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Deuxième dimanche de Carême: Récit de l’agonie de Jésus à Gethsémani en saint Marc

publié dans couvent saint-paul le 20 février 2013


 

Deuxième conférence  de Carême

Récit de l’agonie de Jésus au jardin de Gethsémani en Saint Marc : Mc 14 32-42

Dans ce commentaire, nous voulons lire autant que possible, dans l’âme de Jésus en ce moment crucial entre tous.

Nous parlerons d’abord de l’angoisse et de la prière de Jésus : Mc 14 32-36

Puis nous commenterons les paroles adressées par Jésus à ses trois disciples, Pierre, Jacques et Jean : Mc 14 37-42

L’angoisse et la prière de Jésus. Mc 14 32-36

Nous devons parler en premier lieu de la nouveauté et de l’intensité de l’angoisse éprouvée par Jésus ; en second lieu de l’heure qu’il voudrait voir passer loin de lui et de la coupe qu’il redoute de boire, enfin de la portée de l’invocation « Abb a, Père » et de  la libre soumission de Jésus à la volonté de son Père

La nouveauté et l’intensité de l’angoisse éprouvée par Jésus.

« Il commença à être effrayé et angoissé »

Saint Marc nous dit qu’une fois arrivé à Gethsémani, Jésus « commença à être effrayé et angoissé » ; « coepit pavere et taedere ».

« Commença » n’est pas un verbe à prendre ici dans un sens quelconque, comme désignant un simple début d’action. Non. Il s’agit ici d’un tournant capital dans son existence terrestre.

Pour trouver  le vrai sens à ce verbe « commencer », on peut prendre l’exemple de la confession de saint Pierre à Césarée. Il confesse au nom des Douze la messianité du Christ : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ». Alors, nous dit saint Marc, pour la première fois, Jésus commença à dire ouvertement aux apôtres stupéfaits que ce Messie devrait connaître des souffrances et une mort affreuse : Mc 8 31. Il est le serviteur souffrant d’Isaïe 53. C’est vraiment là le début d’une nouvelle période dans l’existence terrestre du Sauveur

Or la scène de Gethsémani ouvre une troisième période, tout aussi nouvelle. En effet, depuis Césarée, Jésus n’avait cessé d’annoncer à ses apôtres sa future Passion, et cela avec la plus grande fermeté, rejetant comme sataniques toutes les suggestions qu’on pouvait lui faire en sens contraire. Souvenez-vous de l’attitude terrible de Jésus devant saint Pierre voulant s’opposer à cette pensée de son Maître. Il le traite de Satan : « Arrière Satan, tu mets une occasion de  scandale » (Mc 8 31 33) et comme contraire à son idéal de Fils de l’homme venu pour servir et « boire la coupe de la Passion ». Et voilà que, tout à coup, au mont des oliviers, Jésus se départit de cette fermeté : « il commença à être effrayé et angoissé » par la perspective de sa Pasion. i.e. il « se mit » à être effrayé…

L’angoisse éprouvée du Maître.

Deux verbes expriment les sentiments qui, à ce moment là, s’emparent de l’âme de Jésus.

Le premier verbe est: « pavere ». Il se traduit par « être vivement ému ; être effrayé, épouvanté (actuellement). C’est l’ébranlement profond  causé par l’apparition d’un spectacle inopiné ou par un événement inattendu. Et selon la nature de ce spectacle ou de cet événement, la surprise  peut-être de l’effroi, de l’étonnement, de la stupeur, de l’admiration. A Gethsémani, tout se passe comme si quelque chosa d’inattendu et de terrible s’était présenté à l’esprit de Jésus, provoquant en lui un choc.

Le deuxième verbe est : « taedere » que l’on traduit par « être ennuyé, fatigué, dégoûté de ». Le nom « taedium » veut dire « ennui, dégoût, fatigue, aversion, répugnance, objet de dégout ». C’est l’état psychologique d’une profonde tristesse. C’est ce qu’il laisse entendre à ses trois disciples qu’il rejoint.

« Mon âme est triste jusqu’à la mort »

Jésus dit aux trois disciples : « Mon âme est triste jusqu’à la mort ». Dans la suite de la Passion de Jésus, sa souffrance sera à la fois physique et spirituelle. Ici, au jardin de Gethsémani, la souffrance physique n’est pas encore là, mais l’âme de Jésus est envahi par une douleur atroce.

