Le baptême.
publié dans couvent saint-paul le 11 décembre 2010
Les Sacrements.
Le baptême.
Première leçon
§-1 Introduction : de l’obligation des Pasteurs d’instruire les fidèles sur le saint Baptême.
Dans l’introduction doctrinale sur le sacrement de baptême, le catéchisme du Concile de Trente attire l’attention des pasteurs et avec une particulière insistance, sur l’obligation qu’ils ont d’en bien instruire les fidèles. Cette obligation ressort bien évidemment de ce qui a été dit du sacrement en général, de leur sainteté et de leurs effets, mais aussi et surtout de ce qu’en dit saint Paul dans ses Epîtres : « quiconque lira Saint Paul avec un peu d’attention, écrit le catéchisme de Trente, sera forcé de conclure qu’une connaissance parfaite du Baptême est absolument requise pour les Fidèles ; tant il rappelle souvent, en termes solennels et remplis de l’Esprit de Dieu, le souvenir de ce Mystère, tant il en relève avec soin le côté divin, et s’efforce de le mettre sous nos yeux, pour nous y faire contempler et imiter la Mort, la Sépulture et la Résurrection de notre Rédempteur » . Voici le passage de l’Epître aux Romains cité par le catéchisme : « Ne savez-vous pas que nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, c’est en sa mort que nous avons été baptisés? Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême en sa mort, afin que, comme le Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous aussi nous marchions dans une vie nouvelle. Si, en effet, nous avons été greffés sur lui, par la ressemblance de sa mort, nous le serons aussi par celle de sa résurrection : sachant que notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché fût détruit, pour que nous ne soyons plus les esclaves du péché; car celui qui est mort est affranchi du péché. Mais si nous sommes morts avec le Christ, nous croyons que nous vivrons avec lui, sachant que le Christ ressuscité des morts ne meurt plus; la mort n’a plus sur lui d’empire. Car sa mort fut une mort au péché une fois pour toutes, et sa vie est une vie pour Dieu. Ainsi vous-mêmes regardez-vous comme morts au péché, et comme vivants
pour Dieu en Jésus-Christ [Notre-Seigneur]. »(Rm 6 3 11)
C’est pourquoi le saint catéchisme demande aux pasteurs de profiter de toutes occasions pour instruire les fidèles de la doctrine du baptême, non seulement aux périodes liturgiques où l’Eglise solennellement confère le baptême, à la veillée pascale et au dimanche de Pentecôte, mais aussi à chaque cérémonie baptismale au cours de l’année. « C’est pourquoi les Pasteurs ne doivent jamais croire qu’ils ont trop fait, ou déployé trop de zèle, pour parler de ce Sacrement. Ils ne se contenteront pas d’en expliquer, à l’exemple de nos ancêtres, les divers mystères, la veille de Pâques ou de la Pentecôte, dans ces deux jours où l’Eglise autrefois avait coutume d’administrer ce Sacrement avec un respect si profond et des cérémonies solennelles, — ils devront encore saisir dans les autres temps toutes les occasions d’en dire quelque chose. Une des plus favorables sera la circonstance du Baptême à administrer à quelqu’un, et lorsqu’ils verront un certain nombre de personnes assister à cette cérémonie. Alors il leur sera facile, sinon de passer en revue tous les points qui se rapportent à ce Sacrement, du moins d’en développer un ou deux ».
Mais pourquoi donc agir ainsi en ces circonstances solennelles ou ordinaires ?
Parce que les fidèles «auront sous les yeux des rites sacrés, où ils verront exprimées d’une manière sensible les vérités qu’ils entendront, et qu’ils seront occupés à les contempler avec plus d’attention et de piété. De là il résultera que chacun, frappé de ce qui se fera pour un autre sous ses yeux, ne manquera pas de se rappeler les obligations qu’il a contractées lui-même avec Dieu au jour de son Baptême, et il sera amené à se demander si sa vie et ses mœurs sont bien celles que suppose et exige la profession de Chrétien ». On comprend ainsi pourquoi cette pratique sera « fructueuse ».
§-2 Le sens du mot : baptême.
