Correspondance européenne n. 246 du 30 janvier 2012
publié dans flash infos le 30 janvier 2012
Correspondance européenne n. 246 du 30 janvier 2012
Quelques extraits de Correspondance européenne n° 246:
-La Hongrie dans le colimateur
-L’Europe, une dictature
– Belgique : un tribunal islamique à Anvers
-Belgique : un gynécologue condamné
CE 246/01 UE : la Hongrie dans le collimateur
Dans une allocution au Parlement européen, le député britannique Nigel Farage avait interpellé le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, sur le ton de « bienvenue au club ». Il lui faisait remarquer que la Hongrie avait été assez heureuse de s’être débarrassée de la tutelle de l’URSS et se demandait pourquoi elle avait été si pressée de rallier l’Union européenne et de reperdre ainsi l’indépendance qu’elle venait de gagner. Orban ne savait pas si, en entendant de tels propos, il devait adopter le sourire méprisant que le Président de la Commission européen, José Manuel Barroso, a l’habitude d’arborer. Il devait se rendre compte qu’il y avait du vrai dans ce que disait Farage.
Or l’Union européenne n’a pas tardé à frapper. Viktor Orban, bien décidé à grader le contrôle de l’économie hongroise, s’est trouvé sous le feu de la Commission européenne, du Fonds monétaire international (FMI) et des agences de notation. Il reçut une lettre du président de la Commission, José Manuel Barroso, le sommant de « retirer » deux projets de loi jugés contradictoires avec le traité de l’Union. Le ministre hongrois des Affaires étrangères, Janos Martonyi, a alors annoncé, mercredi 21 décembre, que le gouvernement comptait faire adopter avant Noël au Parlement les deux textes, qui touchent l’indépendance de la banque centrale et la politique fiscale.
Le même jour, l’agence Standard and Poor’s dégradait en catégorie spéculative la note attribuée à la dette de la Hongrie, en évoquant les « politiques publiques imprévisibles » menées à Budapest. La première de ces « lois fondamentales » prévoit de fusionner le directoire de la Banque nationale de Hongrie (MNB) avec un Conseil monétaire élargi, où le président de la banque centrale verrait ses prérogatives réduites. Un amendement propose que le Parlement puisse limoger des membres du Conseil monétaire lorsque ceux-ci « agissent contre l’intérêt du pays ». L’autre projet de loi impose une majorité parlementaire des deux tiers pour décider de tout changement dans la fiscalité, ce qui empêcherait les nécessaires ajustements en cas de dérapage du déficit ou de la dette (“Le Monde”, 23 décembre 2011).
Cette affaire tend à révéler le visage totalitaire de l’Union européenne. Désormais l’indépendance législative des Etats membres est une illusion, rapidement perdue en cas de conflit avec le pouvoir central. « Dans le cas de la Hongrie – précise Michel Janva (11/1/12) – ce qui doit inquiéter, c’est la campagne de dénigrement menée contre le gouvernement de centre-droit par les bureaucrates de Bruxelles et la grande presse européenne : avec le prétexte de certaines mesures certainement discutable, en réalité, ce qui est dans le collimateur, ce sont les principes fondamentaux de la Constitution de la Hongrie: la revendication des racines chrétiennes, la promotion de la famille fondée sur le mariage entre un homme et une femme, la défense de la vie. Ce qui est recherché, c’est donc une homogénéisation culturelle qui a comme point de référence les (anti) valeurs dominantes en Europe du Nord. (…) En d’autres termes, nous sommes confrontés à un processus d’homologation, tant sur le plan culturel que sur celui strictement politique et économique, qui est la négation même de l’idée originelle de l’Union européenne, où les différences et les particularités de chaque État devaient être une source d’enrichissement mutuel ».
Mais l’Union européenne n’est pas à court de ressources. La Hongrie « endettée à hauteur de 82 % de son PIB, est financièrement pris à la gorge ». Le Pays a besoin de plus de 15 milliards d’euros cette année pour faire face à ses échéances. Mais en réaction au train de mesures très controversées du premier ministre Viktor Orban, l’Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI) ont interrompu les discussions le mois dernier sur l’octroi d’un nouveau prêt d’urgence. « Actuellement, le FMI et l’Europe n’ont aucune raison d’accorder des prêts », juge Tamas Bauer, ancien parlementaire et nouveau vice-président du parti d’opposition Coalition démocratique. « Si le gouvernement rejette les demandes de l’UE et du FMI, il y a un vrai danger d’effondrement financier » (“Le Figaro”, 3 janvier 2012). (G. de B.)