« Mon âme est triste jusqu’à la mort »

Que signifie cette expression : « jusqu’à la mort » ?

On peut lui donner un sens temporel : mon âme est accablée d’une tristesse qui ne prendra fin qu’avec la mort.

On peut lui donner un sens comparatif : mon âme est accablée d’une tristesse telle qu’on ne peut en éprouver une semblable qu’au moment de la mort.

On peut lui donner un sens final : mon âme est tellement triste que je désire mourir

Mais aussi et surtout un sens consécutif : mon âme est accablée d’une tristesse qui serait capable de me donner la mort.

Ces nuances permettent de mieux entrer dans l’âme du Sauveur. Ne prenons pas le sens causal, car Notre Seigneur ne désire pas se soustraire à la mission salvifique que lui a donné son Père. Il veut au contraire exécuter jusqu’au bout la volonté de son Père sur lui. Mais la tache à accomplir lui parait soudain tellement énorme et terrible que sa nature humaine ne peut que crier sa détresse et  qu’il va même en venir à se demander tout à l’heure si c’est bien cela que le Père lui demande.

Optons donc plus facilement pour le sens consécutif et faisons de l’expression ; « triste jusqu’à la mort » l’équivalent d’un superlatif : triste au suprême degré, d’une tristesse mortelle : « Mon âme est triste à en mourir »

Marc écrit : « « Et s’étant avancé un peu ; il tombait à terre ». « procedit super terram ».

Ce n’est pas à proprement parler ici un verbe qui exprime l’adoration. Non, il nous dit simplement Que Jésus « tombait » à terre ». Il faut voir là non pas uniquement l’acte de quelqu’un qui veut se mettre en prière, mais encore et surtout le signe d’une détresse sans nom qui enlève toute force et projette sur le sol. Saint Matthieu nous dira dans son récit « qu’il tomba sur sa face ».

N’oublions pas que Saint Pierre a vu Jésus s’effondrer, que saint Marc reprend sa prédication.  Nous sommes conviés à assister au même terrifiant spectacle ce qui nous permet de comprendre, comme le dit saint Paul, « à quel grand prix nous avons été rachetés (1 Cor 6 27 : 7,23)

L’heure et la coupe que Jésus redoute.

En Marc 14 35-36, l’objet de la prière de Jésus est exprimé deux fois : une première fois en style indirect au v. 35 à propos de « l’heure » : « il priait pour que s’il était possible, l’heure passa loin de lui » ; une seconde fois en style direct au v 36 à propos de la « coupe » : « Abba Père ! tout t’est possible : éloignez de moi cette coupe. Mais non pas ce que je veux, mais ce que, toi, tu veux ».

Les deux mots « heure » et « coupe » sont d’une importance capitale pour une intelligence approfondie de l’agonie de Gethsémani.

« L’heure » : pour en comprendre le sens on peut mettre ce mot de Mc 14 36 : « l’heure » en relation avec les textes de saint Jean. L’heure de Jésus en l’Evangile de saint  Jean désigne l’événement salvifique pris dans toute son ampleur. Elle correspond, pour ce qui est de Jésus, à son passage de ce monde à son Père et à sa glorification pleine et entière, et pour ce qui est des hommes, à la création du nouveau peuple de Dieu grâce à l’effusion de l’Esprit- Saint. Mais l’heure de Jésus a également un côté sombre, voire terrifiant : le mystère de la croix. Le point culminant de son évangile, les chapitres 13 à 20 (21) consacrés à l’heure de Jésus traitent tour à tour de sa Passion et de sa mort, de sa résurrection, de son exaltation et de la fondation définitive de l’Eglise. Ici, il faut donc entendre « heure » par le moment douloureux de la Passion de Jésus.

« Coupe » ou « calice » (Saint Jérôme traduit «  pateron » par « calicem ») : peut être comprise comme le symbole des souffrances et de la mort de Jésus. Mais il vaut mieux comprendre « coupe » non dans un sens symbolique, mais bien comme la réalité des souffrances endurées par Jésus pour l’expiation des péchés des hommes. La coupe que Jésus redoute de boire est inséparable de l’ « heure » où « le Fils de l’homme est livré aux mains des pécheurs » (v  41). Or ce texte renvoie à Is 53 où nous voyons le serviteur souffrant accepter de subir le châtiment mérité par les hommes coupables afin de les guérir et de les rétablir dans l’amitié de Dieu : « le châtiment qui nous donne la vie a été sur lui et c’est pas ses meurtrissures que nous sommes guéris » (v 5)

L’invocation Abba Père ! La libre soumission de la volonté de Jésus à celle du Père.