Cette introduction faite, le saint Catéchisme cherche ensuite le sens du mot « Baptême ». Ce mot est d’origine grecque et signifie « ablution ». C’est en ce sens qu’il est utilisé par saint Marc lorsqu’il parle du rituel de purification des pharisiens et des Juifs. « Les Pharisiens en effet et tous les Juifs ne mangent pas sans s’être lavé soigneusement les mains, gardant la tradition des anciens, et lorsqu’ils reviennent de la place publique, ils ne mangent pas sans avoir pratiqué des ablutions – (en latin, nous avons : et a foro nisi baptizentur non comedunt – en français, ils ne mangent pas sans avoir pratiqué des ablutions. C’est la traduction de Crampon. C’est bien traduit) ; ils gardent encore beaucoup d’autres observances traditionnelles : ablution des coupes ( baptismata calicum), des cruches et des vases d’airain » (Mc 7 4).
Ainsi nous dit le catéchisme, ce mot de « baptême » signifie « toute sorte d’ablution ». On voit ainsi que dans la littérature, il n’est pas réservé à la seule ablution baptismale.
On utilise de même ce mot « baptême » pour signifier la Passion. C’est le sens qu’il a dans le texte de Marc au chapitre 10 verset 35 et suivants : « Jacques et Jean, les fils de « Zébédée, s’approchèrent deJésus et lui dirent : » Maître, nous voudrions que vous fassiez pour nous ce que nous allons vous demander. — Que voulez-vous, leur dit-il, que je fasse pour vous? » Ils lui dirent : » Accordez-nous de siéger, l’un à votre droite, l’autre à votre gauche, dans votre gloire. » Jésus leur dit : » Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire le calice que, moi, je vais boire, ou être baptisés du baptême dont, moi, je vais être baptisé? » Ils lui dirent : » Nous le pouvons. » Et Jésus leur dit : » Le calice que je vais boire, vous le boirez, et vous serez baptisés du baptême dont je vais être
baptisé; mais quant à siéger à ma droite ou à ma gauche, il ne m’appartient pas de l’accorder; c’est pour ceux pour qui cela a été préparé. » Vous le voyez : Jésus fait une nette allusion à sa Passion qu’il décrit comme un vrai et douloureux baptême.
Mais les Auteurs ecclésiastiques utilisent ce mot « baptême » « uniquement pour exprimer, non une ablution corporelle quelconque, mais uniquement celle qui se fait dans le Sacrement, et qui, de plus, est toujours accompagnée de la forme prescrite des paroles. C’est dans ce sens que les Apôtres l’ont employé très souvent, après Notre Seigneur Jésus-Christ ».
Gardez donc en mémoire la signification du mot « baptême » : il signifie une ablution. A la question que signifie le mot « baptême ? Vous répondrez « ablution ».
Mais il faut ajouter que quelques fois, les Pères de l’Eglise appellent le « baptême » « Sacrement de la Foi ». Pourquoi ? « Parce que, en recevant le Baptême, on fait en même temps profession de toute la Foi chrétienne ». C’est ainsi qu’en parle saint Augustin. D’autres parlent du baptême en lui donnant le nom « d’illumination » « parce que la foi que nous professons dans le Baptême illumine nos cœurs ». C’est le sens que nous donne saint Paul dans l’Epître aux Hébreux : « Souvenez-vous, dit l’Apôtre aux Hébreux, de ces premiers jours, où après avoir été illuminés, vous avez soutenu la grande épreuve des afflictions. ». Ici « Saint Paul parle évidemment du temps où les Hébreux avaient reçu le Baptême »
« Saint Jean Chrysostome, dans un discours qu’il prononça devant les Catéchumènes, l’appelle encore, tantôt sépulture, croix de Jésus-Christ ». Il s’inspire manifestement de saint Paul dans son Epître aux Romains que j’ai cité au début de cette leçon.
Enfin Saint Denys « le nomme le principe des saints Commandements, parce qu’il est comme la porte par laquelle on entre dans la Société chrétienne, et que c’est par ce Sacrement que l’on commence à obéir aux préceptes divins ».
Voilà en peu de mots ce que l’on peut dire sur le nom de Baptême.