CE 246/02 UE : L’Europe une dictature
Nous reproduisons un article de Michel de Poncins paru dans « Tocqueville Magazine – Le Flash » le 23 janvier 2012.
La CEE ressemble fort à une dictature à 27 têtes, ce qui est le contraire d’une démocratie. Quel que soit le jugement de valeur diversifié que l’on porte sur la démocratie en général, les eurocrates en se prétendant démocrates ne sont pas dans la vérité. Les 27 commissaires, une fois nommés, exercent leur pouvoir pratiquement sans contrôle aucun. Le parlement est, d’ailleurs, lui-même élu d’une façon extrêmement douteuse. Les votes ont lieu à mains levées ; leur sens étant laissé au « jugement » du président de séance. Les gouvernements exercent, théoriquement, une surveillance par l’intermédiaire de fonctionnaires non élus mais ce n’est qu’une gentille parodie de contrôle.
Plusieurs pays, par référendum, avaient rejeté l’idée d’une constitution européenne. Cela n’a pas gêné le moins du monde la dictature européenne. Par de vrais coups d’État, cette volonté affirmée de peuples fut contournée pour aboutir au traité de Lisbonne. L’arme financière fût parfois utilisée pour ramener à la raison les peuples récalcitrants. Dans le rêve délirant de « plus d’Europe », le couple franco-allemand évoque une nouvelle révision des traités ; cette révision pourrait prévoir le droit pour la commission d’approuver les budgets nationaux: personne ne peut imaginer le niveau de désordre d’une telle mesure si elle voyait le jour.
Un des caractères habituels des pouvoirs totalitaires est la richesse des dictateurs. Dans ce domaine les commissaires et tous leurs compagnons de route se surpassent. La richesse s’étend jusqu’aux employés subalternes. La richesse des commissaires eux-mêmes est impossible à mesurer ; elle dépasse largement leurs émoluments par une foule d’avantages annexes. Un commissaire quittant ses fonctions touche son salaire pendant trois ans pour avoir le temps de se reclasser ! Le poste de député européen est un « fromage » dont les multiples saveurs se lisent dans tous les journaux. La richesse des eurocrates est un des moteurs de l’accroissement de la dictature européenne ; c’est un principe absolu que plus les unités publiques s’agrandissent, plus la richesse des acteurs s’accroît et moins il existe de contrôle !
Comme toute dictature, l’hydre à 27 têtes n’est pas seule. Une grande foule d’organismes gravitent autour d’elle ; leur recensement est impossible à faire.
Intéressons nous au sommet et à ses trois présidents : Herman Van Rompuy président de l’ensemble, un président tournant tous les six mois pour représenter les États, et Barroso, le président inoxydable de la commission. Indépendamment des problèmes plutôt réjouissants de protocole, chacun de ces personnages a ses frais et ses bureaux ; il s’occupe de marquer son territoire en se livrant à des actions diversement ruineuses. Il faut ajouter une multitude de fonctionnaires dans les pays membres. La plupart ont des ministres consacrés à l’Europe avec tout le train correspondant. Il existe à Bruxelles trois mille cabinets de lobbying ce qui avec le personnel fait une population de peut-être 15 000 personnes attachées à cette forme polie de la corruption qu’est le lobbying.
La ruine est une conséquence inévitable de cette situation délétère. Celle-ci se traduit par la panne de croissance. La dégradation ou le début de la dégradation de certaines notes des agences en est un autre signe ainsi que la fragilité des dettes souveraines. Le chômage atteint des taux inadmissibles. La Chine, pourtant pays communiste, est appelée au secours.
Au premier chef des explications, se trouve la gigantesque ponction fiscale nécessaire pour alimenter la fabuleuse machinerie. Une autre cause de ruine est le flot ininterrompu de directives et autres règlementations déversées par la CEE ; un commissaire ne saurait exister sans créer des directives ; la dictature européenne s’occupe de tous les détails de la vie d’un immense continent : cela va de la pêche au thon rouge, aux ascenseurs, et jusqu’au choix des ampoules. Par cette vision socialiste de la politique, elle met le désordre dans une foule d’industries et de consommations.
