit qui « est venu sur Marie » (cf. Lc 1, 35), est le même Esprit qui planait sur les eaux à l’aube de la Création (cf. Gn 1,2). Cela nous rappelle que l’Incarnation est un acte de nouvelle création.
Quand notre Seigneur Jésus Christ a été conçu dans le sein virginal de Marie, par la puissance de l’Esprit Saint, Dieu s’est uni à notre humanité créée, entrant alors dans une nouvelle relation permanente avec nous et inaugurant une nouvelle Création. Le récit de l’Annonciation nous montre l’extrême délicatesse de Dieu (cf. Sainte Julienne de Norwich – 1342-1416 – Révélations de l’amour divin, 77-79). Il ne s’impose pas, il ne fait simplement que prédéterminer le rôle que Marie va jouer dans son plan de salut, il sollicite d’abord son consentement. Dans l’acte premier de la Création, il ne pouvait évidemment pas y avoir place pour un consentement de ses créatures, mais pour cette nouvelle Création, c’est ce qu’il fait. Marie représente toute l’humanité. Elle parle en notre nom à tous lorsqu’elle répond à l’invitation de l’ange. Saint Bernard décrit comment toute la cour céleste était suspendue, dans l’attente de son consentement qui devait consommer l’union nuptiale entre Dieu et l’humanité. L’attention de tous les chœurs d’anges était rivée sur ce lieu, où un dialogue s’établit à partir duquel s’écrivit un chapitre nouveau et définitif, de l’histoire du monde. Et Marie dit : « Qu’il m’advienne selon ta parole ! ». Et le Verbe de Dieu se fit chair.
Quand nous réfléchissons sur ce mystère joyeux, cela nous met dans l’espérance, dans l’espérance certaine que Dieu continue à nous rejoindre dans notre histoire, qu’il continue d’agir avec une puissance créatrice afin d’atteindre des buts qui, à vues humaines, semblent impossibles. Nous sommes mis au défit de nous ouvrir à l’action transformante de l’Esprit Créateur qui fait de nous des êtres nouveaux, qui nous fait un avec lui, et nous remplit de sa vie. Et nous sommes invités, avec une exquise courtoisie, à donner notre consentement à sa venue en nous, à accueillir le Verbe de Dieu dans nos cœurs, pour que nous soyons rendus capables de répondre à son amour et de nous ouvrir à l’amour les uns envers les autres.
Dans l’État d’Israël et dans les Territoires Palestiniens, les Chrétiens sont une minorité de la population. Peut-être vous arrive-t-il parfois de penser que votre voix compte peu. Un grand nombre de vos frères chrétiens ont émigré, espérant trouver ailleurs plus de sécurité et de meilleures perspectives. Votre situation fait penser à celle de la jeune Vierge Marie, qui menait une vie cachée à Nazareth, avec bien peu de moyens humains en termes de richesse et d’influence. Et pourtant, si nous reprenons les paroles de Marie dans son splendide hymne de louange, le Magnificat, Dieu a jeté les yeux sur l’abaissement de sa servante, il a comblé de biens les affamés. Puisez force dans les paroles de ce cantique de Marie que nous allons chanter dans un instant en union avec l’Église tout entière à travers le monde ! Ayez le courage d’²être fidèles au Christ et demeurer ici, sur cette terre qu’il a sanctifiée par sa présence ! Comme Marie, vous avez un rôle à jouer dans le plan de salut de Dieu, en rendant le Christ présent dans le monde, en étant ses témoins, et en répandant son message de paix et d’unité.
Pour cela, il est essentiel que vous soyez unis entre vous, afin que l’Église en Terre Sainte puisse être clairement reconnue comme « le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain » (Lumen gentium, 1). Votre unité dans la foi, l’espérance et l’amour est un fruit de l’Esprit Saint qui demeure en vous, et qui vous rend capables d’être des instruments efficaces de la paix de Dieu, pour être les artisans d’une réconciliation véritable entre les différents peuples qui reconnaissent en Abraham leur père dans la foi. Car, ainsi que Marie le proclamait joyeusement dans son Magnificat, Dieu se souvient toujours de « son amour, de la promesse à nos pères, en faveur d’Abraham et de sa race à jamais » (Lc 1, 54-55) !