Résumons : A la question, quels sont les différents sens du mot « baptême » ? Vous répondrez : Ce mot veut dire à la fois « ablution », «Sacrement de la foi », « illumination », « sépulture », « Croix » de Jésus.
Mais le sens le plus commun c’est celui d’ablution. Nous en arrivons ainsi à la définition de la chose
§-3 La définition du baptême.
Le catéchisme du Concile de Trente va tirer la définition du baptême de l’enseignement de NSJC et de Saint Paul. C’est normal puisque vous savez que la foi est un enseignement qui nous vient en dehors de nous, que l’on reçoit de Dieu. N’oubliez jamais que nous croyons en raison de l’autorité de Dieu se révélant. L’objet de la foi ne relève pas du sentiment, mais de la Révélation de Dieu transmise par l’Eglise qui garde jalousement cette Révélation.
La définition la plus juste et la plus convenable, nous dit le catéchisme du Concile de Trente, est celle-ci : le sacrement de baptême est le sacrement de la régénération dans l’eau par la parole. Cette définition en effet se tire des paroles de Notre-Seigneur dans Saint Jean, et de l’Apôtre dans l’Epître aux Ephésiens. Quand le Sauveur dit: « Celui qui ne sera pas régénéré par l’eau et par l’Esprit, ne pourra pas entrer dans le Royaume de Dieu ( J n 3 5) ; lorsque l’Apôtre, parlant de l’Eglise, nous enseigne que Jésus-Christ l’a purifiée par l’eau dans la parole » .
Oui de ces deux textes révélés, il est clair que « le Baptême peut très bien et avec justesse se définir le Sacrement de la Régénération dans l’eau par la parole ». Ainsi par la nature, nous naissons d’Adam, et nous naissons enfants de colère ; mais par le Baptême, nous renaissons en Jésus-Christ, comme enfants de la miséricorde, enfants de Dieu. Ceci est encore révélé dans l’Evangile de saint Jean, dans le prologue de son Evangile. Il nous dit « car Dieu a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu à tous les hommes qui croient en son nom, qui ne sont nés ni du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu ».(Jn 1 12 13)
Nous définissons ainsi le baptême par ses effets : une « régénération ». Le baptême est « une nouvelle naissance ».
Mais quelles que soient les expressions que l’on emploie pour définir le Baptême et l’expliquer, ce qu’il faut savoir, c’est « que ce Sacrement consiste dans une ablution à laquelle doivent nécessairement s’unir les paroles solennelles que Notre-Seigneur a déterminées et fixées Lui-même. Le catéchisme cite le texte en saint Mathieu : «Allez, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit » (Mt 28 19)
Le catéchisme invoque aussi l’enseignement de la Tradition orale : « Ainsi l’ont toujours enseigné les Saints Pères ; et Saint Augustin en particulier l’affirme de la manière la plus formelle et la plus nette: « La parole, dit-il, s’unit à l’élément, et le Sacrement existe ». On trouve ce texte dans son commentaire de saint Jean.
Il faut bien comprendre que le baptême n’est pas à proprement parler : « l’eau conservé dans les fonts baptismaux ». Le croire, serait une « erreur ». Non, « Le Baptême n’existe que lorsque l’on verse l’eau sur quelqu’un, en prononçant au même moment les paroles instituées par Notre-Seigneur ».N’oublions pas que le baptême est essentiellement une ablution.. Comme le dit Saint Thomas, dans la question 66 article 1 : « Dès là, en effet, que les sacrements de la loi nouvelle opèrent une certaine sanctification, (- nous l’avons dit dans le traité du sacrement en général -) le sacrement se parfait là où se parfait la sanctification. Or dans l’eau, il n’y pas de sanctification que se fasse ; ce qui s’y trouve, c’est une certaine vertu instrumentale de la sanctification, (- nous l’avons dit aussi dans le traité du sacrement en général-) qui n’y demeure pas, mais qui passe dans l’homme, vrai sujet de la sanctification. Il s’ensuit que le sacrement ne se fait pas dans l’eau elle-même, mais dans l’application de l’eau à l’homme, application qui est l’ablution » (III 66 1).
§-4 La matière du baptême.
