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Entraide et Tradition

Le sacerdoce catholique. Deuxième conférence

publié dans la doctrine catholique le 3 décembre 2010


Deuxième conférence.

Vos dispositions en entrant au séminaire.
« Domus caritatis »

NSJC a donc voulu s’adjoindre des hommes pour participer à l’oeuvre qu’il est venu réaliser sur la terre : une œuvre de sanctification par l’offrande de son sacrifice, signe et preuve de son immense charité. Il leur a dit : « Désormais, je fais de vous des pécheurs d’hommes ». Et, dit l’Evangile, « ayant tout abandonné, ils l’ont suivi » (Mt 4 19-21)

Plus loin, toujours dans saint Matthieu, il est écrit : « Ayant appelé ses douze disciples, il leur donna pouvoir de chasser les esprits impurs (…) Voici les noms des douze apôtres » (Mt 10 1-2)

Il leur donne ensuite un ensemble de considérations très belles qu’il faut lire et méditer. Votre sacerdoce n’est pas livré à votre fantaisie, votre bon plaisir. Il est essentiellement l’œuvre du Christ. Il faut donc en connaître la pensée pour conformer votre être à l’idéal sacerdotal tel que voulu par NSJC. Le sacerdoce est un œuvre « christique ».

« Ce sont ces douze que Jésus envoya, après leur avoir donné ces instructions :

« N’allez point vers les Gentils, et n’entrez dans aucune ville des Samaritains;
allez plutôt aux brebis perdues de la maison d’Israël.

« Sur votre chemin, annoncez ceci : « Le royaume des cieux est proche ».

Voilà précisé l’objet de la prédication des apôtres de Jésus-Christ : prêcher le royaume de cieux. Le royaume de la béatitude.

« Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons : vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement.

Voilà un beau conseil sacerdotal qu’il faut méditer…Générosité dans la vie sacerdotale, dans l’apostolat. L’égoïsme est au antipode de l’idéal sacerdotal. Un prêtre qui ne pense qu’à lui est une « contradiction ».

« Ne vous procurez ni or, ni argent, ni petite monnaie pour vos ceintures, ni besace pour la route, ni deux tuniques, ni sandales, ni bâton; car l’ouvrier mérite sa nourriture ».

Voilà la pauvreté enseignée par le Maître. Elle doit être vécue dans le ministère. L’accomplir sans esprit de lucre.

« En quelque ville ou bourg que vous entriez, informez-vous qui y est honorable, et demeurez là jusqu’à votre départ ».

Ici, il faut noter la prudence dans le ministère : « qui est honorable ».

« En entrant dans la maison, saluez-la; et si la maison en est digne, que votre paix vienne sur elle; mais si elle n’est pas digne, que votre paix vous revienne.

Ici je retiendrai la politesse dans le ministère. La politesse n’est pas la vertu la mieux partagée dans le monde sacerdotal.

« Si l’on refuse de vous recevoir et d’écouter vos paroles, sortez de cette maison ou de cette ville en secouant la poussière de vos pieds.

Ici, je retiendrai le sens de l’honneur et de la justice, sachant que Dieu en a la garde pour ses ministres : « Je vous le dis en vérité : il y aura moins de rigueur, au jour du jugement, pour le pays de Sodome et de Gomorrhe que pour cette ville ».

« Voici que je vous envoie comme des brebis au milieu des loups : soyez donc prudents comme les serpents, et simples comme les colombes. Tenez-vous en garde contre les hommes, car ils vous livreront aux sanhédrins et vous  flagelleront dans leurs synagogues. Vous serez traduits à cause de moi devant gouverneurs et rois, en témoignage pour eux et les Gentils ».

