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Entraide et Tradition

la fête du saint Nom de Jésus.

publié dans couvent saint-paul le 28 décembre 2010


Prédication pour la fête du saint Nom de Jésus.

« Doux est le souvenir de Jésus »

« Jesu dulcis memoria »

L’Eglise exprimer souvent sa foi dans un langage poétique. Et c’est le cas en cette belle fête du saint Nom de Jésus, dans cet hymne intitulé « Jesu dulcis memoria ». Permettez-moi de m’y arrêter, avec vous, quelques instants. Il est attribué à Saint Bernard de Clairvaux

1-Doux est le souvenir de Jésus
Il donne les vraies joies du cœur
Mais plus que le miel et toutes choses
Douce est sa présence.
2- Il ne se chante rien de plus suave,
rien ne peut s’entendre de plus agréable,
nulle pensée n’est plus douce que Jésus le Fils de Dieu
3- O Jésus ! espoir des pénitents,
Que vous êtes tendre pour ceux qui vous implorent,
bon pour ceux qui vous cherchent,
Mais que n’êtes vous pas pour ceux qui vous trouvent !
4-Ni la langue ne peut dire,
Ni l’écriture exprimer ce que c’est qu’aimer Jésus :
celui-là peut le croire qui l’a éprouvé
5- Soyez notre joie, O Jésus, qui serez notre récompense ;
que notre gloire soit en vous,
durant tous les siècles à jamais.
Ainsi soit-il.

Et vous pourrez remarquer que la mélodie interprétée à l’instant est en parfaite harmonie avec le texte. La douceur de la mélodie exprime bien la douceur du poème, la douceur des sentiments.

« Doux est le souvenir de Jésus ». « Jesu dulcis memoria ». Et de fait, le nom de Jésus nous rappelle les belles fêtes de Noël. Il nous rappelle les douces fêtes familiales. Il nous rappelle les joies des enfants découvrant le sapin de Noël et ses luminaires ainsi que les cadeaux de Noël. Il nous rappelle leur émerveillement enfantin devant la crèche. Et ces souvenirs sont la douceur des parents chrétiens. Ce nom de Jésus nous rappelle les fêtes de la Nativité. Nous rappelle les messes de minuit, les beaux chants anciens que la chrétienté aime chanter : et que vous avez chanter, de fait, cette année encore à pleine voix : « Il est né le divin enfant ». Ce sont des joies simples, ce sont des joies surnaturelles qui réjouissent le ciel et nous mettent à l’unisson avec les puissances célestes une vraie concélébration, , la seule, chantant ensemble la gloire de la Sainte Trinité.
Mais plus encore et surtout, ce nom est doux parce qu’il nous rappelle notre salut, notre rédemption. Nous entendons toujours avec émotion l’enseignement des anges à Notre Dame, à Saint Joseph. « Vous lui donnerez le nom de Jésus car il sauvera le peuple de son péché ». Nous entendons la phrase de Saint Pierre confessant devant le Sanhédrin : « Il n’y a pas d’autre nom sous le ciel par lequel nous puissions être sauvés ». Il nous rappelle les premiers miracles de saint Pierre guérissant au nom de Jésus à l’entrée du Temple cet infirme, ce boiteux qui demandait l’aumône. Il nous rappelle ce beau récit des Actes des Apôtres, Il nous rappelle les premières prédications de saint Pierre quelque temps après la Pentecôte. C’est un doux souvenir pour notre foi. Il nous conforte dans notre foi au salut en ce nom. Souvenez-vous : « Pierre et Jean montaient au temple à l’heure de la prière, la neuvième heure. Et il y avait un homme, boiteux de naissance, qu’on apportait et posait chaque jour près de la porte du temple appelée la Belle, pour demander l’aumône à ceux qui entraient dans le temple. Lui, voyant Pierre et Jean qui allaient entrer dans le temple, leur demanda l’aumône. Mais Pierre, le fixant, avec Jean, (lui) dit :  » Regarde-nous.  » Et il tenait (les yeux) sur eux, s’attendant à recevoir d’eux quelque chose. Mais Pierre (lui) dit :  » Je n’ai ni argent ni or; mais ce que j’ai, je te le donne : au nom de Jésus-Christ de Nazareth, marche !  » Et le prenant par la main droite, il le souleva. A l’instant les plantes de ses pieds et ses chevilles devinrent fermes; d’un bond il fut debout, et il marchait, et il entra avec eux dans le temple, marchant, sautant et louant Dieu. Tout le peuple le vit qui marchait et qui louait Dieu. » Voilà le doux souvenir que me rappelle ce nom de « Jésus ». Il évoque, vous dis-je, la « guérison du corps », le « salut de l’âme ». Il m’évoque alors l’allégresse, celle du boiteux guéri…La mienne aussi, après une bonne confession me donnant la paix de Dieu qui est tout équivalemment la paix de l’âme.
Et Pierre voyant la stupeur du peuple à cette guérison leur dit :  » Israélites, pourquoi vous étonnez-vous de cela? Et pourquoi tenez-vous les yeux fixés sur nous comme si c’était par notre propre puissance ou par notre piété que nous l’eussions fait marcher? Le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, le Dieu de nos pères, a glorifié son serviteur Jésus, que vous avez livré et que vous avez renié devant Pilate, alors qu’il était d’avis de le relâcher. Mais vous, vous avez renié le Saint et le Juste, et vous avez sollicité la grâce d’un meurtrier. Vous avez fait mourir le chef de la vie, que Dieu a ressuscité des morts : de quoi nous sommes témoins. C’est par la foi en son nom que son nom a raffermi celui que vous voyez et que vous connaissez; et la foi qui (vient) par lui a donné à celui-ci, devant vous tous, cette parfaite guérison. »