La Cour de justice aggrave l’effet du déluge : de son fait personne n’est vraiment sûr du droit et cette incertitude est meurtrière pour la richesse générale. La fraude généralisée s’ajoute : la très coûteuse Cour des comptes européenne refuse depuis plusieurs exercices de certifier les comptes de la CEE ; les dictateurs vivent sur des comptes pourris.
L’égalitarisme mène également à la ruine. Pour mettre soi-disant à niveau les nouveaux membres, de l’argent est volé aux anciens pour investir chez ces nouveaux et il y a beaucoup de fuites… A cette fausse idéologie peuvent se rattacher des idées folles comme la convergence fiscale franco-allemande ; messieurs les eurocrates il faut supprimer les impôts au lieu de chercher des convergences impossibles.
Enfin les politiques imposées par les États membres sont à la source de la ruine des populations. Les politiques de relance à base d’actions publiques ont montré leur nocivité. Nous connaissons la tentative inutile du sauvetage de la Grèce ; les tonnes d’argent déversées sur ce pays sans arriver à le sauver l’ont été par pure idéologie européiste ; la monnaie unique était une mauvaise idée que nous avons dénoncée en son temps ; les gouvernements ont voulu la préserver en s’imaginant à tort qu’elle était nécessaire à l’Europe.
Ne pas oublier la distribution sans contrôle de subventions dans le monde entier et ceci par des fonds spécialement créés à cet effet. Notons aussi, au titre des politiques suivies promptement par les eurocrates, toutes les mauvaises causes des idéologies ambiantes : réchauffement climatique, immigration sauvage, parité homme-femme, culture de mort avec la destruction des familles, biodiversité, etc. Chacune de ces idéologies mensongères est porteuse de ruine.
Actuellement la seule prétendue riposte imaginée à la crise est de demander plus de gouvernance européenne c’est-à-dire d’accroissement de la dictature ! Pour leur défense, les européistes prétendent que la construction européenne était nécessaire au marché commun : c’est une erreur. La libération des échanges, chemin nécessaire à l’accroissement de la richesse générale, pouvait se faire sans la création de la formidable et ruineuse bureaucratie européenne.
L’euro va-t-il éclater et l’Europe aussi ? L’avenir nous le dira.
CE 246/03 Belgique : un tribunal islamique à Anvers
L’organisation islamiste Sharia4Belgium est à l’initiative de l’ouverture, à Anvers, d’un “tribunal” chargé de régler, selon la justice islamique, des différends matrimoniaux et des questions d’héritage. Selon “Het laatste Nieuws” (10 septembre 2011), ce “Centre de Services Islamiques”, établi dans le quartier de Borgerhout, traitera, en accord avec la sharia, tous les cas de divorces, d’annulation de mariage, de réconciliation ou de différends conjugaux et remettra un certificat si nécessaire. L’échevine anversoise de la diversité, Monica De Coninck (sp.a), dont les services affirment tenir à l’oeil Sharia4Belgium, estime que l’initiative n’est pas une mauvaise chose si elle se limite à de la médiation. Il n’est pas question, précise-t-elle, d’un tribunal prononçant et exécutant des peines. Naïveté ou hypocrisie ? Selon l’échevine, la chose est sous contrôle et elle ajoute même qu’il valait mieux que cela se passe ainsi plutôt que sous la pression de musulmans fondamentalistes…
Aussitôt, le Vlaams Belang a exigé la fermeture du “tribunal de la sharia”. Pour Filip De Winter, il s’agit d’un nouveau pas vers l’islamisation d’Anvers. Il semble être le seul à se rendre compte que le “Centre de Services Islamiques” n’est qu’une avancée de plus vers le « développement d’une justice parallèle fondée sur des principes qui s’opposent aux valeurs de notre état de droit démocratique ». Il a en outre suggéré à Monica De Coninck de se renseigner au sujet de la sharia et de voir quelle est la condition des femmes selon ce code judiciaire. De son côté, “Euboco” (23 décembre 2011) a alerté le Roi Albert II de l’importance du danger : « Vos fidèles sujets vont-ils, à l’instar de certains citoyens britanniques se voir refuser l’accès à des secteurs entiers de leurs villes car décrétés zones d’application de la sharia par des gens refusant de respecter notre mode de vie et nos lois? Va-t-on finalement, progressivement, islamiser les cantines d’école en imposant le halal à l’ensemble des élèves sous prétexte de présence d’enfants musulmans sur les bancs scolaires ? En certaines communes, allons-nous voir nos policiers et employés communaux, avant nous-mêmes, s’astreindre au respect des règles mahométanes du Ramadan sous prétexte qu’une majorité de la population de ces communes serait de confession musulmane ? Allons-nous être amenés, en cette proche période de Noël, à cacher nos sapins lumineux et à éviter de prononcer le mot Noël dans le but de ne pas ” stigmatiser ” une population se tenant volontairement à l’écart de notre société ? » Le même groupe Sharia4Belgium a été surpris distribuant des tracts à Anvers, critiquant les modes de vie occidentaux et faisant l’éloge de l’islam. Interpellés, les activistes ont opposé une résistance physique aux forces de l’ordre et ont été arrêtés, pour être relâchés le lendemain. (C. B. C.)
