De la gloire du Christ et de sa Puissance
publié dans couvent saint-paul le 20 novembre 2010
Prédication pour le dernier dimanche après la Pentecôte.
De la gloire du Christ et de sa Puissance
« Alors le signe du Fils de l’homme apparaîtra dans le ciel, et alors toutes les tribus de la terre se lamenteront, et elles verront le Fils de l’homme venant sur les nuées du ciel, avec une grande puissance et une grande majesté. Et il enverra ses anges, avec la trompette et une voix éclatante, et ils rassembleront les élus des quatre vents, depuis une extrémité des cieux jusqu’à l’autre ». Quant aux « méchants », ceux qui n’ont pas voulu du Christ et de sa Croix ni de sa gloire iront en leur lieu sombre et fumeux « Allez, maudits au feu éternel »
J’aime, MBCF, cette description du retour de NSJC, à la fin des temps, dans la gloire et dans la force de sa toute puissance.
Cette description que nous donne saint Mathieu est véridique. Il le dit solennellement à la fin de son Evangile en nous rapportant les paroles de NSJC : « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas ». Elles sont éternelles. Tout, ici bas est éphémère, tout est passager, tout se perd, « le ciel et la terre passeront »… « Mais les Paroles du Seigneur ne passerons jamais ». Elles sont éternelles comme Lui-même, le Christ, est éternel, immuable, transcendant, définitif, central dans le cours de l’Histoire humaine. On ne peut faire que le Christ ne soit venu. Il est venu. Il est. Eternellement, Il sera. On est pour ou on est contre. On peut l’ignorer, ou y être indifférent … mais cette ignorance ou cette indifférence ne supprime pas le fait de sa venu. Le Verbe de Dieu s’est incarné en l’an 2000 de notre ère. Il reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts.
Voilà ce que je voudrais considérer en ce dernier dimanche de l’année liturgique.
Tout au long de cette année liturgique, ce mystère du Christ, vous avez appris à le mieux connaître, vous l’avez contemplé, vous l’avez aimé. Vous l’avez fait aimé à vos enfants. Certains même d’entre vous ont fait des voyages pour obtenir de la Vierge Marie cette grâce d’une plus grande connaissance, d’un plus grand amour. Et l’ont obtenue.
Ce Christ, ce « Bon Pasteur » qui est flanqué aujourd’hui sur le mur de notre église, est l’objet de votre foi. Vous confessez que ce Christ est la seconde personne de la Sainte Trinité, qu’il est le Verbe ou le Fils unique de Dieu. Vous confessez qu’étant de toute éternité avec son Père et l’Esprit-Saint, Il est le « même seul et unique vrai Dieu ». Vous confessez que par Lui, Lui, « le Verbe fait chair », quel mystère ! « toutes choses ont été créées et qu’Il les gouverne en Souverain Maître. Vous confessez qu’Il est venu, dans le temps, sur notre terre, par son Incarnation dans le sein de la Vierge Marie, de laquelle il est né. Et c’est pourquoi vous aimez la vénérer comme « la mère de Dieu ».
Vous confessez que ce premier avènement de ce Christ, s’il s’est fait dans l’humilité de la crèche, a tout de même déplacé, pour cette occasion, toute la cour céleste. Des milliers d’anges sont venus glorieusement chanter pour Lui ce merveilleux« Gloria in Excelsis Deo », une des plus belle pièce de notre liturgie. Vous confessez que pour humble que fut sa vie terrestre, afin qu’on ne se méprenne pas sur sa qualité de Fils, le Père a manifesté sa nature divine et donc sa gloire. C’était le jour de son baptême dans le Jourdain par Saint Jean Baptiste : remontant sur la berge, le Père a porté ce témoignage sur Lui : « Voici mon Fils bien aimé en qui j’ai mis mes complaisances. Ecoutez le ». Il en sera toujours ainsi. Le Christ est le même, hier, demain et pour toujours. Il est incontournable. Aussi vous aimez entendre ce témoignage de saint Jean Baptiste : « Au milieu de vous, dit Jean Baptiste, il y a quelqu’un que vous ne connaissez pas. Je ne suis pas digne de dénouer la courroie de sa chaussure » (Jn 1 26 27) ou encore, « J’ai vu l’Esprit Saint descendre sur Lui comme une colombe et Il s’est reposé sur Lui. Et moi je ne le connaissais pas, mais Celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau, m’a dit : Celui sur qui tu verras l’Esprit Saint descendre et se reposer, c’est Lui qui baptise dans l’Esprit Saint. Et moi j’ai vu et j’ai rendu témoignage que celui-là est le Fils de Dieu ». Et vous voulez recevoir, MBCF, ce baptême, le baptême de NSJC, pour recevoir sa grâce, sa grâce sanctifiante. Vous voulez aussi l’écouter et suivre « la Voie, la Vérité et la Vie » qu’Il est.
Oui ! le Saint Esprit reposa sur Lui sous la forme d’une colombe, symbole de sa bonté, de sa miséricorde, de sa tendresse. Voilà les qualités de sa vie terrestre et céleste.
