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Entraide et Tradition

Jésus, étendant la main, le toucha…

publié dans couvent saint-paul le 21 janvier 2012


3ème dimanche après l’Epiphanie. 

Jésus, étendant la main, le toucha…

 

MBCF, Dimanche dernier, l’Eglise, dans sa liturgie, nous faisait participer, en quelques sorte, à un banquet nuptial, qui se célébrait à Cana, en présence de Jésus, ses disciples, et de sa mère. Et c’est à la demande de sa Mère que Jésus fit son premier miracle. Ses disciples crurent en lui. Il débutait ainsi solennellement et merveilleusement sa vie publique. Il avait environ 30 ans. Il était beau, grand ; Avant de parler, il allait agir. C’est ce qu’il fit à Cana. « Remplissez d’eau ces jarres… ». Comme enseignement, on peut mieux faire !  Il allait, dès lors,  multiplier les miracles, guérir les malades et les blessures, délivrer des démons. Il allait rendre la vue à beaucoup d’aveugles. Il allait guérie de nombreux lépreux, comme nous le raconte le récit évangélique de ce jour : « Et voici qu’un lépreux vint à Lui et l’adora en disant : Seigneur, si vous voulez, vous pouvez me purifier. Jésus étendant la main, le toucha, en disant je le veux, sois purifié. « Jesus manum tetegit eum, dicens : volo, mundare ».

Et alors et alors seulement, il parla : « Allez, dit-il, annoncer à Jean ce que vous avez vu et entendu : les aveugles voient, les infirmes marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, les pauvres sont évangélisés » Et résumant d’un mot ce qui allait être le drame de toute sa vie, il ajoutait : « Et heureux qui ne sera pas scandalisé à mon sujet ».

Ces affirmations données aux deux émissaires de saint Jean Baptiste se référaient explicitement à un célèbre texte d’Isaïe, connu par cœur par tous ceux qui le suivaient et tenu officiellement pour une Prophétie messianique désignant explicitement le Messie, le Christ. La prendre à son compte en la réalisant, c’était se proclamer soi-même Messie et Christ. Et cette prophétie disait : « Dieu lui-même viendra et vous sauvera. Alors les yeux des aveugles s’ouvriront à la lumière ; les oreilles des sourds résonneront à la parole ; l’infirme bondira comme le chevreuil ; et la langue des muets sera déliée ».

Jean Baptiste pouvait dès lors s’en allait en paix et recevoir le couperet des mains d’Hérode, sous la pression d’Hérodiade, dans son palais de Tibériade. Du reste, avant de partir Jean Baptiste lui rendit ce témoignage : « Voici l’Agneau de Dieu, voici celui qui enlève les péchés du monde » et plus encore  «  C’est lui le Fils de Dieu ».

Le Messie était à pied d’œuvre.

Il se trouva en but très vite et jusqu’à la fin aux Pharisiens.

« Heureux qui ne sera pas scandalisé à mon sujet ».

Tout commença par le scandale. Un scandale patent, public, réitéré, croissant, aggravé d’insolence, un scandale intolérable et auquel il fallait d’une manière ou d’une autre, mettre un terme. On se condamne à ne rien comprendre à la Passiondu Christ, vers laquelle nous montons inéluctablement, si l’on ne s’aperçoit pas que le procès de Jésus a commencé dès le début de sa vie publique et qu’il s’est instruit chaque jour pour se conclure par la sentence de Caïphe, le Grand Prêtre en cette année là : « Il vaut mieux qu’un seul meurt plutôt que la nation tout entière ».. Pas à pas et pendant trois ans et d’un bout de la Palestineà l’autre, les Pharisiens ont suivi Jésus, l’on observé, l’ont interrogé, un œil sur lui, un œil sur la Loi, comme des rigoureux Magistrats ;  et bien avantla Passion, ils l’ont condamné comme impur. Les Pharisiens étaient des gens à principes et aux  principes stricts, qui, loin de négligerla Loi, s’en déclaraient les défenseurs et la compliquaient indéfiniment d’observances encore plus strictes au sujet de cette pureté légale. Cela les rendait inflexibles à toutes compromissions avec l’occupant romain. Ils étaient inflexibles dans le service de Dieu. Ils voulaient se tenir à l’écart de l’impureté et de ses contagions, retrouver l’indépendance de leur patrie. Ils étaient passionnés d’une justice exacte, fervents dela Loi. Ils se croyaient fidèles. Ils étaient purs et durs. Leur orgueil leur paraissait légitime ; il était celui de leur race et de son élection divine. Ils savaient que de cette race, se lèverait le libérateur des Nations. Aussi face à l’occupant, le romain, ils prêchaient la résistance.