CE 246/05 Belgique : un gynécologue condamné
Un gynécologue de Courtai a été condamné à payer 100 000 euros de dédommagements aux parents d’un enfant handicapé parce qu’il les avait averti trop tard du handicap de leur fille les empêchant ainsi de procéder à l’avortement. En effet, les parents n’avaient été mis au courant qu’après la trentième semaine de grossesse alors que le gynécologue aurait pu attester la présence d’un risque élevé de handicap grâce à un test effectué à la quinzième semaine. Le gynécologue les avait renvoyés vers l’hôpital, où un autre médecin leur avait finalement annoncé que leur fille, aujourd’hui âgée de 9 ans, souffrirait d’une forme grave de spina bifida, une malformation au niveau du dos.
La mère en était alors à sa 33ème semaine de grossesse. La fillette se déplace aujourd’hui en chaise roulante, elle est incontinente et souffre d’un retard mental.
Les parents ont entamé leur combat judiciaire deux ans après la naissance de leur enfant. Ils prétendent que s’ils avaient été avertis de l’handicap dont souffrirait leur fille, ils auraient opté pour l’avortement. Le tribunal de Courtrai avait déjà estimé que le gynécologue avait commis une erreur. La Cour d’Appel a désormais confirmé ce jugement.
Le gynécologue de l’hôpital, qui avait annoncé la nouvelle aux parents, a été acquitté. Pour l’avocat Thierry Vansweevelt, il s’agit d’un jugement important. « La loi sur l’avortement ne fait qu’une distinction entre l’avortement avant et après 12 semaines de grossesse. A partir de 12 semaines, l’interruption volontaire de grossesse n’est autorisée que si l’enfant souffre d’une maladie grave et incurable ou si la vie de la mère est en danger. Le loi ne prévoit aucun terme », dit-il. La sénatrice et gynécologue Marleen Temmerman (sp.a) a par ailleurs déclaré : « Je souhaite affiner la loi au cours de cette législature » (Institut européen de Bioéthique, 23 décembre 2011).
Cette condamnation est dans la logique de l’avortement reconnue comme un droit puisque priver quelqu’un de l’exercice de son droit est un préjudice indemnisable. Elle pose cependant la question de la preuve que la mère avaient réellement l’intention d’avorter si elle avaient su que sa fille allait naître handicapée. En outre, l’exercice de ce droit est aujourd’hui limité selon la gravité du handicap. Si ces conditions devaient être élargies ou tout simplement supprimées, n’importe quelle femme pourrait réclamer un dédommagement après une naissance en prétendant qu’elle n’est pas satisfaite de son enfant et aurait avorté si elle avait su. Cette perspective qui semble encore irréaliste ne l’est pas tant que ça car, si l’avortement est réellement considéré comme un droit des femmes, les conditions qui l’encadrent sont par définition sujettes à modification. L’avortement étant fondé sur la subjectivité de la femme contre le fait objectif de la vie de l’enfant, les conditions qui en limitent la pratique restent fragiles. (C. B. C.)