Jésus dit : v 36 : « Abba Père ! Tout t’est possible, éloigne de moi cette coupe. Mais non pas ce que moi je veux, mais ce que toi tu veux »

Nous devons nous arrêter à deux aspects de cette prière : d’une part son caractère éminemment filial marqué par l’invocation du début : Abba ! Père ! ;  d’autre part la distinction étonnante qu’on y perçoit entre la volonté du Père et celle du Christ, qui, en toute liberté, se soumet à son Père.

« Abba » ! C’est de l’araméen, langue de Jésus. Il veut dire Père, mais dans un sens très familier, plutôt dans le sens de « papa ».

Ce sens est très important. Sa signification dans la bouche de Jésus est immense. Elle est double. A la fois d’ordre historique et d’ordre théologique. Au point de vue historique, il est très claire que jamais la communauté chrétienne primitive, née du judaïsme, n’aurait eu l’idée, voire l’audace, de prêter à Jésus une telle manière de s’adresser à Dieu. Ce sont vraiment les paroles propres de Jésus, les ispsissima verba Christi. C’est affirmer l’historicité des évangiles

La portée doctrinal de ces mots n’est pas moins importante : on touche ici du doigt en même temps la conscience qu’avait Jésus d’être le Fils de Dieu au sens strict et, par le fait même, la révélation qu’il nous apporte en sa personne du mystère trinitaire.

Il faut cependant remarquer aussi que ce cri tout filial de Jésus à son Père , s’accompagne tout également d’une certaine distance entre la volonté de Jésus et celle du Père : « Abba Père ! Tout t’est possible ; éloigne de moi cette coupe. Mais non  pas ce que je veux, mais ce que, toi, tu veux ».

Pour bien répondre à cette interrogation, rappelons-nous qui est Jésus, sa personne. C’est le Verbe de Dieu fait chair.

Jésus tout en s’affirmant, dans les Evangiles, le Fils unique de Dieu se présente néanmoins comme pleinement homme. Puisqu’il en est ainsi, il faut penser qu’il possède une intelligence et une volonté humaines. Aussi, à l’encontre de l’hérésie monothélite négatrice d’une  double volonté dans le Christ, le troisième Concile de Constantinople a-t-il proclamé qu’il y a « en Jésus Christ deux volontés et deux opérations, sans division et sans changement, sans séparation et sans confusion : non pas deux volontés opposées entre elles, mais subordonnées l’une à l’autre, ce qui fait que la volonté humaine suit toujours la volonté divine à laquelle elle demeure soumise ».

Doté d’une volonté humaine, le Christ a eu, par le fait même, la liberté, i.e. le pouvoir de se déterminer par soi-même sans aucune contrainte, pouvoir qui constitue l’une des prérogatives les plus nobles de l’être humain. Dans l’évangile de saint Jean, au ch. 10 17-18, le Christ se prononce absolument libre dans l’acte principal de sa mission : le sacrifice qu’il fait de sa vie pour accomplir la prophétie d’Is 53 et de réconcilier avec Dieu l’humanité pécheresse. Aussi bien serait-il inconcevable qu’il en fut autrement : il n’y a de mérite que dans les actes libres. Or c’est en méritant que le Christ nous sauve. Jésus s’est donné librement : Mt 26 52-54 ; Jn 18  44-11.

Enfin il faut se rappeler que le problème de la liberté comporte deux aspects : le pouvoir de choisir et le pouvoir de s’achever soi-même. Or le pouvoir de choisir n’est pas une fin en soi, mais seulement un moyen ; il est au service du pouvoir de s’achever. Le libre arbitre est proprement le pouvoir que possède la personne humaine de s’achever elle-même en communiant à l’Absolu. Par suite il n’est pas le pouvoir de choisir également le bien ou le mal : il est un pouvoir de choisir le bien par l’élan de nature et un pouvoir de choir le mal par défaillance et arrachement à son état naturel.

S’il en est ainsi de la liberté, la liberté du Christ est plus visible dans l’agonie de Gethsémani que partout ailleurs. La prière de l’agonie n’exprime aucune résistance, même passagère de la volonté de Jésus à la volonté de son Père. La volonté de son Père fut toujours sa nourriture dit-il, Ici plus qu’ailleurs.  Elle dit sa soumission totale à cette volonté qu’il aime et veut accomplir jusqu’au bout. Ce qu’elle nous révèle plus que tout, c’est l’immense douleur qui va accompagner cette soumission.