Nous avons dit, en traitant des Sacrements en général, que chacun d’eux se compose de la matière et de la forme. Aussi faut-il bien expliquer ce qu’est la matière et la forme du sacrement de baptême. Commençons par la matière. Saint Thomas y consacre deux articles, les article 3 et 4 de la question 66.
A : la matière du baptême.
La matière, ou l’élément de ce Sacrement, nous dit le catéchisme, « c’est toute espèce d’eau naturelle, eau de mer, de rivière, de marais, de puits, de fontaine, en un mot tout ce qui porte simplement le nom d’eau, et rien de plus ». Saint Thomas dit simplement : « Aqua est propria materia baptismi » Et cela ressort de l’institution divine, de la volonté de Dieu. En effet notre Sauveur a dit: « ] Celui qui ne sera pas régénéré par l’eau et par l’Esprit, ne pourra pas entrer dans le Royaume de Dieu ».(Jn 3 5) Saint Paul enseigne « que l’Eglise a été purifiée par l’eau ». (Eph 5 25) Et nous lisons aussi dans Saint Jean: « qu’il y en a trois qui rendent témoignage sur la terre, l’esprit, l’eau et le sang »(Jn5 8 ). On pourrait encore citer bien d’autres textes.
B- Les convenances de ce choix divin.
Le catéchisme donne les convenances de ce choix divin. Il s’inspire, là encore, de saint Thomas. Saint Thomas d’Aquin donne quatre raisons.
a- 1ère raison : en raison de la nature du baptême qui est « une régénération » ou une nouvelle vie « dans l’ordre de la vie spirituelle », « chose qui convient souverainement à l’eau ». En effet l’eau est au principe de la vie, de la génération. La semence germera dans un sol humide. Et crèvera dans un sol aride.
b- 2ème raison : « se tire des effets du baptêmes auxquelles conviennent les propriétés de l’eau ». En effet l’eau par son humidité lave. Ce que la rend apte à signifier et à causer l’ablution des péchés. Ce qui est un effet du baptême. L’eau, par sa fraîcheur, tempère l’excès de la chaleur, ce qui la rend apte à signifier un autre effet du baptême, à savoir la diminution du foyer de la concupiscence. L’eau par sa transparence peut recevoir la lumière, à ce titre elle convient au baptême en tant qu’il est le sacrement de la foi, qui est la lumière de l’intelligence.
Le catéchisme du Concile de Trente résume cette raison ainsi : « Au surplus l’eau représente admirablement l’effet du Baptême. Elle lave les souillures du corps, et par là elle exprime très bien l’action et l’efficacité de ce Sacrement sur l’âme, qu’il purifie de ses péchés. Enfin l’eau a la propriété de rafraîchir les corps, comme le Baptême a la vertu d’éteindre en grande partie l’ardeur des passions ».
c- 3ème raison : l’eau convient bien comme matière au baptême car elle représente le mystère du baptême qui est comme une sépulture. L’eau est pour nous comme un sépulcre où nous sommes plongés pour ressusciter dans le Christ, au mystère du Christ. (Cf Rm 5 )
d- 4ème raison : « par son universalité et son abondance, l’eau est la matière qui convient à la nécessité de ce sacrement ». C’est ce qu dit aussi le catéchisme : « ce Sacrement étant absolument nécessaire à tous sans aucune exception, pour obtenir la Vie éternelle, rien n’était plus indiqué ni plus convenable, pour en devenir la matière, que l’eau, qui se trouve partout et que l’on peut se procurer si facilement ».
