A Rome, les 25 et 28 juin2013, grand colloque sur la Litrugie organisé par « Sacra Liturgia »
publié dans regards sur le monde le 5 avril 2013
Sacra Liturgia 2013
SOURCE – Mgr Rey – Christophe Geffroy – La Nef – avril 2013
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Mgr Rey, évêque de Fréjus-Toulon, organise fin juin à Rome un grand colloque international sur la liturgie, Sacra Liturgia 2013, événement important de nature à alimenter la nécessaire réflexion sur ce sujet cher au pape émérite Benoît XVI.
Voir mes réflexions in fine.
La Nef – Pourquoi avoir organisé un colloque sur la liturgie à Rome ?
Mgr Dominique Rey – Benoît XVI a beaucoup fait pour la liturgie, cœur de la vie de l’Église, poursuivant en tant que pape l’inspiration de son travail en tant que cardinal Ratzinger. Il y a là tout un enseignement et un exemple qui doivent être non seulement suivis mais aussi étudiés et médités ; avec l’expérience de pasteurs et de liturgistes venus du monde entier, nous pouvons contribuer à promouvoir le rôle central de la liturgie dans la vie et la mission de l’Église, d’une liturgie belle et sacrée qui est une dimension importante de la nouvelle évangélisation : telle est la raison de ce colloque.
La décision d’organiser ce colloque a été prise bien avant la renonciation de Benoît XVI, que j’avais informé de ce projet lors de la dernière visite ad limina en décembre 2012. Il m’avait d’ailleurs encouragé par un message transmis ensuite par la Secrétairerie d’État. Son départ ne diminue bien sûr en rien l’actualité du colloque.
Il était de toute façon important qu’il ait symboliquement lieu à Rome, centre de l’Église universelle et siège du successeur de Pierre.
Vous avez évoqué la nouvelle évangélisation : en quoi la liturgie y contribue-t-elle ?
Elle y contribue d’une façon essentielle en ce sens qu’elle est la source et le sommet de la vie et de la mission de l’Église ; c’est dans la liturgie que nous rencontrons le Christ le plus parfaitement, pas individuellement, mais tous ensemble en tant que membres de l’Église. C’est là que le Christ agit le plus puissamment en nous. Il est donc évident que la liturgie est au cœur de la nouvelle évangélisation.
Or celle-ci a parfois été délaissée dans nos démarches d’évangélisation au profit d’un regard peut-être trop « horizontal », j’allais dire presque trop exclusivement humain. Garder bien présent à l’esprit que la liturgie doit être au centre de la nouvelle évangélisation permet d’éviter ce travers. Toute notre activité missionnaire doit conduire le peuple au Christ, avec qui nous entrons en relation par le baptême, la confirmation et l’Eucharistie. Les autres actes liturgiques nous gardent dans cette relation dans notre vie de foi et sont donc indispensables à cette vie de foi.
Mais la liturgie ne peut remplir son rôle central si notre catéchèse liturgique, la formation et la célébration ne sont pas ce que l’Église entend qu’ils soient. Nous devons examiner ces domaines et voir quelles sont les possibles améliorations à entreprendre, selon l’esprit de l’Église.
L’importance du colloque Sacra Liturgia 2013 est d’insister à nouveau en mettant l’accent sur cette réalité pour aider les gens à y entrer. Ce n’est pas une conférence sur les petits détails liturgiques. Bien sûr, il faut toujours prendre soin de suivre les directives liturgiques, mais à Rome, nous allons également aborder de plus grands sujets et des questions bien actuelles : la catéchèse et la formation, les relations entre la liturgie et la psychologie humaine, le rôle d’Internet dans la promotion de la liturgie, la place de la musique liturgique dans la nouvelle évangélisation, etc. Et pour cela, nous aurons des conférenciers de haut vol, laissez-moi citer les cardinaux Canizares, Burke, Randjith, Brandmüller, mais aussi Mgr Aillet, Mgr Guido Marini, Mgr Nicola Bux, le TRP Dom Jean-Charles Nault, etc.
