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Entraide et Tradition

Des effets des Sacrements: le caractère

publié dans couvent saint-paul le 30 novembre 2010


Les Sacrements

Le sacrement en général

Septième leçon. (30 novembre 2010)

Des effets des sacrements. (2)
Suite
Le caractère

Dans la leçon sixième, nous avons commencé à étudier les effets des sacrements. Nous avons parlé du premier des effets : de la grâce sanctifiante. Nous avons donné quelques citations de l’Ecriture sainte, surtout des textes de saint Paul, de saint Pierre.

Nous aurions du également rappeler l’enseignement du Magistère infaillible de l’Eglise, entre autres, l’enseignement du Concile de Florence et de celui du Concile de Trente. Nous le faisons maintenant.

Le Concile de Florence.

Le Concile de Florence, qui est le 17ème Concile œcuménique de l’Eglise qui s’est tenu en 1439, enseigne, dans un décret qu’on appelle le « décret pour les Arméniens »: « … Pour un enseignement plus facile aux Arméniens, tant actuels que futurs, nous rédigeons, sous cette forme très courte, la vraie doctrine des sacrements de l’Eglise. Il y a sept sacrements de la Loi Nouvelle….qui différent beaucoup des sacrements de la Loi ancienne. Ceux-ci en effet ne causaient pas la grâce, mais figuraient seulement le don qui en serait fait par la Passion du Christ. Les nôtres, eux, contiennent la grâce et la confèrent à ceux qui la reçoivent dignement ».

Les deux verbes latins retenus ici sont les verbes « continere » et « confere » : « « Haec vero nostra et continent gratiam et ipsam digne suscipientibus conferunt »

Vous retrouvez donc dans cet enseignement du Concile de Florence le résumé de ce que vous avez lu et appris dans la leçon 6ème, en particulier la relation affirmée entre la Passion du Christ et les sacrements

Le Concile de Trente

Le Concile de Trente, qui est le 19ème concile œcuménique qui s’est tenu au 16ème siècle – Remarquez qu’il n’y a pas eu de Concile entre le Concile de Trente et le Concile Vatican II – aborde la question des sacrements dans sa sessions 7ème du 3 mars 1547. Après un préambule bref, le Concile rédigea 13 canons qui, tous, s’opposent à la doctrine protestante de Luther. En les lisant, vous retrouverez l’enseignement l’Eglise qui vous a été exposé dans la leçon 6.

Le canon Ier vous rappelle que les sacrements de la Nouvelle Loi ont tous été institués par Notre Seigneur Jésus-Christ et qu’ils sont au nombre de 7.

C A N O N I.
« Si quelqu’un dit, que les Sacrements de la nouvelle Loi n’ont pas été tous institués par notre Seigneur Jésus-Christ ; ou qu’il y en a plus ou moins de sept, savoir, le baptême, la confirmation, l’Eucharistie, la pénitence, l’Extrême onction, l’ordre, le mariage; ou que quelqu’un de ces sept, n’est pas proprement, et véritablement un Sacrement : qu’il soit anathème ».

Le canon 2 affirme que autres sont les sacrements de la Loi ancienne, autres les sacrements de la Loi Nouvelle : cette différence n’est pas seulement une question de « cérémonies et des pratiques diverses ».

C A N O N I I.
« Si quelqu’un dit que les Sacrements de la nouvelle Loi ne sont différents des Sacrements de la Loi ancienne, qu’en ce que les cérémonies, et les pratiques extérieures sont diverses : qu’il soit anathème ».

Le canon 3 nous rappelle qu’il y a entre les sacrements une hiérarchie, certain étant plus dignes que d’autres, ainsi de l’Eucharistie qui contient non seulement la grâce sanctifiante, mais l’auteur même de la grâce. Nous l’avons étudié dans une leçon précédente.

C A N O N I I I.
« Si quelqu’un dit, que les sept Sacrements sont tellement égaux entre eux, qu’il n’y en a aucun de plus digne que l’autre, en quelque manière que ce soit : qu’il soit anathème ».