C- Une objection :
Mais S. Jean-Baptiste, il est vrai, a dit « que notre Seigneur viendrait, et qu’Il baptiserait dans le Saint-Esprit et dans le feu ». (Mt 3 11).C’est donc que l’eau n’est pas la matière du baptême. Le catéchisme, s’inspirant encore de saint Thomas, (III 66 3 ad primum) explique que « ces paroles ne doivent nullement s’entendre de la matière du Baptême. Il faut les rapporter à l’effet intérieur que le Saint-Esprit opère dans l’âme, ou plutôt au miracle qui se manifesta le jour de la Pentecôte, (Act 2 3), lorsque le Saint-Esprit descendit du ciel sur les Apôtres, sous la forme du feu, miracle que Notre-Seigneur leur avait prédit, en disant: « Jean a baptisé dans l’eau, mais vous, sous peu de jours, vous serez baptisés dans le Saint-Esprit ».(Act 1 5)
D- Les figures scripturaires de l’eau baptismale
On pense tout de suite au déluge qui purifia toute la terre comme l’eau du baptême purifie le baptisé. C’est la première figure qu’utilise le catéchisme : « le Déluge qui purifia la terre, parce que la malice des hommes était à son comble, et que toutes leurs pensées étaient tournées vers le mal, le Déluge était une figure et une image de l’eau du Baptême. C’est le témoignage formel du Prince des Apôtres, dans sa première épître, il écrit : «lorsqu’aux jours de Noé la longanimité de Dieu temporisait, pendant que se construisait l’arche, dans laquelle un petit nombre, savoir huit personnes, furent sauvées à travers l’eau. C’est elle qui aujourd’hui vous sauve, vous aussi, par son antitype le baptême, non pas cette ablution qui ôte les souillures du corps, mais celle qui est la demande faite à Dieu d’une bonne conscience, par la résurrection de Jésus-Christ ». (I Pet 3 20 21)
Le passage de la mer rouge est une autre figure du baptême selon l’enseignement même de Saint Paul. Il écrivait aux Corinthiens, leur déclarant que le passage de la mer Rouge avait la même signification que notre baptême : « Car je ne veux pas vous laisser ignorer, frères, que nos pères ont tous été sous la nuée, qu’ils ont tous traversé la mer, et qu’ils ont tous été baptisés en Moïse dans la nuée et dans la mer… » (1 Cor 10 1).
Il ne faudrait pas non plus omettre de citer la belle histoire de « l’ablution du Syrien Naaman », ni omettre de parler de la vertu miraculeuse de la piscine probatique.
Voilà quelques figures symbolisant le mystère de notre baptême, ses effets.
E- Les oracles de Prophètes.
Ils sont nombreux les oracles des Prophètes qui ont annoncé cette eau baptismal et ses bienfaits
Il faut citer Isaïe et « ces eaux auxquelles il invite avec tant de zèle tous ceux qui ont soif » (Isaïe 55 1). Il faut citer Ezéchiel voyant en esprit sortir du temple les eaux (Ezech 47 2). Il faut citer « cette fontaine que Zacharie montrait dans l’avenir à la maison de David, et aux habitants de Jérusalem, comme une source préparée pour purifier le pécheur et la femme impure » (Zach 13 1)
Oui «toutes ces eaux excellentes étaient la figure et le signe de l’eau salutaire du Baptême ? » conclut notre catéchisme.
F- de l’eau baptismale, eau naturelle mélangée au saint Chrême.
Citons simplement le catéchisme. Il dit tout ce qu’il faut savoir : « Mais si l’eau naturelle et sans aucun mélange est une matière suffisante pour administrer le Baptême dans tous les cas de nécessité, cependant c’est un usage constant dans l’Eglise catholique, fondé sur la tradition des Apôtres, d’ajouter à l’eau le saint Chrême, quand on donne ce Sacrement avec les cérémonies prescrites ; ce qui en représente plus clairement encore les effets ». En effet le saint Chrême est une matière très odorante, ce qui manifeste parfaitement un des effets du baptême par lequel nous devenons la bonne « odeur « du Christ. « Le peuple doit savoir également que, si dans la nécessité, on peut employer une eau dont on doute si elle est telle que le Sacrement l’exige, c’est cependant une vérité incontestable que jamais et pour aucune cause le Baptême ne peut exister, s’il n’est administré avec de l’eau naturelle ».
Concluons sur ce point en disant : de toute nécessité, pour avoir un baptême valide, il faut comme matière du sacrement de l’eau et de l’eau naturelle. Cette double conclusion est de foi catholique définie depuis le Concile de Trente, session 7, canon 2 : « Si quelqu’un dit que l’eau vraie et naturelle n’est pas nécessaire pour le baptême et si, en conséquence, il réduit à une métaphore les paroles de NSJC : si l’on ne renaît de l’au et de l’Esprit Saint…(Jn 3 5), qu’il soit anathème ».
§-5 : la forme du baptême.