Vos propos font-ils écho à ce que le cardinal Ratzinger avait nommé la « réforme de la réforme » ?
Notre ambition est de faire avancer la réflexion dans le sens de la réforme liturgique si chère au cœur de Benoît XVI et de montrer le fondement liturgique de la nouvelle évangélisation en cette Année de la foi commémorant le 50e anniversaire de l’ouverture du concile Vatican II. Un tel colloque permet à de nombreuses personnalités de se rencontrer et d’échanger, il s’y noue forcément des liens, des amitiés qui aideront peut-être un « nouveau mouvement liturgique » à se propager. Nous attendons des participants de plus de vingt pays, ce colloque aura donc une réelle dimension internationale. C’est aussi par ce genre de rencontres que progresse la réflexion liturgique.
La liturgie demeure encore malheureusement un sujet de division et de dispute : un tel colloque peut-il contribuer à apporter la paix et la sérénité ?
Je l’espère vivement, car il est vraiment triste et déplorable de constater de tels différends sur la liturgie. Il est donc très important de les surmonter, ainsi que Benoît XVI a très courageusement commencé à le faire.
La liturgie est quelque chose que l’Église nous donne, pas quelque chose que nous créons, et nous devons la célébrer avec respect ainsi que l’Église nous invite à le faire. Il y a des options légitimes et différents styles, bien sûr, et la Conférence des Évêques peut procéder à certaines adaptations. Mais la liturgie reste quelque chose de précieux qui nous est donné par l’Église et que nous devons garder avec vénération. Et même un évêque doit savoir qu’il ne peut pas entreprendre n’importe quoi ni innover en matière liturgique ! Si nous avons tous à cœur ce désir de respect de la liturgie, beaucoup de différends s’effaceront d’eux-mêmes.
Les divisions entre les adeptes de la « forme extraordinaire » du rite romain et ceux de la « forme ordinaire » n’ont plus de raison d’être, Benoît XVI a d’une certaine façon résolu cette question et nous nous mettons à son école : à Sacra Liturgia 2013, nous célébrerons les deux formes liturgiques avec notamment les cardinaux Canizares et Brandmüller. Comme Benoît XVI l’a dit très clairement, les deux formes de l’unique rite romain ont chacune une place légitime dans la vie de l’Église, et l’on ne peut refuser l’une ou l’autre.
Vous-même en tant qu’évêque avez une bonne expérience dans votre diocèse de la cohabitation des deux formes liturgiques : comment cela se passe-t-il ?
Cela se passe très bien et j’en suis heureux, car ces deux formes ont un rôle dans la nouvelle évangélisation ! Dans mon diocèse, une communauté qui célèbre la liturgie ancienne a la mission de l’évangélisation dans des quartiers à forte présence musulmane. Des prêtres de mon diocèse célèbrent selon les deux formes du rite. D’après leurs témoignages, ainsi que ceux d’un certain nombre de séminaristes et de jeunes, cette forme ancienne de la liturgie les aide à se rapprocher du Christ. Ses richesses ont un impact positif sur les gens aujourd’hui.
Il n’y a pas d’opposition ou de division à avoir dans la liturgie. Les rites modernes devraient être célébrés comme l’Église l’entend avec l’« ars celebrandi » demandé par Benoît XVI. Les rites anciens doivent être librement accessibles à ceux qui le désirent et célébrés avec les mêmes exigences. Nous rencontrons le Christ en personne dans les deux formes, c’est cela l’essentiel, ne l’oublions pas, c’est cela qui nous permet d’être fortifiés dans notre vie chrétienne et dans notre mission dans le monde !