C’est pourquoi le Père Pègues peut écrire dans son « catéchisme selon saint Thomas », à la page 429 :

De tous ces sacrements, quel est le plus grand et en un sens le plus important, ou celui auquel tous les autres sont ordonnés et dans lequel en quelque sorte tous les autres s’achèvent ?

« C’est le sacrement de l’eucharistie. En lui, en effet, comme nous le verrons, se trouve contenu substantiellement Jésus-Christ lui-même, tandis que dans tous les autres ne se trouve qu’une vertu dérivée de lui. Aussi bien tous les autres paraissent être ordonnés, ou à réaliser ce sacrement, comme l’ordre ; ou à rendre digne ou plus digne de le recevoir, comme le baptême, la confirmation, la pénitence, l’extrême-onction ; ou, du moins, à le signifier, comme le mariage. De même, c’est presque toujours par la réception de l’eucharistie, que se terminent les cérémonies relatives à la réception des autres sacrements ; même pour le baptême, quand il s’agit des adultes (q. 65, a. 3) ».

Le canon 4 nous rappelle que tous les sacrements de la Loi Nouvelle sont cause de la grâce de la justification. Ils donnent ce que ne donnait pas les sacrements de la Loi ancienne. C’est pourquoi ils sont nécessaires au salut, nul ne pouvant être sauvé sans la grâce sanctifiante.

C A N O N I V.
« Si quelqu’un dit, que les Sacrements de la nouvelle Loi, ne sont pas nécessaires à Salut : mais qu’ils sont superflus ; et que sans eux, ou sans le désir de les recevoir, les hommes peuvent obtenir de Dieu, par la seule Foi, la grâce de la Justification ; bien qu’il soit vrai que tous ne soient pas nécessaires à chaque particulier : qu’il soit anathème.

Voilà qui confirme clairement notre leçon 6ème et qui nous fait comprendre qu’ils ne furent pas seulement institués par Notre Seigneur Jésus-Christ comme étant une seule « protestatio fidei », ce que condamne clairement le canon 5

C A N O N V.
« Si quelqu’un dit, que les Sacrements n’ont été institués que pour entretenir seulement la Foi : qu’il soit anathème ».

Le canon 6 précise la doctrine de l’Eglise sur l’effet des sacrements : la grâce sanctifiante est communiquée, conférée par les sacrements ou encore les sacrements donnent la grâce sanctifiante qu’ils signifient à ceux qui n’y mettent pas d’obstacles. Ils ne sont pas de simples signes, de simples « marques » extérieurs qui permettent de distinguer un fidèle d’un infidèle.

C A N O N V I.
« Si quelqu’un dit, que les Sacrements de la nouvelle Loi, ne contiennent pas la Grâce (non continere gratiam) qu’ils signifient ; ou qu’ils ne confèrent pas (aut gratiam non ponentibus obicem non conferre) cette Grâce à ceux qui n’y mettent point d’obstacle ; comme s’ils étaient seulement des signes extérieurs de la Justice ou de la Grâce qui a été reçue par la Foi, ou de simples marques de distinction de la Religion Chrétienne, par lesquelles on reconnaît dans le monde les Fidèles d’avec les Infidèles : qu’il soit anathème. »

Vous le voyez, nous retrouvons les mêmes verbes latins pour exprimer l’effet des sacrements, « continere », « conferre »

Les canons 7 et 8 précisent encore que la grâce sanctifiante est un effet nécessaire des sacrements donnés et reçus « avec toutes les conditions requises », ainsi, pour la justification, la foi seule ne suffit pas.

C A N O N V I I.
« Si quelqu’un dit, que la Grâce, quant à ce qui est de la part de Dieu, n’est pas donnée toujours, et à tous, par ces Sacrements, encore qu’ils soient reçus avec toutes les conditions requises ; mais que cette Grâce n’est donnée que quelquefois, et à quelques-uns : qu’il soit anathème ».

C A N O N V I I I.
Si quelqu’un dit, que la Grâce n’est pas conférée ex opere operato (i.e . par la vertu et la force qu’ils contiennent) ; mais que la seule Foi aux promesses de Dieu suffit, pour obtenir la Grâce : qu’il soit anathème ».