Donc ici le Seigneur nous rappellent le grande « prudence » dans notre apostolat. Ne pas se faire d’illusion sur les hommes…N’oubliez jamais le plan divin de salut. Il est au cœur du grand combat politique entre l’Eglise et le monde. Ce combat est actuel en chaque génération. Il fut particulièrement féroce pendant les quatre premiers siècles de l’Eglise jusqu’à la conversion de Constantin. Puis l’Eglise eut un temps de paix. Puis aux siècles des invasions l’Eglise connut de nouveau les persécutions. Puis ce fut la très belle période du Moyen Age, jusqu’à la Renaissance. Avec elle, le conflit devint plus intellectuel, plus moral, plus littéraire. C’est le retour à l’idéal païen. C’est le refus de l’autorité du Christ, la négation de son domaine souverain. Cette opposition éclata au grand jour avec la Révolution française et l’affirmation de la Raison opposée au Christ, du Naturalisme, nouvelle négation de Dieu et de son Christ. Le combat luciférien s’incarna alors de nouveau et dans le cœur des personnes et dans les Institutions. Le refus de Dieu est le formel des temps modernes. « Ecrasons l’Infâme » disait Voltaire. Et ce fut la chute des monarchies, le sacrifice de Louis XVI, parce que Roi très chrétien. Ce fut la persécution des prêtres, terribles persécutions. Le formel de la pensée révolutionnaire reste le formel de la politique contemporaine. La réunification italienne s’est faite contre l’autorité du pape, contre les Etats pontificats, garants de l’indépendance du Pontife Romain. Cette opposition au Christ et à l’Eglise est au cœur de toutes les loges maçonniques qui prolifèrent en ce 18ème siècle et ce 19 siècle…Et c’est alors le triomphe du laïcisme qui se dresse lui aussi contre le Christ et son autorité, contre l’Eglise. C’est alors au début du 20ème siècle l’expulsion du territoire nationale des congrégations religieuses, des Jésuites, des Carmes, des Bénédictins…. C’est le monopole de l’école au profit de l’Etat, de la délivrance des diplômes. C’est le fruit du laïcisme. Et puis nous avons, dans le milieu du 20ème le développement de ces « idéologies du mal » dont nous parle Jean-Paul II dans son livre « Mémoire et Identité », que sont le nazisme et le communisme qui n’ont cessé de combattre l’Eglise et ses prêtres…Et le pape Jean-Paul II de démontrer que ces « idéologies du mal » ne sont rien d’autre que le fruit de l’idéalisme qui plonge ses racines dans le « cogito ergo sum » de Descartes. Et avec cet idéalisme philosophique qui s’installe dans bien des Universités européennes, va se développer, comme une conséquence, le modernisme que Saint Pie X va condamner au début du 20ème siècle et qui sera triomphant à l’occasion du Concile Vatican II dans bien des documents conciliaires et tout particulièrement dans le document sur la liturgie. La réforme liturgique et la messe de Paul VI en seront une triste application. Et pour complaire au courant libéral et protestant, cette réforme cherche à effacer, a étouffer les affirmations tellement essentielles à la messe : la notion de sacrifice propitiatoire, la notion de présence réelle du Christ sous les apparences du pain et du vin, la notion du sacerdoce ministériel…tous éléments constitutifs du plan divin du salut.

Mais au milieu de tous ces drames, le saint Esprit protège son Eglise et suscite les martyrs, les Vierges, les confesseurs, les docteurs, les saints Rois, saint Louis, Saint Etienne, les saintes Congrégations, les Franciscains, les Dominicains, les Jésuites, lors de la Réforme et de la Contre Réforme, les saints Conciles et tout particulièrement le saint Concile de Trente face au protestantisme et ses admirables Décrets et Canons et son merveilleux catéchisme pour les Curés et le peuple. Le Saint Esprit suscite les Pontifes, saint Pie V, qui nous donna comme dans un écrin à garder le mystère du Christ Jésus sainte Victime de propitiation, saint Pie X qui lutta contre le modernisme et enfin comme mille autres dans le temps, Mgr Lefebvre, qui nous donna sa si importante déclaration du 21 novembre 1974 s’opposant avec Mgr de Castro Mayer à ce Concile Vatican II si dramatique pour l’Eglise et son unité.

« Lorsqu’on vous livrera, ne vous préoccupez ni de la manière dont vous parlerez, ni de ce que vous aurez à dire : ce que vous aurez à dire vous sera donné à l’heure même. Car ce n’est pas vous qui parlerez, c’est l’Esprit de votre Père qui parlera en vous ».

Quelles que soient les difficultés rencontrées, il faut garder grand abandon et grande confiance en Dieu.