Vous confessez que sa divinité est restée cachée en son humanité…En effet son humanité, en son corps et en son âme, aurait du être glorieuse toujours à chaque jour de sa vie, puisque et ce corps et cette âme étaient habités de la divinité. Il manifesta cependant une fois sa gloire, devant trois de ses disciples, Pierre, Jacques et Jean, sur une haute Montagne, le Thabor, Là, nous dit l’Ecriture sainte, Il fut transfiguré et son Père confessa de nouveau sa divinité, divinité que les disciples ne devaient révéler qu’après la consommation de sa Passion.
Vous confessez que, dans cette humble condition, il a évangélisé le peuple juif de la Palestine auquel Il était personnellement envoyé par son Père. Vous confessez qu’Il fut méconnu par ce peuple. « Il est venu parmi les siens et les siens ne l’ont pas reçu ». Il ne fut pas seulement méconnu par ce peuple, mais il fut trahi et livré au gouverneur romain Ponce Pilate, condamné et mis à mort sur la Croix. Vous confessez qu’il fut enseveli dans un tombeau tout neuf, non loin du lieu de la Crucifixion, dans le jardin de Gethsémani. Vous confessez ainsi son immense amour. « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux que l’on aime ». Vous le confessez. Vous le croyez. Vous voulez en vivre et en faire vivre vos enfants.
Vous confessez que par sa Passion et son sang versé, Il nous racheta du péché commun et de nos péchés personnels et qu’ainsi Il nous mérita la gloire céleste, le ciel, puisque le péché n’est plus et que le péché était l’obstacle de l’obtention de la vie éternelle. Grâce au sang du Christ, « morte est la mort », la mort n’est plus. Vous confessez alors avec Saint Paul que le Christ est « pour vous l’espérance de la gloire ». Aussi brille-t-Il à vos yeux en sa qualité de Sauveur. Dans son humanité, Il est le médiateur unique de Dieu et des hommes, Il est Prêtre Souverain, Victime sainte, Roi suprême, Chef et Tête de toute l’assemblée des élus, tous formant ainsi son véritable Corps mystique. Ainsi « dans l’œuvre du salut », vous confessez que « c’est à Jésus-Christ ou au Fils de Dieu incarné que tout se rapporte et que tout revient, en dernière analyse, dans l’action salutaire ou dans l’action qui a trait au bien surnaturel ». (Itinéraire spirituel. P 51) et qu’« Il n’y a pas de salut en dehors de notre Seigneur Jésus-Christ ». Cela vous le confessez. C’est pourquoi le seul œcuménisme possible est celui qui voit le « retour » de tous dans la « maison de Dieu » qu’est l’Eglise catholique, l’Unique Arche de salut. Aussi vous réjouissez-vous de voir certains anglicans revenir, aujourd’hui, comme l’on dit dans le « giron de l’Eglise.
L’Eglise vous enseigne aussi qu’Il descendit aux enfers chercher les justes de l’Ancien Testament pour les conduire en gloire dans le ciel. Car Il ressuscita d’entre les morts le troisième jour « conformément aux Ecritures » et que quarante jours après, après avoir conforté les siens dans la foi et sa doctrine en le « royaume de Dieu », Il est monté au ciel et qu’Il est « assis à la Droite de Dieu le Père ». Là, Il gouverne son Eglise établie par Lui sur la terre à laquelle Il a envoyé son Esprit qui est aussi l’Esprit du Père. « Allez enseigner toutes les Nations les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit ». Depuis Il sanctifie cette Eglise, l’unique Eglise, par les sacrements de sa grâce. Il la protège, Lui assurant, dans le temps, son unité, son immutabilité dans la foi, son infaillibilité dans l’énoncé de la doctrine et ainsi sa catholicité, son apostolicité et sa romanité. Il la prépare ainsi à sa seconde venue à la fin des temps, où Il jugera les vivants et les morts, ayant faits sortir ceux-ci de leurs tombeaux, pour établir la séparation définitive des bons – qu’Il prendra avec Lui dans le Royaume de son Père où Il leur assurera la vie éternelle, vie de bonheur et de gloire. -d’avec les méchants qu’Il chassera, maudits par Lui et condamnés au supplice du feu éternel.
Vous confessez non seulement la gloire et les mérites du Fils de Dieu Incarné, mais vous voulez vous blottir aussi sur son cœur pour en vivre.
Vous confessez aussi les conséquences qui découlent de cette Incarnation du Verbe éternel pour l’humanité toute entière, pour tous les hommes pris individuellement. Et vous leur dites qu’Ils sont tous concernés, et même profondément, par la venue de Dieu parmi eux sur la terre. L’avenir de tous et de chacun pour l’éternité dépend désormais de leur relation avec Jésus-Christ, qu’ils en soient conscients ou non, qu’ils le veuillent ou non. Et c’est l’occasion où jamais de nous rappeler cette phrase de saint Jean que j’aime tant : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il envoya son Fils unique afin que quiconque croit en Lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle ». La voie royale de l’éternité, depuis l’Incarnation rédemptrice, c’est la foi en NSJC, qui est l’épiphanie de l’amour de Dieu le Père. Tout, pour chacun d’entre nous, se décide donc de sa relation avec le Verbe Incarné.