 Il ne faut absolument pas parler de résistance, même passagère, de Jésus à la volonté de son Père. La prière de l’agonie dit tout au contraire sa soumission totale à cette volonté qu’il aime et veut accomplir jusqu’au bout. Ce qu’elle nous suggère, c’est plutôt la difficulté de cette œuvre.

Les paroles de Jésus aux trois disciples.

Au début de la scène de l’agonie, Jésus dit au groupe entier des disciples : « Asseyez-vous ici tandis que je prierai ». Cet ordre ne concerne que huit apôtres, puisque aussitôt après Jésus prend avec lui trois d’entre eux : Pierre, Jacques et jean, comme pour la résurrection de la fille de Jaïre(Mc 5 37) et pour la Transfiguration (Mc 9 2).

A ces trois disciples, Jésus attribue un rôle mystérieux ; il leur demande d’abord de veiller et de l’accompagner dans la prière afin de na pas être vaincus par la tentation car « l’esprit est ardent, mais la chair est faible ». Puis quand le moment de l’arrestation est venu, il leur dit au contraire : « Dormez maintenant et reposez vous. C’en est fait. L’heure est venue. Voici le Fils de l’homme est livré aux mains des pécheurs ».

Ce sont ces paroles de Jésus que nous devons maintenant commenter : en premier lieu la demande de vigilance liée à une redoutable tentation ; en second lieu la résistance à la tentation et l’antithèse chair-esprit ; en dernier lieu la conclusion apportée par Jésus à la veillée de Gethsémani avec la déclaration : « Le Fils de l’homme est livré aux mains des pécheurs ».

La vigilance et la tentation.

La demande fondamentale faite par Jésus aux trois disciples est celle de la vigilance ; elle est exprimé dès le début de la scène : « Restez ici et veillez » (v 34). Elle est formulée de nouveau quand, pour la première fois, Jésus vient rendre visite aux trois apôtres : « Simon, tu dors ? Tu n’as pas eu la force de veiller une heure ! Veillez et prier afin de ne pas entrer en tentation »(v 37-38)

Comment comprendre ce verbe : « viellez », « vigilate »

Veiller, au sens littéral, c’est ne pas dormir pendant la nuit, c’est renoncer au sommeil qui est l’état normal de la nuit.

Veiller a aussi un autre sens plus spirituel. C’est être vigilant. Cette veille n’est pas seulement et avant tout un état physique, l’absence de sommeil, elle est davantage un état d’âme. Elle consiste essentiellement à être attentif. On traduira « éveiller » par « être vigilant », « être éveillé » comme un guetteur, une sentinelle. En ce sens on dira être attentif à la présence active de Dieu qui vient ou peut venir « comme un voleur ». Dans ces circonstances, il faut toujours veiller.. C’est le sens de Mc 13 33-35.

Il est évident que c’est une vigilance religieuse qui est réclamée des trois disciples dans la scène de l’agonie et nullement un vigilance du guetteur, d’une sentinelle. La vigilance sur laquelle le Christ compte est une vigilance priante, comme le montre du reste  au v. 38 l’adjonction de la demande de « prier ».

La tentation ?

Dans les textes du  NT on est appelé à « veiller » soit parce qu’il nous faut veiller dans l’attente et la venue du Seigneur pour être prêts quand il se présentera, (Cf. le récit des vierges sages et des vierges folles) soit pour faire face aux grands dangers que court notre existence chrétienne, dangers parmi lesquels viennent, en premier lieu, les assauts diaboliques. On peut citer saint Pierre et pour cause, il se souvient du reproche de Jésus à Gethsémani : 1 Pet 5 8 : « Soyez sobres, veillez. Votre adversaire, le Diable, comme un lion rugissant rôde cherchant qui dévorer ». C’est dans ce sens qu’il faut comprendre les paroles du Seigneur ; Il faut veiller pour ne pas subir la tentation diabolique.

Il faut également rattacher ces tentations dont parle Jésus, aux tentations qu’il connut au début de son ministère, lorsqu’il est poussé par l’Esprit Saint dans le désert.

La résistance à la tentation ; l’antithèse entre chair et esprit.