« Le frère livrera son frère à la mort, et le père son enfant, et les enfants s’élèveront contre leurs parents et les feront mettre à mort ».

« Vous serez en haine à tous à cause de mon nom; mais celui qui persévérera jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé. Lorsqu’on vous poursuivra dans cette ville, fuyez dans une autre. En vérité, je vous le dis, vous n’aurez pas achevé (de parcourir) les villes d’Israël; avant que le Fils de l’homme ne soit venu ».

« Il n’y a pas de disciple au-dessus du maître, ni de serviteur au-dessus de son seigneur. Il suffit au disciple d’être comme son maître, et au serviteur comme son seigneur. S’ils ont appelé le maître de maison Béelzéboul, combien plus les gens de la maison ! Ne les craignez donc point : car il n’y a rien de caché qui ne doive se découvrir, rien de secret qui ne doive être connu ».

Souvenez-vous de cet ordre du Seigneur : Il suffit au disciple d’être comme son maître, et au serviteur comme son Seigneur.

« Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le au grand jour, et ce que vous entendez à l’oreille, publiez-le sur les toits. Ne craignez pas ceux qui tuent le corps, mais ne peuvent tuer l’âme; craignez plutôt celui qui peut perdre l’âme et le corps dans la géhenne ».

Avoir la crainte de Dieu et nullement la crainte du monde. Avoir confiance en Dieu : tel est l’ordre du Seigneur.

« Deux moineaux ne se vendent-ils pas un as? Et pas un d’entre eux ne tombe sur la terre, sans (la permission de) votre Père. Quant à vous, même les cheveux de votre tête sont tous comptés. Ne craignez donc point : vous valez, vous, plus que beaucoup de moineaux ».

« Celui donc qui me confessera devant les hommes, moi aussi je le confesserai devant mon Père qui est dans les cieux; mais celui qui me reniera devant les hommes, moi aussi je le renierai devant mon Père qui est dans les cieux ».

Avoir l’audace dans notre ministère. Cela paye auprès de Dieu…Saint Pierre et Saint Jean nous en donne la preuve dès l’origine de l’Eglise. Souvenez vous des Actes des Apôtres, du Chapitre 4 :
« Or, pendant qu’ils parlaient au peuple, survinrent près d’eux, les prêtres, le commandant du temple et les Sadducéens, fort mécontents de ce qu’ils enseignaient le peuple et annonçaient en Jésus la résurrection d’entre les morts.
Ils portèrent les mains sur eux et (les) mirent en prison jusqu’au lendemain,
car c’était déjà le soir. Cependant beaucoup de ceux qui avaient entendu le discours crurent, et le nombre des hommes devint de cinq mille environ.
« Puis, le lendemain, leurs chefs, les Anciens et les scribes de Jérusalem
s’assemblèrent, ainsi que Anne le grand prêtre, Caïphe, Jean, Alexandre, et tous ceux qui étaient de famille pontificale. Et les ayant fait comparaître devant eux, ils demandèrent :  » Par quel pouvoir et au nom de qui avez-vous fait cela?  »

« Alors Pierre, rempli du Saint-Esprit, leur dit :  » Chefs du peuple et Anciens, puisqu’on nous interroge aujourd’hui sur un bienfait (accordé) à un infirme, (pour savoir) comment cet homme a été guéri, sachez-le bien, vous tous, et tout le peuple, d’Israël : C’est par le nom de Jésus-Christ de Nazareth, que vous avez crucifié, que Dieu a ressuscité des morts, c’est par lui que cet homme est présent devant vous en pleine santé. C’est lui, la pierre rejetée par vous les constructeurs, qui est devenue tête d’angle. Et le salut n’est en aucun autre, car il n’est sous le ciel aucun autre nom donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés.  »
Vous le voyez, saint Pierre confesse merveilleusement le plan divin de salut, tout résumé dans le Christ.
« Lorsqu’ils virent l’assurance de Pierre et de Jean, sachant qu’ils étaient des hommes sans instruction et du commun, ils étaient étonnés, et ils les
reconnaissaient pour avoir été avec Jésus. Mais, comme ils voyaient debout, avec eux, l’homme qui avait été guéri, ils n’avaient rien à répliquer.

