Du soixante-dixième anniversaire du martyre de Saint Maximilien-Marie Kolbe.
publié dans nouvelles de chrétienté le 14 août 2011
Du soixante-dixième anniversaire du martyre de Saint Maximilien-Marie Kolbe.
Sur le site du frère Maximilien, on lit ce beau récit sur la mort de Saint Maximilien Kolbe
Chers Amis du “Refuge Notre-Dame de Compassion“,
En ce 14 août, même si la célébration liturgique de sa fête est empêchée par celle du dimanche, nous commémorons le soixante-dixième anniversaire de l’entrée dans la gloire de Saint Maximilien-Marie Kolbe.
Nous sommes à Auschwitz, à la fin du mois de juillet 1941. Dans le bloc 14, celui du Père Maximilien-Marie, un homme manque à l’appel : il s’est évadé.
Les prisonniers se rappellent avec effroi de la menace du chef de camp : pour un évadé, vingt hommes de son bloc seront condamnés à mourir de faim.
La peur les tenaille tous cruellement, eux qui, dans les tortures les plus raffinées auxquelles ils sont soumis chaque jour, ont pu désirer la mort comme une délivrance…
La mort, oui, mais pas cette mort-là : agoniser pendant des jours, au compte-gouttes ; la faim et la soif qui vous dessèchent les entrailles, vous remplissent les veines de feu et vous conduisent à la folie…
Tous savent quels hurlements terrifiants retentissent du côté du “bloc de la mort”. Les geôliers eux-mêmes ne cachent pas qu’ils en sont terrorisés.
Le lendemain, après l’appel, les prisonniers du bloc 14 doivent rester debout, au garde à vous, en plein soleil. De toute la journée, on ne leur donne rien.
Des SS les surveillent et “maintiennent” l’ordre à coups de crosse. Lorsqu’un prisonnier tombe d’épuisement et que les coups ne le ramènent pas de son évanouissement, on le traîne hors des rangs : les corps sont entassés…
Les visages de ceux qui tiennent sont tuméfiés par la chaleur.
Le Père Maximilien-Marie, ce malade vingt fois condamné par les médecins, ne tombe pas, reste lucide…
Comme Marie sous la croix, avec Marie sous la croix, il est debout.
En son for intérieur, il est étrangement paisible : résolu comme jamais, il sait que la grâce qui lui a été prophétisée et à laquelle il a librement consenti lorsqu’il avait dix ans, vient à lui dans le silence.
Elle est toute proche. Elle est là.
Et si son corps est contraint de rester immobile, son âme se précipite pour l’embrasser.
Au soir, le chef de camp revient : “L’évadé n’a pas été retrouvé. Dix d’entre vous mourront à sa place dans le bunker de la faim. La prochaine fois, il y en aura vingt… Toi… Toi… Et encore toi… “
En savourant la terreur qu’il inspire, l’officier prend son temps pour parcourir les rangs et désigner ceux qu’il envoie à la mort.
– Ooooh… ma pauvre femme… mes enfants! sanglote l’un des désignés.
Et c’est là que, à la stupéfaction de tous – prisonniers et bourreaux -, le Père Maximilien-Marie s’avance.
– Que me veut ce cochon de polonais? hurle le Lagerführer.
– Je voudrais mourir à la place d’un de ces condamnés.
le SS est abasourdi. Il cherche à comprendre.
– Et pourquoi?
– Je suis vieux ; je ne suis plus bon à rien…
– Pour qui veux tu mourir?
– Celui-ci : il a une femme et des enfants.
– Qui es-tu?
– Prêtre catholique.
La grâce passe malgré lui dans la tête du SS qui ne comprend rien, qui est dépassé et qui cède à la volonté de ce prêtre, lui lui qui ne revient jamais sur les ordres qu’il a donné : “Soit! va avec eux…”
Les prisonniers sont emmenés.
Ils doivent se mettre totalement nus et on referme sur eux la porte.