Oh ! qu’il est doux ce nom qui me rappelle un si beau récit. Mais ce nom me rappelle aussi la « sainteté » la « justice », « la vie », comme le dit saint Pierre, Il est « le chef de la vie ». Ainsi, il est vrai comme le dit notre poème « Doux est le souvenir de Jésus. Il donne les vraies joies du cœur. Mais plus que le miel et toutes choses –super mel et omnia – douce est sa présence ». Douce est sa présence dans le tabernacle de nos églises – pas assez fréquentés par les fidèles- , mais l’éloignement en est la seule raison.

« Il ne se chante rien de plus suave, poursuit notre poème, rien ne peut s’entendre de plus agréable, nulle pensée n’est plus douce que Jésus le Fils de Dieu ».
C’est bien encore ce que l’on peut dire en écoutant saint Pierre et saint Jean poursuivre leur confession devant le Sanhédrin de nouveau réuni, le lendemain, ne comprenant pas la réalité de ce miracle opéré par ces gens de petites cultures. Souvenez-vous du récit : « Alors Pierre, rempli du Saint-Esprit, leur dit : Chefs du peuple et Anciens, puisqu’on nous interroge aujourd’hui sur un bienfait (accordé) à un infirme, (pour savoir) comment cet homme a été guéri, sachez-le bien, vous tous, et tout le peuple, d’Israël : C’est par le nom de Jésus-Christ de Nazareth, que vous avez crucifié, que Dieu a ressuscité des morts, c’est par lui que cet homme est présent devant vous en pleine santé. C’est lui, la pierre rejetée par vous les constructeurs, qui est devenue tête d’angle – et alors tombe cette acclamation merveilleuse plus douce que « le miel et toutes choses » – et le salut n’est en aucun autre, car il n’est sous le ciel aucun autre nom donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés.  » Et ce nom fut prononcé par Pierre et Jean avec une telle assurance devant ce tribunal d’ « ecclésiastiques » qu’ils s’en sont allés libres mais ayant toutefois l’interdiction de parler en ce nom.
Pierre et Jean, alors, répliquèrent:  » Jugez s’il est juste devant Dieu de vous écouter plutôt que Dieu; car, pour nous, nous ne pouvons pas ne pas dire ce que nous avons vu et entendu.  »
Retrouvant leurs amis, ils confessent ce qui vient d’arriver : guérison, arrestation, délivrance, confession de la foi en ce doux nom de Jésus…Alors tous, « d’un même cœur » élevèrent la voix vers Dieu, en disant :  » Maître, c’est vous qui avez fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qu’ils renferment; qui avez dit par l’Esprit-Saint, [par la] bouche de [notre père] David, votre serviteur : Pourquoi les nations ont-elles frémi, et les peuples ont-ils formé de vains (projets)? ….Et maintenant, Seigneur, considérez leurs menaces, et donnez à vos serviteurs d’annoncer votre parole en toute assurance, en étendant votre main pour qu’il se fasse des guérisons, des miracles et des prodiges, par le nom de votre saint serviteur Jésus.  » Quand ils eurent prié, le lieu où ils étaient réunis trembla, et ils furent tous remplis du Saint-Esprit; et ils annonçaient la parole de Dieu avec assurance ».
Quel merveilleux récit de l’élan de la primitive église. Vraiment « Il ne se chante rien de plus suave, rien ne peut s’entendre de plus agréable, nulle pensée n’est plus douce que Jésus, le Fils de Dieu ».

