La famille
publié dans couvent saint-paul le 15 janvier 2012
2ème dimanche après l’Epiphanie
La famille
Dimanche dernier, à l’occasion de la fête de la Sainte Famille, nous avons porté notre attention sur la famille et développer le thème de « la famille et des 10 commandements ». Nous avons affirmé que la famille est vraiment le lieu de l’apprentissage et de l’application des commandements divins.
En effet où peut-on mieux apprendre à « adorer Dieu et à l’aimer » que sur les genoux d’une maman ? Où peut-on mieux apprendre le respect du nom de Dieu que dans le milieu familial puisque là l’enfant apprend le respect de sa maman, de son papa, de ses frères et de ses sœurs, apprentissage du respect qui saura s’appliquer un jour aussi au nom de Dieu. Où mieux apprendre le respect de la pratique de la messe dominicale qu’en famille? C’est bien dans la famille composée d’un homme et d’une femme que l’enfant apprend le sens de l’honneur. Là, on lui apprend avoir le sens de l’honneur, à honorer son père et sa mère, à honorer le nom familial. Là, on lui apprend le respect de la vie, le respect de son corps, l’amour de la pureté, le respect du bien d’autrui, le respect et l’amour du vrai.
Vraiment la famille est de soi civilisatrice parce que les Commandements de Dieu sont civilisateurs. Aussi est-elle la base et le fondement de toute société civilisée. Un pays est ce que sont ces familles constituantes, constituées. Plus les familles sont fortes, plus le pays est fort…Aucun Etat ne fera assez pour soutenir ses familles et leurs écoles, prolongement des familles
La famille étant donc si importante, je profiterai encore de ce dimanche et de cette fête de mariage à Cana où Jésus se trouvait avec sa mère et ses disciples, où il fit son premier miracle, pour faire encore quelques considérations sur la famille…D’autant que le passage de l’Epître de saint Paul aux Romains, que l’Eglise nous fait lire en ce dimanche, s’y prête joliment.
C’est le chapitre 12 de l’Epître aux Romains. Il est fameux ? Ecoutez et retenez
« Je vous exhorte donc, mes frères, par la miséricorde de Dieu, à offrir vos
corps comme une hostie vivante, sainte, agréable à Dieu : c’est là le culte
spirituel que vous lui devez ». C’est le verset premier de l’Epître.
C’est l’attitude même de NSJC dans son sacrifice de la Croix. « Il s’offrit, il offrit son corps en victime sainte, agréable à Dieu » en rémission de nos péchés. Aussi, nous qui sommes, par notre baptême, « d’autres christs », devons- nous avoir même sentiments. C’est à dire que nous devons avoir cette disposition de cœur, cette disposition de victime, de soumission d’esprit qu’eut le Christ pour adorer, honorer, louer et remercier la souveraine majesté de Dieu. Que vous considériez donc, comme le demande Pie XII « à quelle dignité le bain sacré du baptême vous a élevés », et que vous ne vous contentiez pas de participer au sacrifice eucharistique d’une manière distraite, mais que, selon l’esprit de la sainte liturgie, librement et intimement, vous vous unissiez à NSJC d’une manière particulière au moment de la consécration de la divine Hostie et du Calice, et que vous vous offriez avec Lui, comme Lui, quand sont prononcées les solennelles paroles : « Ceci est mon Corps », « Ceci est mon Sang » ou, « Par lui, avec lui, en lui, à Vous, Dieu Père tout-puissant, dans l’unité du Saint-Esprit, tout honneur et toute gloire dans les siècles des siècles ». « Amen ». Et que vous n’oubliez pas alors, avec le divin Chef crucifié, de vous offrir vous-mêmes avec vos préoccupations, et vos douleurs, et vos angoisses, et vos misères et vos besoins. Et où mieux qu’en famille pouvons nous développer ces sentiments, ces sentiments de service, d’offrande, de don de soi, de charité, de victime? La mère de famille n’est-elle pas le meilleur exemple de l’amour du Christ, tout donné, Lui à son œuvre de Sauveur, elle à son œuvre familiale?
Et si nous vivons vraiment, en famille, à ce niveau d’intimité avec le Seigneur, à ce niveau d’exemplarité, nous aidant mutuellement les uns les autres, en famille, il ne nous sera pas difficile de comprendre le précepte suivant de saint Paul :
« Ne vous conformez pas au siècle présent, mais transformez-vous par le
renouvellement de l’esprit, afin que vous éprouviez quelle est la volonté de
Dieu, ce qui est bon, ce qui lui est agréable, ce qui est parfait ».
Ne pas se conformer au « siècle présent ». Et quel est ce siècle présent ? De quoi est-il fait ? Il est fait de relativisme, d’agnosticisme, de doute systématique. C’est le siècle de Descartes. C’est le refus des traditions antiques. C’est une remise en question systématique de tout. Rien n’est vrai. Rien n’est définitif. C’est le siècle par contre du consumérisme, de l’hédonisme, du matérialisme, de l’instant présent et partant du scepticisme. C’est le siècle, en conséquence, de la tristesse, du désespoir, du suicide. Dieu et son ciel n’est plus la raison de la vie, n’est plus la finalité de la vie. Le salut éternel ne préoccupe plus. De cela, de cet oubli ou d cette indifférence, j’en resterai toujours ébahi.