Chers amis dans le Christ, soyez assurés que je me souviens de vous constamment dans mes prières, et je vous demande de faire de même pour moi. Tournons-nous maintenant vers notre Père céleste, qui en ce lieu, s’est penché sur son humble servante, et chantons ses louanges en union avec la bienheureuse Vierge Marie, avec tous les chœurs des anges et des saints, avec toute l’Église aux quatre coins du monde !
Benoît XVI quitte les Territoires autonomes palestinien
Discours du pape Benoît XVI avant de quitter les Territoires autonomes palestiniens
Monsieur le Président,
Chers Amis,
Je vous remercie pour la grande délicatesse dont vous m’avez entouré durant cette journée que j’ai passée en votre compagnie, ici dans les Territoires Palestiniens. Je sais gré au Président Mahmoud Abbas pour son hospitalité et pour ses paroles bienveillantes. Il était émouvant pour moi également d’écouter les témoignages des résidents qui nous ont parlé de leurs conditions de vie, ici, en Cisjordanie et à Gaza. Je vous assure tous que je vous garde dans mon cœur et que j’attends ardemment de voir se réaliser la paix et la réconciliation dans ces terres tourmentées.
Ce fut vraiment un jour mémorable. Depuis mon arrivée à Bethléem, ce matin, j’ai eu la joie de célébrer la Messe avec une multitude de fidèles dans le lieu même où Jésus-Christ, lumière des Nations et espérance du monde, est né.
J’ai pu constater les soins donnés aux nouveaux nés du Caritas Baby Hospital.
Avec angoisse, j’ai été le témoin de la situation des réfugiés qui, comme la Sainte Famille, ont été obligés de fuir de leurs maisons.
Près du Camp et surplombant une partie de Bethléem, j’ai vu également le mur qui fait intrusion dans vos territoires, séparant des voisins et divisant des familles.
Bien que les murs peuvent être facilement construits, nous savons que ils ne subsistent pas toujours. Ils peuvent être abattus. Il est d’abord nécessaire d’ôter les murs construits autour de nos cœurs, les barrières érigées contre nos voisins.
C’est pourquoi, dans ce mot de congé, je désire relancer un appel à l’ouverture et à la générosité d’esprit pour mettre fin à l’intolérance et à l’exclusion. Peu importe combien un conflit peut paraître insoluble et profondément ancré, il y a toujours des raisons d’espérer qu’il puisse être résolu, et que les efforts patients et persévérants de ceux qui travaillent pour la paix et la réconciliation, porteront des fruits en fin de compte.
Mon souhait sincère pour vous, peuple de Palestine, est que cela arrivera bientôt pour vous permettre de jouir de la paix, de la liberté et de la stabilité dont vous avez été privés depuis si longtemps.
Soyez assurés que je vais continuer à utiliser toutes les opportunités pour encourager ceux qui sont engagés dans les négociations de paix à travailler ensemble pour une solution juste qui respecte les aspirations légitimes des Israéliens et des Palestiniens.
Comme un pas important dans cette direction, le Saint-Siège cherche à établir rapidement, conjointement avec l’Autorité Palestinienne, la Commission bilatérale permanente de travail qui fut envisagée par l’Accord de base, signé au Vatican le 15 février 2000 (cf. Basic Agreement between the Holy See and the Palestine Liberation Organization, art. 9).
Monsieur le Président, chers amis, je vous remercie une nouvelle fois et je vous recommande tous à la protection du Tout-Puissant. Puisse Dieu regarder avec amour chacun d’entre vous, vos familles et ceux qui vous sont chers. Puisse-t-Il bénir par la paix le peuple Palestinien !