Oui ce nom de Jésus est le plus doux, le plus suave, le plus agréable à entendre…Il me fait penser à l’affirmation de saint Jean Baptiste voyant apparaître Jésus le long du Jourdain : « Voici l’agneau de Dieu, voici celui qui enlève les péchés du monde »…Il me fait penser à cette phrase du Centurion , reprise par la liturgie : « Seigneur je ne suis pas digne que vous rentriez en ma maison, mais dites seulement une parole et mon enfant sera guéri ». Fort de ces affirmations, je peux dire avec notre poète, Saint Bernard « O Jésus ! espoir des pénitents, que vous êtes tendre, pieux, bon – quam pius es petentibus », « Quam bonus te quaerentibus » « que vous êtes bon pour ceux qui vous cherchent, mais que n’êtes-vous pas pour ceux qui vous trouvent » -Sed quid invenientibus ». Alors je pense au bon larron sur la croix, implorant, suppliant Jésus de se souvenir de lui en paradis : « Seigneur, souvenez-vous de moi quand vous serez entrer dans votre royauté » (Lc 23 42). De criminel qu’il était, si près de Jésus, il était devenu pénitent, « Pour nous c’est justice, car nous recevons ce qu’ont mérité nos crimes » ; il était devenu pénitent, -penitens – vous dis-je, mais pas seulement pénitent, mais bel et bien à sa recherche -quarens. Et quelle fut la réponse du Seigneur, quelle fut sa récompense ? « Jésus lui répondit : « je te le dis en vérité, aujourd’hui, tu seras avec moi dans le Paradis ». Il lui donne tous ses biens, son propre bien, « sa royauté ». Comme est juste cette strophe du saint Bernard : « O Jésus ! espoir des pénitents – pensez au bon larron – que vous êtes tendre pour ceux qui vous implorent – pensez encore au bon larron – bon pour ceux qui vous cherche – pensez de nouveau au bon larron – « sed quid invenientibus » « mais que n’êtes-vous pas pour ceux qui vous trouvent ». Oh que c’est juste ! Pensez encore au bon larron.v Jésus est tout pour lui. Il donne tout. Il se donne.
Et le poème poursuit dans l’admiration : « Ni la langue ne peut dire, ni l’écriture exprimer ce que c’est qu’aimer Jésus : celui-là peut le croire qui l’a éprouvé » « Expectus potest credere quid sit Jésus diligere ». « Expectus », c’est le participe passé du verbe « experior », ce mot veut dire ; qui a essayé, qui a expérimenté. Qui a éprouvé, constaté, reconnu ». Seul celui qui l’a expérimenté peut croire, peut savoir ce que c’est qu’aimer Jésus. Voilà ce qu’ont expérimenté, voilà ce qu’ont découvert les saints, les saintes, les saints prêtres, un saint Curé d’Ars. Oh quelle grâce est-ce de se maître au service de Dieu car là on peut mieux qu’ailleurs comprendre « quoniam suavis est Dominus », « combien est suave le Seigneur ». Oh que j’aimerais que la jeunesse de Rolleboise entende ce langage et y réfléchisse. Le prêtre pourrait se définir comme « celui qui a expérimenté comme est doux d’aimer le Seigneur ». Je peux en témoigner. Il n’y a pas de plus bel état ! Et c’est pourquoi le Christ Jésus est la joie de tous, du prêtre plus particulièrement, de la religieuse, aussi, des fidèles assidus à la prière.

C’est pourquoi notre poème termine merveilleusement : « Soyez notre joie, o Jésus, vous qui serez notre récompense ; que notre gloire soit en vous durant tous les siècles à jamais ». C’est une belle conclusion eschatologique, qui oriente tout notre esprit vers le ciel : si nous sommes pénitents, si nous recherchons le doux nom de Jésus, si nous le trouvons, son amour nous gardera dans la joie car nous savons que notre récompense – praemium – sera grande dans le ciel et nous savons qu’elle sera notre gloire, en Lui : « in te gloria ». « En Lui la gloire, notre gloire ». Amen.

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