Le Christ commence sa vie publique

Dès le début, il manqua ouvertement et gravement à la sainteté du Sabbat, allant jusqu’à dire d’ailleurs que le Sabbat était fait pour l’homme et non pas l’homme pour le Sabbat. Ce jour-là était consacré à Dieu et toute œuvre servile y était strictement interdite. On eut dit que le Christ faisait exprès de guérir les malades et les infirmes en ce jour-là. Il leur ordonnait même d’empoter chez eux leurs grabats, quand ils étaient guéris. Quand on lui reprochait ces manquements à la plus sainte Loi d’Israël, le Christ répondait qu’il était le Maître, même du Sabbat. Une telle insolence mettait les Pharisiens hors d’eux

Le Christ ne respectait pas davantage la Loi des impuretés. C’est ainsi qu’il se permettait de toucher les lépreux pour les guérir. Celui d’aujourd’hui : « « Jesus manum tetegit eum, dicens : volo, mundare ». Mais il en était de même du contact d’une sépulture, d’un cadavre… d’une fille de mauvaise vie, une pécheresse…Mais Jésus se laissa toucher par Marie Madeleine. Ces contacts mettaient en état d’impureté légale. Le plus grave était que cette impureté légale était contagieuse. La Loi disait : « tout ce qui touchera celui qui est impur sera souillé et la personne qui le touchera sera impure jusqu’au soir »..
A ce point de vue, le Christ était tout simplement effrayant. Il touchait à tout et se laisser toucher par n’importe qui. Les Pharisiens en étaient outrés, scandalisés jusqu’à la moelle. Le Christ n’hésitait pas non seulement à toucher un sépulcre, un cadavre, il le prenait même  par la main. Souvenez-vous à la porte de la ville Jaïre. Les lépreux ne lui inspiraient aucune répulsion. Mais surtout il se laissait toucher par n’importe qui en état d’impureté légale. On l’avait bien vu quand il avait supporté l’onction et les baisers sur ses pieds d’une fille publique. Ce n’était pas d’ailleurs pas le seul cas. Les exemples fourmillaient.

Et il  n’en entrait pas moins librement dans le Temple et il demandait avec insolence à ses contradicteurs quel d’entre eux pouvait le convaincre de péché.

Il se présentait comme la source de toute pureté. Il se mettait au dessus du Sabbat, il se mettait au dessus de la pureté légale. Il prétendait même être au dessus dela Loi. Commesi quelqu’un pouvait être au dessus dela Loi, Elle venait de Dieu, tout de même… Les Pharisiens en avaient la garde, tache d’autant plus difficile qu’on était en période d’occupation romaine. En ces périodes, les collaborateurs sont toujours légions…Alors ses miracles n’étaient qu’une insolence de plus. Ils ne pouvaient être que l’œuvre de Belzébuth. Ces miracles qui séduisaient les foules étaient exaspérants.

Le Christ était un impur, il devait être retranché de la communauté d’Israël, excommunié. Le scandale ne faisait que croître avec le temps. Il fallait défendrela Loi et le peuple de Dieu contre cet impur, protéger la communauté contre son contact et sa contagion. Aussi fut-il excommunié. Il subit d’abord la « séparation » : il devait être évité,  on ne pouvait l’approcher qu’à une certaine distance. Il subit ensuite « l’anathème » ; il était voué au diable, exclu du Temple.

Mais le Christ comble la mesure.  Il ne tient aucun compte de ces sentences, allant et venant, enseignant parmi le peuple, toujours suivi d’une foule immense qu’il enthousiasme par ses miracles et sa parole et qui lui fait, en quelque sorte, un rempart vivant. Il ose même entrer et stationner dans le Temple, souillant de sa présence les saints parvis. C’est un impur, u n retranché, mais en plus c’est un rebelle. Il continue. Il persévère. Il exagère. Il redouble le scandale. Il donne au scandale des proportions énormes. Il le gonfle à plaisir comme un enfant son ballon jusqu’à ce qu’il éclate brutalement

De telles situations ne se prolonge pas indéfiniment. Il finit toujours par y avoir un vainqueur et un vaincu. Le moment arriva où il était interdit de se dire le disciple de Jésus, sous peine d’être exclu dela Synagogue.