A Gethsémani, les tentations diaboliques visent essentiellement les disciples, les trois qui sont avec Jésus. Aussi bien leur dit-il : « Veillez et priez afin de ne pas entrer en tentation ; l’esprit est ardent et la chair est faible » (Mc 14 38)

Expliquons cette recommandation.

Que signifie la formule « entrer en tentation ». « ut non intretis in tentationem »

Remarquons tout d’abord que le « entrer en tentation » du récit de Gethsémani a le même sens que dans le Pater Noster : Mt 6 13 ; Lc 11 4 : ne nous nous induisez pas en  tentation. Dans son explication du Pater, Saint Thomas explique que nous ne demandons pas de ne pas être tentés, mais de ne pas être vaincus par la tentation (II II 83 9. Le catéchisme du Concile de Trente donne la même explication (4e  partie ch 45 § 1-6). Il est impossible que Dieu puisse nous faire succomber à une tentation, – Saint Jacques est formel : Ia 12 – mais nous le prions pour que « nous ne cédions pas à la tentation ». Ce serait un véritable blasphème de dire que c’est Dieu qui pousse l’homme à pécher. La traduction courante qui est aujourd’hui liturgique : « ne nous soumets pas à la tentation » n’est pas heureuse. Il faut dire: ne nous laisse pas succomber à la tentation. Il faut être protégé dans la tentation et non point d’abord être préservé de la tentation. La requête du Notre Père ne nous fait pas demander que la tentation nous soit épargnée mais bien que Dieu nous aide à la surmonter.

Fort des ces explications, on peut revenir à la formule de Jésus à Gethsémani : « Veillez et priez afin de ne pas entrer en tentation ». C’est-à-dire : Priez non point pour ne pas être soumis à la tentation. Elle est là, présente. Le diable peut les emporter loin de leur Maître s’ils ne prient pas Il se pourrait qu’il les détache de leur Maître et les fasse apostasier ou du moins qu’il distende les liens qui les unissent à leur Maître. Il ne s’agit donc pas pour eux de ne pas être soumis à la tentation ; il s’agit qu’ils ne soient pas vaincus par elle.

Et la raison pour laquelle la tentation actuelle constitue pour les trois disciples un redoutable danger, malgré leur attachement profond à leur Maître, c’est que « si l’esprit est ardent, la chair est faible »

Conclusion de la veillée de Gethsémani : le Fils de l’homme livré aux mains des pécheurs. le serviteur souffrant d’Is 53

Quand le Christ vient vers les disciples pour la première fois, il les trouve endormis et leur fait des reproche en s’adressant plutôt à Pierre (V 37-38). Quand il revient une seconde  fois, il les trouve toujours endormis et Marc d’ajouter : « leurs yeux étaient alourdis et ils ne savaient que lui répondre » (v 40). L’évangéliste suggère ici l’incompréhension humaine en présence du mystère du Christ. Quand le Christ revient une troisième fois, il leur dit : « Dormez maintenant et reposez vous ? C’en est fait. L’heure est venue. Voici ! Le Fils de l’homme est livré aux mains des pécheurs. Levez-vous ! Allons ! Voici, celui qui me livre est tout proche » (v 41-42). C’est Jésus qui se livre lui-même en toute liberté à Judas à la tête de la cohorte

Telle est la conclusion de la veillée de Gethsémani : « le Fils de l’homme est livré aux mains des pécheurs »

Par cette déclaration est annoncée les souffrances et la mort  du Fils de l’homme parce qu’elle est à mettre en relation avec la prophétie du Serviteur souffrant d’Isaïe.

« Le Fils de l’homme est livré… » Il y a tout lieu de voir là une allusion à Is 53 où, dans les Septante, le même verbe « livrer » est appliqué trois fois au « serviteur ». On en conclut que c’est Dieu lui-même qui, le premier, accomplit l’action de livrer Jésus aux hommes pécheurs, tout comme à Gethsémani c’est le Père qui propose à son Fils la coupe amère de la passion expiatrice.

Ceux qui douteraient encore que Jésus se soit reconnu dans les oracles du serviteur souffrant n’ont qu’à relire de près les récits de la Cène : les références aux oracles d’Isaïe y sont indubitables : le sang versé Is 53 12 : « il a versé son âme dans la mort » ; la rémission des péchés (cf l’ensemble d’Is 53 ; la multitude bénéficiant du sang versé par Jésus (Is 52 14-15 ; 53 11-12) ;la perspective d’une nouvelle alliance ouverte à tous les peuples (Is 42 6 et 49 6).

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