Après avoir expliqué ce qui touche la « matière » du baptême, les Pasteurs n’auront pas moins de zèle pour instruire les Fidèles de la forme, seconde partie du Sacrement, tout aussi indispensable que l’autre.
Pourquoi ce deuxième point est aussi important que le premier? Parce que souvent les fidèles sont obligés de conférer le baptême en cas de nécessité. C’est pourquoi il faut qu’ils connaissent bien la forme à utiliser. C’est ce que dit le catéchisme : « Ils devront même apporter à ces explications un soin et un labeur d’autant plus soutenus, que la connaissance d’un aussi saint Mystère n’est pas seulement propre à donner par elle-même à leurs peuples une vive satisfaction — effet ordinaire de la science des choses de Dieu — mais qu’elle est encore infiniment désirable, à cause de l’usage presque journalier qu’on est obligé d’en faire. Il arrive souvent en effet, comme nous le verrons plus tard, et plus en détail, que des gens du peuple, et presque toujours de simples femmes, sont obligés d’administrer le Baptême. C’est donc une chose nécessaire d’apprendre et d’expliquer à tous les Fidèles sans exception, et d’une manière bien exacte, tout ce qui tient à l’essence de ce Sacrement ».
A-la forme du baptême :
« La forme essentielle et parfaite du Baptême est dans ces mots: Je te baptise au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. »
On ne peut douter un seul instant qu’il en soit ainsi.
C’est en ces termes en effet qu’elle fut donnée par Jésus-Christ, notre Sauveur et notre Dieu, lorsqu’Il dit formellement à ses Apôtres « Allez, enseignez toutes les nations, baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit.(Mat28 19)
Le catéchisme ensuite, va donner quelques explications de cette formule. Il s’inspire totalement, là encore, de la Somme de saint Thomas qui traite ce sujet dans deux articles : les articles 5 et 6 de la question 66 où il traite de la forme elle-même du baptême (article 5) mais aussi de l’expression que l’on trouve dans les Ecritures « du baptême de Jésus-Christ ou en Jésus-Christ »
a- Explication de la forme baptismale
« Par ce mot : baptisez, l’Eglise catholique, inspirée de Dieu, a toujours compris que dans la forme de ce Sacrement, il fallait exprimer l’action du ministre. Et c’est ce que l’on fait, en disant: Je te baptise. Mais, outre les ministres, il fallait encore exprimer et la personne qui reçoit le Baptême, et la cause principale qui produit le Sacrement. Voilà pourquoi l’on ajoute le mot: te, et le nom de chacune des trois Personnes de la Sainte Trinité. De sorte que la forme entière et complète du Sacrement est renfermée dans ces paroles que nous venons de citer: Je te baptise au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. »
C’est ce que dit Saint Thomas : « Le baptême est consacré par sa forme, dit S. Paul (Ep 5, 26): « Il l’a purifiée par le bain d’eau avec la parole de vie. » Et S. Augustin: « Le baptême est consacré par les paroles évangéliques. » Il faut donc que la forme exprime la cause du baptême.
Or cette cause est double: l’une, la cause principale d’où il tient sa vertu, c’est la sainte Trinité; l’autre, instrumentale, c’est le ministre qui confère le rite sacramentel. La forme du baptême doit donc faire mention de l’une et de l’autre. On désigne le ministre quand on dit: « je te baptise », et la cause principale, quand on dit: « Au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit. » Ainsi cette formule convient bien au baptême ».
Le catéchisme va répondre ensuite à certaines objections, celles que se fait saint Thomas d’Aquin lui-même dans l’article 5.
Pourquoi ne pas dire : « aux noms du Père et du Fils et du Saint Esprit » ( au pluriel)? Le catéchisme répond : « si l’on dit: Au nom, et non pas, dans les noms, c’est pour marquer qu’il n’y a qu’une seule nature et une seule divinité dans la Trinité. Ce mot ne se rapporte donc point aux Personnes ; il désigne la substance, la vertu, la puissance divine qui est une et la même dans les trois Personnes ».
b- De plus tous les mots de cette formule n’ont pas la même importance.