« Les ayant fait sortir du sanhédrin, ils se consultèrent entre eux, disant :  » Que ferons-nous à ces hommes? Qu’un miracle manifeste soit arrivé par eux, la chose est claire pour tous les habitants de Jérusalem, et nous ne
pouvons le nier. Mais pour que cela ne se répande pas davantage parmi le peuple, défendons-leur avec menaces de parler désormais en ce nom-là à qui que ce soit.  » Et, les ayant rappelés, ils leur interdirent absolument de parler et
d’enseigner au nom de Jésus.

« Pierre et Jean, répliquant, leur dirent :  » Jugez s’il est juste devant Dieu
de vous écouter plutôt que Dieu; car, pour nous, nous ne pouvons pas ne pas dire ce que nous avons vu et entendu.  »
« Après leur avoir fait des menaces, ils les relâchèrent, ne trouvant aucun
moyen de les punir, à cause du peuple, parce que tous glorifiaient Dieu de ce
qui était arrivé.
En effet, l’homme à qui était arrivée cette guérison merveilleuse avait
plus de quarante ans.
« Une fois relâchés, ils allèrent vers les leurs et racontèrent tout ce que les
grands prêtres et les Anciens leur avaient dit. Ce qu’ayant entendu, eux élevèrent d’un même cœur la voix vers Dieu, en disant :  » Maître, c’est vous qui avez fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qu’ils renferment; qui avez dit par l’Esprit-Saint, [par la] bouche de [notre père] David, votre serviteur : Pourquoi les nations ont-elles frémi, et les peuples ont-ils formé de vains (projets)?
Les rois de la terre se sont présentés, et les chefs se sont ligués ensemble
contre le Seigneur et contre son Oint. Car, en vérité, ils se sont ligués dans cette ville contre votre saint serviteur Jésus, que vous avez oint, Hérode et Ponce-Pilate avec les nations et les peuples d’Israël, afin de faire ce que votre main et votre volonté avaient fixé d’avance pour arriver. Et maintenant, Seigneur, considérez leurs menaces, et donnez à vos serviteurs d’annoncer votre parole en toute assurance, en étendant votre main pour qu’il se fasse des guérisons, des miracles et des prodiges, par le nom de votre saint serviteur Jésus. « Quand ils eurent prié, le lieu où ils étaient réunis trembla, et ils furent tous remplis du Saint-Esprit; et ils annonçaient la parole de Dieu avec assurance ».

« Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre; je suis venu apporter, non la paix, mais le glaive. Car je suis venu séparer le fils de son père, la fille de sa mère, et la bru de sa belle-mère; et on aura pour ennemis les gens de sa propre maison. »

Pensez au glaive de Notre Dame dans la prophétie de Siméon.
Pensez à cette opposition acharnée du monde contre le Christ…ce que les fidèles de saint Pierre viennent juste de nous rappeler.

« Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi; et celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi ».

Le don de soi pour le choix de Dieu doit être absolu

« Celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas, n’est pas digne de moi. Celui qui cherche à conserver sa vie, la perdra; et celui qui perd sa vie à cause de moi, la retrouvera ».

Comme le Christ qui a pris sa Croix, le prêtre doit aussi prendre sa croix. Voilà l’imitation de NSJC affirmée

« Celui qui vous reçoit me reçoit, et celui qui me reçoit, reçoit celui qui m’a envoyé. Celui qui reçoit un prophète en qualité de prophète, recevra une récompense de prophète; et celui qui reçoit un juste en qualité de juste, recevra une récompense de juste ».

Quelle dignité du prêtre puisqu’il est identifié ici au maître.

« Et quiconque donnera à boire seulement un verre d’eau fraîche à l’un de ces petits parce qu’il est disciple, je vous le dis en vérité, il ne perdra point sa récompense. »

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Dans l’Evangile de saint Marc, il y a un petit détail qui n’est pas dans l’évangile de saint Matthieu : « Etant monté sur la montagne, il appela ceux que lui-même voulut, et ils vinrent à lui » (Mc 3 13).