Voilà la vérité essentielle et capitale qu’il faut dire et proclamer : depuis la venue du Fils de Dieu incarné, il en sera toujours ainsi. La vérité ne changera pas. Voilà la raison de l’histoire humaine. Où être du Christ pour la vie éternelle. Où être du démon pour l’enfer éternel.
Et on le sait : à ce Règne du Christ, dans le temps, comme dans l’éternité, s’oppose le règne de Satan. Satan est à la tête des méchants : Il tend à détourner les hommes de Dieu. Mais Jésus-Christ, Lui, est à la tête des bons ; Il tend à les ordonner à Dieu. Il est le principe, la cause efficiente et finale du retour de l’humanité à Dieu le Père. Il est la Voie, la seule Voie. Il faut revêtir les vertus du Christ pour être à Dieu éternellement. Et si l’on a le malheur de vivre du Démon, de ses oeuvres et de ses pompes, on vit contre le Christ. On lutte contre Lui. On lutte contre son Eglise. Il en est toujours ainsi. « Qui n’est pas avec moi et contre moi ». Il en sera toujours ainsi. Le communisme, pendant plus d’un demi siècle fut le bras du démon et de l’enfer. Le national-socialisme aussi pendant quelques années de folie. Il en est ainsi de l’Islam qui a horreur du Christ et de son Eglise, et de la Trinité sainte, quoi qu’en dise certains : il sera toujours dressé contre les chrétiens qu’il veut soumettre à sa domination. Et avec quelle violence, faisant régner la terreur là ou il est tout puissant. Les événements à la cathédrale de Bagdad l’illustrent bien cruellement. Quelle horreur ! Voilà ce qui sera demain chez nous si le pouvoir politique ne réagit pas et laisse les choses en l’état. Lorsqu’ils s’estimeront assez fort, alors ils soumettront le « chrétien».
Comme le disait Monseigneur Lefebvre : « On n’aura jamais le dernier mot de la lutte des bons et des méchants à travers les événements de l’histoire, – c’est-à-dire, on ne comprendra jamais l’histoire politique du monde et de notre pays plus particulièrement – tant qu’on ne la ramènera pas à la lutte personnelle et irréductible à tout jamais, entre Satan et Jésus-Christ ».
Cette lutte devient plus particulièrement agressive lors et depuis la Révolution français. Elle prit un tour sanglant pendant plusieurs années contre les chrétiens et leurs prêtres. Elle toucha même le Pontife suprême avec Napoléon Ier et le pape Pie VII. Elle devint plus légale à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème siècle, mais plus mortelle encore. Car ce légalisme étatique se dressait contre l’institution ecclésiale, contre ses fondations, ses institutions avec l’expulsion des ordres religieux du sol français, -et là où se retire une fondation religieuse, c’est Jésus qui se retire un peu ou même totalement – avec enfin cette séparation de l’Eglise et de l’Etat, avec cette profession publique de laïcisme de toutes les institutions étatiques, de la magistrature, de l’armée, du pouvoir, des Assemblées politiques, de l’Etat lui-même, mais surtout de l’école, laïcisme qui est en train de porter ses fruits ultimes, fruits amères, en imposant à notre pays un nouveau paganisme
Oui ! Vraiment le laïcisme est la peste des nations.
Vous pourriez me demander : « Quel devoir s’impose à tout homme en présence de cette lutte foncière et irréductible des deux chefs opposés de l’humanité, le Christ et Satan ? Je vous répondrai : « C’est de ne pactiser jamais, en quoi que ce soit, avec ce qui est de Satan et de ses satellites et de se ranger – pour y demeurer toujours et combattre vaillamment – sous l’étendard de Jésus-Christ.
Mais courage ! L’Apocalypse nous parle de ce combat. Il a débuté au Ciel et il se poursuit sur la terre, mais Dieu reste victorieux, Dieu est Dieu : « Il y eut un combat dans le ciel : Michel et ses anges s’avancèrent pour combattre le dragon et le dragon et ses anges combattirent ; mais ils ne purent vaincre et leur place même ne fut plus trouvés dans le ciel. Il fut précipité, le grand dragon, le serpent ancien , celui qui est appelé le diable et Satan, le séducteur de toute la terre, il fut précipité sur la terre et ses anges avec Lui. Et j’entendis dans le ciel une voix forte qui disait : « Maintenant le salut, la puissance et l’empire sont à notre Dieu, et l’autorité à son Christ ; car il a été précipité, l’accusateur de nos frères, celui qui les accusait jour et nuit devant notre Dieu »
Et il en sera de même sur la terre. « Et j’entendis : « Eux aussi l’ont vaincu par la vertu du Sang de l’Agneau et par la parole de leur témoignage, ayant renoncé à l’amour de la vie, jusqu’à souffrir la mort ».