Par exemple, qu’en est-il du mot : « je » (« Ego) ? Si je l’omets, le baptême sera-t-il invalide ? Voilà la réponse du catéchisme : « Dans cette forme que nous venons de donner, comme entière et parfaite, il y a des mots tellement nécessaires que l’on ne pourrait les supprimer sans détruire la validité du Sacrement, mais il y en a d’autres qui ne sont point aussi essentiels, et dont l’omission n’empêche point la validité. De ce nombre est (dans la langue latine) le mot ego, dont le sens est renfermé dans le verbe baptizo».
Mais plus encore que faut-il penser de la formule utilisée par les églises grecques : « Que le serviteur de Jésus-Christ – un tel – soit baptisé au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. ? Voici la réponse du catéchisme. C’est celle de saint Thomas : « les Eglises Grecques ont varié la tournure, et sont dans l’usage de supprimer complètement ce pronom, persuadées qu’il n’était pas nécessaire de faire mention du ministre. Ainsi, dans ces Eglises, on se sert généralement de cette forme: Que le serviteur de Jésus-Christ soit baptisé au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Ces paroles suffisent pour que le Sacrement soit conféré validement » car, dit saint Thomas, dans cette formule « se trouve exprimé l’acte accompli par le ministre, avec l’invocation de la Trinité », et cela suffit. (III 66 5 ad primlum). Le catéchisme, lui, affirment que ces paroles « expriment assez clairement la vraie propriété de ce Sacrement, c’est-à-dire l’ablution qui se fait réellement quand on les prononce ». Et il invoque aussi l’autorité du « Concile de Florence qui en a ainsi décidé » dans son décret pour les Arméniens. Voici le texte : « Parmi tous les sacrements, le baptême tient la première place….La forme est : « Moi, je te baptise au nom du Père et du Fils et du saint Esprit ». Nous ne nions pas cependant que par ces paroles : « Qu’un tel, serviteur du Christ, soit baptisé de mes mains au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit » ou bien « qu’un tel soit baptisé de mes mains au nom de Père et du Fils et du Saint Esprit » le baptême ne soit réalisé véritablement. La raison est que, la cause principale qui donne sa vertu au baptême étant la sainte Trinité, la cause instrumentale étant le ministre qui donne extérieurement le sacrement, si l’acte que le ministre effectue est exprimé avec l’invocation de la Sainte Trinité, le sacrement est réalisé ».
B-Mais que faut-il penser de l’expression utilisée dans le baptême « donné au nom de Jésus-Christ » ? Les Actes des Apôtres y font une claire allusion en différents passages : au chapitre 8 verset 12 ; aux chapitres 10 5 et 19 1-5): Il est dit qu’ « au nom de Jésus-Christ, hommes et femmes étaient baptisés » ?
Quelle est la réponse de saint Thomas et du catéchisme du Concile de Trente ?
a-Première considération : « Si l’on est obligé d’avouer qu’à un moment donné les Apôtres baptisaient seulement au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ, nous devons tenir pour certain qu’ils ne l’ont fait que par l’inspiration du Saint-Esprit ». C’est la réponse que donne saint Thomas dans III 66 5 ad primum. Il écrit lui aussi : « C’est par une révélation spéciale que les Apôtres, dans la primitive église, baptisaient du nom du Christ : afin que le nom du Christ qui était odieux aux Juifs et aux Gentils, fut mis en honneur, par cela même qu’à son invocation l’Esprit Saint était donné dans le baptême ».
Et le Catéchisme explicite la pensée de Saint Thomas en disant : « Dans ces commencements de l’Eglise, ils ( les Apôtres) voulaient donner plus d’éclat à leur prédication par le nom de Jésus-Christ, et faire connaître davantage sa puissance divine et sans bornes ».
