Le concile Vatican II n’est plus un bloc
publié dans nouvelles de chrétienté le 7 février 2011
I. – Le colloque des Franciscains
de l’Immaculée.
– On commence à entendre beaucoup parler, ici et là, de ce colloque théologique, d’une haute tenue universitaire, qui a eu lieu à Rome du 16
au 18 décembre. Il a en somme conféré – ou plutôt : confirmé – un droit de cité effectif, dans l’Eglise, à une analyse critique et contradictoire des énoncés du concile pastoral Vatican II.
Il est bien temps en effet, un demi- siècle après sa convocation ; et cinq ans après le discours du 22 décembre 2005 par lequel Benoît XVI a libéré la parole pour un débat nécessaire à ce sujet.
Nous espérons une prochaine traduction française des communications faites à ce colloque. Pour le moment nous avons en français le compte rendu publié par la Correspondance européenne de Robert de Mattei.
II. – Qui donc est responsable du « post-Concile » ?
– Il a été fortement débattu, pendant le colloque, du point de savoir si le
post-Concile appartient ou non au Concile.
Sur ce point comme sur d’autres, le simple fidèle a depuis longtemps une opinion assurée : le Concile a été appliqué bien ou mal, mais en tout cas appliqué par ceux qui l’avaient fait ; c’est-à-dire que, quoi qu’il en soit du texte de sa loi, cette loi a été mise en œuvre par le législateur lui-même et selon ce qui était son intention. Emile Poulat fait observer que dans la société civile, ce n’est pas le législateur qui est chargé d’appliquer la loi. Est-ce mieux ? Ce n’est pas sûr. En tout cas ce sont bien les évêques du Concile qui ont été responsables du post- Concile. Il en est de même pour Paul VI qui pendant quinze ans, de 1963 à 1978, fut le pape du Concile, du post-Concile, et des destructions dont nous subissons les conséquences.
III. – L’attentat doctrinal.
– Il a été dit au colloque que l’erreur du post-Concile fut de « dogmatiser
un Concile qui voulait être pastoral ». Qui voulait ? Disons mieux : qui prétendait n’être que pastoral. Mais il est difficile de croire qu’évêques et théologiens ne s’apercevaient nullement de la rupture doctrinale sous-entendue par ce qu’ils faisaient. Le simple fidèle a parfaitement entendu que Vatican II se proclamait « pastoral » par distinction explicite d’avec « doctrinal ». Mais il a remarqué aussitôt que ces énoncés pastoraux avaient
d’inévitables et dramatiques implications doctrinales : il le constatait, entre autres, par la suppression radicale des catéchismes traditionnels, remplacés
par rien. Il le constatait aussi par l’interdiction illégitime de la messe
séculaire, remplacée par une improvisation de quelques mois.
IV. – Trier et rétracter.
– Bien entendu, en maints endroits Vatican II rappelle, dans un langage
plus ou moins précis, des vérités dogmatiques : elles sont telles non
point par sa propre autorité qui n’est que pastorale, mais par l’autorité
des conciles antérieurs qui les ont définies. La page se tourne sur l’invention baroque d’un « magistère pastoral » s’affichant comme magistère non doctrinal mais égal voire supérieur au magistère doctrinal. Le simple fidèle
se rappelle que ce « magistère non doctrinal » attribuait à son concile,
en bloc, « autant d’autorité et plus d’importance » que le concile de Nicée. Le bloc se fissure, il est crevassé.
Oui, il est vraiment temps que les théologiens se prononcent publiquement
sur les erreurs et les abus de pouvoir conciliaires dont les esprits ne seront tout à fait libérés que lorsqu’ils auront été suffisamment rétractés.
JEAN MADIRAN (extrait de Présent de Samedi 5 février)