« Sur la montagne ». Vous savez que dans l’Ecriture sainte, la montagne, c’est le Christ. On va « à la Montagne qu’est le Christ ». « Vous vous êtes approchés de la montagne de Sion et de la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste (…) du médiateur de la nouvelle alliance, Jésus » (Hb 12 22 24) (Voir aussi la collecte de la fête de sainte Catherine d’Alexandrie, 25 novembre qui se termine par ces mots : « nous puissions parvenir à cette montagne qu’est le Christ ».
On va « à la montagne qui est le Christ », de même qu’on monte à l’autel qui est aussi comme une montagne représentant le Christ. Nous montons vers le Christ. Lui aussi a voulu aller sur la montagne pour appeler ses apôtres afin de leur manifester la séparation du siècle qu’il attendait d’eux. Il leur demandait par là de quitter le monde afin d’être d’avantage unis à Lui.

Voilà votre préoccupation ici en entrant dans ce séminaire. Ce séminaire est pour vous comme « la montagne », comme le Seigneur : vous désirez vous unir totalement à Lui en quittant le monde.

Quelle leçon pour vous !

« Laissant tout » : Eux aussi quittent leur foyer, leurs parents, leur famille. Ils abandonnent tout pour suivre NSJC. Comme eux, vous devez tout abandonner pour être au séminaire de NSJC, à l’école de NSJC, l’écoutant, le voyant agir admirant son enseignement, ses vertus…sa passion, son sacrifice. Suivre NSJC plus complètement afin de monter à l’autel offrir le saint sacrifice et vous offrir en victime avec la Victime qui s’offre sur l’autel. Voilà le prêtre : aimer le Bon Dieu au point de tout quitter pour se donner à NSJC.

NSJC appela ceux qu’Il voulut (Mc 3 13) et il choisit les douze. Il vous choisit.
Saint Paul affirme aussi que ceux qui sont appelés ne se choisissent pas eux-mêmes. « Personne ne reçoit cet honneur par lui-même, mais on y est appelé.
Vous êtes appelés…Saint Paul, lui, a été terrassé sur le chemin de Damas… et c’est cet appel qui fait votre vocation. Ce n’est pas tellement votre désir personnel. Ce désir est comme une conséquence de l’appel de Dieu. Vous pouvez repasser l’histoire de votre vocation dans votre mémoire et vous vous rendrez compte que c’est Dieu qui vous a appelé secrètement.
« Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, dit NSJC mais c’est moi qui vous ai choisis » (Jn 15 16). Jésus nous a choisis. Nous croyons souvent que c’est nous qui avons choisis de devenir prêtre. Quelle illusion ! C’est méconnaître la toute puissance de Dieu qui nous mène bien plus que nous ne nous menons nous-mêmes. NSJC nous a conduits jusqu’au séminaire. Il nous a choisi pour cette vocation sacerdotale. Nous sommes choisis et envoyés dans le monde par Lui.

C’est là pour nous une source de confiance. Nous avons confiance qu’ayant été choisi par Dieu, d’être soutenus par sa main dans notre activité et notre sanctification sacerdotale.

Ainsi que cela soit clair pour vous : totalité du don de vous-même, et totale confiance en Dieu qui mènera à bonne fin son œuvre. Voilà une disposition foncière de votre âme en entrant au séminaire.

Qu’il soit clair aussi que « la vocation consiste essentiellement dans l’appel de l’Eglise confirmant le désir et les dispositions nécessaires pour collaborer à l’œuvre de la Rédemption voulue et accomplie par NSJC afin de rendre gloire à Dieu et de sauver les âmes ». (ib p. 34). C’est çà le plan de salut…« C’est ce désir d’offrir sa vie, de la mettre à la disposition de NSJC pour aider à parfaire l’œuvre de la Rédemption, de quelque manière que ce soit, qui est un premier signe de l’appel de Dieu, si par ailleurs les dispositions de l’esprit et du cœur et du corps sont présentes. Mais c’est l’Eglise, par l’intermédiaire des évêques et des supérieurs, qui jugera de l’authenticité de cet appel, qui d’intérieur doit devenir effectif et public » (ib 34-35)

N’oubliez pas : la vocation sacerdotale exige de vous un don total mais une grande confiance en Dieu.

Les dispositions du séminariste et le Catéchisme du Concile de Trente.

