L’Ascension
publié dans couvent saint-paul le 8 mai 2013
Le mystère de l’Ascension de Jésus ! Quel est-il ?
D’abord c’est l’élévation de la sainte humanité de Notre Seigneur Jésus-Christ dans les cieux à la « droite » de son Père. Nous contemplons en effet dans ce mystère la sainte humanité de Jésus s’élevant de la terre et montant visiblement vers les cieux par sa propre puissance.
Le témoignage des Saintes Ecritures est formel. Jésus rassemble une dernière fois ses disciples et les conduit à Béthanie au sommet de la montagne des Oliviers. Il leur renouvelle la mission de prêcher à toute la terre, en leur promettant d’être toujours avec eux par sa grâce et l’action de son Esprit. Puis les ayant bénis, il s’élève au dessus des nuages, et disparaît à leurs yeux.
Ainsi le mystère de l’Ascension, c’est l’exaltation de Notre Seigneur Jésus-Christ « à la droite de son Père ». C’est un des objets de notre Credo. Là, il jouit de la sublimité des honneurs.
L’Ascension, c’est donc le triomphe définitif du Christ. C’est sa glorification. Saint Paul a célébré en termes magnifiques dans sa lettre aux Ephésiens cette glorification divine de NSJC : « Dieu, dit-il, a déployé dans le Christ l’efficacité de sa force victorieuse, lorsqu’il l’a ressuscité des morts et l’a fait asseoir à sa droite dans les cieux, au-dessus de toute principauté, de toute autorité, de toute domination, de toute dignité, de tout nom qui se peut donner non seulement dans le temps présent, mais encore dans le siècle futur. Il a mis toutes choses sous ses pieds, et l’a donné pour chef souverain à toute l’Eglise ». (Eph 1 19 22)
Désormais, son nom est si grand que « tout genou fléchit devant lui au ciel, sur la terre, dans les enfers…et toute langue publie qu’il vit et règne à jamais dans la gloire de Dieu le Père » (Selon Philip 2 10-11)
Et de fait, depuis cette heure, l’Apocalypse nous montre « la multitude innombrable des élus de la Jérusalem céleste, dont l’Agneau immolé est l’éternelle lumière, jetant leurs couronnes à ses pieds, se prosternant eux-mêmes devant lui, et proclamant en un cœur puissant comme le bruit de la mer, qu’il est digne de tout bonheur, de toute gloire, parce que leur salut et leur béatitude trouvent en lui leur principe et leur fin. »
Et sur la terre aussi, chaque jour, durant l’action sainte de la messe, lors du « Gloria » et du « Sanctus », l’Eglise fait monter, dans ses temples, ses louanges et ses supplications vers celui qui est glorifié dans les cieux : « Vous qui êtes assis à la droite du Père, ayez pitié de nous, parce que vous êtes seul Saint, seul Seigneur, seul Très haut, Ô Jésus-Christ, avec l’Esprit-Saint dans la gloire de Dieu votre Père ; tu solus Altissimus, Jesus Christe…in gloria Dei Patris »
Et tous les politiques aujourd’hui qui refusent leur soumission et leur acclamation à ce Roi de Gloire, en refusant sa Loi et son enseignement, seront tous confondus lors du Jugement particulier et du Jugement général…Car le Christ reviendra en gloire pour juger les vivants et les morts. Eux aussi seront jugés! Rien ni personne le lui échappera.
Tel est le mystère de l’Ascension et dans son historicité et dans sa réalité spirituelle : sublime glorification du Christ au-dessus de toute créature, à la droite du Père.
Ce mystère fait naître en nos âmes joie et confiance. Deux sentiments importants pour nos âmes en ce monde
a) Et d’abord la joie. Pourquoi?
Notre Seigneur disait lui-même à ses Apôtres avant de les quitter : « Si vous m’aimiez, vous vous réjouiriez de ce que je vais à mon Père ». Il est exalté à la droite du Père. La justice lui est ainsi rendue. Comment ne pas s’en réjouir !
Voyez comment l’Eglise nous invite, dans sa liturgie, à célébrer avec allégresse cette exaltation de son Rédempteur. La liturgie est vraiment une vie.
Tantôt elle presse toutes les nations de faire éclater la plénitude de leur joie en des hymnes répétés. « Nations entières, applaudissez ! Exaltez Dieu en des cris de jubilation ». Tantôt elle interpelle les puissances angéliques. « Ouvrez vos portes, princes des cieux, afin que le Roi de gloire fasse son entrée ».Tantôt enfin, elle s’adresse à son Epoux lui-même : « Elevez vous, Seigneur, par votre divine force, car nous chanterons et nous célébrerons vos triomphes » (Ps 20). «
Oui, réjouissons-nous. Ceux qui aiment leur Maître éprouvent une joie réelle à le contempler dans le mystère de son Ascension, sa glorification bien méritée.