Mais en soi, indépendamment de cette révélation particulière, cette formule du baptême « au nom de Jésus-Christ » reste valide, « car, dit saint Thomas « dans le nom du Christ, toute la Trinité est comprise ; et par suite, était conservée, au moins dans son intégrité intelligible, la forme que le Christ a marquée dans l’Evangile « au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit (III 66 5 ad secundum) ». Car sur ce sujet «en examinant la chose à fond, dit le catéchisme, on voit bientôt qu’il ne manque rien à cette formule de ce qui a été prescrit par notre Sauveur Lui-même. En effet dire Jésus-Christ c’est dire par là même la Personne du Père de qui Il a reçu l’onction sacrée, et la Personne du Saint-Esprit par lequel Il l’a reçue ».
b- Mais, « il est très permis de douter que les Apôtres aient conféré le Baptême de cette manière. Saint Ambroise, Saint Basile et plusieurs autres Pères d’une sainteté et d’une autorité considérables, croient que ce Baptême donné au nom de Jésus-Christ, n’est autre chose que le Baptême institué par Jésus-Christ, et qu’il fut ainsi appelé pour le distinguer du Baptême de Jean, sans qu’il s’ensuive que les Apôtres se soient écartés pour le conférer de la forme ordinaire et commune, qui exprime distinctement les trois Personnes. Saint Paul semble se servir de la même manière de parler dans son épître aux Galates: « Vous tous qui avez été baptisés en Jésus-Christ, vous vous êtes revêtus de Jésus-Christ »( Gal 3 27) Que signifient ces paroles, sinon que les Galates avaient été baptisés dans la Foi de Jésus-Christ, mais non avec une formule différente de celle que notre Dieu et Sauveur avait Lui-même prescrite ». Voilà qui est bien dit. Moi, j’en reste à cette dernière explication.
§ 6 – du rite baptême
C’est la dernière question étudiée par le catéchisme. Le baptême peut-il être donné par immersion, par aspersion ou seulement en versant l’eau sur le front de l’enfant ?
Ces trois manières sont possibles. Le catéchisme nous dit que l’Eglise « admet trois manières de baptiser:
-ou bien en plongeant dans l’eau ceux que l’on baptise,
-ou bien en versant l’eau sur eux,
-ou enfin en les arrosant par aspersion.
Et il conclut que « de ces trois rites, quel que soit celui qu’on suive, il est certain que le Baptême est valide ».
En voici la raison théologique : « L’eau n’est employée dans le Baptême que pour signifier l’ablution intérieure de l’âme, que ce Sacrement opère. Or il y a également ablution, soit qu’on plonge dans l’eau, comme on le fit longtemps dans les premiers siècles de l’Eglise ; soit qu’on verse l’eau, comme c’est aujourd’hui l’usage général ; soit enfin qu’on fasse seulement une aspersion, comme Saint Pierre, dit-on, lorsqu’il convertit et baptisa en un seul jour trois mille personnes. (Cf Act 2 41).
C’est la raison même donnée par saint Thomas. Il écrit dans III 66 7 : « l’eau est prise dans le sacrement de baptême, pour l’usage de l’ablution corporelle par laquelle est signifiée l’ablution intérieure des péchés. Or l’ablution peut se faire avec l’eau non seulement par mode d’immersion, mais aussi par mode d’aspersion ou d’effusion (i.e. par mode d’acte qui consiste à répandre – en latin effundere- l’eau sur quelqu’un).
« Peu importe d’ailleurs, poursuit le catéchisme, que l’on fasse une ou trois ablutions ». Le nombre importe peu. « C’est chose accidentelle dans le sacrement », dit saint Thomas. (III 66 7 « Saint Grégoire le Grand, écrivant à Léandre, dit que le Baptême s’est donné dans l’Eglise, et peut se donner de deux manières. Néanmoins les fidèles devront observer le rite en usage dans leurs églises particulières.
Mais il faut avoir grand soin d’apprendre au peuple que l’eau doit être versée, non sur une partie quelconque du corps, mais principalement sur la tête, parce que la tête est comme le siège où aboutissent tous les sens intérieurs et extérieurs. De plus, les paroles de la forme du Sacrement doivent être prononcées non pas avant ou après l’ablution, mais dans le moment même où cette ablution se fait et par celui-là même qui la fait.
Concluons en répondant à cette question : « Qu’entendez-vous par le Sacrement de baptême ?
« J’entends par Sacrement de baptême ce rite institué par NSJC, qui consiste en une ablution, faite avec l’eau naturelle (la matière), tandis que sont prononcées sur le sujet qui le reçoit, par la personne qui l’administre, ces paroles : Je te baptise au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit( la forme ) »