Voici comment le Catéchisme du Concile de Trente parle des dispositions qu’il convient d’avoir pour gagner le « Royaume de Dieu » l’objet de la seconde demande du Pater, « que votre Règne arrive », l’objet, je pense de votre cœur, la raison de votre venue au séminaire : chercher le royaume de Dieu pour vous et pour d’autres. Il y a des affirmations qui peuvent vous être utiles dans votre vie de séminaristes et de futurs prêtres, (car, enfin, vous êtes séminaristes pour être prêtres).

Selon l’enseignement de ce catéchisme, je me dois de vous exhorter d’abord à bien peser toute la force et la portée de cette parabole du Sauveur: « Le Royaume des cieux est semblable à un trésor caché dans un champ. Un homme vient-il à le trouver, il le cache de nouveau, et dans sa joie, il s’en va, vend tout ce qu’il possède et achète ce champ. » (Mt 13 44)

Ainsi celui qui connaîtra les richesses de Notre Seigneur Jésus-Christ, pour lui, méprisera tout le reste. Biens, fortune, puissance, tout sera vil à ses yeux. Rien ne saurait être comparé à ce souverain Bien, ou plutôt rien ne saurait tenir devant Lui. C’est pourquoi ceux qui auront le bonheur de connaître ces richesses du Royaume de Dieu, s’écrieront avec l’Apôtre: « Je me suis dépouillé de tout, je fais cas de toutes choses comme de la boue, pour gagner Jésus-Christ. » (Phi 3 8).

C’est la perle précieuse de l’Evangile. Celui qui aura dépensé pour l’acheter tout l’argent qu’il avait retiré de la vente de tous ses biens jouira d’un bonheur éternel, source de la joie..

Heureux serions-nous, si Notre Seigneur Jésus-Christ daignait nous éclairer assez pour faire voir cette perle de la Grâce divine, par laquelle Il règne en tous ceux qui Lui appartiennent ! (Cette perle : c’est le sacrifice du Christ, sacrifice qui est la raison du Christ et donc la raison du prêtre, un autre Christ).

Nous serions prêts à tout vendre et à tout donner, jusqu’à nous-mêmes, pour l’acquérir et pour la conserver. C’est alors que nous pourrions dire, sans la moindre crainte: « Qui pourra nous séparer de la Charité de Jésus-Christ ? » (Rm 8 35). Que si nous voulons savoir quelle est l’excellence de la gloire du Royaume céleste, et combien elle l’emporte sur tout le reste, écoutons ce que dit le Prophète Isaïe, et après lui l’Apôtre Saint Paul: « L’œil n’a point vu, l’oreille n’a point entendu, le cœur de l’homme n’a jamais conçu ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment. » (Is 64 4 ; 1 Cor 2 9).

Je souhaite que vous ayez cette même ardeur ici décrite. Et cette même joie. Ce qui est premier, dans la pesnée du catéchisme de Trente, c’est la connaissance de cette «perle ».

Mais pour obtenir plus sûrement cette « perle » il est très utile de vous redire à vous-mêmes « qui suis-je », c’est-à-dire enfant d’Adam, trop justement chassé du paradis, condamné à l’exil, et digne par mes misères et mes péchés, de toute la colère de Dieu et des éternels supplices. Alors nous nous tiendrons dans l’abaissement et l’abjection. Notre Prière sera pleine d’humilité. Nous nous défierons de nous-mêmes, pour nous jeter, comme le Publicain de l’Evangile, dans le sein de la Miséricorde de Dieu. Nous rapporterons tout à sa Bonté, et nous lui rendrons d’immortelles actions de grâces, d’avoir bien voulu « nous donner son esprit dans lequel nous avons la confiance de crier: Père, Père ! » (Rm 8 15)

Nous cherchons ensuite à bien connaître ce qu’il faut faire et ce qu’il faut éviter pour parvenir au Royaume céleste, à posséder cette « perle précieuse ». Nous nous souviendrons que « Dieu ne nous a pas appelés à l’oisiveté et à la paresse ; Il nous dit au contraire: « Le Royaume des cieux souffre violence, et ce sont les violents qui l’emportent. » (Mat 11 12) Et ailleurs: « Si vous voulez entrer dans la vie, gardez les Commandements. »Mt 19 17)