Réjouissons-nous encore de ce que ce triomphe et cette glorification de Jésus sont aussi les nôtres.
S’il pénètre dans son royaume glorieux, c’est « pour nous y préparer une place » : « Vado parare vobis locum ». Il promet de revenir un jour pour nous prendre, pour nous y faire asseoir, afin, dit-il, « que nous soyons où il est » (Jn 14 2-3) Ainsi, nous sommes déjà en droit, dans la gloire et la félicité du Christ. Nous y serons un jour en réalité. N’a-t-il pas demandé à son Père dans sa prière sacerdotale ? « Je veux, Père, que là où je suis, ils soient avec moi (Jn 17 24). Quelle puissance dans cette prière et quelle douceur dans cette promesse !
b- mais aussi la confiance
Notre confiance trouve surtout son principe dans le crédit tout-puissant que possède le Christ auprès de son Père. Il est le Pontife suprême intercédant pour nous auprès de son Père. Comment pourrait-il lui refuser une demande, lui qui a offert un si sublime sacrifice dans une obéissance si parfaite, alors qu’Il était sur terre ? Avouez !
Saint Paul dans sa merveilleuse épître aux Hébreux nous en livre le secret.
Le Christ Jésus est le Grand Prêtre. Comme Grand Prêtre, il est entré en ce mystère de l’Ascension, dans « le Saint des Saints », avec « son propre sang », son sang précieux, d’une valeur infinie, versé sur la terre, répandu pour les péchés de l’humanité toute entière.
Et c’est grâce à ce sang versé, ce sacrifice que la voie du Ciel nous est désormais ouverte. Ce sacrifice étant parfait et d’un prix infini, il est unique et suffit à procurer pour toujours la sanctification de tous. (Hb 10 14)
De plus il n’y pénètre pas seul. Il nous porte avec lui, car nous sommes ses propres membres, sa « plénitude » comme le dit l’Apôtre ( Eph 1 23).
Ainsi au jour de l’Ascension, le Christ, grand Pontife, Pontife suprême de la race humaine, nous emporte avec lui dans les cieux en droit et en espérance. Il est notre espérance et notre force.
N’oubliez jamais que ce n’est que par Lui que nous pouvons y entrer. Aucun homme ne peut entrer dans le « Saint de saints » qu’avec lui. Aucune créature ne peut jouir de la félicité éternelle qu’à la suite de Jésus. C’est le prix de son sacrifice, porté dans le « Saint des saints » au jour de l’Ascension, avec ses stigmates qui nous valent la béatitude infinie.
Et c’est ainsi que l’on peut apprécier, comme il convient, ces belles considérations de Saint Augustin dans sa deuxième homélie sur l’Evangile de saint Jean où il parle du bois de la Croix, le sacrifice de la Croix comme voie royale du ciel: «Qu’a-t-il fait (sur cette terre)? Il a disposé un bois, (son sacrifice) qui nous permettrait de passer la mer. Car personne ne peut traverser la mer de ce siècle s’il n’est porté par ce bois, la croix du Christ. A cette croix s’attache même parfois quelqu’un qui a les yeux malades. Que celui qui n’aperçoit pas au loin où il lui faut aller ne se détache pas de la croix : elle-même le conduira jusqu’au terme ».
«…il s’est fait pour nous celui qui porterait les faibles, leur ferait traverser l’océan du siècle et les mènerait jusqu’à la patrie où il n’y aura plus besoin de navire, parce qu’il n’y a pas de mer à traverser. Il vaut donc mieux … ne pas se détacher …et ne pas mépriser la croix du Christ. (Il est bon) de se tenir attaché à ce qui porte les voyageurs jusqu’au terme… (Il est bon de ne) pas s’éloignés de la croix du Christ, (de son humilité)….La Croix et ses saintes plaies sont ( ce navire) qui assure pareillement la traversée de la mer.
Aussi durant toute l’éternité, nous confesserons cette vérité, nous adorerons ces saintes plaies. Nous adorerons son immolation, son sacrifice, cette croix qui valent notre gloire et notre béatitude. A Lui, l’Agneau immolé, Grand prêtre qui est entré, un jour, dans le « Saint des saints », avec son sang, toute louange et toute action de grâce, là haut et ici bas, dans cette petite église pour que nous puissions le faire plus surement là-haut, au Ciel. Amen.