Nous retrouvons encore le verbe « conferre » : « novae Legis sacramenta ex opere operato conferri. »

Voilà les canons du Concile de Trente qui concernent notre étude de la grâce sanctifiante, effet des sacrements. Les autres canons traitent précisément du caractère, ce que nous allons maintenant étudier ? C’est, avons-nous dit, le second effet donné par trois sacrements : le baptême, la confirmation et l’ordre.

Le caractère imprimé par trois sacrements.

Le catéchisme enseigne ensuite que le second effet du sacrement est ce qu’on appelle « le caractère » et que cet effet est le propre, non pas de tous les sacrements mais de trois d’entre eux, à savoir, le baptême, la confirmation et le sacrement de l’ordre.

Voilà les paroles du catéchisme : « Le second effet des Sacrements ne leur est point commun à tous ; il n’appartient qu’à trois d’entre eux, au Baptême, à la Confirmation et à l’Ordre. Cet effet, c’est le caractère qu’ils impriment dans l’âme ».
Notre catéchisme va tout d’abord nous en démontrer le fait ; puis il cherchera à nous en expliquer la nature. C’est ainsi que procède encore saint Thomas dans sa Sommes.

1- Du fait du caractère, autrement dit, posons-nous la question de savoir « si le sacrement imprime un certain caractère dans l’âme ». C’est la question I de la question 63 consacré au second effet des sacrements, à savoir le caractère.

a) la preuve scripturaire : Notre catéchisme de Trente en donne d’abord la preuve scripturaire en citant saint Paul dans son épître au Corinthiens : « Dieu nous a oints de son onction. Il nous a marqués de son sceau, et Il a mis comme gage le Saint-Esprit dans nos cœur » (2 Cor 1 21)
Ces paroles: Il nous a marqués de son sceau, désignent clairement un caractère, puisque l’effet propre du caractère est de marquer et de former une empreinte ».
b) l’argument théologique : L’argument théologique est simple. Saint Thomas, dans le corps de l’article 1 l’explique ainsi : «Les sacrements de la loi nouvelle sont ordonnés à une double fin: remédier aux péchés et parfaire l’âme en vue du culte de Dieu tel qu’il convient au rite de la vie chrétienne. (ad perficiendum animam in his quae pertinent ad cultum Dei secundum ritum christianae vitae).Or tous ceux que l’on députe à une fonction précise, il est d’usage de les marquer par un signe approprié; ainsi, dans l’antiquité, les soldats enrôlés au service militaire portaient certains caractères sur leur corps, du fait qu’ils étaient députés à un service corporel. Aussi, puisque les hommes sont députés par les sacrements au service spirituel du culte de Dieu, il est logique que ces sacrements marquent les fidèles d’un certain caractère spirituel ». (III 63 1)
La conclusion de saint Thomas d’Aquin est de foi catholique définie puisqu’elle est la conclusion même du Concile de Trente. Le canon 9 prononce l’anathème contre quiconque dirait que certains sacrements de la loi nouvelle, savoir le baptême, la confirmation et l’ordre n’imprime pas un caractère dans l’âme, c’est-à-dire un certain signe spirituel et indélébile.

C A N O N I X.
« S i quelqu’un dit, que par les trois Sacrements, du Baptême, de la Confirmation, et de l’Ordre, il ne s’imprime point dans l’Ame de caractère, c’est-à-dire, une certaine marque spirituelle, et ineffaçable ; d’où vient que ces Sacrements ne peuvent être réitérés : qu’il soit anathème ».

Le fait du caractère étant bien établi, le catéchisme, comme saint Thomas, vont étudier la nature de ce caractère

2-De la nature du caractère.

Saint Thomas nous parle de la nature du caractère dans les articles 2 et 3 de la question 63. Il affirme dans l’article 2 que « le caractère implique (ou est) une certaine puissance spirituelle ordonnée aux choses qui regardent le culte divin ».
C’est la définition du caractère.
Voici la démonstration de saint Thomas

« En effet les sacrements de la Loi nouvelle, avons-nous dit plus haut, imprime un caractère, en tant que par eux on est député au culte de Dieu selon le rite de la religion chrétienne (initié par le Christ dans l’oblation de son sacrifice dont il est le prêtre). Or le culte divin consiste ou à recevoir certaines choses divines ou à les livrer aux autres. Pour l’une ou l’autre de ces deux choses est requise une certaine puissance : car, pour livrer quelque chose aux autres est requise une puissance active ; et pour recevoir soi-même quelque chose, est requise une puissance passive. Il suit de là que le caractère implique une certaine puissance spirituelle ordonnée aux choses qui regardent le culte divin ».

