Mgr Rey fête les 30 ans de son séminaire
publié dans nouvelles de chrétienté le 10 décembre 2013
Mgr Rey fête les 30 ans de son séminaire
Ce n’est pas souvent que l’on voit un diocèse de France fêter l’anniversaire de son séminaire. D’ailleurs, bien des diocèses n’ont plus de séminaires; Et par conséquent, bien peu ou plus du tout de séminaristes. Le diocèse de Fréjus-Toulon a fait le pari, il y a maintenant 30 ans, alors que la crise des vocations battait déjà son plein, de créer un séminaire diocésain. Et les vocations affluent.
Le diocèse de Fréjus-Toulon avait auparavant son Grand Séminaire à Fréjus, fermé en 1906 suite à la loi de séparation de l’Église et de l’État, puis rouvert grâce à Monseigneur Guilibert (évêque de 1906 à 1926). Accueillant des vocations depuis 1922, le grand séminaire de La Castille fermera en 1969 à cause de la baisse des vocations. Les séminaristes iront alors se former dans le séminaire interdiocésain d’Avignon, qui regroupe toute la Provence et une partie du Languedoc.
En février 1983, Joseph Madec, prêtre du diocèse de Vannes, est nommé évêque de Fréjus-Toulon. En septembre de la même année, à la surprise générale et malgré l’opposition que ce projet suscite, il rouvre le séminaire de La Castille sous la forme d’une année de propédeutique, puis successivement des différentes autres années. Le Séminaire fut dirigé successivement par le père François Bouttin (1983-1994), le père Philippe le Pivain (1994-2002), le père Arnaud Adrien (2002-2013) puis actuellement par le père Jean-Noël Dol.
Le Séminaire a compté jusqu’à 85 séminaristes en 2011. Sa particularité est d’accueillir des jeunes venant de différentes communautés, permettant ainsi de faire grandir la communion diocésaine et proposant un enrichissement autour de leurs charismes propres. Depuis sa réouverture en 1983, le nombre de prêtres ordonnés, ayant fait tout ou une partie de leur formation au séminaire de La Castille, est de 151.
Dans son homélie, Mgr Dominique Rey a souligné :
« Le séminaire de la Castille a été placé sous le patronage de l’Immaculée Conception. Aussi en célébrant aujourd’hui les 30 ans de sa réouverture par Mgr Madec, je souhaiterais que nous nous réapproprions l’intuition originelle, la grâce propre attachée à cette maison de formation puisqu’elle est intrinsèquement liée au mystère de la Vierge Marie. L’Evangile de l’Annonciation que nous venons d’entendre, nous invite à assumer trois caractéristiques fondamentales de tout séminaire.
1) La première caractéristique c’est que le séminaire est un lieu d’élection. […] Tout séminariste doit se savoir débiteur aussi de la prévenance de Dieu « qui a mis à part son fidèle », comme le chante le psalmiste (Ps 4, 4). Le Seigneur choisit qui Il veut et comme il veut. « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi » (Jn 15, 16) rappellera Jésus aux siens. Le séminariste n’a pas de prise sur cet appel. Son élection le précède et le déborde. […]
2) Le récit de l’Annonciation nous parle d’élection mais aussi de transformation. Nous venons de l’entendre dans l’Evangile. […] Comme pour la Vierge, l’Esprit-Saint accomplit une germination intérieure dans la vie de celui qui veut se donner au Christ. « Séminaire » tire son origine sémantique du mot « semence ». Si « la foi, c’est la disposition à se laisser transformer » (Pape François), le séminaire est un lieu de transformation intérieure, de conversion permanente, d’engendrement, un « utérus ecclésial ». Cette transformation requiert en premier lieu un retrait, un recueillement, une écoute, une disponibilité de l’âme. Chers séminaristes, cet appel qui est en vous ne provient pas de vous. Il vous invite, non seulement à la cohérence, mais à l’effacement. Le centre de vous-même se trouve déplacé et radicalement, hors de vous-même, dans le Christ. […]
3) Oui, la Vierge nous enseigne simultanément que toute vocation relève d’une élection, qu’elle appelle une conversion, mais également qu’elle conduit à une adhésion, à un « fiat ». […] Lorsqu’on considère l’histoire du séminaire diocésain, on rencontre une série d’actes de foi qui pont porté ce projet. La foi de Mgr Charles-Alexandre de Richery, à peine nommé sur le siège de Fréjus, qui prend la décision inattendue et déjà controversée, d’ouvrir un séminaire. Nous sommes en 1823. Un siècle après, son successeur, Mgr Guilibert transfère le séminaire, au domaine de La Castille, à la suite du legs de Mme Aubert de La Castille. Elle avait prédit lors de la donation : « Les vocations vont affluer, et de la Castille, redevenue Maison du Bon Dieu, sortira des saints. » 60 ans plus tard, Mgr Madec, à peine nommé sur le siège de Fréjus-Toulon, pose aussi un acte de foi dont on mesure 30 ans après l’audace et la fécondité. Contre vents et marées, il prend la décision courageuse et prophétique de rouvrir le séminaire fermé depuis 1958. « J’ouvre une propédeutique, ensuite j’ouvrirai un séminaire, c’est une question de volonté, de foi dans le mystère de l’Eglise. Je crois en l’avenir des vocations sacerdotales et religieuses », disait-il. »