« Ce n’est donc point assez de demander le Royaume de Dieu, si en même temps on ne travaille avec soin et avec zèle à le mériter. Il faut aider la grâce, et devenir les coopérateurs de Dieu dans la route à suivre pour arriver au ciel. Dieu ne nous abandonne jamais. Il nous a promis d’être toujours avec nous. A nous de prendre garde de ne point quitter Dieu et de ne point nous abandonner nous-mêmes. Dieu a mis dans son Eglise, qui est son Royaume ici-bas, tout ce qui est nécessaire pour protéger notre vie mortelle et assurer notre Salut éternel: et ces légions d’Anges invisibles, et ce trésor visible des Sacrements, si riches en grâces célestes. Je veux parler surtout du sacrement de l’Eucharistie, du Sacrifice du Christ, qui contient tout du Christ, toutes ses vertus. Avec de tels secours, que la bonté de Dieu nous a ménagés, non seulement nous n’avons rien à craindre de la puissance de nos ennemis acharnés, – n’oublions jamais le combat acharné que Lucifer, avec ses suppôts, mène dans le monde – mais même nous pouvons terrasser le tyran des enfers et le fouler aux pieds avec ses cruels satellites ». Il faut se confier à la Vierge Marie et à la protection de saint Michel…

« Demandons donc très instamment au Saint Esprit qu’Il nous enseigne à faire toutes choses selon sa volonté ; qu’Il détruise l’empire de Satan, afin qu’au dernier jour il n’ait aucun pouvoir sur nous. Demandons que Jésus-Christ soit vainqueur, et qu’Il triomphe ; que ses lois soient en vigueur par toute la terre, que ses décrets soient partout exécutés, qu’il n’y ait ni traître ni déserteur parmi les siens, et que tous se montrent tels qu’ils puissent se présenter avec confiance devant Dieu leur Souverain, et entrer ensuite en possession du Royaume céleste qui leur a été préparé de toute éternité, et où ils jouiront avec Jésus-Christ d’un bonheur qui n’aura point de fin ». (p 507-508)

N’oubliez pas que la vocation sacerdotale c’est le désir de s’attacher au Créateur et Sauveur Jésus-Christ d’un amour exclusif et partager sa soif de sauver les âmes. « Un jour je serai envoyé vers les âmes pour les convertir, pour leur donner cette lumière dont elles ont besoin, pour les mener à la vie éternelle, pour leur faire gagner le Royaume de Dieu. Quelle joie de participer à la mission de NSJC »

Don total de soi-même.

En effet dans la mesure où un séminariste se donne seulement à moitié et où il ne veut pas se détacher de lui-même, il risque de devenir un prêtre médiocre. Or un prêtre médiocre est un pauvre prêtre, un triste prêtre, parce qu’il reste en lui l’amour du monde et qu’il veut quand même l’amour de Dieu. Il est toujours partagé entre ses deux désirs. Il ne sait pas exactement qui il préfère, si c’est Dieu ou si c’est le monde, si ce sont ses satisfactions ou si ce sont celles de Dieu. C’est un pauvre prêtre et il risque un jour, devant la tentation, devant les difficultés, de sombrer comme l’ont fait tant de prêtres depuis le Concile Vatican II. Il faut être des hommes de désir. On ne peut pas refuser indéfiniment l’appel de Dieu sans se mettre dans une situation toujours proche de la chute, proche de l’abandon. De la qualité du don de nous-mêmes, dépend notre fidélité. Il faut se donner complètement à Dieu, sans limite, sans mesure. « La mesure d’aimer Dieu c’est de l’aimer sans mesure » dit saint Bernard dans son traité de l’amour de Dieu. A la différence des vertus morales, il n’y a pas de mesure dans les vertus théologales, la foi, l’espérance et la charité.

Don de soi avec promptitude, avec spontanéité, avec Charité.

Saint Thomas dit que la promptitude avec laquelle nous ouvrons notre cœur à Dieu manifeste que nous aimons Dieu, que nous sommes prêts à obéir à sa volonté, à nous donner à lui.

II II 82 2 ad 2 : « …la charité engendre la dévotion, car l’amour rend prompt au service de l’ami; et en outre, la dévotion nourrit la charité, de même que toute amitié se conserve et s’accroît par l’exercice et la pensée de services amicaux ».