Père Maximilien-Marie peut dire en toute vérité : “O ma Reine, ô ma Mère : Vous avez tenu parole! Et c’est pour cette heure ci que je suis né!”
Dans le bloc de la mort, enfer en miniature qui ne retentissait jusqu’alors que des hurlements de désespoir, des voix s’élèvent : ces hommes épuisés, ces condamnés à mort chantent et prient…
Depuis la cellule où sont enfermés le Père Kolbe et ses neuf compagnons, la prière se répand : de cellule en cellule les prières et les chants gagnent tout le bloc de la mort.
Les gardiens sont médusés : jamais le terme de “chapelle ardente” n’a été si adapté pour désigner un lieu de mort!
Chaque jour, les voix se font plus faibles, moins nombreuses… mais pas moins ferventes.
Chaque jour des prisonniers sont commis pour enlever les cadavres. L’un d’eux témoignera : le Père Maximilien était toujours debout ou à genoux, priant à haute voix, lors même que tous les autres gisaient comme des loques.
Les SS qui président à l’enlèvement des cadavres ne supportent pas le regard que le Père pose sur eux : “Détourne les yeux! Ne nous regarde pas ainsi!”
Les jours passent.
Le 14 août, il n’y a plus que 4 survivants, mais seul Père Maximilien-Marie est conscient : le bon pasteur arrive au terme de la mission que lui a confiée la Vierge Immaculée.
Il a accompagné tout son petit troupeau jusqu’à la porte de l’éternité, jusqu’à l’entrée dans le Coeur de Jésus.
Il est assis, sans force, appuyé au mur.
A ceux qui viennent l’achever par une piqûre de phénol, il tend lui-même son bras décharné.
Un peu plus tard on vient chercher son corps qui sera brûlé le lendemain, 15 août.
Le détenu chargé d’enlever les corps témoignera : les autres cadavres étaient sales, avaient les traits ravagés… Mais lui, on eût dit qu’il répandait de la lumière : ses yeux grands ouverts donnaient l’impression d’une extase.
“A celui qu’il aime, Dieu envoie la croix pour qu’il ait la possibilité de rendre à Dieu l’amour qu’il a eu pour nous…“ avait écrit le Père Maximilien-Marie en 1938.
Lui qui aimait tant le vieux cantique français “J’irai la voir un jour” s’en est allé, comme le dit le dernier couplet : “loin de la terre sur le Coeur de sa Mère reposer sans retour”, et celà au moment où l’Eglise dans sa liturgie commençait à célébrer le grand triomphe de Marie sur la mort et sur le mal.
(récit établi en bonne partie d’après Maria Winowska)
Prière à Saint Maximilien-Marie Kolbe :
O Saint Maximilien-Marie, disciple très fidèle du Petit Pauvre d’Assise, qui, enflammé de l’amour de Dieu, avez passé votre vie dans la pratique assidue des vertus héroïques et les oeuvres saintes de l’apostolat, jettez un regard sur nous, vos dévots, qui avons confiance en votre intercession.
Vous qui, irradié de la lumière de la Vierge Immaculée, avez attiré des âmes innombrables vers les idéaux de la sainteté, les appelant en même temps à toutes les formes de l’apostolat pour le triomphe du bien et l’expansion du Royaume de Dieu, obtenez-nous la lumière et la force pour faire le bien et pour attirer beaucoup d’âmes à l’amour du Christ.
Vous qui, dans une parfaite conformité au Divin Sauveur, avez obtenu un si haut degré de Charité, jusqu’à offrir, en témoignage d’amour, votre vie pour sauver celle d’un frère prisonnier, obtenez-nous du Seigneur qu’animés du même amour de charité, nous puissions, nous aussi, par la foi et par les oeuvres, témoigner du Christ devant nos frères, pour arriver avec vous à la possession béatifiante de Dieu dans la lumière de la gloire.
Ainsi soit-il.
(avec approbation ecclésiastique