C’est ce que confesse aussi le catéchisme du Concile de Trente lorsqu’il dit que le caractère a pour effet de nous « rendre capables de recevoir et de faire certaines choses du domaine de la Religion ». Le caractère nous ordonne au culte divin. Il se définit par rapport à sa fin qui est le culte divin. Il est une certaine puissance spirituelle qui nous ordonne aux choses qui regardent le culte divin. Ceci va permettre à saint Thomas d’approfondir encore la notion de caractère.

Ce sera l’objet de l’article 3 où il va enseigner que le caractère nous assimile au sacerdoce du Christ. C’est dire toute l’importance du caractère. C’est ce caractère qui fait la dignité du chrétien baptisé.

Voici l’argumentation de Saint Thomas : « Comme on l’a montré plus haut, le caractère est proprement un sceau qui désigne une chose ordonnée à une fin déterminée; ainsi, c’est par un caractère que le denier est désigné pour servir au commerce, et les soldats sont marqués d’un caractère qui les députe au service militaire. Or le fidèle est député à deux choses. D’abord et à titre principal à la jouissance de la gloire, et pour cela, il est marqué du sceau de la grâce; c’est ce que dit Ézéchiel (9, 4): « Marque d’un Tau le front des hommes qui gémissent et qui souffrent », et de même l’Apocalypse (7, 3): « Ne nuisez pas à la terre, ni aux arbres, jusqu’à ce que nous ayons marqué au front les serviteurs de notre Dieu. » En second lieu, chaque fidèle est député à recevoir ou à donner aux autres ce qui concerne le culte de Dieu; et c’est là le rôle propre du caractère sacramentel. Or, tout le rite de la religion chrétienne découle du sacerdoce du Christ (de son sacrifice, de son sacerdoce, lui même étant la victime de ce sacrifice). C’est pourquoi il est évident que le caractère sacramentel est spécialement le caractère du Christ, au sacerdoce de qui les fidèles sont configurés par les caractères sacramentels qui ne sont pas rien d’autre qu’une certaine participation du sacerdoce du Christ, dérivées du Christ lui-même ».

Voilà merveilleusement exprimée la dignité du chrétien qui porte en lui ces marques, en participation du sacerdoce du Christ que sont les caractères sacramentels.

3-Conclusion.

C’est ainsi que le catéchisme arrive à la fin de son traité sur les sacrements en général.
Il ne craint pas d’insister de nouveau, à la fin de cet exposé, sur l’honneur qu’on leur doit et sur le désir qu’on doit avoir de les recevoir.
Ces deux effets seront d’autant plus faciles à susciter si les prêtres « répètent souvent aux Fidèles ce que nous avons dit de la divinité et de l’utilité des Sacrements, à savoir, qu’ils ont été institués par Jésus-Christ notre Sauveur, qui ne peut rien produire que de très parfait ; que, quand nous les recevons, la Vertu toute puissante de l’Esprit Saint pénètre jusqu’au fond de nos cœur s ; qu’ils possèdent la propriété merveilleuse et infaillible de nous guérir ; qu’ils sont comme autant de canaux qui nous communiquent les richesses infinies de la Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ ; et qu’enfin, si l’édifice de la Religion repose sur le fondement inébranlable de la pierre angulaire qui est Jésus-Christ, il a besoin cependant d’être soutenu de tous les côtés par la prédication de la Parole de Dieu, et par l’usage des Sacrements. Sans quoi il serait bien à craindre qu’il ne vint à tomber en ruine en grande partie. Car si les Sacrements nous font entrer dans la Vie spirituelle, ils sont aussi l’Aliment qui nous nourrit, nous conserve, et nous donne l’accroissement ».

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