Voir aussi la règle de saint Benoît chapitre 5

C’est ce que dit aussi saint Paul : « Dieu aime celui qui donne avec joie » (2 Cor 9 7). Il semble que le Bon Dieu n’aime pas celui qui donne avec tristesse, comme s’il regrettait le don qu’il fait de lui-même.
Et c’est encore saint Paul qui dit aussi aux Corinthiens : « Je vous parle comme à mes enfants : vous aussi élargissez vos cœurs » (2 Cor 6 13)
« Notre bouche s’est ouverte pour vous, ô Corinthiens, notre cœur s’est élargi » (ib 11). N’ayez pas des cœurs étroits, fermés, égoïstes qui craignent de se donner à Dieu. (C’est ce texte de saint Paul que cite Benoît XVI dans sa lettre aux évêques accompagnant son Motu Proprio « Summorum Pontificum »).

Elargissez, ouvrez, dilatez donc vos cœurs.

Voilà les dispositions qui peuvent vous faire croître dans l’amour de Dieu et vous faire recevoir les grâces des sacrements avec abondance, et ainsi vous faire monter dans l’union à Dieu, dans l’intimité avec Dieu.

C’est cette intimité avec Dieu qui vous donnera un équilibre, une paix, une fermeté, une constance à toutes épreuves

L’intimité avec Dieu. La connaissance intime de Dieu(Saint Ignace)

Les séminaristes qui ont compris la nature de leur vocation viennent au séminaire comme les moines viennent dans un monastère, pour chercher Dieu. Lorsqu’un jeune aspirant à la vie bénédictine se présente, le père abbé lui demande : « Pourquoi viens-tu » au monastère ? Celui-ci répond : « Pour chercher Dieu ». Alors le père abbé poursuit : « Si vraiment tu cherches Dieu », alors viens entre au monastère. C’est cela le séminaire. C’est cela votre préoccupation : approcher de Dieu, le connaître comme peut le connaître une créature transformée par la grâce, dont l’âme est devenue vraiment divine par participation. Sans doute vous croyez déjà en Dieu. Mais autre chose est de savoir que Dieu est, autre chose de s’approcher vraiment de lui. C’est cela que vous venez chercher au séminaire et c’est en cela que consiste la sainteté, la perfection, la justice.

Cherchez Dieu constamment.

Non de cette recherche agnostique et sans fin…(Tertullien se moque de cette recherche…dans son œuvre « de prescriptione haereticorum »)

Mais se rapprocher de Dieu par la science, par la foi mais aussi par l’amour.

Vous me direz que l’amour n’est pas source de connaissance. Bien sûr que ci. A travers l’amour il y a une source de connaissance. Il y a une connaissance. Celui qui aime beaucoup sa mère, devine ses pensées ; et la mère qui aime son fils connaît son enfant peut-être mieux que quiconque, précisément en raison de son amour maternel. Il en est de même de l’âme par rapport à Dieu. L’amour que l’âme porte à Dieu lui donne une connaissance par connaturalité qui lui fait connaître Dieu d’une manière plus parfaite qu’on peut même le connaître dans les livres. C’est pourquoi on peut comprendre que des âmes très simples qui n’ont jamais fait de théologie ni de philosophie, aient une connaissance de Dieu plus parfaite que les plus grands philosophes ou théologiens. Cet amour fait saisir la grandeur de Dieu. Il fait estimer Dieu comme il doit l’être et mettre chaque chose à sa place. Dieu donne ses grâces de lumière. Cela est très important pour notre perfection. « Est-ce que je cherche Dieu » : telle doit être votre question.

N’oubliez pas la raison du sacerdoce, c’est la rédemption qui fut opérée par le sacrifice de NSJC. Et donc notre recherche de Dieu en tant que séminariste, futurs prêtres, doit se focaliser sur le sacrifice, manifestation de la charité du Christ. C’est la « perle précieuse » du « royaume de Dieu » : « Nous sommes les ministres de NSJC, les dispensateurs des mystères de Dieu » (1Cor 4 1). Le mystère de Dieu est son amour manifesté et connu en ce mystère de la Rédemption

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