Un dernier mot sur notre nouveau pape François…
Je n’ai jamais eu l’occasion de le rencontrer. Comme tous, j’ai été touché par son humilité, sa simplicité et son amour de la pauvreté, dont témoigne le choix de son nom. Je crois savoir aussi que dans sa charge d’archevêque de Buenos Aires, il a fait montre d’une très grande liberté de parole et d’esprit, et d’un réel courage vis-à-vis de tous les pouvoirs, au service de la seule vérité de l’Évangile. Notre premier devoir est de répondre à l’invitation qu’il nous a lancée dès ses premiers mots, de prier pour lui. Il faut l’accueillir comme tout Souverain Pontife, comme donné par le Seigneur à son Église.
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Propos recueillis par Christophe Geffroy
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Colloque à Rome à l’Université pontificale de la Sainte Croix, du mardi 25 au vendredi 28 juin 2013. Tout renseignement et inscription sur le site du colloque : www.sacraliturgia2013-france.com
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NB. Réflexions personnelles à propos de la phrase de Mgr Rey, « Les divisions entre les adeptes de la « forme extraordinaire » du rite romain et ceux de la « forme ordinaire » n’ont plus de raison d’être, Benoît XVI a d’une certaine façon résolu cette question et nous nous mettons à son école ».
On ne trouvera pas la paix – liturgique – dans l’Eglise, en refusant de faire un examen approfondi du « Bref Examen Critique », présenté jadis par les cardinaux Ottaviani et Bacci au Pape Paul VI. Pour moi, le Motu Proprio Summorum Pontificum est un texte de « compromis » – Benoît VI n’écrit-il pas qui il a fait l’objet de « discussions » (p 21 de l’édition Tequi: « au cours des discussion sur ce Motu Proprio attendu » ) qui a permis à Benoît XVI d’une part de reconnaître « urbi et orbi » la non abolition de la messe tridentine « Il est donc permis de célébrer le Sacrifice de la Messe suivant l’édition type du missel romain promulgué par le bienheureux Jean XXIII en 1962 et jamais abrogé, en tant que forme extraordinaire de la liturgie de l’Eglise ». Mais, d’autre part et préalablement, il a du affirmer que le rite de Paul VI, était « l’expression ordinaire de la lex orandi de l’Eglise catholique de rite latin » (art 1) et qu’en conséquence il fallait en reconnaître non seulement la « valeur » mais aussi la « sainteté ».
On me fera jamais dire cela.
Du reste aujourd’hui, cette affirmation est « contestée » par Mgr Schneider qui demande pratiquement l’abolition de l’offertoire de la Nouvelle Messe – à la bonne heure! – parce que pour lui, il est contraire à toute la Tradition de l’Eglise. De plus Benoît XVI nous a présenté Mgr Gamber comme un maître en liturgie qu’il faut suivre et dont la pensée doit être la règle de tous. Or, dans son livre « La réforme liturgique en question », il est loin de parler de « sainteté » du nouveau rite. Je vais rappeler prochainement sa pensée. Il ne faut pas que « Sacra Liturgia 2013 » nous conduise sur une « mauvaise route » et nous fasse abandonner « nos justes réclamations »
Attention! Il ne faut pas « mollir » dans les critiques du nouveau rite. Il faut qu’il soit ou modifié ( C’est la réforme de la Réforme que Mgr Schneider appelle de tous ses vœux. Il faut relire son texte diffusé très heureusement par Paix liturgique. Il serait heureux qu’il est un temps de paroles au colloque de Sacra Liturgia à Rome …) ou retiré de l’Eglise. Ce n’est pas parce que l’on reconnaît aujourd’hui -enfin – le bon droit du rite tridentin qu’il faut passer sous silence les critiques du nouveau rite et dire que le beau combat de la Tradition est fini. ll faut aller jusqu’au bout et ne pas s’arrêter en chemin… Le Motu Proprio de Benoît XVI ne doit pas nous « endormir ». Il n’est pas vrai de dire, comme le dit Mgr Rey qu’avec le Motu Proprio de Benoît XVI tout est dit et que la cause est entendue. Non.