On tenta à plusieurs reprises de le lapider, mais chaque fois, il  échappait mystérieusement,  à se demander s’il n’avait pas à sa disposition tous les sortilèges du Diable. C’est que son heure n’était pas encore venue !. Le séjour de Jérusalem n’était plus sur pour lui. Il se gardait d’y résider. Il se retirait plutôt chez Lazare, Marthe et Marie, ses amis, qui avaient une propriété grande, à Béthanie, voir même dans les déserts.

Bref, c’était un homme à chaque instant épié, qui savait, et tous le savaient autour de lui, qu’aux moindre faux pas, il risquait la mort comme impur, impie, blasphémateur et rebelle.

Il avait pour lui l’enthousiasme des foules. Elles sont changeantes. On en sait quelque chose en France. Il avait quelques disciples sincères mais timides et qui plus est,  pas tous très surs…Judas ;  quelques femmes d’un dévouement absolu. Mais il avait surtout contre lui, au fil du temps, toutes les puissances de son pays, le haut clergé, c’est lui qui porta la sentence final ,  les politiciens, les riches, les Pharisiens. C’était une lutte à mort. Si lui gagnait, eux perdaient. Et c’en était fini dela Loiet de leur autorité. En défendantla Loi, ils se défendaient eux-mêmes. Sansla Loi, ils n’étaient plus rien alors qu’il étai tout.

Et ce conflit atteint son paroxysme après la résurrection de Lazare. Tout le monde connaissait la famille de Lazare. Tout le monde avait su la maladie de Lazare, la mort de Lazare, la venue de Jésus et enfin le miracle : sa résurrection par Jésus. La maison de Béthanie était pleine de monde. Ce monde avait suivi Marie au tombeau. Ils avaient vu ouvrir le tombeau, avait senti l’odeur de pourriture qui s’en exhalait, il était là depuis quatre jours ! Et tout à coup chacun avait vu, vu de ses yeux, sans aucun doute possible, chacun avait vu l’homme mort depuis quatre jour réapparaître à l’appel du Christ et reprendre sa place parmi les vivants. Il était là dans sa maison à deux pas de Jérusalem, mangeant et buvant, régalant la foule qui venait le féliciter, le regarder, le toucher. Tout Jérusalem connaissait la chose. Quel scandale ! Le peuple ne parlait que de cela. Il fallait se méfier de Joseph d’Arimathie, de Nicodème…On n’était pas loin dela Pâquejuive. Le Christ avait eu l’audace de venir à Béthanie. Sur qu’il viendrait à Jérusalem pour la fête de Pâque. Il pouvait déclencher d’un jour à l’autre, d’une minute à l’autre une émeute. Le peuple est pour lui, il pouvait renverser le gouvernement d’Israël, proclamer l’indépendance d’Israël, prêcher la guerre sainte, lancer la nation toute entière dans la plus folle des aventures. Ne se faisait-il pas appeler « Fils de David ». Il fallait mettre le holà sur de telles entreprises. Les Romains ne supporteraient pas la pagaïe et viendraient y mettre bon ordre. N’était-il pas l’empire de l’ordre !

C’est dans une telle atmosphère que se leva le grand prêtre. E n cette année là, il s’appelait Caïphe. Il imposa silence. «  Vous n’y connaissez rien, dit-il, d’une voie lente et ferme. J’ai une pensée que j’aimerais vous faire partager. Je trouve juste et salutaire, quand un individu met en péril la nation, de sacrifier cet individu au bien commun. Dans la circonstance, la solution qui s’impose, est qu’un homme seul périsse, plutôt que de laisser périr la nation toute entière ».

Voilà qui était clair. Voila ce qui fut décidé.

On publia un mandat d’arrêt, en vertu duquel quiconque savait où était le Christ était tenu de le dénoncer afin qu’il soit arrêté sur le champ. Judas s’y employa.

Le Christ ainsi était mis solennellement hors la Loi et tout citoyen devait prendre contre lui, le parti dela Loi.Telle était la riposte à l’insolent miracle de Béthanie.

« Et Jésus étendant la main, toucha le lépreux». Amen!

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