Et face à ce monde, à cet oubli de Dieu, saint Paul vous dira : soyez « occupé de votre affaire » (1The 4, 10) Et l’affaire en question, c’est celle de votre salut. Cette affaire du salut éternel est certainement de toutes les occupations celle qui nous importe le plus. Et cependant elle est de plus en plus négligé…Par contre s’agit-il d’obtenir un emploi, de gagner un procès, de conclure un mariage, on ne perd pas une minute et on met tout en œuvre. Ce ne sont plus que conseils et mesures à prendre. Adieu même le sommeil et la nourriture! Mais pour mener à bonne fin l’affaire du salut éternel, que fait-on et comment vit-on? Hélas! On fait peu. Que dis-je? On fait tout pour le compromettre. La mort, le jugement, l’enfer, le paradis, l’éternité…laissent totalement indifférents. Ce ne seraient plus des vérités de foi, mais autant de fables inventées par les poètes, à mettre au grenier des vielles lunes.
C’est pourquoi saint Paul a raison de vous dire « Ne vous conformez pas au siècle présent ». Vous, au contraire, pensez à l’éternité, à votre salut, pensez à votre sanctification. C’est là la volonté de Dieu. C’est là ce qui est bon pour vous. C’est ce qui lui est agréable. C’est ce qui est parfait.
Et ne pensez-vous pas que c’est en famille que l’on trouve ce chemin de Dieu, que l’on trouve cette volonté divine. Ne pensez-vous pas que ce sont les parents qui soutiennent les efforts de sanctification des enfants et que c’est cet effort demandé aux enfants qui soutiennent tout également les parents dans la recherche de la sainteté, du salut.
Saint Paul poursuit : « En vertu de la grâce qui m’a été donnée, je dis à chacun de vous de ne pas s’estimer plus qu’il ne faut; mais d’avoir des sentiments modestes, chacun selon la mesure de la foi que Dieu lui a départie ».
Ce rappel de la modestie si important pour la vie sociale, c’est en famille surtout qu’il est cultivé. Les frères et sœurs s’entendent parfaitement pour remettre chacun à sa place. Cela peut donner parfois l’occasion de dialogues familiaux tout à fait amusant et sympathique. Du genre de celui-ci :j’aimerais bien avoir un jour un boulevard à mon nom, dit le frère à sa sœur. Elle de lui répondre pourvu que ce ne soit pas une impasse…
Que les dons d’un chacun, poursuit saint Paul, soient mis au profit de tous et qu’ils soient pratiqués, là aussi, avec simplicité, application, joie, avec zèle, avec miséricorde. Je résume ainsi les versets 4 à 8. Mais simplicité, application, joie, zèle… Ce sont là des dispositions qui sont particulièrement cultivées en famille. On y voit particulièrement briller et le père et la mère de famille..
« Que votre charité soit sans hypocrisie ». Ne croyez vous pas que cette exhortation de saint Paul trouve son application parfaite dans la famille. Les frères et sœurs ne supportent pas longtemps l’hypocrisie. Et celui qui est atteint de ce mal, l’hypocrite, en est vite guéri en famille.
« Ayez le mal en horreur; attachez-vous fortement au bien ». C’est la encore une proposition qui a son éveil en famille.
« Quant à l’amour fraternel, soyez pleins d’affection les uns pour les autres,
vous prévenant d’honneur les uns les autres ». J’aime particulièrement cette recommandation de Saint Paul. Elle vaut surtout pour la famille.
Quand aux autres propositions pauliniennes qui suivent, il suffit de les lire pour les aimer et pour comprendre qu’elles trouvent leurs parfaites expressions en famille :
« pour ce qui est du zèle, ne soyez pas nonchalants. Soyez fervents d’esprit;
c’est le Seigneur que vous servez ». N’est-ce pas le zèle de l’épouse, de la mère de famille. En ses enfants, en son mari, n’est-ce pas « le Seigneur qu’elle sert »
« Soyez pleins de la joie que donne l’espérance, patients dans l’affliction,
assidus à la prière, prêts à subvenir aux nécessités des saints, empressés à donner
l’hospitalité ». Mais ce sont là caractéristiques des familles chrétiennes : la joie, la patience dans les épreuves, la prière, l’hospitalité.
« Bénissez ceux qui vous persécutent : bénissez et ne maudissez pas.
« Réjouissez-vous avec ceux qui sont dans la joie; pleurez avec ceux qui
pleurent. Ayez les mêmes sentiments entre vous; n’aspirez pas à ce qui est élevé,
mais laissez-vous attirer par ce qui est humble. Ne soyez point sages à vos
propres yeux; ne rendez à personne le mal pour le mal; veillez à faire ce qui est bien devant tous les hommes. S’il est possible, autant qu’il dépend de vous, soyez en paix avec tous. Ne vous vengez point vous-mêmes, bien-aimés; mais laissez agir la colère de Dieu; car il est écrit : A moi la vengeance; c’est moi qui rétribuerai, dit le Seigneur. Si ton ennemi a faim, donne-lui à manger; s’il a soif, donne-lui à boire; car en agissant ainsi, tu amasseras des charbons de feu sur sa tête. Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais triomphe du mal par le bien ».
Voilà de beaux conseils qui ont fait les familles chrétiennes qui ont fait la France.